14h30 - Soutenance de la thèse de Karen Bourgeois (Dir. E. Vidal & T. Tatoni) Ecologie et conservation d'un oiseau marin endémique de Méditerranée, Puffinus yelkouan Résumé Les Procellariidae, et plus particulièrement les espèces appartenant au complexe taxonomique du puffin des Anglais, sont des oiseaux marins qui montrent une forte vulnérabilité face aux modifications de leurs habitats en raison de leur stratégie démographique K poussée au paroxysme. Parmi les espèces de ce complexe, le puffin yelkouan, Puffinus yelkouan, représente un cas unique du fait de son endémisme strict au Bassin Méditerranéen confiné, de son élévation récente au rang d’espèce et du manque notable de données le concernant. L’objectif général de cette étude a donc été d’étudier cette espèce d’oiseau marin pélagique encore très mal connue, afin de combler au moins partiellement les lacunes importantes concernant la connaissance de son écologie et de sa biologie, et d’amener des éléments concrets pour l’établissement de plans d’actions de gestion et de conservation de cette espèce. Une synthèse concernant la population, les effectifs et la distribution du puffin yelkouan ainsi que les menaces encourues par cette espèce, a tout d’abord, été réalisée à l’échelle de sa répartition mondiale. Elle a permis de souligner le manque persistant de données fiables et accessibles sur le puffin yelkouan, conduisant à des effectifs reproducteurs imprécis et sur-estimés, à des sites identifiés reproducteurs sur lesquels la nidification du puffin yelkouan n’a pas été confirmée et à une population considérée comme stable alors que des éléments concordant indiquent des populations en déclin et présagent de l’occurrence de menaces importantes. En raison du peu de données existant sur cette espèce, nous avons ensuite développé des bases méthodologiques pour faciliter leur étude. Ainsi, une méthode originale de sexage, basée sur l’analyse des vocalisations, s’est avérée totalement efficace et non-invasive en comparaison de la méthode classique de sexage des individus par morphométrie. En outre, les patrons de présence et d’activité des puffins sur leurs colonies ont été analysés et ont montré que la luminosité ambiante, la période du cycle de reproduction et la force du vent devaient être pris en compte dans la planification des suivis et des recensements. L’analyse de la sélection de l’habitat à l’échelle des cavités de nidification et des sites d’établissement des colonies a permis, dans un troisième temps, de décrire les préférences écologiques de l’espèce, mais surtout de mettre en évidence un faible taux d’occupation de l’habitat disponible favorable à la nidification sur notre site d’étude. Enfin, les patrons et l’impact de la prédation par les chats harets sur les puffins yelkouan ont été étudiés par l’analyse des fèces et par des modélisations démographiques (Population Viability Analysis). Cette prédation constitue une menace majeure pour l’espèce sur notre site d’étude et une structure inattendue des populations de puffins a été révélée. L’ensemble de ces éléments suggère que l’éradication des chats sur ce site est une action prioritaire à mener pour dynamiser la population reproductrice et empêcher son extinction, d’autant plus que l’abondance de l’habitat de nidification disponible permettra au site d’étude de supporter une telle dynamisation. La poursuite des suivis et des actions engagés ainsi que l’élargissement de la zone d’étude permettront préciser la compréhension des processus impliqués dans cycle terrestre du puffin yelkouan et de valider les hypothèses avancées quant à la structure de populations de l’espèce. Mots clés Biologie de la conservation, biologie de la reproduction, îles Méditerranéennes, oiseau marin, prédateurs introduits, Puffin yelkouan, sélection de l’habitat de reproduction, statut de conservation.