un livre vraiment important, qui nous a nourris. On a surtout oublié de se focaliser sur tous les mots qui
nous rebutaient, et on s'est aperçus qu'on avait compris quand même beaucoup de choses.
2. Chacun a donc raconté sa partie lue. On a pris le livre dans l'ordre (il parait que certains
s'amusent à le faire dans le désordre, moi je me dis que si le livre choisi est un polar, c'est gâché,
mais bon...).
Si je résume ce que mes camarades et moi-même avons compris de l'ouvrage, c'est que notre
démocratie est malade de refuser le conflit. Le capitalisme cherche à lisser les rapports, alors que le
conflit est le moyen que les humains ont pour permettre l'émergence de la complexité dans leurs
rapports, et cesser de penser le monde et la politique en termes binaires. Finalement, en cherchant à
tout lisser et tout rapporter à une hypothétique norme, on réussi plutôt à faire éclater de la violence non
catalysée. Au lieu du conflit, complexe, riche, humain, c'est l'affrontement, violent, déshumanisant.
Il faut donc accepter de ne pas vivre en "sécurité", de ne pas chercher à être sur de ce que l'avenir
nous offrira. En définitive, il s'agit d'agir en abandonnant "l'espoir messianique du grand soir", car il n'est
jamais certain qu'à une période sombre succède une période lumineuse, et inversement. Le sombre et le
lumineux s'entremêlent, et c'est pourquoi la notion d'efficacité pour le progrès est plutôt à rechercher
dans un "ici et maintenant bien ancré dans le concret", une espèce de développement de tous les
possibles du moment.
Pour Benasayag, le conflit est source d'humanité, et le refouler, le nier reviendrait à dévitaliser la société.
Assumer le conflit implique donc de lâcher bien des choses : agir dans l'ignorance, sans volonté totale
d'optimisation des résultats, accepter que parfois il faut limiter la surenchère de "faire" et laisser pousser
les fruits de mouvements concomitants en ajustant à peine.
Dans l'hypothèse de la lutte politique, c'est presque une méthode à laquelle nous sommes invités :
lutter, expérimenter, créer, visiter tous les recoins de la vie, plutôt que de militer dans l'attente de
lendemains qui chantent.
Je n'en dis pas plus, et vous invite à prendre le plaisir d'arpenter ce livre. On m'a dit que Benasayag
parlait très clairement, et c'est pas faux. Alors je vous propose une vidéo de lui qui parle du conflit :
http://tvbruits.org/spip.php?article951, histoire de vous mette l'eau à la bouche.
Bonne lecture !
Tifen Ducharne