On ne peut aller de l’avant si l’on craint d’aller au socialisme (Lénine)
Contact : Jean RIBES 76, rue de Meaux Esc. 2-Bte 12 - 75019 PARIS fraccps@numéricable.fr - Site :
http ://perso.numericable.fr/~fraccps
Comité
Communiste
Internationaliste
(Trotskyste)
N° 7
16 février 2007
Prix : 2,00 €
COMBATTRE
pour en finir avec le capitalisme
Pour la construction d’un Parti Ouvrier Révolutionnaire et d’une Internationale Ouvrière
Révolutionnaire
APPEL COMMUN
POUR UN PROGRAMME DE DEFENSE DES
TRAVAILLEURS ET DE LA JEUNESSE,
POUR UN GOUVERNEMENT REPRESENTANT
REELLEMENT LES TRAVAILLEURS,
IL FAUT COMMENCER PAR
BATTRE SARKOZY
ET CHASSER LES DEPUTES UMP-UDF
Depuis 2003 avec la mobilisation en défense des retraites des salariés du
public et contre la décentralisation, jusqu’à celle du printemps 2006 contre le
CPE, en passant par les élections régionales de 2004 et la victoire du Non au
référendum de 2005, la classe ouvrière et la jeunesse ont montré qu'elles
voulaient chasser Chirac, Sarkozy, Villepin et consorts du pouvoir, chasser
leurs députés aux ordres et en finir ainsi avec leur politique au service du
capital.
A chaque fois les dirigeants du PS, du PCF, des centrales syndicales ont
refusé tout combat sur cette perspective en renvoyant la question aux
élections présidentielles de 2007.
Celles-ci vont avoir lieu en avril mai 2007. Elles seront suivies d’élections
législatives.
Chacun comprend l’importance de la bataille qui s’annonce :
Comment battre Sarkozy, candidat du capital, dont le programme
déclaré signifie des coups redoublés contre les salariés, les chômeurs,
les jeunes, les immigrés, et barrer la route aux partis du patronat ?
Mais comment aussi empêcher, si Sarkozy est battu, qu'un
gouvernement présidé par S.Royal garde toutes les lois réactionnaires
contre lesquelles nous avons combattu ces dernières années et tente de
poursuivre, comme l’a fait la gauche plurielle ”, la même politique
anti-sociale ?
EST-IL POSSIBLE AUJOURD’HUI…
de sortir de la misère des millions de travailleurs,
d’empêcher tous les licenciements, les fermetures d’usines et les
délocalisations qui organisent la concurrence antre les travailleurs du
monde entier,
d’augmenter les salaires pour vivre correctement, de recréer les dizaines
de milliers de postes supprimés pour faire fonctionner les écoles, les
hôpitaux, les services publics,
de donner un travail décent aux millions de chômeurs, aux jeunes des
banlieues, aux étudiants diplômés voués par dizaines de milliers aux
petits boulots et à la déqualification,
de loger les familles à la rue,
SOMMAIRE
En vue des prochaines élections : ------ p. 1
APPEL COMMUN
- Des collectifs pour un gouvernement
ouvrier
International ------------------------------- p. 4
CRISE REVOLUTIONNAIRE
EN GUINEE
Enseignement : ------------------------------ p. 8
- Réflexions sur le congrès de la FSU
L’intervention des trotskystes.
- Motion présentée par la tendance Front
Unique au congrès National.
- Motions et résolution présentées au
SNASUB et au congrès FSU 69.
RETRAIT IMMEDIAT
DU DECRET DE ROBIEN !
- Après les manifestations du 8 février.
France -------------------------------------- p. 13
LA CRISE DU PARTI SOCIALISTE
- Ségolène Royal, la crise du PS et sa nature
- Le contenu politique de l’opération
Ségolène Royal
- Conclusions.
- Tribune de discussion : PS et lutte de
classe
Culture ------------------------------------- p. 25
- Le capitalisme au service de l’art ? ou
l’inverse ?
Interventions ------------------------------- p. 26
- Tract difffusé à la journée de défense des
femmes
- Intervention au meeting lyonnais d’O.
Besancenot
- La question du logement
Qui sommes-nous ? ---------------------- p. 30
Bulletin d’abonnement ----------------- p. 30
P. 2/32
d’en finir avec le saccage quotidien de notre environnement etc., etc.
…SI L’ON NE PREND PAS DES MESURES
QUI S’OPPOSENT RADICALEMENT AU CAPITALISME ET LE COMBATTENT ?
Les capitalistes trouveront toujours tous les arguments pour justifier au nom du profit et de la compétitivité indispensables que les
attaques les plus dures soient portées contre les salariés et les jeunes.
On ne peut l’empêcher sans rompre avec ces principes, c’est-à-dire avec ce système, ses lois et l’État qui le défend.
POUR CE FAIRE, IL EST INDISPENSABLE DE COMMENCER PAR BATTRE SARKOZY,
SON PARTI ET SA MAJORITE UMP A L'ASSEMBLEE.
COMMENT ?
Il est gitime pour chacun de se présenter pour défendre son programme, mais tous les partis issus du combat historique du
mouvement ouvrier ( PS, PCF, LO, LCR, PT ) et même tous les syndicats puisque les revendications des travailleurs se heurtent
chaque jour au gouvernement, doivent dès aujourd’hui annoncer clairement la couleur : tout faire pour battre Sarkozy et la
majorité UMP de l'Assemblée !
POUR CELA
Au premier tour vote pour le candidat du parti de son choix issu du mouvement ouvrier.
Au second tour, on fait bloc derrière le candidat du parti le mieux placé, contre le candidat du patronat. Pas
une voix ne devra manquer.
Aux législatives, même démarche.
La candidate du PS, vraisemblablement la mieux placée pour figurer au second tour, affiche clairement sa volonté de garder les
lois réactionnaires et donc de poursuivre, et même d’aggraver, l’orientation qui fut celle des gouvernements Mitterrand, Jospin, en
allant jusqu’à reprendre certaines des idées de Sarkozy.
ALORS QUE FAIRE ?
S’organiser dès maintenant en vue de la mobilisation de la classe ouvrière et de la jeunesse pour un programme de défense
des salariés, des jeunes, des couches populaires (y compris les petits artisans, paysans, commerçants, dont le sort leur est
étroitement lié).
Quel que soit le résultat des élections, cette défense exigera en effet :
L’abrogation des lois Balladur, Juppé, Fillon, Douste-Blazy contre la Sécu et les retraites, des lois Raffarin de
décentralisation, des lois anti-immigrés de Sarkozy, de la LOLF ... de tous les dispositifs, mesures et lois réactionnaires prises
par les précédents gouvernements sur les retraites, la Sécurité sociale, le Code du travail, l’Ecole, les privatisations, les
immigrés, etc.
Le rattrapage de la perte du pouvoir d’achat et l’indexation des salaires sur l’évolution des prix ; l’arrêt des licenciements, des
"plans sociaux", des délocalisations ; l’ouverture massive de places aux concours de la fonction publique ; des crédits pour
l'instruction publique autant que de besoin, la réouverture des classes et des postes nécessaires, l’abrogation des lois
anti-laïques ; la réquisition des logements vides et le blocage des loyers ; la régularisation massive des sans-papiers ; le retrait
des troupes françaises d'Afghanistan, du Liban, d'Afrique noire ; le rejet de toutes les mesures, directives, lois et traités de
l’Europe des capitalistes.
Satisfaire ces revendications exige
UN GOUVERNEMENT REPRESENTATIF DES TRAVAILLEURS,
DONC UN GOUVERNEMENT DES SEULS PARTIS ET ORGANISATIONS ISSUS DU MOUVEMENT
OUVRIER ET CONTROLE PAR LA MOBILISATION DES TRAVAILLEURS ET DES JEUNES.
Satisfaire ces revendications met en même temps à l’ordre du jour
l’exigence pour ce gouvernement d’un programme de rupture avec le système capitaliste, sur la base de :
l’expropriation des grands groupes industriels, financiers et bancaires ;
le contrôle par les travailleurs eux-mêmes des comptes des entreprises et des mouvements bancaires des capitalistes ;
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l’organisation et le contrôle mocratique d’un plan de production permettant à la fois de répondre aux besoins sociaux, en
travail et en consommation, et une gestion consciente et rationnelle de l’environnement, seul remède aux gâts engendrés
par le système de profit ;
le soutien actif des travailleurs et exploités du monde entier dans leurs luttes et l’appel à l’unification de notre combat
commun contre l’oppression, le pillage et la barbarie du système impérialiste.
ORGANISONS-NOUS DÈS MAINTENANT
POUR UN TEL GOUVERNEMENT
ET ENGAGEONS LA DISCUSSION SUR SON PROGRAMME !
Signataires : Le Club Liaisons Socialisme Révolution Démocratie,
Le Comité Communiste Internationaliste (Trotskyste),
Le Militant .
DES COLLECTIFS POUR UN GOUVERNEMENT OUVRIER
Nous nous félicitons de l’accord intervenu entre les signataires du texte ci-dessus, après une discussion aussi fraternelle que
fournie. Nous aurions cependant aimé, quant à nous, préciser l’engagement par lequel il se termine.
ORGANISONS-NOUS ” appelle inévitablement les questions : comment ? avec qui ?
Certes, nous appelons tous ceux qui approuvent les positions exprimées par ce bulletin à adhérer au CCI(T) ou au moins à venir
voir ce qui s’y passe.
Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit dans le cadre d’un appel commun.
La forme d’organisation que nous pouvons réaliser ensemble, et avec d’autres, ne peut être que de nature à permettre une action et
des discussions communes. Laquelle ?
Il y a longtemps que les combats de la classe ouvrière y ont répondu par les comités ou collectifs unissant unitairement
des militants ayant ou non des appartenances diverses. Ils sont centrés le plus souvent sur un objectif précis, d’actualité : comités
de grève, collectifs contre tel projet de loi, ou… pour le NON au référendum de Chirac.
Ces derniers méritent réflexion. Pourquoi ont-ils eu tendance à durer au-delà du résultat acquis ? par le besoin, plus ou moins
confus, de poursuivre dans le sens du rejet de Chirac et de son gouvernement, impliqué par la victoire du NON, ce qui amenait la
discussion sur d’autres perspectives.
C’est à partir de que, dans notre esprit, organisons-nous pour un tel gouvernement ne peut signifier autre chose, dans la
pratique, que la constitution de comités ou
COLLECTIFS POUR UN GOUVERNEMENT OUVRIER
ou autres dénominations sur cette ligne.
C’est ce que nous nous efforçons de réaliser en diffusant cet appel à tous nos contacts et autour de nous, dans nos milieux de
travail, etc… et par des échanges de vues, discussions et réunions autour de lui.
La direction du CCI(T), le 12 février 2007.
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CRISE REVOLUTIONNAIRE EN GUINEE
Un peuple entier en grève générale illimitée, des centaines de milliers de manifestants, 59 morts et des centaines de blessés sous
le feu de la répression, un pays au bord de l’insurrection, un pouvoir qui cède (en apparence)…
Non, ce n’est pas en Amérique du Sud, mais en Afrique ; ce n’est ni en Bolivie ni au Mexique : en Guinée.
C’était du 10 au 29 janvier. La presse l’a pratiquement ignoré (trois courts articles dans Le Monde), la radio complètement (sauf
Radio France International).
Pourtant la Guinée ne manque pas d’intérêt journalistique. Epargné par les conflits qui ont ravagé ses voisins (Libéria, Sierra
Léone), c’est le pays le plus corrompu d’Afrique occidentale, sa population est l’une des plus pauvres du continent et son
Président, l’un des satrapes les plus cyniques qu’il ait produit. Mais son prolétariat semble aussi actuellement l’un des plus
combatifs et organisés. Ceci explique peut-être cela.
QU’EST-CE QUE LA GUINEE ?
Aujourd’hui c’est le premier exportateur de bauxite, avec deux
tiers de la production mondiale, un tiers de ses réserves, et un
sous-sol également riche en diamants, or, fer et uranium. Sa
richesse par habitant dépasse celle des deux pays les plus
industrialisés d’Afrique de l’Ouest, le Nigeria et la Côte
d’Ivoire. Avec vingt-deux fleuves, dont le Niger et le négal,
elle pourrait être le château d’eau du sous-continent et le
fournir en électricité.
En 1958, c’était le pays de Sékou Touré, le seul de l’Empire
français à avoir dit Non à l’Union française de De Gaulle
et choisi l’indépendance.
Avant cette date, la colonisation intéressée par ses ressources
minières avait porla Guinée à la pointe de la modernisation,
avec des investissements massifs dans l’éducation, la santé, la
formation, dont par exemple, l’un des tout premiers grands
hôpitaux d’Afrique.
A partir de la rupture et de l’isolement entretenu par
l’ex-métropole, Sékou Touré, formé à l’école du socialisme
stalinien, “ dans un seul pays ”, a imposé à celui-ci, grand
comme la moitié de la France, un marasme économique qui l’a
conduit à l’agonie, sous un régime de dictature bureaucratique
impitoyable.
Le régime politique
A la mort de Sékou Touré, en 1984, Lansana Conté, un ancien
sergent formé dans l’armée coloniale, s’adjuge le pouvoir
après élimination de ses rivaux. Formellement, le régime
politique est une démocratie présidentielle. L’actuel “ mandat
du général-président, réélu à coup de trucages depuis
23 ans, s’achève en 2010. Les partis d’opposition sont
tolérés (il y en a 14 !) mais Lansana Conté est seul
responsable devant le peuple , et seul détenteur du pouvoir,
donné par Dieu .
Il s’appuie sur la corruption, les clans familiaux (qui se livrent
une guerre sans merci pour obtenir l’appui de l’une de ses trois
femmes), les rivalités ethniques qu’il attise (par exemple, entre
malinkés et soussous). Tout ministre qui tente d’assainir la
gestion est immédiatement démis manu militari. L’un d’eux a
attendu d’être en mission à Londres pour démissionner. Un
autre, pas plus tard que le 18 janvier, ne dût son salut qu’à la
fuite devant l’invasion de son bureau par les bérets rouges ”.
A ceux qui invoquent la justice, il répond, comme Ubu-roi :
La justice, c’est moi et traite la Banque centrale comme
son porte-monnaie.
L’armée est évidemment son plus solide appui. Elle participe,
inégalement mais à tous les niveaux, des privilèges de la caste
dirigeante et des cliques qui l’entourent. On se doute que sous
un tel gime, l’économie ne peut être qu’une économie de
pillage.
Une économie de pillage
Pillage par les compagnies internationales, en premier lieu
celles de l’aluminium, qui exploitent la bauxite et les autres
ressources avec le concours juteux d’une oligarchie constituée
à partir du pouvoir, et par une politique de privatisations qui a
touché, depuis une quinzaine d’années non seulement les
mines mais les banques, les télécommunications,
l’enseignement, et dont une mission du FMI demandait
en 2004 l’accélération. Pillage des ressources agricoles pour
l’exportation alors que les terres, fertiles, pourraient nourrir la
population.
Pillage par les prébendes sur les importations aux frontières,
pour les produits essentiels : carburants, riz et autres denrées
vitales, et via les trafics d’armes à destination des pays voisins,
Liberia, Sierra Leone et Côte d’Ivoire.
Le Monde du 17 janvier présentait un portrait significatif d’un
de ces prédateurs, Mamadou Sylla, patron d’un holding actif
dans l’import-export , dont la libération par le Président a été
à l’origine de la grève :
L’immeuble il réside à Conakry compte cinq
étages : le rez-de-chaussée pour les invités et
courtisans ; un étage pour chacune de ses trois
femmes ; enfin le dernier pour lui seul. Après avoir
financé la campagne du référendum qui allait
permettre au président de se succéder à lui-même (…),
il a remporté un nombre incalculable de marchés
publics, sans appel d’offres ou sans avoir fait la
meilleure offre.
Pendant ce temps le salaire mensuel d’un fonctionnaire (20 €)
lui permet d’acheter un sac de riz, pour nourrir sa famille
pendant deux semaines…ou de payer le transport à son lieu de
travail. Avec une inflation à 40 % l’an, un litre d’essence coûte
près d’1 € et il vaut mieux acheter le matin, le prix d’une
denrée pouvant doubler dans la journée. Toutes les
infrastructures, routes, eau, électricité, téléphone, sont à
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l’abandon, le système médical délabré, l’analphabétisme
endémique… Et toutes les aides européennes ont été interrompues en 2000.
Un régime fragile
Le régime de Lansana Conté est cependant fragile.
En bas, la population n’en peut plus, et n’en veut plus. Elle l’a
montré en février et juin 2006, par deux grèves nérales. En
octobre, un concert a été annulé par peur de voir repris par la
foule de Conakry un mot d'ordre (chanté) pour chasser
Lansana Conté du pouvoir. Trois mois plus tard, le refrain
retentissait dans toutes les villes de Guinée.
Au sommet, celui-ci, à 73 ans, malade du diabète et de la
leucémie, ne tient plus guère les rênes que par l’entremise de
ses proches, qui se déchirent. L’armée elle-me n’est pas
sûre à 100 %. Avec des unités d’élite et une garde prétorienne
(les rets rouges ”), elle souffre des même divisions que la
société dans son ensemble, avec des privilégiés et des laissés
pour compte, des jalousies ethniques et de corps. Trois
généraux sont prêts à prétendre à la succession du dictateur, en
plus de son fils, Ousmane Conté.
LE DECLENCHEMENT
Une telle situation pourrait expliquer des émeutes. Elle ne
suffit pas, à elle seule, à expliquer le raz de marée organisé
qu’a constitué la grève générale du 10 au 29 janvier.
Il faut y ajouter la construction, par le prolétariat guinéen, d’un
mouvement syndical qui en l’occurrence a pris toutes ses
responsabilités en alisant le Front unique
qui a permis
aux masses unanimes d’engager le combat auquel elles
aspiraient.
Malheureusement, les informations publiées dans la presse ou
sur Internet ne permettent pas de suivre les événements jour
par jour. Les jalons qui suivent en donnent cependant une
image suffisante.
Front unique des deux principales organisations, Confédération
nationale des travailleurs de Guinée (CNTG), Union syndicale des
travailleurs de Guinée (USTG), rejointes par l’Union démocratique
des travailleurs de Guinée (UDTG) et l’Organisation nationale des
syndicats libres de Guinée (ONSLG). Malheureusement nous n’avons
pas eu le temps d’éclaircir leurs différences et leurs racines
historiques. Il faut noter cependant que le mouvement syndical a en
Afrique une histoire et une importance plus grandes qu’on ne le croit
en général. Des grèves d’enseignants ou d’étudiants le rappellent
périodiquement.
Le coup de force de Lansana Conté
Le contingent réalise le nécessaire. C’est le fait du prince par
lequel Lansana Conté est venu lui-même fin décembre sortir de prison son ami Mamadou Sylla, incarcéré pour détournement
de fonds publics, qui a mis le feu aux poudres.
10 janvier : appel à la grève générale
En réaction, les centrales syndicales, réunies en intersyndicale,
lancent l’appel à la grève générale illimitée. Ce sera la
troisième grève générale en un an. Les deux précédentes
étaient fondées sur des revendications économiques, vitales,
mais limitées : hausse des salaires et baisse des prix du riz. Ces
revendications sont reprises mais s’y ajoutent des
revendications politiques :
- Réincarcération de M. Sylla ;
- Démission du ministre des transports.
L’appel est soutenu, formellement, par les partis d’opposition.
Il a immédiatement un écho dans toute la population. Toute
l’activité est paralysée.
LES REPONSES DU POUVOIR
L’Etat propose l’ouverture de négociations sur le prix du riz et
les salaires. Le procureur général tente de calmer les esprits en
décidant la saisie de tous les biens de M. Sylla. L’un et l’autre
sans résultat.
Le vendredi 19, Lansana Conté, recevant les représentants
syndicaux, leur dit : Je vais vous tuer tous, tant que vous
êtes. Je suis militaire. J’ai déjà tué des gens. (Le Monde du
23/1). Le lendemain, il appelle l’armée à rester unie.
Du côté des grévistes, les mots d'ordre politiques passent au
premier plan, dont l’exigence, cette fois de la démission de
Lansana Conté. Le 20, à Paris, une manifestation de guinéens
à l’ambassade appelle à cette démission aux cris de voleur
et assassin ”.
Au bout de quelques jours les institutions internationales
commencent à s’émouvoir : Commission de l’Union africaine,
Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest, secrétaire
général de l’ONU, appellent au calme, à négocier, nomment
une médiation… (en France, en Europe, c’est le silence des
Bermudes).
Le général-président, lui, n’attend pas.
20 22 janvier : la répression
Le samedi 20, les forces de l’ordre commencent à tirer sur les
manifestations, qui n’ont pas cessé depuis dix jours. Mais c’est
à Conakry le 22 que l’épreuve est la plus sanglante.
Manifestant à l’appel des syndicats, plusieurs dizaines de
milliers de manifestants ont tenté toute la journée de gagner
l’Assemblée nationale et le siège du pouvoir. Après plusieurs
affrontements, les forces de l’ordre ont fini par céder à la
marée humaine. Seul le dernier verrou a tenu bon, grâce à
l’appui de l’artillerie lourde et d’un corps d’élite entraîné par
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