grande refonte du droit civil à plus tard, lorsque les esprits y seraient mieux préparés.
En 1792, après le renversement de la monarchie et la proclamation de la République,
la nouvelle Assemblée confia à son Comité de législation, présidé par Cambacérès, le soin de
rédiger un projet de code. Trois projets successifs furent élaborés par ce dernier, mais sans
succès. Le premier, qui vit le jour en 1793, composé d’environ 700 articles, fut jugé trop long,
trop compliqué et trop juridique. Le deuxième projet fut présenté l’année suivante : il ne
comprenait plus que 300 articles. Il fut refusé, bien qu’à travers ce travail, Cambacérès
répondait à l’idéal révolutionnaire : construire une société sans droit ou, plus précisément,
réduire le droit à une série de grands principes, de préceptes qui guideraient les hommes dans
leur vie. Le troisième projet, en 1796 n’aboutit pas non plus, mais il inspira beaucoup la
codification napoléonienne. Ces trois échecs ne sont pas de la seule responsabilité de
Cambacérès. En effet, la succession des différents régimes politiques, la crise d’identité que
connaissaient les juristes, la crainte d’une réforme trop radicale du droit civil, droit régissant
les rapports entre particuliers, et donc droit éminemment politisé, social ; sont aussi à l’origine
du rejet de ces trois projets. Portalis parlait même, en août 1797, de renoncer à la « dangereuse
ambition de faire un nouveau code civil »
. Le projet Jacqueminot, établi sous le consulat
provisoire, qui présentait une esquisse de code civil fût dès lors, lui aussi, rejeté.
Dès le début de son règne, Bonaparte pris l’initiative de la rédaction d’un avant projet
de code civil et constitua une commission de quatre juristes qui n’étaient ni des théoriciens, ni
des philosophes du droit, mais d’abord et avant tout, des praticiens, avocats ou magistrats.
Deux d’entre eux, étaient originaires des pays de droit coutumier : François Tronchet et Félix
Bigot de Préameneu. Les deux autres, Jean Portalis et Jacques de Maleville étaient issus d’une
région de droit écrit. Une telle composition était dictée par l’objectif poursuivi : légiférer en
essayant de concilier droit romain et tradition coutumière, sans rejeter pour autant les acquis
de la Révolution. Dans son discours préliminaire, Portalis a précisé quelle avait été la
démarche adoptée : « Nous avons fait, s’il est permis de s’exprimer ainsi, une transaction
entre le droit écrit et les coutumes, toutes les fois qu’il nous a été possible de concilier leurs
dispositions ou de les modifier les unes par les autres sans rompre l’unité du système et sans
choquer l’esprit général... »
. Napoléon lui-même présida de nombreuses séances. Les
historiens reconnaissent la part importante qu’il a pris dans la réalisation de cette oeuvre
Halpérin Histoire du droit privé français depuis 1804 p 18
Portalis Discours Préliminaire au premier projet de Code Civil p 15