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La MÉDITERRANÉE
au XIIème SIÈCLE
INTRODUCTION (doc carte pp. 90-91 + texte p.89)
Ce cours n’est pas un cours d’histoire comme les autres.
Qu’allons nous étudier ? Une mer. Laquelle ? La Méditerranée. Quand ? Au XIIème s.
C’est de la géo-histoire que nous allons faire. Son inspirateur principal se nomme
Fernand Braudel, grand historien directeur de la prestigieuse revue des Annales dans les années
1960, auteur de la première histoire de la Méditerranée.
Histoire géographique ou ographie historique ? L’une ou l’autre vont nous conduire sur
un lieu carrefour à une époque riche de contacts et de découvertes, tantôt hostiles, l’insécurité
règne sur mer (piraterie), tantôt pacifiques.
Quel visage présente la Méditerranée au XIIème siècle ?
C’est un espace divisé en trois aires :
Deux anciennes, qui se partageaient l’espace méditerranéen depuis la conquête musulmane
jusqu’au XIème siècle, dominent encore cette mer, devenue une mer sous hégémonie
arabo-byzantine.
L’empire byzantin, à cheval sur l’Europe et l’Asie, est l’héritier de l’empire romain
antique. Sa capitale, Constantinople, est la « Nouvelle Rome », fondée en 324-330 par
l’empereur Constantin. Son territoire rassemble de population grecque de langue et de culture, de
religion chrétienne orthodoxe.
Le monde musulman ( de arabe) s’étend de l’Atlantique à la Perse et domine la totalité
des rivages méridionaux de la Méditerranée. Il constitue un espace intermédiaire en interface
(plan ou ligne de contact entre deux ensembles distincts, n. f.) avec les mondes chinois, indien
africain et européen. Le Coran est le livre de la révélation datant du VIIème siècle au prophète
Mahomet / Mohamed / Muhammad par Dieu (Allah). L’islam est la religion des musulmans,
l’Islam est le monde musulman et sa civilisation.
Une nouvelle puissance émerge sur la scène méditerranéenne au XIème siècle. Le face-à-face
entre Byzance et l’Islam est perturbé par l’éveil de l’Occident.
Cependant, face à ces deux ensembles qui semblent plus unifiés politiquement et
culturellement, l’Occident apparaît isolé et retardataire. La diversité de ces territoires est
beaucoup plus marquée que celles des deux premiers. Empereurs, rois, seigneurs et papes tentent
d’imposer leur suprématie et leur autorité féodale ou religieuse. Aux XIème et XIIème siècles le
monde chrétien catholique latin connaît un vaste mouvement monastique qui dynamise ce
troisième ensemble.
PBTQ : Cet espace maritime qui est le berceau de ces trois civilisations, est aussi le lieu
de confrontation et de contacts de leurs intérêts politique, économique et religieux.
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I / ENJEUX et DYNAMIQUES
du CARREFOUR MÉDITERRANÉEN :
A Un Islam entre unité et divisions :
1 Les fondements de l’islam :
Née au VIIème siècle, l’islam (soumission, résignation, religion) est en même temps une
foi et l’organisation d’une société. L’Islam ou Umma désigne la communauté des croyants
musulmans.
Le but de tout croyant musulman est d’accéder au paradis après le jugement dernier. Pour
cela il doit respecter les règles du Coran, les cinq piliers de l’islam (shahâda / credo, prière,
aumône / zakât, jeûne, hadj), de la Sharî’a, la loi religieuse, de la Sunna (tradition tirée des vies
des quatre successeurs du Prophète).Les actes, les paroles et attitudes du Prophète qui fondent la
tradition sont les Hadiths, qui suscitent d’amples discussions et controverses entre Shi’ites et
Sunnites.
La religion musulmane est une religion sans clergé ni sacrement. Or, la question de la
succession de Mahomet a provoqué une rupture entre les croyants : qui doit être khalife à la tête
de l’Umma léguée par le prophète ?
Les Shi’ites (mystiques)reconnaissent qu’une légitimité, celle des descendants d’Ali,
gendre de Mahomet. Les Sunnites (orthodoxes) quant à eux, acceptent une vision plus large de la
famille du Prophète et se soumettent à la dynastie victorieuse considérée comme l’élue d’Allâh.
2 Une civilisation urbaine et brillante ...
Du IXème siècle au XIIème siècle la civilisation musulmane connaît son « âge d’or ». Le
monde arabo-islamique se présente comme une vaste zone de libre-échange culturel entre les
différents centres urbains de cette civilisation. La langue arabe écrite et parlée s’impose comme
véhicule de communication universel.
Ces centres urbains sont importants pour comprendre l’islam. À l’image des trois
capitales Bagdad, Le Caire et Cordoue, les villes du monde musulman sont nées de la conquête
et imposent un modèle urbain de ville-nouvelle organisée autour de la mosquée. Ces villes se
caractérisent par une population importante et dynamique. Elles forment de riches foyers
politiques, économiques et culturel :
Docs pp. 96-97. Les lieux de culture : la bibliothèque du Caire, et les majâlis.
Cette civilisation urbaine est pluraliste. Juifs, Chrétiens et Musulmans cohabitent. Mais
les Musulmans imposent aux deux premiers, un statut d’hospitalité, de dhimma, qui en
reconnaissance de la supériorité de l’Islam devaient payer un impôt le Djizya.
3 ...mais en recomposition : docs 1 p. 96 + cartes, transparent schéma Islam
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L’unité politique du monde musulman n’existe pas. L’Islam est éclaté entre trois
ensembles à la fin du XIème siècle, et où de nouvelles forces s’imposent :
- En Orient, les Turcs Seldjoukides venus d’Asie Centrale se sont installés vers 1055 à Bagdad
supplantant le califat abbasside sunnite.
- Le second pôle de ce monde musulman est constitué par le califat Fatimide d’Égypte, de
confession chiite. Il entretient des relations commerciales et cordiales avec le monde chrétien.
- Ces deux premiers foyers de l’Islam se disputent la suprématie sur les sanctuaires de la Mecque
et de Médine. Le kurde Saladin a fondé au XIIème siècle la dynastie des Ayyubides qui a régné
sur l’Égypte, la Syrie et la Palestine.
- À l’ouest, dans le sud de la péninsule ibérique la dynastie des Almoravides remplace le califat
d’al-Andalus au milieu du XIème siècle, et poursuit la résistance face aux royaumes chrétiens.
B L’empire byzantin : un espace sur la défensive.
1 Le successeur de l’Empire romain:
Comme l’empire romain, l’empire byzantin s’identifie totalement à sa capitale
Constantinople. Peuplée d’environ 350 000 à 400 000 habitants, elle se situe à la croisée des
routes commerciales maritimes entre l’Orient et la Méditerranée, et terrestres entre l’Europe et
l’Asie. Elle joue un rôle de plaque tournante pour les marchands étrangers comme les Italiens
autorisés à séjourner dans la ville. Elle est le siège des pouvoirs impérial et religieux.
L’empereur porte le titre de Basileus et détient tous les pouvoirs : Byzance est une
autocratie.
doc. 3 p. 92 : des personnages sacrés
doc 1 p. 92 : le basileus et l’autocratie
La Providence cide de l’accession au pouvoir et un usurpateur devient légitime s’il
parvient à chausser les souliers de pourpre et à occuper le palais. Le Basileus réside au palais des
Manganes, où il tient ses conseils, rend la justice, dirigent la tête de l’administration impériale.
Doc. 4 p. 93 : Le livre des cérémonies. Une stricte étiquette règle la vie du palais. À
chaque fonction est attaché une dignité et un uniforme. Les liens d’homme à homme l’emportent
sur le service d’État
2 Une civilisation de religion chrétienne et de culture grecque :
Le Basileus est aussi considéré comme le lieutenant de Dieu sur terre, une fois reconnu
par le patriarche évêque de Constantinople, il est le chef hiérarchique de lÉglise byzantine. En
effet, dans la chrétienté orientale, le pouvoir temporel est supérieur à l’Église, qui a calqué ses
cadres administratifs sur ceux de l’Empire. Au XIème siècle, l’affrontement religieux des
Églises latines et byzantines devient officiel par le schisme de 1054. L’idée défendue en
Occident d’une Église supérieure au pouvoir temporel de l’Empereur est totalement
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étrangère aux Byzantins. L’art tient une place importante dans le maintien de l’unité
religieuse et politique de l’empire.
Doc. Plans Ducellier : Les bâtiments adoptent le plan en croix grecque symbolisant la
structure du monde : un carré, la terre, surmonté d’une coupole, le ciel. À l’intérieur, les décors
respectent la hiérarchie céleste : le Christ Pantocrator et ses anges sont représentés au sommet
de la coupole.
L’empire byzantin se présente comme le conservatoire de la culture grecque antique.
L’enseignement y est développé jusque dans les provinces reculées, afin de former aux belles
formules et aux beau style les cadres administratifs de l’empire. L’apparition du papier au
XIème siècle favorise la copie dans les scriptoria des oeuvres des grands Anciens et leur
diffusion. Les intellectuels des XIème siècle et XIIème siècle ont ainsi lu et étudié Platon,
Aristote et imité rodote ou Thucydide. C’est par le relais de Byzance que la culture antique a
pu être transmise jusqu’à la Renaissance.
3 Un empire en recul : doc. Texte de Anne Comnène (Histoire de la Méditerranée, Fayard),
Transparent schéma Byzance.
Attirant les convoitises, l’empire byzantin est constamment menacé et doit assurer sa
défense.
À la fois maritime et terrestre, l’empire byzantin occupe une place stratégique sur les
routes menant d’Europe vers l’Asie par les détroits des Dardanelles et du Bosphore, et via la Mer
Noire. Une monnaie abondante et stable assure sa prospérité commerciale et sa renommée
internationale.
Quelles sont ces menaces ?
Au Nord, ce sont des peuples d’Europe Centrale qui tentent d’envahir le territoire
byzantin.
À l’Est, à la suite de la faite de Mantzikert en 1071, l’avancée des Turcs, a fait perdre
les 2/3 de l’Asie Mineure à l’empire.
De l’Occident, les Normands menacent l’empire lui-même après avoir soumis les
possessions byzantines de l’Italie méridionale. Bari et Dyrrachium sont prises en 1071. Pour
lutter contre ces derniers, la puissante flotte byzantine, armée de navires à rames très mobiles et
de son feu grégeois, ne suffit plus. Constantinople demande à des mercenaires et à Venise
d’assurer sa défense. Pour lutter contre les Normands en Adriatique, Byzance achète l’alliance
de Venise et de sa flotte en lui concédant d’avantageux privilèges commerciaux qui
représentent un manque à gagner important pour le fisc impérial.
C L’éveil de l’Occident chrétien :
1 Une Église renforcée par la réforme :
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L’éveil de l’Occident est un réveil spirituel. Deux événements vont, au XIIème siècle,
déterminer la vie de la chrétienté en Occident : la fondation de l’ordre monastique de Cluny, dès
le Xème siècle, et la réforme de l’Église par la papauté, dès le XIème siècle. Ces changements
contribuent à accentuer les particularismes de chacune des deux parties de la chrétienté.
L’abbaye de Cluny, en Bourgogne, dépendait uniquement du pape. Le renouveau se
manifesta dans l’éclat donné aux offices religieux, dans la construction d’églises et surtout dans
l’organisation des grands pèlerinages : cf. Carte p. 104
- Jérusalem : lieu du Saint-Sépulcre, lieu de la passion du Christ.
- Rome : siège de la papauté.
- Saint-Jacques de Compostelle (Santiago de Compostella) : lieu reposent les
reliques de l’apôtre saint Jacques (frère de Jean).
La papauté romaine, au milieu du XIème siècle, prend la tête de la réforme de la
chrétienté latine. Cette forme, qu’on appelle grégorienne du nom du pape Grégoire VII
(1073-1085), va donner à l’Occident chrétien des structures ecclésiastiques fermes, une direction
morale et un élan spirituel terminants. L’élection pontificale, depuis 1059, est réservée aux
seuls cardinaux, ce qui renforce la volonté d’indépendance du pouvoir religieux face au pouvoir
politique, doc. 8 Magnard p. 85.
2 Une société féodale et rurale :
À la base de la société féodale se place la seigneurie. Le seigneur noble ou ecclésiastique
est propriétaire de la terre et dispose d’un pouvoir sur les hommes qui la travaillent. Chaque
seigneur est un des maillons des réseaux de fidélité entre suzerain et vassal. Ces liens d’hommes
à hommes soudent la hiérarchie féodale dont le souverain prend la tête. Ces liens vassaliques
jouent (en théorie) entre les souverains, les rois et l’empereur du Saint-Empire romain
germanique. Au XIIème siècle, les royaumes de France et d’Angleterre et l’Empire entrent en
rivalité.
Parallèlement dans les régions méditerranéennes, le pouvoir des souverains est remplacé
par celui d’un collège de nobles. Ces communes s’intègrent au système féodal. De nouveaux
droits rural et urbain se mettent en place pour régir les liens entre les hommes. Les franchises
rurales assurent des privilèges aux communautés paysannes, tandis que des chartes fixent les
modalités de l’autonomie des villes par rapport aux seigneurs. De véritables cités-États frappent
monnaie et possèdent un sceau communal.
3 Un espace en expansion :
Les principaux acteurs de l’expansion occidentale en Méditerranée sont les cités
maritimes italiennes et les invasions des Normands. C’est vers un monde d’échanges et de
voyages que se tourne l’Occident latin au début du XIIème siècle.
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