plus fortes se diront qu'il y a plein de pauvres gens un peu plus loin qui ne connaissent pas encore l'illumination de la
Sagesse de Lynkha et qu'il faut donc quelqu'un pour aller les instruire. Elles iront fonder un nouveau temple dans la
campagne, et fournir aux initiées qui les suivent un nouveau type de raisonnement sur lequel plancher: le leur. Chaque
temple est entièrement ouvert sur le monde extérieur et ses initiées voyagent beaucoup. Elles ne doivent pas être
fermées aux idées des autres. Les grandes prêtresses se rencontrent rarement mais les étudiantes sont encouragées à se
rencontrer afin de discuter entre elles de leurs leçons.
Quand deux groupes d'initiées de temples différents se rencontrent au hasard d'une auberge, les clients ont le privilège
d'assister à des discussions scientifiques passionnées et parfois brutales, et ils se disent que c'est beau les maths. Ainsi
il arrive de voir dans une auberge d'Esrolie deux initiées débattant autour de la table en en faisant profiter tous leurs
voisins. Car un bon initié de Lynkha ne laisse jamais passer une bonne occasion d'enseigner la Sagesse aux clients de
l'auberge en même temps qu'il remet sur le droit chemin l'autre initié manifestement dans l'erreur.
Note : Voyez aussi le parallèle avec les missionnaires lunaires et avec les adeptes du Dieu Nysalor, le Dieu Illuminé qui
ouvrait l'esprit des gens en leur posant des questions. Il est venu jusqu'ici ce dieu, avant d'en être chassé par Arkat.
Le Temple de la Sagesse de Lynkha, qui se trouve à Nochet, cité natale de Lhankor Mhy, est cependant localisé dans un
autre quartier que la Bibliothèque Terminale. Ainsi les prêtresses symbolisent-elles la divergence de conception du
monde de la fille par rapport à son père. Certains adorateurs et adoratrices de Lynkha considèrent les adorateurs de
Lhankor Mhy comme des vieux croûtons poussiéreux ancrés au fond de leur bibliothèque comme si le monde s'y
trouvait (alors qu'on sait bien que le monde se trouve au dehors et qu'il faut aller à sa rencontre). Et réciproquement,
ceux de Lhankor Mhy voient les adoratrices de Lynkha comme des vagabondes passant plus de temps à parler à tort et
travers à propos de tout et de n'importe quoi qu'à recenser des faits précis et utiles. Entre les adorateurs des deux cultes,
on trouve souvent un léger mépris teinté d'amusement de part et d'autre mais Lhankor Mhy et Lynkha restent assez
proches.
Généralement, un maître prend avec lui un ou deux élèves qu'il emmène (avec lui) dans ses voyages. Le maître profite
des événements autour de lui, des circonstances, des rencontres de passage pour former l'esprit de son disciple au
raisonnement de Lynkha. Bien sûr il faut aussi étudier pour maîtriser les outils de Lynkha : l'écriture mathématique et
les bases de la logique. Avant de devenir adepte, chaque adorateur de Lynkha doit entreprendre un grand voyage qui
doit l'amener à rencontrer d'autres peuples et d'autres cultures, à l'image du grand voyage de Lynkha à travers le monde.
Beaucoup de grandes prêtresses ont atteint au moins une maîtrise en esprit critique. Les candidates aux postes
réfléchissent avant de les défier. Plusieurs s'en sont mordu les doigts et ont du partir pour un long voyage, encore
couvertes de la honte de leur joute verbale avec une grande prêtresse. Souvent, les candidates font mine de s'intéresser
avec curiosité aux travaux du maître, qui les accueille alors avec une attitude tolérante. Les plus sages comprennent
qu'il leur faut travailler deux fois plus, développant conjointement leur propre esprit critique et leur connaissance des
raisonnements de leur maître.
Signes distinctifs :
Chaque adepte possède un châle tressé par lui-même selon les rites enseignés par Lynkha de la théorie des nœuds.
Chaque châle est différent et reflète la réflexion de celui qui l'a tressé. L'initié peut être amené au cours de sa vie et
selon l'évolution de sa réflexion à compléter ou même refaire à neuf son châle. Par exemple, un initié qui découvre
quelque chose de nouveau (un théorème de géométrie), cherche à l'inscrire dans son châle. Et les autres initiés qu'il
rencontre peuvent comprendre ce qu'il a fait et manifester du respect (comme les gens qui se font faire des tatouages en
fonction de leurs actes de bravoure). Certains adeptes du culte peuvent, parait-il, reconnaître celui qui a tressé le châle
en observant les nœuds. Il est aussi possible de reconnaître qui fut le maître à partir du châle d'un jeune initié, et même
de remonter au maître du maître pour les très grands noms du culte. Les châles des anciens grands maîtres sont parfois
suspendus aux murs des temples, pour l'enseignement des générations futures.
Les adorateurs de Lynkha portent également très souvent les cheveux nattés. Les grandes prêtresses portent les
cheveux très longs et tressés ensemble comme un châle. Chaque soir elles défont leur tressage et chaque matin elles le
refont en inventant un nouveau motif. On dit qu'il s'agit d'un prodige spécial accordé aux grandes prêtresses du culte :
se coiffer de manière très compliquée dans le temps d'un battement de cils.