Thèses politiques du 2° Congrès du PGE
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Version amendée par le groupe de travail « Thèses politiques » du Bureau exécutif.
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Bruxelles, 12 novembre 2007
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La Gauche européenne: construire des alternatives
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Le deuxième Congrès du Parti de la gauche européenne a lieu au moment un défi crucial
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est lancé aux citoyens européens, à leur vie sociale, économique, culturelle et politique le
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défi de produire des réponses nouvelles et concrètes pour l’avenir de l’Union européenne, du
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continent tout entier et du monde. Dans nos pays et dans l’Union européenne, nous sommes
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confrontés jour après jour à des politiques incapables de présenter une alternative crédible
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pour sortir de l’impasse dans laquelle les choix libéraux ont conduit l’humanité.
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Tout être humain aspire à une vie digne et à être maître de son destin. Au lieu de cela, les
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politiques dominantes refusent de garantir aux citoyens européens leur droit de pouvoir
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décider de l’avenir du continent. Notre objectif stratégique est un changement politique
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d’orientation. Les élections européennes de 2009 sont une occasion importante pour la
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Gauche européenne de politiser la confrontation sur les enjeux européens et d’impulser un
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changement d’orientation en Europe.
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I. La Gauche européenne : une autre politique pour une autre société
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A. Où nous en sommes
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La contradiction entre le capitalisme et l’émancipation de l’individu, le surarmement et la
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guerre, le changement climatique et les désastres environnementaux, la privatisation de
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toutes les sphères de la vie nous conduit à poser une fois de plus la question : « socialisme
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ou barbarie ? »
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La stratégie de guerre, menée au nom de la prévention, de la non-prolifération et de la lutte
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contre le terrorisme, a provoqué une crise, mais l’Europe et ses gouvernements sont
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incapables de rompre avec cette logique. On ne voit pas encore apparaître de nouvelles
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logiques, un rapport de forces capables de remettre la politique au centre dans la résolution
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des conflits internationaux. Les événements tragiques qui se déroulent au Moyen-Orient, en
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particulier en Palestine, le confirment. Cette incapacité pourrait provoquer une nouvelle
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escalade de violences et une exacerbation de la spirale de la guerre et du terrorisme. Cette
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logique conduit aussi à une course aux armements et à la militarisation des politiques
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européennes sous l'hégémonie des États-Unis.
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D'autre part, au milieu de cette transition turbulente et chaotique, une forme nouvelle de
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« libéralisme totalisant » prévaut, qui sape les racines mêmes de la politique. Le capitalisme
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dans sa phase actuelle se fonde sur l’idée que l'entreprise est devenue un modèle non
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seulement pour l’organisation de la production, comme agent économique, mais pour
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l'organisation entière de l'économie et de la société. Ce modèle prétendument neutre entend
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ainsi se substituer à la politique ou l`asservir à ses propres fins. La politique serait ainsi
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condamnée à l’inutilité.
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Il est de plus en plus évident que la tentative de démantèlement du secteur public et les
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attaques violentes contre les syndicats dans les pays de l’ouest européen participent d’une
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logique d’élimination de secteurs considérés comme "non-rentables", voire carrément
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comme faisant obstacle à l’exercice direct du pouvoir de ces nouveaux acteurs politiques.
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Les grandes questions économiques seraient déléguées à la bourgeoisie, aux banques et
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aux grandes institutions, pendant que la politique devrait s’occuper des pauvres et des
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exclus, c’est-dire commencer là où s’achève l'économie.
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Les choix libéraux entérinés par Maastricht ont provoqué une aggravation des conditions de
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vie matérielle de larges secteurs de la population, entraînant une crise de rejet de l’Europe.
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Cette crise est due au caractère non soutenable d’un modèle économique, environnemental,
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patriarcal et social qui génère des inégalités insupportables, des catastrophes écologiques,
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la précarité du travail et de la vie. Ce modèle est incapable de faire face aux difficultés
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politiques qui sont à la base de la crise de cohésion sociale et politique qui traverse le Vieux
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Continent. Les vieux pouvoirs politiques ne peuvent surmonter ces problèmes, parce qu’ils
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continuent à mettre en œuvre la politique de Maastricht. Cela crée un vide politique.
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Ce vide et l'absence de perspective de changement pourraient entraîner la victoire de projets
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populistes basés sur un mélange d’éléments xénophobes et racistes et de libéralisme. Leurs
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instigateurs utilisent les peurs et l’insécurité comme levier d’un populisme réactionnaire de
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masse, de tendances chauvines qui pourraient avoir des conséquences fatales pour les
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droits civiques, l’égalité démocratique, la défense des conquêtes sociales et le niveau de vie.
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Pour faire face à de tels défis, il faut travailler à des dynamiques sociales, culturelles
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unitaires et populaires, capables d'engager le combat de la transformation sociale dans les
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conditions d'aujourd'hui et de redonner sens à l'engagement politique. L’accroissement des
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possibilités de participer est la condition d’une plus grande acceptation de l’Union
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européenne par ses citoyens. La Gauche européenne agit pour sa démocratisation.
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La crise qui affecte tout le corps social, bien que dans des conditions différentes selon les
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pays, est une crise de la cohésion sociale qui prévalait en Europe. Elle engendre des
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conflits, des divisions et des tensions. Elle aiguise la lutte des classes. Ces conflits
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présentent des formes et des modalités nouvelles au regard des catégories politiques
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traditionnelles, qu’elles soient de droite ou de gauche. Dans ce cadre, la figure de la gauche
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en Europe change profondément, avec des effets contradictoires. D’abord, les forces
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politiques accordent davantage d’importance aux politiques nationales. Le processus
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d’intégration européenne devient plus lent et plus contradictoire. L’intervention publique dans
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l’économie, la protection sociale, les compromis sociaux établis par l’action des syndicats
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sont remis en question. De fait, l’idéologie de la mondialisation capitaliste et du marché
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ouvert la concurrence est libre domine la pensée politique actuelle. Il est regrettable que
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des partis de gauche et sociaux-démocrates suivent ce mouvement, au nom d’un
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« libéralisme de gauche ».
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La crise de la politique est l’un des effets les plus dangereux et insuffisamment explorés du
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modèle libéral, un modèle qui a été imposé à notre continent depuis maintenant vingt ans.
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Cette crise des relations entre politique, institutions et société a généré un vide alimenté par
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l'absence de perspective, créant le sentiment que la politique est incapable de résoudre les
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grands problèmes de notre temps.
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Le moment est venu d'ouvrir une perspective nouvelle à partir de cette réalité.
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Notre congrès doit s'atteler à cette tâche. Il doit permettre au PGE d’affronter ce défi.
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Le Parti de la gauche européenne est de la volonté de partis politiques de transformer la
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société face aux politiques libérales, à travers un engagement actif dans les institutions et
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dans les divers mouvements alternatifs. Nous voulons contribuer à créer une nouvelle force
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politique en Europe, à construire des alliances qui fassent la différence et permettent de
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réelles alternatives.
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B. Les luttes, les mouvements sociaux et le rôle du PGE
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Les luttes populaires, les mouvements sociaux et citoyens ont mis une exigence à l’ordre du
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jour à l’échelle universelle : « Un autre monde est possible ! » Le mouvement
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altermondialiste a été capable de mettre en question non seulement les grandes institutions
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internationales et transnationales, mais aussi le pouvoir économique. Malgré son
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développement discontinu, un tel mouvement demeure une ressource précieuse pour un
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renouveau des politiques de gauche.
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Le Non français et néerlandais au traité constitutionnel a eu un impact dans tous les pays de
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l’Union européenne et a aussi mis en évidence la crise profonde de confiance des peuples
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envers les orientations libérales des politiques européennes. L’Europe connaît d’importants
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conflits de nature sociale, civique et culturelle. Les syndicats doivent faire face à de
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nouveaux défis. La « vieille » contradiction capital/travail est traversée par de nouvelles
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aspirations et contradictions entre les genres, les générations, les cultures, les groupes
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ethniques et en particulier par une prise de conscience nouvelle de l’imbrication de la relation
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entre l'humanité et l'environnement.
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Mais la plupart de ces luttes ne se rencontrent pas automatiquement, ni n’établissent de liens
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avec les formes de représentation politique. Beaucoup d’exigences émanant des nouvelles
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générations et concernant la vie au travail, la vie en général, les relations interpersonnelles
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influencées par la question du genre ne peuvent pas par elles-mêmes se transformer
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automatiquement en une culture gémonique, comme l’appelait Antonio Gramsci. Cet
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ensemble d’exigences ne peut se traduire en projet alternatif de société que si elles
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interagissent avec une culture de transformation et une structure politique capable de
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rassembler les forces de la contestation et de la transformation sociale.
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C´est le rôle du PGE.
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Nous ne pouvons répondre à ces demandes que par une transformation en profondeur de la
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culture politique. Cela implique un effort important d’innovation, théorique et pratique. Si nous
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ne sommes pas capables de l’effectuer, le travail sera réduit à un simple facteur
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économique, au lieu d’être un modèle pour l’émancipation et la liberté individuelle et
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collective. La crise de la gauche et de la démocratie ira en s’accentuant.
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La société est traversée à la fois par de nombreux mouvements pour le changement et par
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toutes sortes de divisions, d’isolement, d`explosions de violence, notamment contre les
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femmes, d’individualisme et d`égoïsme "tribal". Face à tout cela, nous devons construire un
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système social et culturel qui favorise l’unité sur le terrain des luttes pour le changement, qui
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contribue à un processus de rassemblement, de socialisation, de politisation partagée.
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Nous devons concevoir la transformation de la société comme partie intégrante d'une grande
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transformation culturelle promouvant de nouvelles manières de vivre ensemble.
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C. L´Europe et les institutions
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La crise de légitimité de la politique met en danger le processus d’intégration européenne. La
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confiance dans les institutions européennes n’a jamais été aussi faible.
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Invariablement, les récents Conseils européens se sont autolimités en orientant les intérêts
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de l´Union européenne vers la compétition mondiale sur le marché du travail, les politiques
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énergétiques, les ressources naturelles et autres terrains. La Déclaration de Berlin du 25
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mars 2007 et le Sommet européen de juin 2007 ont persisté à appliquer les logiques du
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marché intérieur dans le cadre fixé par le traité de Maastricht. Ce qui veut dire ne pas
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changer l’orientation libérale des politiques européennes et définir à partir de celle-ci la
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démarche politique du nouveau traité. En outre, le choix de confier la décision à une
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conférence intergouvernementale et au Conseil européen sans laisser place au débat
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démocratique ni donner le moyen de se prononcer par référendum ne peut qu'approfondir le
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fossé entre les citoyens et le projet européen.
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Ainsi, les gouvernements européens tentent de contourner (au lieu de les dénouer) les
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nœuds politiques qui sont à la base de la crise de l’Union européenne.
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Ce qui est en jeu aujourd’hui, ce n'est pas seulement les conquêtes sociales nées de la
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victoire sur le fascisme et le nazisme et des mouvements ouvrier, féministe, pacifiste,
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écologiste, mais c’est aussi le droit au travail et le droit de s’organiser ensemble.
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La subordination du système politique aux intérêts des marchés financiers et du pouvoir
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économique capitaliste, la concentration des pouvoirs, la personnalisation de la vie politique
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remettent en question l’organisation traditionnelle de la société.
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Les pressions sécuritaires de plus en plus fortes de l`État central et des autorités locales
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constituent l’autre visage de cet épuisement progressif de la démocratie. Si l`exception tend
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à devenir la règle, si l`état d`urgence se fait condition permanente, si les espaces de libertés
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se réduisent, la tâche la plus importante de l’action publique devient surtout, sinon
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exclusivement, celle de la répression et du maintien de l`ordre.
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La Gauche européenne doit faire un bond qualitatif dans son action politique. Cela dépend
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de notre capacité à opposer de façon crédible à la conception libérale de la société
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présentée comme la seule possible la conviction que les réalités peuvent être changées.
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Cela exige un combat permanent contre l’idéologie libérale, pour des solutions aux
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problèmes spécifiques des citoyens découlant des expériences des différents mouvements.
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Il y a des croisements clairs entre, d’une part, les positions du mouvement syndical, des
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mouvements altermondialistes, du Forum social européen, des mouvements sociaux,
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féministes, écologiques, du monde de la science et des arts et, d’autre part, la politique de la
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Gauche européenne.
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Ce projet exige des liens plus étroits entre nos partis au niveau européen, de nouvelles
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formes de communication et de coopération. Il exige un profil politique plus marqué dans
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notre lutte parlementaire et non parlementaire. Notre ambition est de briser la grande
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coalition des populistes, des conservateurs, des sociaux-démocrates qui a construit jusqu’ici
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le projet européen. Notre ambition est de lancer l’idée d’une alternative de gauche.
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Le désastre social engendré par les réformes du marché du travail et par la croissance
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rapide de ce que nous avons appelé le « précariat » est le terrain sur lequel construire notre
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politique sociale. Pour cette raison, nous devons combattre le Livre vert sur le droit du travail
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