couple, face à la transmission de la vie, sollicitent la famille à prendre en considération
les précautions voulues pour éviter tout usage impropre des résultats des tests
génétiques pour ne pas risquer de glisser vers l'avortement ou la sélection des enfants
quant au sexe et à la santé;
d) les tests et les dépistages génétiques ne doivent pas être imposés à des groupes ou à
des familles, afin que leur consentement libre, après information complète sur le
résultat du test, soit la garantie du respect de leur dignité et de leur liberté;
e) puisqu'il s'agit de cas d'urgence, dans le domaine de la santé, il peut être licite de
pratiquer des investigations de dépistage sur une grande échelle, pourvu que la vie
privée, l'information, l'absence de discrimination, le secret sur l'information, le respect
de la dignité des personnes et le bien du groupe ou de la famille soient garantis à tout
prix.
Si l'on considère un emploi éventuel non éthique des données génétiques, il faut
absolument en défendre la communication aux compagnies d'assurance et aux employeurs qui
pourraient en user pour des fins non justifiées. Quelques exceptions pourraient jouer en ce
qui concerne les professions dites "à risque", telles que: chauffeurs, pilotes, pour lesquelles
sont requises certaines garanties. Auquel cas, il faut en réglementer scrupuleusement la
dérogation au plan de l'information médicale.
IV. CONCLUSION
La dignité humaine, le droit à la vie, - qui n'a rien à voir avec la théorie du "droit à
l'enfant" - et la famille, constituent le cadre philosophique, éthique et juridique où il faut
essayer de comprendre la problématique de la bioéthique concernant les tests et les dépistages
génétiques. La génétique médicale, en sa qualité de discipline scientifique, se doit au service
de l'être humain raisonnable, libre, autonome et social. En conséquence, dans ses différentes
applications, elle ne peut faire abstraction des exigences éthiques essentielles liées à la dignité
de l'homme, à la vie et à la famille à laquelle il appartient. La triade: dignité humaine, vie et
famille, constitue le principal critère éthique d'évaluation du caractère licite ou non, de telle
ou telle méthode de dépistage ou de tel ou tel test génétique, de son opportunité ou de son
usage.
La perspective future du diagnostic médical correct et précoce de maladies génétiques
consistera dans l'identification des gènes responsables de la maladie en cause, dans l'étude de
leur constitution chimique et de leur affectation chromosomique. Dans cette attente, les
démarches préventives et thérapeutiques, l'utilisation des tests génétiques en cours,
continueront à susciter de l'appréhension, des doutes, des questionnements concernant
également l'opportunité ou non de l'usage de méthodes à fins éthiques ou non qui sont à
disposition.
Si la bioéthique tient à se mettre au service de l'homme, de la famille et de la société,
elle devra situer l'homme et la vie au cœur de sa propre réflexion. La vie de l'homme
transcende la simple vie physiologique, par essence et par vocation, elle a une dimension
transcendante. Il faut, de toute nécessité, des règlements législatifs et juridiques pour créer
l'ordre dans la convivialité sociale, qui, en aucune sorte, ne négligent les règles de l'ordre
moral de ce qui est fondamental. L'heure de mettre fin à la "politique de l'autruche" a sonné.
Il est indispensable de dire la vérité envers et contre tout. “En effet” - écrit Christine Boutin -
“si l'homme n'est plus respecté dans ce qu'il a d'essentiel, s'il évolue dans un contexte de
moins en moins humain, si enfin il est détaché de l'amour, je crains que nous courrions au
devant de situations catastrophiques, voire mortelles”(
).
En conclusion, je pense que le devoir majeur de la bioéthique contemporaine est de
faire en sorte que l'humanitas soit toujours au centre des préoccupations suscitées par une
utilisation incorrecte des éventuelles découvertes génétiques.
(
) Boutin C., op. cit. p. 111.