Juin 1948 : le schisme yougoslave, échec à l’expansion communiste ?
Le 28 juin 1948, quatre jours après le début du blocus de Berlin, est annoncé l’expulsion
de la Yougoslavie du Kominform. Cette nouvelle fait sensation en Occident car la
Yougoslavie de Tito apparaissait comme la plus fidèle de Moscou. A l’origine de ce schisme
se trouve un conflit de souveraineté : Tito veut des rapports d’état souverain à état souverain
(sur un pied d’égalité).
Les Yougoslaves pensent être en situation d’obtenir un tel rapport car ils ont libéré leur
territoire et l’armée rouge n’y campe pas. Pour s’efforcer de compenser l’absence de leur
armée, les Russes ont envoyé des conseillers qui cherchaient à noyauter le parti communiste
yougoslave. Le PC yougoslave les tient à l’œil dès 1945 et finalement Staline les rappelle en
1948 et tente de dresser la direction du parti communiste contre Tito. Celui-ci a pris les
devants et fait arrêter les dirigeants yougoslaves pro-staliniens. Les soviétiques défèrent les
litiges devant le Kominform : Tito refuse de s’y rendre et le Kominform l’exclut.
En effet, cette crise couvrait un enjeu qui dépassait de beaucoup celui de la Yougoslavie :
elle mettait en cause la politique impériale de l’URSS dans toute l’Europe de l’Est alors
qu’elle parvenait à sa phase d’achèvement avec un succès total. C’est en 1948 que les
dernières tranches de salami tombent. C’est également en 1948 qu’on généralise les
nationalisations et que le Kominform lance le mot d’ordre de collectivisation des terres.
Ainsi s’instaurent en Europe de l’Est des démocraties populaires c'est à dire des régimes
imités en toute chose de l’URSS. Ainsi se crée un espace est-européen parfaitement
homogène, économiquement tout est collectivisé, socialement il n’y a plus de salariés,
politiquement le parti unique tient tout. Bref un espace impérial baptisé camp socialiste par
Jdanov.
Encore faut-il que les dirigeants nationaux de cette espace restent entièrement dans les
mains de Staline et qu’ils ne soient pas tentés par l’exemple yougoslave. Ainsi en s’appuyant
sur les fidèles partisans, les soviétiques procèdent dès l’été 1948 à la purge des partis
communistes de l’Est : les plus vieux bolcheviques et les plus grands militaires sont jugés et
exécutés (Slansky en Tchécoslovaquie) et sont remplacés par des hommes qui doivent tout à
Staline. Les motifs de leurs condamnations sont trotskisme, sionisme, titisme (trahison par
nationalisme de l’internationalisme prolétarien incarné par Moscou). Le schisme titiste n’a
pas été sans avantage pour renforcer la domination soviétique sur les états vassaux.
L’extension communiste en Asie
Depuis 1927 sévit en Chine une guerre civile opposant le parti communiste chinois de Mao
Zedong et le parti nationaliste chinois de Tchang Kaï-Chek qui dirige le gouvernement
légitime. Le 3 juillet 1937, le Japon envahit la Chine : 8 années de guerre et d’occupation
étrangère ont modifié complètement le rapport de forces des partis chinois à l’avantage des
communistes parce qu’ils ont acquis une double légitimité : celle de la résistance et de la
victoire et celle d’un enracinement populaire. En effet les communistes ont abrogé les dettes
des paysans. En face, le parti de Tchang Kaï-Chek est resté passif.
En janvier 1946, Marshall réussit à faire conclure un armistice entre les deux partis. Cela
ne dure pas et très vite les hostilités reprennent tournant à l’avantage des communistes.
L’armée nationaliste de 4 millions d’hommes suréquipée par les États-Unis est incapable de
s’adapter à la guérilla des communistes : l’une après l’autre, les grandes villes tombent dans