CHAPITRE 4 : LA GUERRE FROIDE (1945

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CHAPITRE 4 : LA GUERRE FROIDE (1945-1991)
Au lendemain de la guerre se produit un fait massif dans l’histoire européenne :
l’expansion communiste c'est à dire soviétique dans la moitié orientale. Une conquête menée
au XXème siècle par des Européens en Europe même au nom de la révolution communiste.
Évidemment les Américains vont s’inquiéter et tenter de contenir cette expansion. Aussi,
dès la paix revenue, la Grande Alliance issue de la guerre est brisée. Cependant, les deux
anciens alliés ne s’affronteront jamais directement : ils le feront par États interposés et aux
limites de leur zone d’influence : c’est la guerre froide.
1°/ La guerre froide en ses commencements (1946-1949)
a) L’expansion fulgurante du communisme en Europe de l’Est
  1945-46 : triomphe communiste en Europe de l’Est
Pologne, Roumanie, Bulgarie, Hongrie et Tchécoslovaquie ont été délivrées de l’armée
allemande par l’armée rouge. Dès cette « libération » sont mis sur pieds des gouvernements
de coalition baptisés front nationaux qui comprennent tous les partis de gauche (socialistes,
communistes, agrariens ( = agricoles)) et même les libéraux en Tchécoslovaquie.
Les communistes confortés par la présence de l’énorme armée rouge s’attribuent les postes
clés du gouvernement (ministères de l’intérieur, de la justice, de l’armée, de l’économie). En
même temps, ils infiltrent (noyautent) les syndicats. Ce noyautage est la tactique du Cheval
de Troie. Bientôt, ils éliminent leurs partenaires des gouvernements par la tactique du salami
(élimination tranche par tranche, un par un).
Dès 1946 s’installent partout des dictatures communistes. Ce triomphe est celui de
l’URSS puisque les dirigeants communistes indigènes montrent un attachement indéfectible à
l’URSS, la patrie du socialisme, leur « patrie ».
  1946 : l’ébranlement de la Grande Alliance
Les Américains ne pouvaient que s’inquiéter de cette poussée soviétique à l’Est. Dès août
1945, Truman a mis fin au « prêt-bail » en faveur du régime soviétique. En juillet 1945, à
Potsdam, l’accord s’était avéré impossible sur l’Allemagne. Les Américains estimaient qu’ils
n’avaient plus à faire de concessions puisqu’en raison de leur monopole sur la terrifiante
arme nucléaire, le rapport militaire avait de nouveau basculé en leur faveur.
Or, cette même année 1946, les Russes ne se contentent pas de pousser leurs pions en
Europe mais aussi au Moyen-Orient. Ils réclament un droit de contrôle sur les détroits turcs
et en Iran, ils ne retirent pas leur armée intervenue au Nord du pays. Les États-Unis
réagissent en envoyant une flotte dans les détroits exigeant et obtenant le retrait de l’armée
rouge d’Iran. En Grèce, les communistes grecs soutenus par Staline réveillent la guerre
civile en mars 1946 bafouant l’accord de Yalta. L’armée anglaise intervient pour réprimer la
révolte.
Ce même mois de mars 1946 à Fulton, Churchill devant Truman dénonce le rideau de
fer qui « de Trieste à la Baltique coupe le monde libre de l’Europe de l’Est ». Et il reprochait
aux Russes de ne pas respecter les accords de Yalta c'est à dire l’institution de
gouvernements européens après des élections libres.
Cependant, en février 1947, la Grande-Bretagne, en plein désarroi économique et
financier et au zénith de ses difficultés en Palestine, cède officiellement son patronage de la
Grèce aux États-Unis. D’ailleurs, le 15 août 1947, c’est l’indépendance de l’Inde : la Grèce
était sur la route des Indes. En quelques mois, la main passe des anciens maîtres aux
nouveaux.
b) 1947 : la rupture de la Grande-Alliance
Cette rupture se passe en trois temps.
  Le discours Truman
Pour les États-Unis, l’alternative est simple : soit ils laissent le vide en méditerranée, un vide que comblera
l’URSS soit ils interviennent. Ils se décident donc à reprendre en Grèce le rôle tutélaire tenu jusque là par les
Anglais.
Le 12 mars 1947, Truman demande au Congrès le vote d’un crédit de 400 millions de
dollars pour aider la Grèce et la Turquie. Son discours justifiant sa requête annonce « le
soutien de l’Amérique aux pays libres » : il s’agit de bloquer l’expansion communiste. Ce
discours est le « containment » ou « endiguement »
Ce soutien aux pays libres comprend un volet financier (crédits à la Grèce et à la
Turquie), le plan Marshall, un volet politique avec le départ des ministres communistes à
l’Ouest et un volet militaire, l’Amérique suspendant sa démobilisation.
  Le plan Marshall
Le 5 juin 1947, Marshall, dans un discours à Harvard, propose à toute l’Europe y
compris à l’Est l’assistance économique et financière des Etats-Unis.
Deux objectifs sont visés. Un objectif politique : en reconstruisant l’Europe, écarter la
misère en Europe pour qu’elle ne bascule pas dans le communisme. Un objectif
économique : reconstruire l’Europe pour qu’elle redevienne solvable et que soit relancé le
commerce Atlantique et évité l’engorgement des États-Unis.
Fin juin début juillet 1947, les Européens tiennent une conférence à Paris pour donner
leur réponse : l’Europe de l’Ouest accepte tandis que Moscou refuse. Mais à l’Est tout le
monde n’était pas d’accord avec Moscou. L’Europe de l’Est était, depuis toujours, tributaire
de l’Ouest pour tout (capitaux, équipements). Avant 1939, ils étaient intégrés au système
économique de l’Allemagne.
Dès 1946, les échanges se réaniment avec l’Ouest : la Tchécoslovaquie a pour fournisseur
les États-Unis et donc sa reconstruction en dépend. Ainsi Prague veut le plan Marshall : le 2
juillet Moscou répond « non », le 4 juillet, Prague répond « oui » et Varsovie s’apprête à faire
de même, le 8 Radio Moscou annonce que Varsovie dit « non », le 10 Prague renonce.
L’Allemagne n’avait pas le droit de coloniser l’Europe de l’Est mais en avait les moyens,
l’URSS n’en a ni le droit ni les moyens.
  Le Kominform
En Pologne, en septembre 1947, se réunit une conférence secrète des partis communistes
européens y compris ceux d’Europe de l’Ouest. Le représentant soviétique, Jdanov, y fait un
discours affirmant que le monde est totalement coupé en deux blocs hostiles.
D’un côté le « camp impérialiste » dirigé par les Américains qui ont satellisé les anciens
maîtres du monde et qui s’apprêtent à déclencher une nouvelle guerre. De l’autre, le camp
« anti-impérialiste » ou « camp socialiste » qui regroupe les partis frères communistes
autour du grand frère soviétique afin de lutter contre la menace impérialiste. Ainsi, la rupture
de la Grande Alliance est officiellement consommée.
Le fait que les Russes annoncent la nécessité d’une stratégie défensive n’a pas d’autre but
que de cimenter leur camp. L’offre Marshall a montré l’étendue de la menace pour les
soviétiques. Comme l’URSS n’a pas les moyens de répliquer à l’offensive américaine par
l’arme financière, elle le fait par l’arme politique.
Elle répond aux dollars par l’idéologie en exhumant l’antique Kominterm de Lénine
(1919) sous le mot nouveau de Kominform (bureau d’information communiste). Toutefois les
temps ont changé : les deux institutions n’ont pas la même nature ni le même rôle.
Le Kominform est l'organisme de partis communistes aux pouvoirs. Il est là pour
coordonner leur politique et les aligner sur celle de Moscou.
Le Kominform est une situation impériale et le camp "socialiste" n'est rien d'autre que
"l'empire soviétique" (URSS + États vassaux de l'Europe de l'Est).
c) 1948-49 : la poursuite de l’expansion soviétique
  Février 1948 : la dernière étape de l’expansion communiste en Europe, le coup de Prague
En Tchécoslovaquie comme ailleurs, il y avait un front national mais avec deux
particularités :
 Un PCT plus fort que nulle part ailleurs (avec 38% des voix en 1946)
 L’importance du mouvement libéral, membre du front national : le président de la
république, Benes, est un libéral.
Si le PC est si fort, c’est parce que la classe ouvrière est développée. En effet, la
Tchécoslovaquie est le seul pays industrialisé de l’Est. La reconstruction de cette industrie est
tributaire des États-Unis. Le veto de Moscou a rompu la solidarité gouvernementale : les
communistes tchèques craignant de se faire isoler prennent les devants.
Ainsi, le 21 février, ils arment une milice ouvrière et le 24 déclenchent une grève générale
provoquant dans la rue une manifestation violente. Le 25 février, Benes cède acceptant la
formation d’un gouvernement uniquement composé de communistes et de partisans. C’est
aussitôt l’épuration massive de l’État. En mai ont lieu des élections : les électeurs ont le choix
entre des bulletins « font national » (communistes et partisans) et des bulletins blancs. En juin
Benes préfère démissionner et meurt en septembre.
  Juin 1948 : le schisme yougoslave, échec à l’expansion communiste ?
Le 28 juin 1948, quatre jours après le début du blocus de Berlin, est annoncé l’expulsion
de la Yougoslavie du Kominform. Cette nouvelle fait sensation en Occident car la
Yougoslavie de Tito apparaissait comme la plus fidèle de Moscou. A l’origine de ce schisme
se trouve un conflit de souveraineté : Tito veut des rapports d’état souverain à état souverain
(sur un pied d’égalité).
Les Yougoslaves pensent être en situation d’obtenir un tel rapport car ils ont libéré leur
territoire et l’armée rouge n’y campe pas. Pour s’efforcer de compenser l’absence de leur
armée, les Russes ont envoyé des conseillers qui cherchaient à noyauter le parti communiste
yougoslave. Le PC yougoslave les tient à l’œil dès 1945 et finalement Staline les rappelle en
1948 et tente de dresser la direction du parti communiste contre Tito. Celui-ci a pris les
devants et fait arrêter les dirigeants yougoslaves pro-staliniens. Les soviétiques défèrent les
litiges devant le Kominform : Tito refuse de s’y rendre et le Kominform l’exclut.
En effet, cette crise couvrait un enjeu qui dépassait de beaucoup celui de la Yougoslavie :
elle mettait en cause la politique impériale de l’URSS dans toute l’Europe de l’Est alors
qu’elle parvenait à sa phase d’achèvement avec un succès total. C’est en 1948 que les
dernières tranches de salami tombent. C’est également en 1948 qu’on généralise les
nationalisations et que le Kominform lance le mot d’ordre de collectivisation des terres.
Ainsi s’instaurent en Europe de l’Est des démocraties populaires c'est à dire des régimes
imités en toute chose de l’URSS. Ainsi se crée un espace est-européen parfaitement
homogène, économiquement tout est collectivisé, socialement il n’y a plus de salariés,
politiquement le parti unique tient tout. Bref un espace impérial baptisé camp socialiste par
Jdanov.
Encore faut-il que les dirigeants nationaux de cette espace restent entièrement dans les
mains de Staline et qu’ils ne soient pas tentés par l’exemple yougoslave. Ainsi en s’appuyant
sur les fidèles partisans, les soviétiques procèdent dès l’été 1948 à la purge des partis
communistes de l’Est : les plus vieux bolcheviques et les plus grands militaires sont jugés et
exécutés (Slansky en Tchécoslovaquie) et sont remplacés par des hommes qui doivent tout à
Staline. Les motifs de leurs condamnations sont trotskisme, sionisme, titisme (trahison par
nationalisme de l’internationalisme prolétarien incarné par Moscou). Le schisme titiste n’a
pas été sans avantage pour renforcer la domination soviétique sur les états vassaux.
  L’extension communiste en Asie
Depuis 1927 sévit en Chine une guerre civile opposant le parti communiste chinois de Mao
Zedong et le parti nationaliste chinois de Tchang Kaï-Chek qui dirige le gouvernement
légitime. Le 3 juillet 1937, le Japon envahit la Chine : 8 années de guerre et d’occupation
étrangère ont modifié complètement le rapport de forces des partis chinois à l’avantage des
communistes parce qu’ils ont acquis une double légitimité : celle de la résistance et de la
victoire et celle d’un enracinement populaire. En effet les communistes ont abrogé les dettes
des paysans. En face, le parti de Tchang Kaï-Chek est resté passif.
En janvier 1946, Marshall réussit à faire conclure un armistice entre les deux partis. Cela
ne dure pas et très vite les hostilités reprennent tournant à l’avantage des communistes.
L’armée nationaliste de 4 millions d’hommes suréquipée par les États-Unis est incapable de
s’adapter à la guérilla des communistes : l’une après l’autre, les grandes villes tombent dans
leurs mains et finalement Mao Zedong est élu président de la république populaire de
Chine laquelle est proclamée le 1er octobre 1949.
Quelles sont les conséquences internationales de la victoire de Mao ?
 Une grave défaite politique pour les États-Unis : ils ont soutenu de toutes leurs forces
Tchang Kaï-Chek et ils assistent impuissants à la chute de son régime. Il ne leur reste plus
qu’à maintenir la fiction d’une Chine nationaliste installée à Formose (Taiwan) où
Tchang Kaï-Chek s’était réfugié dès la fin 1949. Cette Chine nationaliste n’existe plus
politiquement mais économiquement. Ainsi il existe deux Chines : la Chine populaire de
Mao Zedong et la Chine nationaliste de Tchang Kaï-Chek.
 Staline n’a pas beaucoup aidé les communistes chinois car il craignait l’émergence d’une
grande puissance communiste rivale. Mais une fois la victoire de Mao Zedong acquise, il veut
tirer parti de ce formidable élargissement du camp socialiste. Dès janvier 1950, il exige que
la Chine nationaliste cède à la Chine communiste le siège qu’elle occupe à l’ONU.
 La guerre froide s’est donc étendue à l’Asie. Truman y applique sa politique de
containment. D’ailleurs, la Chine nationaliste gardera son siège à l’ONU durant 22 ans. En
outre, le relèvement du Japon est mis à l’ordre du jour.
2°/ La guerre froide à son paroxysme : affrontements et organisation des blocs
a) L’affrontement en Allemagne
  L’Allemagne au cœur de la guerre froide
Dès Potsdam (juillet 1945) était entamé le processus de division de l’Allemagne puisque
les vainqueurs sont incapables de s’entendre sur son statut. En 1947, l’éclatement officiel de
la guerre froide rend inéluctable la division de l’Allemagne. Dès lors, Anglais et Américains
fusionnent économiquement leurs zones : c’est la bi-zone. Les français se joignent à eux en
1948 : c’est la trizone. En même temps, les trois alliés décident de créer une monnaie et donc
un État allemand.
  Juin 1948 : blocus de Berlin
Staline, le 24 juin 1948, coupe les communications terrestres et l’électricité entre les
secteurs occidentaux de Berlin Ouest et le reste de l’Allemagne occidentale. Ainsi, il attaque
le maillon faible du dispositif d’occupation des occidentaux. Il espère ainsi les forcer à
négocier sur le sort de l’Allemagne et stopper le processus d’unification en cours à l’Ouest ou
alors s’il n’y parvient pas, il fera tomber Berlin Ouest dans la partie orientale.
Le pont aérien est la parade choisie par les Américains. Ils relèvent l’épreuve de force
sans provoquer un conflit ouvert donnant ainsi une illustration remarquable de la guerre
froide. Pendant onze mois, grâce à 275 000 vols, les Alliés sauvent Berlin de l’asphyxie : les
soviétiques lèvent le blocus en mai 1949.
  La coupure de l’Allemagne
La manœuvre de Staline a échoué : il a voulu par le blocus empêcher la création de
l’Allemagne de l’Ouest et n’y est pas parvenu. Le 8 mai 1949, quatre ans après la capitulation
de l’Allemagne, est adoptée la 1ère constitution d’une nouvelle République Fédérale
Allemande. Et c’est Adenauer qui en devient le premier chancelier.
Le 12 mai 1949, le blocus de Berlin est levé. Il ne reste plus qu’à Staline de transformer sa
zone en RDA en octobre 1949. Il y a deux Allemagnes. Berlin est aussi coupée : Berlin joue
le rôle de vitrine de l’Occident à l’Est.
b) L’affrontement en Corée
  La Corée au cœur de la guerre froide
La Corée était un protectorat japonais depuis 1910. En août 1945, la Corée est occupée
au Nord du 38° parallèle nord par les communistes, au Sud par les Américains. Comme en
Allemagne, les deux Alliés ne s’entendent pas sur le statut du futur État coréen. En 1948 sont
créés deux États : un au Nord soutenu par les communistes, un autre au Sud soutenu par les
Américains.
Le 25 juin 1950, l’armée du Nord franchit le 38° nord : les Américains demandent la
réunion du conseil de sécurité. Or les Russes le boycottent depuis le début parce que les
Américains ont refusé d’accepter la Chine communiste. En l’absence du veto soviétique, le
conseil de sécurité condamne l’agression nord coréenne et confie aux Américains la
direction d’une armée de casques bleus.
  Les trois temps de la guerre
Eté 1950 : attaque nord coréenne, déroute de l’armée sud coréenne et Séoul tombe
automne 1950 : contre-attaque des casques bleus que Mac Arthur dirige en utilisant le
Japon comme base, extraordinaire coup de balancier : il franchit le 38° nord et occupe la
Corée du Nord.
fin 1950 - début 1953 : intervention chinoise avec un million de « volontaires » s’enrôlant
dans l’armée coréenne et Séoul tombe à nouveau. Cependant Mac Arthur et son successeur
Ridgway réussissent à stabiliser le front sur le 38° nord. L’armistice n’est signé qu’après la
mort de Staline en juillet 1953 à Panmunjom.
  La portée d’une paix blanche
Le conflit coréen a porté au paroxysme la guerre froide et en a fixé les règles du jeu. Il y a
une campagne mondiale des communistes accusant les Américains d’utiliser des armes
bactériologiques. En France, le PCF manifeste contre Ridgway la peste. Aux États-Unis,
c’est le déchaînement du maccarthysme. Et pourtant, cette tension a ses limites. Truman
relève Mac Arthur de son commandement puisqu’il avait proposé d’attaquer la Manchourie
avec la bombe atomique.
S’ils sont prêts à endiguer l’expansion communiste par tous les moyens, les Américains ne
veulent pas d’affrontement généralisé. Le conflit doit resté localisé aux marges des deux
mondes. Il n’y a pas eu de guerre sino-américaine mais des combats entre volontaires
chinois et casques bleus. Le conflit a montré aux américains la nécessité d’organiser
diplomatiquement l’endiguement en Asie comme en Europe et pierre angulaire de cette
diplomatie la restauration de la souveraineté du Japon.
c) Logique de guerre froide, logique de blocs
Ce qui fait la guerre froide, c’est la division du monde en deux blocs antagonistes qui
existent virtuellement dès 1945, qui se constituent en 1947 et se cristallisent dans les années
suivantes.
  Le bloc occidental : « le monde libre »
Acte fondateur du monde libre le discours Truman du 12 mars 1947 dans lequel il a
annoncé son soutien aux pays libres.
  Un soutien économique
Le plan Marshall du 5 juin 1947 qui dure pendant plus de cinq ans : 23 millions de dollars
distribués à l’Europe dont 13 pour le seul plan Marshall. Dès 1951, l’Europe occidentale est
reconstruite : ses industries produisent 40 % de plus qu’en 1939.
Pour que les bénéficiaires de l’aide se la répartissent eux-mêmes, ils créent à Paris, en avril
1948, l’OECE (Organisation Européenne de Coopération Économique). Les États-Unis qui y
sont associés en sont les patrons. L’aide Marshall s’introduit dans la logique de Bretton
Woods (juillet 1944) et dans celle du GATT (avril 1947).
  Un soutien militaire
Cette fois, l’initiative est venue des européens : France, Grande-Bretagne et Benelux
signent en 1948 une alliance défensive mais cela est insuffisant face aux Russes et les cinq
demandent l’aide américaine. Un tel engagement en temps de paix est contraire à la tradition
américaine. Cependant la logique du containment les y pousse et le sénat donne à Truman
son consentement à une écrasante majorité : c’est la fin officielle de l’isolationnisme.
Le 4 avril 1949 est signé par douze pays le traité de l’Atlantique Nord rejoints plus tard
par la Turquie et la Grèce puis la RFA en 1955. C’est une alliance défensive et en 1950 est
créé un organisme militaire permanent, l’OTAN qui intègre les troupes alliées à
l’organisation et les subordonnent au commandement américain et son premier commandant
est Eisenhower.
Dans les années suivantes, les américains signent d’autres pactes aux quatre coins du
monde : traité de Rio (qui concerne l’Amérique du Sud), l’OTASE (Organisation du Traité
d’Asie du Sud-Est) en 1954, le pacte de Bagdad (qui concerne l’Iran et l’Irak) en 1955. Ainsi
soldats, marins, experts américains sont présents partout : leurs bases jalonnent le monde, leur
flotte parcourt les mers.
  Le bloc soviétique : le camp socialiste
Acte fondateur du monde soviétique le discours Jdanov en septembre 1947 en Pologne
dans lequel il proclame la division en deux du monde.
Le camp socialiste regroupe les pays qui sont en train d’adopter le système soviétique
c'est à dire un état-parti monopolisant tous les pouvoirs y compris le pouvoir économique
puisque l’économie est entièrement collectivisée et planifiée. Le camp est doté d’un
organisme impérial, le Kominform (bureau d’information communiste) qui aligne les PC au
pouvoir sur Moscou.
Si ce sont les États-Unis qui permettent le relèvement de l’Europe de l’Ouest, c’est
l’Europe de l’Est qui contribue à celui de l’URSS puisque partout celle-ci démonte les usines
pour les remonter chez elle et prélève une partie des productions agricoles.
En juillet 1947 après avoir obligé les pays de l’Est à refuser le plan Marshall, l’URSS les
contraint à signer avec elle des accords commerciaux. En 1949, elle crée le CAEM (Conseil
d'assistance économique mutuelle) pour servir de réplique à l’OECE.
La CAEM n’est en fait qu’une couverture politique pour justifier l’exploitation des
démocraties populaires par le grand frère soviétique et coordonner leur planification à
Moscou. Bref si l’OECE a été instituée pour recevoir des subsides, le CAEM l’a été pour
recevoir des ordres.
Du point de vue militaire, l’URSS semble avoir tardé à organiser son camp puisque le
pacte de Varsovie n’a été signé qu’en 1955. Mais c’est oublier que depuis 1945, l’armée
rouge campe partout et a signé dès 1945 avec tous ces pays des traités de coopération.
  Maccarthysme et Jdanovisme
La guerre froide a des répercussions à l’intérieur des deux camps. En 1950, avec la guerre
de Corée, commence aux États-Unis la « chasse aux sorcières ». Un sénateur du Sud, Mac
Carthy, dénonce l’infiltration communiste au gouvernement et dans l’armée.
Cette effervescence culmine en 1952 : des milliers de fonctionnaires ainsi que des artistes
sont révoqués. Les époux Rosenberg accusés d’espionnage au profit de l’URSS sont exécutés
(Il a été confirmé qu'ils étaient effectivement des espions beaucoup plus tard) . Cependant, en
1953, l’heure du paroxysme de la guerre froide est passée (mort de Staline et armistice de Pan
Mun Jom) et Mac Carthy est victime de ses excès.
En URSS, il n’y a pas d’opinion publique puisque le pouvoir n’a jamais cessé d’exercer le
contrôle le plus total sur les esprits. En période de tension, le pouvoir mobilise les esprits
pour y infuser la doctrine officielle (appelée Jdanovisme). Jdanov impose aux artistes et aux
écrivains de servir l’art socialiste qualifié de « réalisme socialiste ». La répression est toujours
implacable : des millions de détenus peuplent les goulags.
En 1953, c’est le « complot des blouses blanches ». Des milliers de médecins juifs sont
arrêtés pour avoir voulu empoisonner Staline. Ces juifs sont en fait accusés d’être des
cosmopolites et d’être à la solde de l’étranger. « Heureusement », Staline meurt le 5 mars
1953.
3°/ La détente, une fausse sortie de la guerre froide (1955-1975)
a) La coexistence pacifique Khrouchtchevienne, un trompe-l’œil ?
  Une nouvelle diplomatie soviétique ?
En faisant tomber le rideau de fer sur l’Europe de l’Est, l’URSS était à l’origine de la
guerre froide. Un dégel ne pouvait venir que d’elle : la mort de Staline, le 5 mars 1953, est
une occasion d’une redéfinition de la diplomatie soviétique désormais axée sur une
coexistence pacifique entre les deux blocs. Pourquoi cet apparent revirement ?
 La consolidation de la puissance soviétique avec l’explosion en 1949 d’une bombe
atomique soviétique qui met fin au monopole nucléaire américain. La même année, c’est
l’élargissement du camp soviétique en Asie avec la Chine.
 La réalisation de l’objectif recherché par la guerre froide : cimenter le camp socialiste.
 L’apparition du tiers-monde dont l’acte de naissance est proclamé à Bandung en 1955
qui ouvre de vastes perspectives à l’action idéologique soviétique.
En février 1956 a lieu le vingtième congrès du PCUS qui est celui de la déstalinisation et
de la coexistence pacifique. Contre la ligue Jdanov, Khrouchtchev proclame la coexistence
pacifique, autrement dit affirme que la guerre avec le camp impérialiste peut et doit être
évitée.
Les dirigeants soviétiques maintiennent toujours l’objectif d’une victoire totale du camp
socialiste. D’ailleurs pour Khrouchtchev la coexistence pacifique est d’abord une compétition
pacifique. Entre l’Est et l’Ouest, cette compétition à la fois idéologique et économique
démontrera la supériorité du camp socialiste et assurera pacifiquement son triomphe dans le
monde.
En 1957, les soviétiques lancent leur première fusée intercontinentale et trois mois plus
tard ils mettent en orbite le premier satellite : Spoutnik. Ce défi soviétique donne son sens
au voyage de Khrouchtchev aux États-Unis en 1959.
Il affirme aux américains : « vos petits-enfants vivront dans le communisme ». On ne
pouvait être plus clair : par la coexistence pacifique qu’ils proclament, les soviétiques
entendent poursuivre par d’autres voies les mêmes buts que ceux de la guerre froide c'est à
dire l’expansion mondiale du communisme. Le dégel appelé coexistence pacifique puis
détente n’en est qu’une autre modalité.
  La méfiance et le changement d’attitude
D’ailleurs c’est bien ainsi que les Américains l’entendent puisqu’ils ne baissent pas leurs
gardes. Le successeur d’Eisenhower, Kennedy, élu en 1960, est décidé à relever tous les défis
soviétiques. En 1962, il lance le programme Apollo en riposte aux succès soviétiques. En
même temps, il augmente le budget militaire pour que les États-Unis s’assurent la supériorité
dans tous les domaines.
Cependant Kennedy comme Khrouchtchev se rend compte qu’il ne peut se limiter aux
deux blocs puisqu’un troisième monde venait de naître. D’ailleurs les États-Unis en
connaissaient un écho avec Castro à Cuba. Aussi Kennedy change sa diplomatie : il accepte
que les jeunes nations soient non alignées (avant elles devaient choisir un camp, à présent
elles peuvent être neutres) et il propose de les aider à leur développement.
Cependant, au début des années 1960, l’affrontement Est-Ouest tient toujours le devant de
la scène.
  Une guerre froide toujours virulente en Europe
Au vingtième congrès, Khrouchtchev avait admis la pluralité des voies dans l’édification
du socialisme c'est à dire reconnaître Tito. C’était prendre le risque de faire éclater le camp
socialiste.
 Dès l’été 1956, dans la Pologne catholique, les ouvriers se soulèvent : le PC polonais
estime que cette révolte ouvrière est due à la rigidité du communisme pratiquée et rappelle à
leur tête Gomulka, écarté en 1948 pour titisme et arrêté. Khrouchtchev admet cette révolution
de Palais qui ne semble aller bien loin.
 Le retour de Gomulka en Pologne a son contre-coup en Hongrie : les dirigeants hongrois
entendaient maintenir un communisme dur et, avec l’exemple polonais, Budapest se soulève
en octobre 1956. On fait appel au « communiste libéral » Nagy.
Celui-ci obtient le départ de l’armée rouge et l’insurrection redouble : Nagy lance des
réformes et annonce la sortie de la Hongrie du pacte de Varsovie. Le 3 novembre 1956, les
blindés soviétiques reviennent, la révolte est écrasée et Nagy fusillé.
La répression à Budapest montre les limites du dégel. Moscou ne tolère pas une défection
du camp socialiste : elle accepte une très relative autonomie mais non l’indépendance.
 Berlin-Ouest : défi outrageant au cœur du camp socialiste. En effet, dans les années
1950, deux millions d’Allemands de l’Est se sont réfugiés à l’Ouest « votant avec leurs
pieds ». Cet implacable démenti au caractère paradisiaque de l’URSS se double d’une
véritable saignée de la RDA qui perd tous ses hommes jeunes.
Dans la nuit du 12 au 13 août 1961 est construit le mur de Berlin. Les occidentaux
dénoncent le « mur de la honte » mais paradoxalement leur présence s’en trouve confortée.
  L’offensive soviétique dans le tiers-monde : Cuba
La diplomatie soviétique a pris une orientation tiers-mondiste. Khrouchtchev essaie
d’abord de prendre pied en Afrique : d’abord en Egypte où, après la crise de Suez d’octobre
novembre 1956, il réussit à placer ses conseillers. Ensuite au Congo ex-belge, après
l’indépendance en 1960, il joue la carte du marxiste Lumumba contre le gouvernement
soutenu par les occidentaux.
Cependant, la grande affaire reste celle de Cuba. Il y avait là une dictature militaire
soutenue par les Américains. En 1959, après trois ans de guérilla, Castro renverse cette
dictature et aussitôt il entreprend une réforme agraire qui menace les intérêts sucriers des
américains.
Eisenhower se raidit et supprime son aide puis ses achats de sucre. Aussitôt Khrouchtchev
se précipite : il achète le sucre de Cuba, lui vend du pétrole et lui fournit une protection
militaire. L’URSS a placé son premier pion sur le continent américain.
En 1961, Kennedy tente un débarquement d’exilés anti-castristes dans la baie des cochons
qui est fiasco retentissent. Le 1er mai 1961, Castro proclame la naissance d’une république
démocratique socialiste d’Amérique latine.
Pour Khrouchtchev, c’est le moment de transformer l’essai et, en 1962, des avions espions
américains survolant Cuba découvrent des rampes de lancements pour fusées alors qu’au
même moment des cargos russes font route vers Cuba.
Par conséquent, en octobre 1962, Kennedy décrète le blocus de Cuba et exige le retrait
immédiat des fusées et des bombardiers russes. Finalement Khrouchtchev se dégonfle : les
cargos sont déroutés et les fusées retirées mais contre la promesse des Américains de ne pas
envahir l’île.
C’est seulement un semi-échec pour Khrouchtchev : pourtant, il tombe en 1964 parce que
les autres dirigeants considèrent cet épisode comme un grave échec.
b) La détente brejnévienne, un nouveau trompe-l’œil ?
  La modalité brejnévienne de la coexistence pacifique
Le successeur de Khrouchtchev, Brejnev, poursuit résolument dans la voie de la détente,
une expression qui caractérise son époque. Pourquoi cette détente ?
 Pérenniser la puissance soviétique : en effet, avant 1939 l’URSS apparaissait d’abord
comme la patrie du socialisme. Après 1945, elle a acquis tous les attributs de la puissance
devenant la deuxième puissance économique et la deuxième puissance militaire. Elle est le
plus vaste empire de l’histoire et le dernier du vingtième siècle. Elle veut obtenir du camp
d’en face la reconnaissance de ce qu’elle a acquis par annexion ou par influence et qui est
énorme.
 annexions : états Baltes, Pologne orientale, Biélorussie
 vassalisation des démocraties populaires en 1946-48 : Pologne, Hongrie, Bulgarie, Tchécoslovaquie,
Allemagne de l’Est.
 états communistes du tiers monde : en 1954 le Vietnam du Nord, en 1964 Cuba, en
1975 l’Angola et le Mozambique, en 1979 l’Afghanistan
 Résoudre ses difficultés économiques
L’URSS veut tirer parti du dynamisme économique de l’Europe de l’Ouest pour surmonter
ses difficultés : elle veut des prêts avantageux, des transferts de technologie et surtout des
livraisons de céréales. Dans les années 1970, l’URSS est devenue le premier acheteur de blé
du monde alors que dans les années 1900 la Russie tsariste en était le premier vendeur.
 Maîtriser politiquement l’arme nucléaire
Naturellement, les buts de la guerre froide demeurent c'est à dire étendre la révolution
communiste au monde entier. De fait sous Brejnev l’expansion communiste se poursuit : en
1975 toute l’ancienne Indochine française devient communiste.
La même année s’installent des régimes communistes en Angola et Mozambique puis en
Ethiopie et en 1979 l’armée rouge entre en Afghanistan. Alors l’URSS menace la route
stratégique du cap qui est celle du pétrole.
  Une réponse américaine favorable
Il reste à comprendre pourquoi les Américains ont répondu favorablement aux avances
soviétiques et ont accepté une détente si avantageuse pour les soviétiques.
Les États-Unis y ont intérêt. En 1968 est élu Nixon : lui et son conseiller, Kissinger, sont
très anti-communistes mais ils sont aussi conscients du relatif déclin des États-Unis et que la
guerre du Vietnam a révélé.
En s’y enlisant les États-Unis ont compris qu’il serait de plus en plus difficile de jouer aux
gendarmes du monde. Mais ce n’est pas la fin de l’endiguement mais c’est la fin de
l’endiguement tout azimut. Les Américains souhaitent remettrent sur pieds un directoire des
grands pour stabiliser leurs rapports et apaiser les conflits du monde.
En outre commercer avec l’Est n’est-ce pas l’ouvrir sur le monde et donc l’intégrer au jeu
du marché ? Enfin les États-Unis ont les mêmes préoccupations que les soviétiques
concernant le risque d’un apocalypse nucléaire.
  La détente en Europe
 L’accord sur l’Allemagne : la guerre froide a démarré en Europe et s’est cristallisée sur
la question allemande. C’est là, en Allemagne, que la détente commence par se manifester.
Les Allemands inaugurent une politique d’ouverture à l’Est (l’Ostpolitik).
La RFA traite avec l’URSS, la Pologne et la RDA dont elle ne reconnaissait pas le
gouvernement parce qu’elle prétendait, en vertu de sa légitimité sortie d’élections libres,
représenter toute l’Allemagne. Or plusieurs traités sont signés : germano-russes, germanopolonais et germano-germain.
Ce dernier traité (RFA-RDA) est appelé traité fondamental (1972) qui normalise les
rapports entre les deux Allemagnes tandis que les trois traités garantissent les frontières de
1945 y compris la ligne Oder-Neisse. En 1973, les deux Allemagnes entrent à l’ONU.
Traiter avec la RDA c’était fatalement la reconnaître, concession politique énorme de la
RFA mais elle obtient une contrepartie commerciale avantageuse devenant rapidement la
partenaire commerciale de la RDA.
 Un accord sur l’Europe
Le règlement de la question allemande est le prélude à la négociation d’un traité du même
genre sur l’Europe : le traité d’Helsinki en 1975 est signé par 35 états : toute l’Europe et les
États-Unis ainsi que le Canada.
Comme le traité fondamental, il garantit les frontières héritées de la dernière guerre : il
prévoit des accords commerciaux, notamment la vente de blé américain aux Russes. En outre
est garanti aussi le respect des alliances.
Cependant les occidentaux ont imposé en échange de leurs concessions une stipulation
concernant le respect des droits de l’homme. Et les dissidents soviétiques utiliseront cette
arme contre leur gouvernement. Les Américains écoulent leur formidable surplus de blé.
Le traité d’Helsinki marque l’apogée de la détente.
  Equilibre de la terreur et détente
Le coup de poker entre les deux camps à Cuba a eu des conséquences paradoxales. D’un
côté, il a rappelé à tous l’extrême fragilité de la paix mondiale : un rien pouvait l’entraîner
dans une apocalypse nucléaire fatale. D’un autre, il a prouvé que cette paix se nourrissait de
cette crainte puisqu’il s’agissait d’une crainte partagée réciproque qui fonde l’équilibre de la
terreur.
De fait, les arsenaux militaires s’équilibrent et c’est d’ailleurs d’une importance relative
dans la mesure où chacun des deux grands détient l’overkilling capacity. Au milieu des
années 1960, les États-Unis l’ont 42 fois et l’URSS 24 fois. Cette « overdose meurtrière »
dissuade chacun de l’utiliser contre l’autre par crainte de représailles tout aussi meurtrières.
Cet équilibre de la Terreur conduit les deux grands a une attitude ambiguë. D’une part, il
les entraîne dans la course aux armements. D’autre part, il les entraîne à essayer de maîtriser
cette redoutable accumulation d’armes de deux façons :
 En évitant un incident né d’un mauvais hasard c’est pourquoi dès 1963 est installé un
téléphone rouge entre Washington et Moscou.
 En évitant la diffusion de l’arme nucléaire dans de multiples pays.
Ainsi deux traités sont signés :
  1963 : Traité de Moscou interdisant les essais nucléaires dans l’atmosphère et dans l’eau
  1968 : Traité de Washington sur la non-prolifération des armes nucléaires. Les Etats-Unis,
l’URSS, la Grande-Bretagne s’engagent à ne pas aider les autres pays à fabriquer de telles armes et les autres
pays s’engagent à n’en pas fabriquer. Seules la Chine et la France ne signent pas refusant le monopole nucléaire
des grands.
Sitôt le traité de Washington signé, les négociations reprennent pour limiter les armes
stratégiques c'est à dire nucléaires d’où, en 1972, les accords de SALT1 (Strategic Arms
Limitation Talks) qui limitent le nombre de missile : c’est un frein dans la course, pas un
désarmement. Toutefois comme le SALT est un cadre de négociations permanentes à
l’image du GATT sont signés en 1979 des accords SALT2 mais ceux-ci ne seront jamais
ratifiés aux États-Unis en représailles de l’invasion soviétique de l’Afghanistan.
c) L’entrée en scène de nouveaux acteurs dans les années 1950 et 1960
  L’émergence du tiers-monde
Cf. cours sur la décolonisation
On distingue trois phases
 Dès la fin de la guerre, la décolonisation commence
1947 : l’indépendance de l’Inde et du Pakistan
1954 : Diên Biên Phu = défaite de l’armée française qui met fin à l’Indochine
française
Toussaint sanglante en Algérie
1960 : indépendance de l’Afrique noire française, belge et anglaise
 1955 : conférence de Bandung des pays décolonisés qui réclament l’émancipation
générale et qui refuse d’intégrer les blocs. C’est la naissance officielle du tiers-monde.
 1960-70 : le tiers monde réclame après la décolonisation politique, la décolonisation
économique. Cela aboutit à la déclaration de l’ONU réclamant un NOEI (Nouvel Ordre
Économique International)
  L’émergence d’une communauté européenne
On distingue trois phases
 1951 : création de la CECA (traité de Paris)
 1957 : création de la CEE (traité de Rome)
 Années 1960 : De Gaulle tente de fédérer l’Europe pour en faire un troisième bloc fondé
sur l’entente franco-allemande mais le projet n’aboutit pas en raison de la tiédeur des
partenaires de la France, en particulier l’Allemagne. Cet échec n’empêche pas la France
d’avoir une relative autonomie vis à vis des États-Unis : elle quitte l’OTAN en 1966.
  L’émergence de l’Extrême-Orient
 La Chine communiste a une histoire très agitée : son poids économique est bien modeste
mais ce qui importe est son poids politique. La Chine pèse lourd pour deux raisons :
1.
gigantesques travaux.
2.
appartient.
 Son énorme population que le régime totalitaire mobilise dans de
 La fascination idéologique qu’elle exerce sur le tiers monde auquel elle
 Le Japon qui reste au contraire de la Chine un nain politique mais qui lui connaît un essor
économique fulgurant (1955 = 5000 voitures, 1959 = des millions qui lui donne le premier
rang mondial avant l’Allemagne).
 Les quatre dragons (Corée, Hong-Kong, Taiwan, Singapour) amorcent leur décollage
dans les années 70 alors que l’Europe en crise découvre le « made in Taiwan ». Aucun des
deux pôles n’a le poids des deux grands mais leur ascension est rapide et elle modifie la
géographie économique du monde notamment en renforçant, en aiguisant les fractures
internes de chacun des deux blocs.
d) Les fractures internes aux deux blocs
  Les fractures internes à la sphère d’influence américaine
 La contestation gaullienne
Dans les années 50 et 60, l’Europe reprend des forces. Kennedy propose en 1962 de
redéfinir les relation entre l’Amérique et l’Europe en substituant aux leadership américain un
partnership entre alliés égaux.
L’Amérique propose de gérer en commun une force nucléaire multinationale mais en
réservant le déclenchement du feu nucléaire américain au président des Etats-Unis.
Les Anglais acceptent, De Gaulle refuse car le monopole de la décision nucléaire serait
gardé par l’Amérique. En vérité, la logique de De Gaulle est la même que celle de Kennedy.
De Gaulle a fondé toute sa diplomatie sur le principe de l’indépendance nationale et à
développer pour cette raison une force de frappe indépendante visant la dissuasion ç’est à dire
non pas l’overkilling capacity mais la capacité à provoquer chez l’ennemi l’intolérable. Il
n’est pas question de partager la décision de déclencher le feu nucléaire français.
Dans cette logique De Gaulle retire la France de l’OTAN en 1966 mais la maintient dans
l’alliance Atlantique. De Gaulle manifeste son indépendance dans tous les domaines et
conteste l’hégémonie du dollar, soutient le projet du Concorde, condamne l’intervention
américaine au Vietnam et refuse l’entrée de l’Angleterre dans le marché commun qu’il
considère comme le cheva de Troie de l’Amérique.
 L’Amérique dans le bourbier vietnamien
20 juillet 1954 : les accords de Genève reconnaissent l’indépendance de l’Indochine
française à quatre états (Laos, Cambodge, Vietnam du Nord, Vietnam du Sud) et notamment à
deux Vietnams : Vietnam du Nord communiste et Vietnam du Sud soutenu par les
Américains.
En 1960, les communistes rallument la guérilla dans le Sud. Kennedy envoie des
conseillers militaires bientôt transformés en combattants dont le nombre est porté par Johson à
500 000. En outre les Américains bombardent le Nord : Hanoi, base communiste.
Cependant l’armée américaine s’enlise dans cette guérilla et l’opinion publique américaine
se lasse. En février 1968, c’est l’offensive du Têt (le Têt, c’est le nouvel an boudhiste) des
Vietkongs (communistes) dans toutes les villes du Sud et on se bat au corps à corps jusque
dans les jardins de l’ambassade américaine. L’offensive est repoussée et c’est un échec
militaire pour les Vietkongs mais un remarquable succès politique parce que l’offensive a
été complaisamment filmée par les Américains
En 1968, Nixon a été élu après avoir fait campagne sur le retour des boys sans abandonner
le Vietnam : il vietnamise le conflit et porte l’armée sud-vietnamienne à 800 000 hommes et
la surarme. Cela se termine en 1975 : l’armée nord vietnamienne lance une offensive générale
au Sud et Saigon tombe.
Le Vietnam est réunifié en devenant en pleine détente entièrement communiste. C’est une
amère défaite pour les Américains. Désormais on parlera de « syndrome vietnamien » pour
désigner une guerre non voulue moralement coûteuse qui s’achève par une défaite politique
sans qu’il y ait défaite vietnamienne.
  Les fractures internes au camp socialiste
  La rupture avec la Chine, conflit idéologique et conflit de grandes puissances
Apparemment, il s’agit d’un conflit idéologique puisque la Chine reproche à Khrouchtchev
sa politique de déstalinisation. En réalité, il s’agit d’une rivalité de grandes puissances puisque
Pékin dispute à Moscou son rôle de capitale des croyants communistes.
Dès 1959, Moscou a rappelé ses conseillers. La Chine, elle, en 1963, refuse comme la
France de signer le traité de Moscou et en octobre 1964, le jour de la chute de
Khrouchtchev, elle fait exploser sa première bombe atomique.
Bientôt, le conflit devient frontalier : le bloc communiste est désormais coupé en deux.
Nixon essaie de tirer parti de cette division. En 1972, il se rend à Pékin pour rencontrer Mao
Zedong, le vieil ennemi de l’Amérique. Ce stupéfiant voyage introduit une configuration
triangulaire sur la scène internationale dominée depuis trente ans par un schéma bipolaire.
Pour prix de se rapprochement, Nixon avait accepté que la Chine populaire remplace la Chine
nationaliste à l’ONU et à son conseil de sécurité.
  Encore et toujours les velléités d’indépendance des démocraties populaire
En 1968, c’est le printemps de Prague c’est à dire une extraordinaire efflorescence
d’initiatives individuelles pour réclamer des libertés. Le secrétaire général du PC tchèque,
Dubcek, prend la tête de la contestation et tente d’infléchir son régime dans un sens humaniste
tout en préservant sa nature socialiste : « un socialisme à visage humain ». En même temps,
Dubcek, très prudemment, proclame son attachement au pacte de Varsovie pour éviter le
piège dans lequel était tombé Nagy.
Cependant en admettant l’existence d’une opposition, il admet le multipartisme et met
donc fin à la dictature du parti communiste tchèque. Les Russes pensent qu’à terme c’est
sortir du camp socialiste. En août 1968, les blindés soviétiques entrent à Prague : la
Tchécoslovaquie est normalisée. Dubcek devient ouvrier d’usine. Désormais toute velléité
d’indépendance se heurte à la doctrine brejnévienne de souveraineté limitée c’est à dire rien
d’autre qu’une nouvelle version de la condamnation du titisme.
4°/ L’ultime confrontation Est-Ouest et la vraie fin de la guerre froide (1975-1991)
a) L’ultime confrontation Est-Ouest
  Un refroidissement baptisé guerre fraîche
Les accords d’Helsinki ont marqué l’apogée de la détente. Toutefois à ce moment l’URSS
expulse l’écrivain Soljenitsyne qui a révélé au monde sous Khrouchtchev la réalité des
goulags ce qui prouve que le totalitarisme n’a pas disparu sous Brejnev. Les dissidents ne
sont plus expédiés aux goulags mais dans les hôpitaux psychiatriques.
Ce qui va se jour sur la scène mondiale est plus fâcheux : en octobre 1973, Israël est
surpris pendant la fête du Kippour par une offensive égyptienne dans le Sinaï et par une
offensive syrienne dans le Nord du pays. Une vigoureuse contre-offensive israélienne lui
permet d’encercler une partie de l’armée égyptienne. La tension internationale monte mais
elle retombe aussitôt car les deux grands imposent à leurs protégés le statut quo (le « statu quo
ante » = l’état dans lequel il était avant). Finalement la guerre du Kippour confirme la détente.
  L’affaiblissement de la puissance américaine déséquilibre les rapports Est-Ouest
L’exécutif américain est paralysé : aux États-Unis a éclaté le scandale du Watergate. La
salle du parti démocrate était truffée de micros pendant une réunion. Nixon le savait-il ? Il
prétend ignorer cette violation des délibérations du parti démocrate. En fait, il savait : il a
donc menti et une procédure de destitution est enclenchée. Nixon démissionne et est remplacé
par Gérald Ford pour deux ans.
Dès novembre 1973, le Congrès a profité de l’affaiblissement de Nixon pour limiter les
pouvoirs du président c’est à dire l’empêcher d’envoyer une armée sans l’avis du Congrès. La
première puissance du monde est paralysée militairement. Cette grave crise institutionnelle a
des répercussions internationales : le nord Vietnam profite de cet affaiblissement pour envahir
le sud Vietnam et en 1975, Saigon tombe.
En 1976, Ford est battu par le démocrate Carter. L’élection de Carter a valeur de symbole
et manifeste la volonté des Américains de purifier les valeurs politiques. D’ailleurs Carter
porte son action sur les droits de l’homme et retire son soutien aux régimes trop autoritaires
comme celui du Shah d’Iran.
Mais défendre les droits de l’homme ne constitue pas une véritable politique. Les échecs
de Carter se multiplient : en Iran, l’intégrisme musulman monte et provoque la chute du
Shah en 1979. Son successeur l’Ayatollah Khomeyni désigne les États-Unis comme le
grand Satan.
Il organise des manifestations monstres devant l’ambassade américaine de Téhéran qui se
trouve bloquée et son personnel pris en otage. Carter lance un raid pour libérer les otages mais
les avions tombent en panne d’essence. L’ambassade n’est débloquée qu’au début de l’année
1981 alors que les États-Unis ont un nouveau président : Reagan.
  Corollaire de l’affaiblissement américain, une nouvelle percée soviétique sur tous les continents
 L’Indochine
En 1975, Saigon tombe. En même temps, au Cambodge, les Khmers rouges s’emparent de
leur capitale Phnom Penh et procèdent à des exécutions massives : deux millions de tués sur
une population de huit millions de personnes. C’est un véritable génocide contre sa propre
population. Au Laos, un gouvernement communiste s’installe également. C’est un triomphe
communiste dans toute l’Indochine.
 L’Afrique
En 1977, l’Éthiopie tombe. En 1975, le Portugal reconnaît l’indépendance de l’Angola et
du Mozambique où s’installent des régimes communistes. L’URSS peut ainsi couper la route
du pétrole.
 Le coup de Kaboul (Afghanistan)
En Afghanistan, il y avait une vieille monarchie que balaient des militaires communistes.
Tout le peuple afghan se soulève et la rébellion contrôle désormais les trois quarts du pays. Le
24 décembre 1979, l’armée rouge entre en Afghanistan.
C’est un enjeu stratégique considérable car l’URSS reprend la vieille politique des tsars de
pousser vers les mers chaudes (Océan Indien et le Golfe Persique).
 L’Amérique centrale
En juillet 1979, au Nicaragua, triomphe un régime d’inspiration communiste que l’URSS
soutient. Pour les Etats-Unis, c’est le cauchemar castriste qui recommence en pire puisque
c’est sur le continent lui-même avec un risque de contagion.
1979 est une année noire pour les États-Unis :
3.
4.
5.
 Juin : accord SALT2 jamais ratifiés
 Novembre : otage de Téhéran
 Décembre : coup de Kaboul
En une année l’URSS a poussé ses pions sur tous les continents.
  Une vigoureuse contre-offensive sous Reagan
Reagan a fait campagne sur le thème « America comes back ». Ce retour de l’Amérique
doit se voir aussi bien sur le plan économique par une contre-offensive sur le Japon que sur le
plan politique par une contre-offensive sur l’URSS.
Reagan a conscience que son pays est toujours sur le coup du syndrome vietnamien et que
la priorité est de lui redonner confiance en désignant clairement l’ennemi qu’il dénonce
comme l’empire du mal. Une bonne partie de l’opinion publique américaine suit Reagan.
De nouveau la course aux armements est relancée. C’est la bataille des euromissiles :
c’est l’URSS qui en a pris l’initiative dès 1977 en remplaçant ses vieux missiles à moyenne
portée par d’autres (des SS20) quasi invulnérable et d’une précision diabolique au point de
pouvoir épargner les populations civiles.
Une guerre strictement européenne redevient possible car l’Amérique n’ayant pas d’armes
équivalentes en Europe pourrait refuser de s’engager dans une escalade nucléaire où serait
menacé son propre territoire.
Les Européens s’inquiètent d’autant plus que les États-Unis sont sous le coup du syndrome
vietnamien et pouvaient être tentés à un retour à l’isolationnisme. Cependant, Carter et
Reagan acceptent que l’OTAN soit équipée de pershings malgré de grandes manifestations
vertes dans toute l’Europe du Nord où l’on scande « plutôt rouge que mort ». Les premiers
pershings américains sont installés en 1983 en Allemagne.
En même temps, Reagan décide de relancer la course aux armements avec l’IDS (Initiative
de Défense Stratégique) baptisé guerre des étoiles. C’est un projet consistant à envisager de
protéger le territoire américain par le déploiement dans l’espace d’un réseau de satellites dotés
de canons à laser pouvant détruire des fusées intercontinentales lorsqu’elles rentrent dans
l’atmosphère. C’est un formidable défi lancé à l’URSS puisqu’elle n’a pas les moyens
financiers de suivre un tel programme. Si les États-Unis mettent en place ce projet, l’équilibre
de la terreur serait rompu.
b) 1985-1991 : la dernière fin de la guerre froide
  Enfin une véritable détente ?
En 1985 arrive au pouvoir Gorbatchev qui déclenche dans le monde une gorbymania :
c’est qu’il semble s’engager dans une véritable détente et non pas dans une détente en trompel’œil. Cette détente est commandée par les impératifs des deux réformes intérieures que
mènent Gorbatchev :
 La glasnost (la transparence)
 La perestroïka (la restructuration de l’économie) : celle-ci implique une restructuration
diplomatique et militaire car assainir l’économie exigeait de renoncer à la course aux
armements. En effet, si les dépenses se montaient à 5 % du PIB américain, elles atteignaient
30 % du PIB soviétique.
Renoncer à la course aux armements, c’était renoncer à la diplomatie de guerre froide.
Alors Gorbatchev prononce ces paroles extraordinaires : « une nation peut choisir entre le
capitalisme et le socialisme, c’est son droit souverain ». C’est la fin du jdanovisme et de sa
version plus récente brejnévienne, celle de la souveraineté limitée.
Dans l’immédiat, Gorbatchev voulait obtenir un accord de désarmement avec les ÉtatsUnis. Or ceux-ci étaient prêts à entendre la nouvelle chanson soviétique parce que si son
fardeau militaire était bien moindre, il n’en constituait pas moins un handicap face aux
concurrents japonais et allemands.
En 1987, est signé le second traité de Washington qui prévoit la destruction en trois ans de
tous les euromissiles. Pour la première fois, ce n’est pas un simple frein à la course mais un
véritable désarmement.
  La chute de l’empire soviétique
Tout commence à nouveau en Pologne parce qu’il y a une originalité polonaise : là, le
régime n’a jamais été vraiment été totalitaire (parti unique contrôle tout l’état et toute
l’économie et la société) parce que s’est dressée l’église catholique face au parti et s’identifie
au peuple. L’état doit autoriser la pratique religieuse et fermer les yeux sur la vie
intellectuelle.
En 1980 éclate une insurrection civile polonaise dans les ports de la Baltique et
notamment à Gdansk où s’affirme Lech Walesa, un ouvrier qui mène les grèves. Celle-ci
aboutit à la création d’un syndicat libre « Solidarnosc » (solidarité). C’est riser le monopole
syndical de l’état parti et entrer dans le multisyndicalisme c’est à dire à terme entrer dans le
multipartisme.
L’Eglise catholique couvre ce qui se passe et la même année est élu pape l’archevêque
polonais Karol Wojtyla. Cette fois, les Russes n’interviennent pas directement : ils imposent à
la tête du parti polonais un militaire : le général Jaruzelski lequel décrète le couvre-feu, arrête
les dirigeants de Solidarité et dissout le syndicat.
Alors Solidarité entre en clandestinité suivi par toute population, toujours couvert par
l’Eglise. C’est comme si tout le pays était entré en dissidence. Alors il s’enfonce dans la crise
économique et politique. Des 1982 Jaruzelski libère Walesa.
En 1987, Gorbatchev fait sa fameuse déclaration sur le droit souverain des peuples : les
états vassaux vont en user. L’agitation polonaise rebondit et Jaruzelski qui ne peut plus
compter sur le soutien de Moscou, cette fois, négocie avec Walesa la fin du régime, admettant
le principe d’élections libres.
En juin 1989, le PC polonais est battu par Solidarité qui s’est transformée en parti
politique. Et Walesa est élu président de la république polonaise.
Au même moment, la Hongrie connaît une évolution analogue : la même année 1989 est
instauré le multipartisme et réhabilité Nagy et les frontières sont ouvertes : le rideau de fer est
levé. C’est alors l’automne des peuples de 1989.
La contagion hongroise s’étend à l’Allemagne : les Allemands de l’Est profitent de
l’ouverture de la frontière hongroise pour se rendre à l’Ouest. Le mur de Belin tombe en
novembre 1989 et en octobre 1990 l’Allemagne est réunifiée.
En Tchécoslovaquie, en Roumanie, en Bulgarie, le communisme tombe aussitôt.
  La mort de l’URSS en 1991
Gorbatchev a présenté ses réformes comme devant sauver le communisme. La Glasnost ou
transparence est une véritable révolution à l’intérieur du pays parce qu’elle y introduit la
liberté critique. Alors recommence le procès de Staline. On fait ensuite le procès de la
bureaucratie, du régime et de son fondateur Lénine. C’est saper la légitimité même du
régime.
Au début, le débat est entre intellectuels puis passe très vite dans l’opinion publique car des
élections libres sont prévues en 1989 : tous les candidats sont du parti mais deux factions
s’opposent (les candidats conservateurs et les réformateurs). Or les réformateurs l’emportent
avec 80 % des voix. L’URSS est entrée dans le multipartisme, il n’y a plus d’état parti.
En même temps est menée la perestroïka économique qui consiste à rendre responsable de
sa gestion chaque entreprise. Or 6 % des entreprises sont déficitaires : cette réforme entraîne
la faillite de l’URSS tout entière, elle précipite la chute du régime qu’avait initié
l’ébranlement de l’état parti.
Cependant le coup de grâce porté à l’URSS surgit de vieux antagonismes sociaux. Dans le
contexte de décomposition économique générale et d’affaiblissement du centre politique, les
républiques soviétiques sont soumises à de formidables forces centrifuges.
Tout commence dans le Caucase mais dans les républiques Baltes, on proclame
l’indépendance en 1990. Moscou est si affaiblie qu’elle est obligée de la reconnaître.
Curieusement le dernier coup porté au régime vient de la Russie elle-même : Boris Eltsine
est élu triomphalement président de la république de Russie. Il fait adopter le principe de la
supériorité des lois russes sur celles de l’URSS : c’est prononcer son acte de décès. En août
1991, les nostalgiques de l’URSS tentent un coup d’état qui échoue. Le 25 décembre 1991
Gorbatchev démissionne. Auparavant Eltsine avait fait interdire le P.C. en Russie.
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