“ QUELLES EVOLUTIONS DE L'ENSEIGNEMENT DE L'HISTOIRE ET DE LA GEOGRAPHIE SOUHAITONS-NOUS ? ” Questionnaire paru dans le supplément au n°544 de l'US du 20 avril 2001. 72 réponses ont été retournées. On a pu repérer : •Collège 25 •Lycée 31 •Collège-lycée 2 Malgré la déception qu'a été un si faible retour, alors que notre ambition est de mener une réflexion collective pour faire évoluer nos disciplines, nous avons procédé à un dépouillement qui s'est avéré long et ardu. Nous en proposons une version “ brute ” (avec les textes et questions d'origine) accompagnée de quelques commentaires qui mériteraient discussion. Puissent ces quelques résultats alimenter malgré tout quelques réflexions. ************************************************************* ILes professeurs s'interrogent devant les évolutions des élèves, leur rapport à leur scolarité et aux savoirs scolaires qu'on leur propose. En outre, ils ont eux-mêmes évolué dans leur rapport à leur discipline et aux élèves. Ainsi, contenus enseignés et pratiques ont beaucoup évolué et doivent continuer à évoluer. Il ne s'agit pas de s'adapter à une " baisse de niveau " qui serait l'effet de la " démocratisation " de l'enseignement - même si certains s'interrogent, du fait des difficultés rencontrées dans leur enseignement. Il s'agit au contraire de réfléchir à des programmes qui tiennent compte des connaissances réelles, même si elles sont éparses, des élèves, connaissances acquises à l'école mais aussi hors de l'école. Il s'agit aussi de répondre à une demande certaine des élèves et aux exigences qu'ont les enseignants de les conduire à une réflexion personnelle, critique et leur permettant de se construire en tant qu'individus et futurs citoyens, à travers les savoirs de leurs disciplines. Il s'agit de comprendre le monde dans lequel on vit, de pouvoir s'y situer, d'y être acteur. Cette demande légitime conduit les élèves à refuser les connaissances factuelles qui leur paraissent, à tort ou à raison, inutiles. Ce n'est pas apprendre qui les ennuie, c'est apprendre sans que cela présente le moindre sens. Il en est de même pour les enseignants. Or, les programmes trop lourds, qui ne font pas de choix, qui ne permettent pas des rythmes différents de travail que l'on parcourt au pas de charge, sans pouvoir approfondir et questionner, sans pouvoir être mis en activité intellectuelle personnelle, ont un effet répulsif. Si les élèves ne s'y retrouvent pas, les enseignants contournent le problème en " faisant des programmes ce qu'ils veulent " selon une expression très souvent entendue, ou bien sont en grande souffrance du fait des tensions dans lesquelles ils sont pris. Les deux attitudes ne sont ni satisfaisantes, ni acceptables. Le rêve de l'encyclopédisme, et de programmes structurés autour d'une illusoire continuité n'est plus de mise chez nos collègues, qui ont bien davantage évolué que ne le pensent ou ne le disent certains, évolution qui n'est actuellement mesurée ni par la recherche, ni par de vraies consultations des enseignants sur la rédaction et la mise en oeuvre des programmes. L'aspiration générale est donc à des programmes qui permettent, par leur conception-même, d'approfondir telle ou telle question, de faire des choix vraiment raisonnés. Les nouveaux moyens d'accès à la connaissance et à l'information doivent aussi être pris en compte. À terme, ils ne peuvent que modifier profondément nos pratiques, mais aussi nos contenus. Si la place importante accordée à la mémorisation dans nos disciplines pouvait se justifier à une époque où la formation continue n'existait pas, et où les documents et banques de données étaient rares et peu accessibles, la situation est bien différente aujourd'hui : encyclopédies, banques de données, moyens de vulgarisation…abondent. L'enjeu essentiel est donc d'apprendre à raisonner, mettre en relations, questionner. C'est pourquoi, plutôt que l'exhaustivité et les connaissances factuelles, nous privilégions dans nos propositions les études de cas approfondies, complexes, partant de l'hypothèse que le savoir vraiment construit, les postures intellectuelles acquises sont transférables, et que les ressources existent ailleurs qu'à l'école pour que l'élève puisse s'y référer et l'adulte continuer à enrichir ses connaissances historiques et géographiques. Ces études de cas, ces approches à plusieurs niveaux d'un même objet permettraient également de tenir compte des situations locales, face à l'hétérogénéité des demandes et des savoirs des élèves, mais aussi des enseignants : chacun de nous peut, selon les objets d'enseignement, en être à des niveaux différents d'appropriation, d'intérêt, de conceptualisation. I.1. Une enquête du SNES destinée aux jeunes enseignants vient de montrer que la non motivation des élèves est une des causes essentielles de leurs difficultés ; des enseignants plus expérimentés se heurtent aussi à ce problème tant au collège qu'au lycée. Pensez-vous qu'il en soit ainsi dans nos disciplines ? 50 enseignants considèrent qu'effectivement, ils rencontrent des difficultés liées à la non-motivation des élèves contre 10 enseignants qui pensent l'inverse. 20 aimeraient que cet enseignement serve à cela 7 aimeraient que cette finalité soit plus présente 5 seulement trouvent que cette finalité est trop présente Cette finalité de nos enseignements fait consensus: à la fois parce que c'est une finalité de l'ordre de l'évidence, mais aussi parce que c'est une justification de nos disciplines devant la société et aux élèves. On pourrait presque dire qu'on est dans le registre de l'utilitaire. ce qui est intéressant, c'est l'analyse de la réalisation de cet objectif: environ la moitié trouvent que cette finalité n'est pas ou pas assez réalisée. -favoriser la création ou le maintien d'un lien social et civique 17 : l'enseignement sert à cette finalité 6: il le fait et c'est une bonne chose Si oui, à quoi l'attribuez-vous ? 11: il le fait, mais devrait plus le faire •pour la majorité des consultés, le problème vient des élèves: soit qu'ils aient perdu le sens du travail et de l'effort, importants dans une discipline comme la nôtre, soit parce qu'ils se sont transformés en consommateurs, ayant une vision utilitaire des disciplines. Or, notre discipline n'est pas une discipline porteuse de ce point de vue. Pour d'autres enseignants, la démotivation serait liée à la dépolitisation et à la perte de l'engagement. Enfin, le manque de connaissances de base serait aussi responsable de ces difficultés. •Pour certains collègues, c'est l'évolution globale de la société qui est à remettre en cause, les élèves n'en étant que le reflet: laxisme des adultes, hédonisme de la société, abrutissement par les médias, marchandisation de toutes choses, dépolitisation… •Une minorité remet en cause l'inadaptation des programmes aux élèves actuels , soit par leur poids ("gavage"), soit par le flou qui entoure la définition des objectifs de formation). Certains dénoncent la complexification du "jargon " •L'institution est également responsable: classes hétérogènes, horaires trop faibles… I.2. L'enseignement de l'histoire et la géographie : classer par ordre d'importance sert effectivement/devrait servir à : -comprendre l'actualité et le monde présent 22 : il sert effectivement 10 : il sert effectivement, et c'est une bonne chose 16: il devrait servir à cela 3 jugent qu'il devrait moins le faire Là encore, accord avec cette finalité traditionnelle de notre enseignement, et insatisfaction encore plus nette sur la réalisation de cette finalité: plus de la moitié aimerait que notre enseignement soit plus efficace dans le maintien ou la création du lien social. -participer à la création d'une culture commune 19: il sert effectivement 5 : il le fait , et c'est bien 20: il devrait le faire 3: il le fait, mais devrait plus le faire 10: il devrait moins le faire Accord majoritaire, on retrouvera l'importance de cette culture commune dans la question sur les parties au choix. Mais le nombre de réponses semblant considérer que cette finalité est trop présente dans l'enseignement actuel est à noter -développer l'imaginaire des élèves Cette occurrence est vécue comme peu importante: l'enseignement y joue un rôle très mince, et de toute façon, ce n'est pas une finalité importante, au contraire (certains s'en méfient visiblement). Il y a de quoi réfléchir quand on pense à l'importance de l'histoire et de la géographie dans la fiction, en particulier de jeunesse. 7 : il sert un peu à le faire compte dans l'enseignement. Pourquoi? Comment faudrait-il le faire? 9 : il a raison de le faire, même si c'est un peu: c'est une finalité secondaire 13 : il sert 9 regrettent que ce ne soit pas plus développé 3 : il a raison de le faire 16 considèrent que ce n'est pas pris en charge par l'enseignement, mais que cela devrait l'être, même si ce n'est pas essentiel. 4 : il devrait moins le faire -faire des apprentissages intellectuels 26 : il devrait servir à cela 20 : l'enseignement permet effectivement de les faire -transmettre un patrimoine 5 : il sert à cela et a raison de le faire Une des finalités essentielles des programmes actuels. Qu'en pensent les enseignants? 10 : il le fait et devrait plus le faire 4 : cela devrait jouer un rôle moins important 20 considèrent que cet enseignement le fait 10 : il devrait davantage servir à cela 10 qu'il le fait et qu'il a raison de le faire à cette place 14 : cela devrait servir à cela 5 qu'il devrait moins le faire La dimension formative de nos enseignements est ainsi réaffirmée 4 qu'il faudrait qu'il le fasse davantage -faire des apprentissages à visée scolaire 26 qu'il devrait le faire 27 : l'enseignement sert à des apprentissages scolaires Ce qui peut surprendre, c'est effectivement le nombre de réponses considérant que l'enseignement de l'histoire-géographie devrait servir à transmettre un patrimoine, mais ne le fait pas effectivement. Nous avons toujours pensé que ces programmes servaient au moins à cela. Si tant de collègues pensent que non, est-ce parce que leur conception du patrimoine devant être transmis n'est pas celle prise en compte actuellement? Autres hypothèses d'explication? 6 : il le fait et il a raison de le faire 9 : il devrait moins le faire 3 : il devrait plus le faire 8 : il devrait servir à cela Certaines réticences devant cette importance donnée aux apprentissages scolaires (car certains qui constatent leur rôle dans l'enseignement ne sont pas forcément en accord). Est-ce parce que ces apprentissages scolaires semblent parfois dénués de pertinence? Une question à creuser, à mon avis : quels sont les pratiques et apprentissages scolaires en histoire-géo. -construire le sens du temps et de l'espace 21 : il sert à cela 3 : il le fait et a raison de le faire 6 : il devrait moins servir 9 : il devrait plus servir -donner les compétences pour l'exercice réel de la citoyenneté Rappelons que c'est la justification officielle la plus importante de l'enseignement de nos disciplines depuis un siècle. dans le questionnaire, on l'avait séparée de la création du lien social et civique volontairement, puisque cette question est plus "techniciste", (et implique qu'il y ait des compétences nécessaires pour être vraiment un citoyen, et que ces compétences sont définies, ce qui est aussi un point à creuser dans le cadre de l'observatoire: quelles sont ces compétences?). majoritairement, les collègues considèrent que cette finalité n'est pas assez prise en 17 : il devrait servir Là encore, accord majoritaire, insatisfaction pour une partie des collègues dans la manière dont c'est effectivement fait. Globalement, on peut noter qu'il y aune culture dominante forte: les grands objectifs de nos disciplines sont acceptés par la majorité de nos collègues. Le clivage se fait entre ceux qui considèrent que nos disciplines servent effectivement à cela, et ceux pour qui ces objectifs ne sont pas atteints . le seul item nouveau que nous avions introduit (l'incursion vers l'imaginaire) n'a pas été repris. -avoir davantage recours aux nouvelles sources d'information I.3. Qu'est ce qui, d'après vous, permettrait que ces disciplines aient davantage de sens pour les élèves (précisez si vous pouvez) : 17 oui, -mieux penser le lien entre le temps historique et le monde présent Les réponses sont très partagées, les remarques le confirment: il y a visiblement une méfiance certaine devant l'invasion des nouvelles technos, devant lesquelles les élèves manquent peut-être de sens critique, craignent les enseignants. Crainte également de l'effet-mode. L'argument de la non-formation des enseignants à ces pratiques n'est par contre pas mis en avant. 49 oui 4 non La recherche d'éléments explicatifs dans le passé, allant jusqu'à une démarche régressive est une approche plébiscitée. Il faut le relier aux réponses favorables à la finalité "expliquer le monde présent et l'actualité". nous sommes visiblement au cœur de ce qui fait accord dans la profession. Il faut s'appuyer sur cela dans nos propositions : cela pourrait être une pierre de touche de ce qui est à garder ou à éliminer dans nos programmes. 22 non -traiter moins de questions, mais en ayant le temps de les approfondir 47 oui, 4 non -davantage intégrer les problèmes de société et d'actualité Un cri du cœur assez général: c'est fondamental, indispensable pour faire cesser le gavage. Là aussi, un point d'appui fort pour notre travail. 38 oui -avoir davantage recours à des sources variées 12 non 20 oui Mais une méfiance se fait jour: la peur de tomber dans le journalisme (11 remarques), de manquer de rigueur: l'enseignement du temps présent pose encore problème. On peut aussi y lire une volonté de préserver les spécificités de la discipline, contre les autres sciences sociales: faire des aller-retours passé-présent oui, étudier le présent en lui même et pour lui, même, attention. 19 non -avoir davantage recours à des pédagogies actives 34 oui Ce n'est pas des réticences qui expliquent ce partage des réponses, mais l'impression que ce recours à des sources variées est déjà fait dans les classes, et qu'il est donc inutile d'en faire davantage. -mieux penser le lien entre les problématiques historiques et géographiques et l'expérience des élèves 27 oui, 13 non 22 non Là aussi, une certaine méfiance chez ceux qui disent non, ou même approuvent envers les risques de"tomber dans le ludique" . Trois remarques reviennent régulièrement: •on le fait déjà, •des suggestions de sorties, de visites sur le terrain, : pédagogies actives et souci de concret semblent se recouper dans les conceptions de nos collègues (lointain héritage de la pédagogie d'éveil?) On touche un problème de fond, qui dépasse celui de l'histoire-géographie : les rapports entre l'école, l'enseignement, et l'extérieur, problème qui se pose bien sûr bien davantage dans les banlieues et quartiers populaires . Les raisons qui justifient ces réticences devant cette proposition sont de deux ordres : pour certains, il faut sortir les élèves d'eux-mêmes, d'un quotidien difficile, dépayser en quelque sorte pour faire oublier aux élèves la dureté de leur expérience. D'autres, la majorité de ceux qui s'expriment, dénient toute pertinence à l'expérience des élèves, leur vécu, qu'ils considèrent comme pauvre, envahissant, peu cultivé, encombré par la culture-média et marchande. •la nécessité de classes moins nombreuses, moins hétérogènes pour pratiquer ces méthodes Il faudrait probablement travailler cette question, peut-être en faire un thème de stage - culture, expérience populaire et enseignement de l'histoire-géographie - pour deux raisons : d'abord parce qu'une partie des contenus d'enseignement auxquels sont attachés, on le sait, une grande partie des enseignants de nos disciplines (histoire sociale, commune de Paris, révolution ..) sont quand même liés à une culture populaire certes en profond changement, celle de la classe ouvrière qualifiée pour faire vite. Il serait contradictoire de ne pas réfléchir sur la culture populaire d'aujourd'hui, ses valeurs et sa prise en compte dans nos disciplines. Deuxième réponse en forme de témoignage : lorsqu'on fait de la formation d'adultes en difficulté sociale on se rend assez rapidement compte que l'enseignement de l'histoire-géographie est fortement facilitée quand on prend en compte l'expérience des auditeurs (qui, c'est vrai, ont vécu plus longuement que nos élèves). Autres suggestions : Revoir les épreuves de bac Faire des européens, échanges avec des établissements Articuler les programmes et des exemples régionaux I-4 Conception programmes et organisation générale thématique en histoire, un balayage de l'espace en géographie, qui sont le cadre général depuis des années, à l'exception, pour une part, des programmes de seconde ? 36 oui, 13 non Le balayage est justifié par la nécessité d'un cadre chronologique et spatial commun, de références globales. On retrouve là l'exigence d'une culture commune, qui risquerait d'être mise à mal si on faisait des trous dans le tissu, et également, comme certaines remarques le disent clairement, l'idée que nos enseignements sont structurés autour du temps et de l'espace, et perdraient donc de leur sens si on en enlevait des morceaux. Pourrait-on imaginer des programmes organisés autour de trois grandes questions en histoire, trois grandes questions en géographie (une par trimestre), à l'intitulé simple et large, laissant toute latitude aux enseignants et aux élèves de choisir les problématiques plus spécifiques à étudier (à l'image des anciens programmes de STT, par exemple) ? des Faut-il changer complètement la conception et l'organisation des programmes? 29 oui 22 non Les non se justifient principalement par la nécessité d'un savoir national, d'un bagage commun. 37 oui, 16 non Quatre groupes de remarques: Pourrait-on imaginer cela, au moins pour les classes sans examen final, donc à l'exclusion des classes de troisième et terminale ? •la demande d'un bilan des programmes 25 oui, •la demande d'une réflexion du primaire au bac 17 non •le refus des changements trop fréquents 24 oui, Le nombre de oui, inférieur à l'item précédent, s'explique parce que beaucoup ont répondu oui aux deux items, mais certains le souhaitent dans toutes les classes, y compris avec examen, et répondent donc non au deuxième item, ou ne répondent pas. Les non de cet item sont donc contradictoires;: certains refusent totalement la proposition, d'autres veulent au contraire que cette proposition soit étendue sans concession à toutes les classes. bref, un questionnaire, ce n'est pas évident à rédiger… 23 non Autres propositions Ceux qui veulent un aménagement de l'existant sont assez logiquement ceux qui avaient refusé un changement complet ouverture autour d'autres civilisations Faut-il continuer à organiser les programmes selon un déroulement essentiellement chronologique ou ne plus confier l'élaboration des programmes à des hyperspécialistes ou des apparatchiks •la volonté d'être partie prenante des conceptions de programmes Ou bien un aménagement des programmes existant est-il suffisant ? étaler le programme sur 7 ans combiner passages obligés et questions au choix I-5 Comment concilier apprentissage des faits et construction de problématiques qui donnent sens aux faits ? Peut-on exiger que l'orientation générale de l'enseignement de nos disciplines soit explicitement centrée sur une approche problématisée des questions à traiter, considérant que l'approche factuelle peut se faire par un travail personnel de l'élève, à l'aide de sources diverses (...) ? 29 oui 28 non Là encore, des réponses très partagées. Nos correspondants craignent que ce ne soit une démarche trop élitiste. Où travailleront par exemple les élèves de ZEP (ce qui est effectivement un vrai problème, vu les conditions de logement de beaucoup de gamins)? Les élèves sont-ils capables de faire cet effort (on retrouve là ceux qui s'inquiètent de la baisse du sens de l'effort chez les jeunes générations)? I-6 Questions obligatoires/questions au choix. Les programmes devraient comporter, dans un cadre chronologique ou spatial défini, des questions obligatoires et des questions laissées au choix des enseignants à l'intérieur d'une liste nationale large intégrée aux programmes. Les questions obligatoires devraient travailler les moments faisant rupture, les problématiques essentielles, les situations complexes permettant de comprendre quels choix font les sociétés et à partir de quels possibles. Les questions au choix sont des questions d'égale valeur formative, permettant d'approfondir des notions fondamentales, des études de cas plus localisées ou répondant à l'intérêt des élèves, des thématiques qui complètent les questions obligatoires. 42 oui dans les programmes en parallèle avec les questions à traiter et de les travailler à partir des faits historiques et/ou géographiques. Les concepts sont organisateurs de la pensée et peuvent permettre en particulier de construire le temps et l'espace dans l'esprit des jeunes. Objets de questionnement, points de réflexion à l'intérieur d'un cadre chronologique ou spatial, l'intérêt est de montrer leur évolution ou leur différence en fonction du temps et du lieu. Plusieurs types de concepts pourraient être distingués : concepts organisateurs de la démarche historique ou géographique (évènement, continuité, rupture, espace, territoire, distance...), concepts créant de grandes catégories (société, pouvoir...), concepts portant sur des contenus de savoir complexes (Etat, nation, citoyen..). (voir Prost). Les concepts peuvent être une aide précieuse pour les enseignants, pour la conception et l'organisation des cours, la progression au cours de l'année, voire sur un cycle. 41 pour 11 non Certaines réticences semblent liées à la difficulté pour les élèves de cette entrée par des concepts. 1-8 I.8. Etes-vous d'accord avec l'idée de lier davantage l'histoire et la géographie ? Il s'agirait d'étudier des objets liant les deux dimensions spatiales et temporelle, sans que l'une ne soit l'instrument ou le tableau de l'autre. Un problème de rapport à l'espace, posé à une société dans un temps plus ou moins lointain peut éclairer les enjeux de l'aménagement d'un territoire, au même titre qu'un problème d'actualité. Les outils de la géographie peuvent être utilisés pour comprendre le rapport des hommes à l'espace, l'organisation de cet espace, à différentes périodes de l'histoire. La distance temporelle peut permettre un recul éclairant et une mise en perspective des problèmes du monde d'aujourd'hui. Dans ce rapprochement, histoire et géographie doivent conserver leurs démarches propres, ne pas s'instrumentaliser ; rapprocher l'histoire et la géographie consiste à définir des problématiques intégratrices des deux démarches, s'éclairant l'une l'autre. 14 non 37 oui Quelques réticences liées aux craintes devant la perte du côté national des programmes. Mais dans l'ensemble, les commentaires saluent les avantages de cette formule: souplesse, choix des élèves, une suggestion: un "port-folio" des élèves, pour suivre leur travail. I-7 Travailler des concepts En histoire comme en géographie, on pourrait faire un repérage des notions et concepts essentiels à construire progressivement tout au long du cursus scolaire. Il ne s'agit pas d'organiser les programmes à partir de concepts, mais de repérer les concepts à l'oeuvre dans les questions à traiter, de les inscrire 11 non Une crainte : la confusion des deux disciplines (pas de manuel unique). Inversement, quelques remarques voudraient en finir avec la tradition française de lier histoire et géographie. Là aussi une question à creuser: de quelle manière, dans quelles limites. I.9. Faut-il envisager le rapport avec d'autres sciences sociales ? Si oui, lesquelles et comment ? 34 oui 15 non -Avec quelles sciences sociales: sociologie: 12 économie: 14 SES: 10 énième découpage entre collège et lycée, mais une réflexion qui lie collège et lycée dans la continuité (contrairement à ce qui se fait depuis une dizaine d'années) ; d'autre part, une autre conception des programmes et des contenus d'enseignement qui pourraient intégrer de façon progressive et à dose raisonnée des éléments nouveaux. II.1. Doit-on différencier collège et lycée ? Classer les items auxquels vous répondez positivement, par ordre de priorité selon vous. Philo:5 Faut-il différencier les périodes étudiées Sciences politiques: 3 25 oui Droit 2 l4 non Littérature 3 Ethnologie 2 SVT: 2 Psycho:1 Statistiques: 1 Démographie 1 Une évolution notable, quand on sait à quel point la méfiance devant les autres sciences sociales, en particulier la sociologie, a longtemps été un point fort dans notre profession. Les oui proposent, quand ils commentent leur réponse, un arrêt à la révolution française et un basculement du contemporain vers le lycée (proposition très minoritaire, mais qui existe, il aurait été intéressant de savoir l'âge des auteurs de la proposition). Ils sont surtout soucieux d'éviter les redites entre les deux cycles. Faut-il différencier les espaces (tant en histoire qu'en géographie) oui: 28, non 18. Les propositions: étudier une échelle plus globale en collège, entrer dans le détail des pays en lycée, donner des bases en géo, approfondir en collège. (une idée qui rejoint celle du balayage plus haut: en collège on balaye et on donne les bases, en lycée on approfondit). Il faut clarifier les objectifs de chaque discipline, rappellent ceux qui sont pour le rapprochement. Les opposants considèrent que le domaine couvert par l'histoire-géographie est déjà assez vaste (et suffit pour certains à donner des clés pour tout expliquer) et qu'il faut éviter la dérive vers la polyvalence (surtout signalé par les profs de collège). Certains se méfient des tentations hégémoniques de la sociologie. Faut-il différencier les pratiques pédagogiques II- remarques: garder ce qui demande de l'autonomie pour le lycée, réserver la description au collège et la synthèse au lycée. Pour certains, cette différentiation est déjà faite, inutile d'y revenir. Une remarque: différencier pratiques de collège et pratiques de lycée ne risque-t-il pas d'entraîner une incohérence , une coupure entre les deux cycles? Les professeurs refusent massivement et catégoriquement la répétition collège-lycée, qui entraîne désintérêt des élèves et inefficacité de notre enseignement. Les élèves ont le sentiment d'avoir déjà étudié les questions une voire deux fois (si l'on remonte jusqu'au premier degré), sentiment d'une répétition inintéressante ; ils ne s'impliquent donc pas dans les questions à traiter. Les professeurs de leur côté ont l'impression en lycée de faire du collège quelque peu amélioré, sans avoir la possibilité de répondre aux attentes différentes des élèves qui n'ont plus le même âge, et qui, malgré de fausses apparences ont des acquis. C'est d'ailleurs cet acquis qu'il faudrait être en mesure de définir plus précisément - ce que ne sait pas faire l'évaluation de début de seconde. C'est pourquoi, nous proposons d'une part, non un non: 13 oui 26 oui et non: 3 Faut-il différencier les niveaux d'exigence ? Oui: 40 Non: 3 Pour la plupart des collègues cela tombe sous le sens. Peu affinent: autant d'exigence quant à la compréhension, moins sur les productions écrites. C'est une remarque intéressante: en effet, sur quoi doit porter notre exigence? Là encore, on voit que nous avons à sérieusement travailler sur les pratiques. construction d'une culture commune, qui ne peut être réduite à une mémoire commune ? Voici quelques propositions. Faut-il différencier les approches ? La prise de conscience des enjeux, des différents niveaux de prise de décisions Oui: 33 Non 6 43 oui Suggestions : Approche hypothético-déductive problématique au lycée, 8 non , culturelle, La volonté de s'inscrire en tant qu'individu comme acteur dans ce monde Faut-il différencier les questions et les problématiques étudiées ? 40 oui Oui: 35 9 non Non 8 L'ouverture au monde ou à la différence Après une lecture globale, on se rend compte qu'il y a un rée souhait de différencier les deux cycles. Mais précisément, comment et pourquoi? La question reste à déblayer. 49 oui II.2. Peut-on imaginer que l'objectif du collège soit non de connaître telle ou telle période ou espace, mais ce que sont les référents des sociétés et/ou des civilisations à travers l'histoire. Il s'agirait de conduire les élèves à connaître et donc reconnaître ce qu'est une société à un moment et dans un espace donnés et tous les objets culturels qui la constituent en tant que société. Sortir du seul factuel, pour entrer dans le domaine de la compréhension du sens d'une société à une période donnée de son histoire, ou dans un espace donné. Cela devrait passer par la connaissance de l'organisation sociale et politique et des rapports sociaux, des aspects culturels, des façons de voir et de comprendre le monde, de concevoir le rapport à l'espace et aux territoires... 26 oui oui et non 3 19 non notre proposition rencontre beaucoup moins d'accord : on la trouve trop ambitieuse, pas assez historique et trop sociologique. Pourtant, à y réfléchir, notre formulation n'était pas différente de l'idée reprise par beaucoup dans les items précédents que le collège devait servir à donner des bases , approfondies ensuite au lycée. Mais le type de base que nous proposions, beaucoup plus conceptuel et général ne rencontre pas l'unanimité (c'est le moins que l'on puisse dire). Est-ce parce que nous semblons évacuer le factuel, le précis, le non-généralisable, l'événement unique? II.3. En quoi l'histoire-géographie participe-t-elle de la 1 non En fait, avec du recul, on se rend compte que cette énumération participe tout autant des compétences d'une vraie citoyenneté que de la culture commune (auquel cas d'autres items pourraient être proposés). L'accord majoritaire autour des propositions est intéressant. II.4. Parmi les propositions faites dans la partie 1, quand vous avez répondu positivement, pouvez-vous dire si elles s'appliqueraient au collège, au lycée, ou de façon indifférenciée ? Comment concilier apprentissage des faits et construction de problématiques qui donnent sens aux faits ? 33 indifférenciés 9 lycées Questions obligatoires, questions au choix 24 indifférenciés 4 collèges 11 lycées Travailler des concepts. 26 indifférenciés 1 collège 16 lycées Etes-vous d'accord avec l'idée de lier davantage l'histoire et la géographie ? -habitudes de travail: 1 -qu'il ne trouve pas anormal de travailler: 1 31 indifférenciées -capacité à travailler seul 2 3 collège 5 lycées II.5. Les programmes de lycée font en permanence référence aux acquis du collège sans les définir. Pourriez-vous définir ce que vous attendez d'un élève de fin de collège ? Des connaissances de base: -quelques repères de base: 26 occurrences -vocabulaire de base 2 -se situer dans le temps et l'espace 5 -éveillé aux questions d'actualité, aux enjeux de société 4 -avoir l'esprit critique 5 -savoir observer 1 -savoir hiérarchiser 1 -mémoriser concepts et cartes1 -qu'il ait retenu quelque chose 1 -avoir une certaine réflexion 1 -certains concepts et leurs attributs 7 -qu' il n'ait pas été dégouté et ne se juge pas mauvais élève 1 -connaître le patrimoine local 1 des compétences hors histoire géo -idées claires sur grandes périodes historiques et de l'histoire de France 1 -avoir une bonne maitrise de la langue 7 -identifier les deux disciplines et leurs objectifs 1 -connaissances de base sur les civilisations 1 a noter: l'importance des savoirs scolaires , et leur haut niveau d'exigence, plus élevé que les prescriptions officielles (initiation à la prise de notes, au plan, à la dissertation…). Il est évident que ces attentes risquent d'entraîner des surprises et des déceptions. -importance du fait religieux 1 des maitrises d'exercices scolaires savoir présenter un document, critiquer, minisynthèse (bref, ce qu'on demande au brevet) 19 -analyser et restituer vers la dissertation 1 -initiation à la prise de notes 3 -savoir construire une courte synthèse 4 savoir faire un plan, rédiger une introduction, une conclusion 4 -savoir faire une carte 3 -organiser une argumentation à l'écrit et à l'oral 3 Importance aussi des savoir-être, pas forcément définis, si ce n'est intuitivement (par exemple le fameux "esprit critique"). II.6. Peut-on proposer qu'au lycée soient introduits de façon modérée, les éléments suivants : (non dépouillé) -Des questions qui travaillent explicitement le rapport passé/présent : - par des approches régressives : partir d'un évènement, d'un phénomène, d'un problème, d'un concept... contemporain et rechercher dans le passé (et en géographie ?) les origines ou les formes existantes, les évolutions et les ruptures ... permettant de comprendre les imbrications, les mémoires à l'oeuvre dans le présent ? On serait là dans un rapport entre temps court et temps long. -écrire en suivant un ordre logique 1 -maitrise d'outils (atlas, dico) des compétences et des savoirs-être - par des approches " récurrentes " : l'analyse de la façon dont une société, à tel moment réutiliser en les retravaillant des représentations, des idéaux, des idéologies, des concepts, des problèmes déjà travaillés dans un passé. - Des éléments simples d'historiographie et d'épistémologie qui éclaireraient la question à traiter et montreraient que l'histoire et la géographie sont des constructions. - Des lectures d'historiens ou géographes simples et courtes : articles de revues ou de journaux, d'encyclopédies, extraits d'ouvrages universitaires ? Il s'agirait de montrer comment s'écrivent l'histoire et la géographie, comment se fait la recherche vivante, comment se construisent et se discutent des problématiques nouvelles.