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D'autre part, au milieu de cette transition turbulente et chaotique, une forme nouvelle de
« libéralisme totalisant » prévaut, qui sape les racines mêmes de la politique. Le capitalisme
dans sa phase actuelle se fonde sur l’idée que l'entreprise est devenue un modèle non
seulement pour l’organisation de la production, comme agent économique, mais pour
l'organisation entière de l'économie et de la société. Ce modèle prétendument neutre entend
ainsi se substituer à la politique ou l`asservir à ses propres fins. La politique serait ainsi
condamnée à l’inutilité.
Il est de plus en plus évident que la tentative de démantèlement du secteur public et les
attaques violentes contre les syndicats dans les pays de l’ouest européen participent d’une
logique d’élimination de secteurs considérés comme "non-rentables", voire carrément
comme faisant obstacle à l’exercice direct du pouvoir de ces nouveaux acteurs politiques.
Les grandes questions économiques seraient déléguées à la bourgeoisie, aux banques et
aux grandes institutions, pendant que la politique devrait s’occuper des pauvres et des
exclus, c’est-à-dire commencer là où s’achève l'économie.
Les choix libéraux entérinés par Maastricht ont provoqué une aggravation des conditions de
vie matérielle de larges secteurs de la population, entraînant une crise de rejet de l’Europe.
Cette crise est due au caractère non soutenable d’un modèle économique, environnemental,
patriarcal et social qui génère des inégalités insupportables, des catastrophes écologiques,
la précarité du travail et de la vie. Ce modèle est incapable de faire face aux difficultés
politiques qui sont à la base de la crise de cohésion sociale et politique qui traverse le Vieux
Continent. Les vieux pouvoirs politiques ne peuvent surmonter ces problèmes, parce qu’ils
continuent à mettre en œuvre la politique de Maastricht. Cela crée un vide politique.
Ce vide et l'absence de perspective de changement pourraient entraîner la victoire de projets
populistes basés sur un mélange d’éléments xénophobes et racistes et de libéralisme. Leurs
instigateurs utilisent les peurs et l’insécurité comme levier d’un populisme réactionnaire de
masse, de tendances chauvines qui pourraient avoir des conséquences fatales pour les
droits civiques, l’égalité démocratique, la défense des conquêtes sociales et le niveau de vie.
Pour faire face à de tels défis, il faut travailler à des dynamiques sociales, culturelles
unitaires et populaires, capables d'engager le combat de la transformation sociale dans les
conditions d'aujourd'hui et de redonner sens à l'engagement politique. L’accroissement des
possibilités de participer est la condition d’une plus grande acceptation de l’Union
européenne par ses citoyens. La Gauche européenne agit pour sa démocratisation.
La crise qui affecte tout le corps social, bien que dans des conditions différentes selon les
pays, est une crise de la cohésion sociale qui prévalait en Europe. Elle engendre des
conflits, des divisions et des tensions. Elle aiguise la lutte des classes. Ces conflits
présentent des formes et des modalités nouvelles au regard des catégories politiques
traditionnelles, qu’elles soient de droite ou de gauche. Dans ce cadre, la figure de la gauche