Cahier de doléance, Le 21 Janvier 1789, à Versailles
Depuis quelques temps, Versailles est très agité. Chaque jour, des centaines
de cahiers de doléances arrivent dans les bureaux du palais.
Je me souviens de la discussion qui a mené Louis à cette décision, malgré
l'opposition de ses ministres et conseillers. Il avait convié un de ses amis à un dîner
auquel j'assistais.
L'ami et ministre, Mr de Necker, avait abordé le sujet de la sorte :
" Le peuple est en crise, la mort est dans tous les esprits et j'ai bien peur que cela
n'empire ...
- Voyons, mon ami, ne dramatisez pas ! avait tenté de le rassurer Louis. Tout cela
n'est dû qu'aux mauvaises récoltes. Bientôt, ce ne sera plus qu'un mauvais souvenir.
- Sire, vous n'y pensez pas ! Si vous ne faites rien, le peuple va se révolter ! Tôt ou
tard surviendra l'explosion !! s'était emporté Necker.
- Très bien, que diriez-vous de créer à nouveau les cahiers de doléances que mes
ancêtres avaient inventés, dans toutes les contrées, toutes les villes et tous les
villages ? Ainsi tout citoyen pourra s'exprimer et formuler ses plaintes. Ceci calmera
les esprits et reposera la France jusqu'à ce que je trouve une solution pour le peuple,
avait exposé Louis.
- Merci, Sire, vous ne le regretterez pas ! avait déclaré Necker."
Voilà comment tout avait commencé. Je puis vous l'avouer maintenant,
j'éprouvais quelque réticence à ce propos. Je fus peu enthousiaste mais de toutes
façons, donner mon avis n'aurait servi à rien car dans ce royaume qu'est la France,
personne ne me prête oreille attentive et tous pensent à la cour que le but de ma vie
n'est que jeux et loisirs.
8 mai 1789
Cet après-midi, j’allai rendre visite à la marquise de Beaumont pour ma partie
de cartes habituelle. Tout en jouant, nous bavardions de choses et d'autres. C'est
ainsi que j'appris que son mari, Monsieur le marquis de Beaumont, avait participé
trois jours auparavant à l'ouverture des états généraux supervisés par le roi. Celui-ci
s'était répandu en paroles inutiles. La moitié des députés s'était assoupis, tandis que
d'autres bavardaient paisiblement avec leur voisin. Monsieur le Marquis dit s'y être
ennuyé à mourir. Il est étrange que je ne l'aie pas vu, puisque j'étais évidemment
présente. Mais il y avait tant de monde ... c'eût été difficile de retrouver une
connaissance parmi toute cette foule.
Pour ma part, je dois vous dire que je n'ai pas trouvé cette réunion très
intéressante, moi non plus ! En fait, je ne me sens pas concernée par toutes ces
histoires politiques. Et puis, l'ouverture des Etats généraux ne s'est pas déroulée
comme les représentants du Tiers-état le pensaient. En effet le roi ne parla point des
cahiers de doléances ni d'éventuelles améliorations pour le Tiers état, qui de toute
façon n'en a strictement pas besoin, je trouve. Ils se plaignent tant, et pour pas
grand-chose, de plus !
Dès que Louis avait commencé à parler d'un nouvel impôt afin de financer une