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219ADANSONIA, sér. 3 • 2016 • 38 (2)
© Publications scienti ques du Muséum national d’Histoire naturelle, Paris. www.adansonia.com
MOTS CLÉS
Orchidaceae,
Angraecum,
Pectinariella,
Madagascar,
Ombrières,
Ambatovy,
Statut de conservation,
UICN,
combinaison nouvelle,
espèces nouvelles.
Verlynde S., Ramandimbisoa B, Bosser† J. & Stévart T. 2016. — Contribution à l’étude des Orchidaceae de Mada-
gascar. XXXVIII. Deux nouvelles espèces et une nouvelle combinaison pour le genre Pectinariella Szlach., Mytnik &
Grochocka à Madagascar. Adansonia, sér. 3, 38 (2): 219-232. https://doi.org/10.5252/a2016n2a6
RÉSUMÉ
Avant son décès, Jean Bosser (23 décembre 1922-6 décembre 2013) travaillait à la publication de
deux espèces d’Angraecopsis Kraenzl. Le manuscrit n’ayant pas été publié, nous avons entrepris de
poursuivre ce travail en nous basant également sur du matériel supplémentaire que nous avons récolté
dans l’est de Madagascar. L’étude de ces échantillons nous a permis de déterminer que ces espèces
appartiennent au genre Pectinariella Szlach., Mytnik & Grochocka et que l’une des deux espèces n’est
en fait pas nouvelle, mais correspond à Pectinariella pterophylla (H. Perrier) Verlynde & Ramandim-
bisoa, comb. nov., dont nous reprécisons les limites morphologiques. Nous publions la deuxième
espèce sous le nom de Pectinariella edmundi Bosser ex Verlynde & Ramandimbisoa, sp. nov. Enfi n, une
troisième espèce, endémique des forêts de l’est de Madagascar, qui possède un ensemble de caractères
oraux inédits pour ce genre, est décrite ici, Pectinariella scroticalcar Verlynde & Ramandimbisoa,
sp. nov. Pour chaque espèce, nous fournissons le statut de conservation, une illustration, ainsi que des
notes sur l’écologie et la distribution. Une clef des six espèces de Pectinariella présentes à Madagascar
est aussi proposée.
Simon VERLYNDE
Missouri Botanical Garden (MBG), Africa & Madagascar Department
et Institut de Systématique, Évolution et Biodiversité
(MNHN, CNRS, UPMC, EPHE, Sorbonne Universités),
Muséum national d’Histoire naturelle,
57 rue Cuvier, F-75231 Paris cedex 05 (France)
Brigitte RAMANDIMBISOA
Missouri Botanical Garden (MBG), Madagascar Research and Conservation Program,
BP 3391-Anjohy, Antananarivo-101 (Madagascar)
Jean BOSSER†
Institut de Recherche pour le Développement,
Département Systématique et Évolution, Phanérogamie,
Muséum National d’Histoire Naturelle,
57 rue Cuvier, F-75231 Paris cedex 05 (France)
Tariq STÉVART
Missouri Botanical Garden (MBG), Africa & Madagascar Department,
P.O. Box 299, St. Louis, Missouri 63166-0299 (États-Unis)
et Herbarium et Bibliothèque de Botanique africaine, case postale 265,
Université Libre de Bruxelles, Boulevard du Triomphe, B-1050, Brussels (Belgique)
Publié le 30 décembre 2016
Contribution à l’étude des Orchidaceae de Madagascar.
XXXVIII. Deux nouvelles espèces et une nouvelle
combinaison pour le genre Pectinariella Szlach., Mytnik &
Grochocka à Madagascar
220 ADANSONIA, sér. 3 • 2016 • 38 (2)
Verlynde S. et al.
INTRODUCTION
Avec plus de 60 articles publiés durant ses 62 années de carrière
à l’ORSTOM (devenu IRD) et au Muséum national d’Histoire
naturelle de Paris, Jean Bosser était considéré comme l’un des
meilleurs spécialistes des orchidées malgaches. Avant son décès,
il décrivait encore, dans un manuscrit non publié, cinq nouvelles
espèces d’Orchidaceae de Madagascar, trois espèces de Cynorkis
ouars et deux espèces d’Angraecopsis Kraenzl. Suite à la publica-
tion, dans Adansonia, des trois espèces de Cynorkis (Bosser 2015),
nous revenons ici sur les deux espèces dAngraecopsis qu’il comptait
appeler « A. armandii » et « A. edmondii ». En eff et, le manuscrit
n’étant pas terminé, cet article a été porté à notre attention par
ierry Deroin en charge de son édition. Or, le Jardin botanique
du Missouri (MBG) conduit depuis plusieurs années à Madagascar
des inventaires qui ont permis de récolter plus de 4337 spécimens
d’herbiers d’orchidées dont la majorité provient de l’Est du pays
dans les forêts denses humides d’Ambatovy, région abritant les
deux nouvelles espèces identifi ées par Bosser. Parmi les récoltes du
MBG, nous avions identifi é trois morpho-groupes que nous avions
considérés comme proches dAngraecum pterophyllum H. Perrier
dont deux étaient identiques aux Angraecopsis identifi és par Bosser.
Le genre Angraecum Bory était formé de 19 sections, jusqu’au
moment où Szlachetko et al. (2013) le divisent en 18 genres,
correspondant majoritairement aux sections reconnues par
Garay (1973). Parmi ceux-ci, le genre Pectinariella Szlach.,
Mytnik & Grochocka, est une combinaison rassemblant les
espèces précédemment classées dans la section Pectinaria Benth.
in Benth. & Hook.f. (1883). Pour plusieurs auteurs (Garay 1973 ;
Stewart et al. 2006), la section Pectinaria regroupait les espèces
d’Angraecum à tige allongée, aux feuilles alternes, grasses (cras-
sulescentes), de formes allongées ou linéaires, aux infl orescences
unifl ores et à petites fl eurs sessiles portées sur la tige à l’opposé
des feuilles. D’après Stewart et al. (2006), cette section contient
quatre espèces d’Afrique continentale (Angraecum dorato-
phyllum Summerh., A. gabonense Summerh., A. pungens Schltr.,
A. subulatum Lindley), ainsi que cinq espèces de Madagascar
et des Mascareignes (Angraecum dasycarpum Schltr., A. her-
mannii (Cordem.) Schltr., A. humblotianum (Finet) Schltr.,
A. panicifolium H.Perrier, A. pectinatum ouars). Hormis
A. panicifolium, transféré dans le nouveau genre Angraecoides
(Cordem.) Szlach., Mytnik & Grochocka (A. panicifolia Szlach.,
Mytnik & Grochocka), et Angraecum pterophyllum H. Perrier,
non considéré dans l’étude de Szlachetko, toutes les espèces
appartenant à la section Pectinaria ont été transférées dans le
genre Pectinariella (Szlachetko et al. 2013).
Ces nouvelles combinaisons nous ont amené à étudier Angrae-
cum hermannii, une espèce endémique de la Réunion et décrite en
1899 par de Cordemoy, sur la base de spécimens en fruits qui ont
depuis lors disparu. De Cordemoy décrit cette espèce sous le nom
de Mystacidium hermanni Cordem. et la rapproche dAngraecum
pingue Frapp. grâce aux caractères morphologiques de la capsule.
En absence de spécimens d’herbier, le type nomenclatural est
représenté par deux dessins accompagnant la description. En
1915, Schlechter transfère Mystacidium hermanni dans le genre
Angraecum, et – étrangement – refait cette même combinaison
trois ans plus tard (Schlechter 1915, 1918). Il rapproche mor-
phologiquement Angraecum hermanii d’A. pectinatum et classe
cette espèce dans la section Pectinaria (Schlechter 1918). En 1973,
dans sa révision du genre Angraecum, Garay met en synonymie
Angraecum hermannii et Angraecum pterophyllum (Garay 1973).
Dans leur étude sur la phylogénie et la biogéographie des
orchidées angraecoïdes des Mascareignes, Micheneau et al. (2008)
transfèrent Angraecum hermanii de la section Pectinaria à la section
Lemurangis Garay sur base de caractères morphologiques. Enfi n, en
2013, Szlachetko et al. (2013) placent Angraecum hermannii dans
le genre Pectinariella, sans faire mention d’Angraecum pterophyllum.
Nous avons vérifi é la description et les deux dessins-types
de Pectinariella hermannii faits par de
Cordemoy (1899) et les
caractères végétatifs, comme la forme des feuilles « ovales, lan-
céolées, élargies à la base et paraissant subtriangulaires », ainsi
que leur apex « obliquement émarginé et subaigu », ne corre-
spondent pas aux caractères végétatifs dAngraecum pterophyllum
dont les feuilles sont linéaires avec un apex non émarginé. Ces
diff érences morphologiques nous amènent à penser que cette
synonymie est erronée. Dès lors, Angraecum pterophyllum doit
être renommée Pectinariella pterophylla (H. Perrier) Verlynde &
Ramandimbisoa, comb. nov., et le placement d’Angraecum her-
mannii dans le genre Pectinariella par Szlachetko et al. (2013)
n’étant pas justifi é, nous ne le reprenons pas dans cette étude.
L’observation des types nomenclaturaux, ainsi que l’étude des
protologues des espèces du genre Pectinariella nous ont permis
KEY WORDS
Orchidaceae,
Angraecum,
Pectinariella,
Madagascar,
shade houses,
Ambatovy,
conservation status,
IUCN,
new combination,
new species.
ABSTRACT
Contribution to the study of Orchidaceae from Madagascar. XXXVIII. Two new species and one new
combination for the genus Pectinariella Szlach., Mytnik & Grochocka in Madagascar.
Before passing away, Jean Bosser (23rd of December 1922-6th of December 2013) worked on describing
two species of Angraecopsis Kraenzl.  e manuscript has never been submitted for publication, we thus
undertook to complete his work using specimens we collected in Eastern Madagascar.  e study of these
specimens allowed us to determine that the two species belong to the genus Pectinariella Szlach., Mytnik &
Grochocka and that one of these two species was not a novelty but corresponded rather to Pectinariella
pterophylla (H. Perrier) Verlynde & Ramandimbisoa, comb. nov., for which we redefi ne morphological
delimitation. We publish the second species under Pectinariella edmundi Bosser ex Verlynde & Raman-
dimbisoa, sp. nov. Finally, Pectinariella scroticalcar Verlynde & Ramandimbisoa, sp. nov., a third
species, endemic to the eastern forests of Madagascar and possessing novel fl oral characteristics for the
genus, is described. For each species, we provide conservation status, illustrations as well as ecological and
distribution notes. A determination key of the six species of Pectinariella found in Madagascar is given.
221
Contribution à l’étude des Orchidaceae de Madagascar. XXXVIII
ADANSONIA, sér. 3 • 2016 • 38 (2)
de déterminer que deux des morpho-groupes que nous avions
récoltés étaient des nouveautés taxinomiques et que le dernier
correspondait à Pectinariella pterophylla, comb. nov., connu alors
que du type. En se basant sur les dessins et les descriptions de
Bosser, nous avons noté que le rattachement des deux espèces
qu’il comptait décrire au genre Angraecopsis n’était pas expliqué.
Très vite, nous avons rapproché ces deux espèces du genre Pec-
tinariella en raison de la tige allongée des plantes, des feuilles
étroites et charnues et des fl eurs subsessiles. En fait, persuadé
que ces deux espèces appartenaient au genre Angraecopsis, il
semble que Bosser n’ait pas vu la proximité de ces espèces avec
la section Pectinaria du genre Angraecum.
Par ailleurs, nos observations ont confi rmé que l’espèce
nommée par Bosser « Angraecopsis edmondii » est eff ectivement
nouvelle, mais qu’elle appartient au genre Pectinariella. Nous
la décrivons donc ici comme Pectinariella edmundi Bosser ex
Verlynde & Ramandimbisoa, sp. nov. Par contre, l’espèce que
Bosser nomme « Angraecopsis armandii » correspond à Pecti-
nariella pterophylla, comb. nov., et n’est donc pas nouvelle.
Pectinariella pterophylla, comb. nov., est représentée par un
très petit nombre d’échantillons et le type, H. Perrier de la
Bâthie 18647 (P00334625), localisé à Paris, est incomplet.
En eff et, l’individu qui le représente est apparemment peu
développé, en mauvais état, l’unique fl eur de cet échantillon
ayant été disséquée par Perrier. Le dessin eff ectué a posteriori
par Bosser n’est pas clair concernant, entre autres, la longueur
des lobes latéraux du labelle. Nous proposons ici une nouvelle
description, plus précise, et basée sur le nouveau matériel col-
lecté récemment par nos soins.
Enfi n, nous décrivons aussi une deuxième espèce nouvelle,
proche de Pectinariella pterophylla, comb. nov., Pectinariella
scroticalcar Verlynde & Ramandimbisoa, sp. nov., récoltée
dans le Centre et l’Est de Madagascar, qui possède un ensem-
ble de caractères fl oraux inédits pour ce genre et dont l’étude
des types des autres Pectinariella malgaches n’a permis de la
rapprocher d’aucune espèce décrite.
Dans cet article, nous avons adopté la conception de Szla-
chetko concernant le genre Pectinariella car elle reprend la
même défi nition que celle de l’ancienne section Pectinaria.
Bien que Szlachetko et al. (2013) décrivent les fl eurs blanches
comme toujours solitaires, nous précisons ici que pour les
deux nouvelles espèces décrites ici, les infl orescences peuvent
porter jusqu’à deux fl eurs.
Le genre Pectinariella compte dès lors six espèces à Madagas-
car et aux Mascareignes, dont une clef est proposée ci-dessous.
Cette publication constitue le 38
ème
article de la série intitulée
« Contribution à l’étude des Orchidaceae de Madagascar et
des Mascareignes » initiée par Bosser en 1962.
SYSTÉMATIQUE
Genre Pectinariella Szlach., Mytnik & Grochocka
Biodiversity Research and Conservation 29: 1-23 (2013).
T
YPUS
. Pectinariella pectinata ( ouars) Szlach., Mytnik & Grochocka.
1. Pectinariella scroticalcar
Verlynde & Ramandimbisoa, sp. nov.
(Figs 1 ; 4F, G ; Tableau 1)
Prope Pectinariellam pterophyllam H. Perrier, sed brevioribus foliis
(6-18 mm in longitudine vs 8-37 mm), labelli acuto apice lateralibus
triangularibus lobis (vs rotundato apice laterales inaequale ovatos lobos)
atque cum scrotiforme apice angustiore calcare (vs latius cylindricumque
calcar), praecipue differt.
TYPUS. — Madagascar. Province de Toamasina, région d’Aloatra-
Mangoro, district de Moramanga, Forêt d’Ambatovy, 18°51’25’’S,
48°17’40’’E, 1057-1115 m, 8.VIII.2012, fl ., Ambatovy Spirit Col-
lection 414A45/2 (holo-, BRLU!; iso-, TAN!).
MATÉRIEL SUPPLÉMENTAIRE ÉTUDIÉ. — Madagascar. Province de
Toamasina, région d’Aloatra-Mangoro, district de Moramanga, Forêt
d’Ambatovy, 18°51’25’’S, 48°17’40’’E, 1057-1115 m, 25.VIII.2011,
., Ambatovy Spirit Collection 11A45/2 (P[alcoothèque]) ; Mêmes
localité et date, fl ., Ambatovy Spirit Collection 12A45/4 (MO) ; Forêt
d’Ambatovy, Commune d’Ambohibary, fokontany d’Ampitambe,
forêt d’Ampasataolana, 18°51’22’’S, 48°19’22’’E, 1117 m, 25.X.2008,
C DES SIX ESPÈCES DU GENRE PECTINARIELLA SZLACH., MYTNIK & GROCHOCKA À MADAGASCAR ET AUX MASCAREIGNES
1. Feuilles ovales, limbe peu charnu ...................................... P. dasycarpa (Schltr.) Szlach., Mytnik & Grochocka
Feuilles linéaires ou elliptiques, limbe très charnu ........................................................................................ 2
2. Entre-nœuds de 4-6 mm de long ; labelle ovale ........................................................................................... 3
Entre-nœuds de 2-3 mm de long ; labelle trilobé ......................................................................................... 4
3. Feuilles linéaires, limbe semi-cylindrique ; labelle plus large que les autres pièces fl orales ................................
......................................................................................P. humblotiana (Finet) Szlach., Mytnik & Grochocka
Feuilles elliptiques, limbe plat ; labelle aussi large que les autres pièces fl orales ................................................
.......................................................................................P. pectinata ( ouars) Szlach., Mytnik & Grochocka
4. Lobes latéraux du labelle obtus ; éperon jusqu’à 2 mm de long (1,5-2 mm) ................................................. 5
Lobes latéraux du labelle aigus ; éperon de 2,2 mm de long ............................................................................
.........................................................................................P. scroticalcar Verlynde & Ramandimbisoa, sp. nov.
5. Feuilles pliées étalées, de section triangulaire, face dorsale de la nervure centrale ailée ; éperon cylindrique .....
................................................................ P. pterophylla (H. Perrier) Verlynde & Ramandimbisoa, comb. nov.
Feuilles filiformes, de section ovale, face dorsale de la nervure centrale non ailée ; éperon globulaire
............................................................................ P. edmundi Bosser ex Verlynde & Ramandimbisoa, sp. nov.
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Verlynde S. et al.
fr., Antilahimena 6742 (P[P01069445]) ; Commune d’Andasibe,
Réserve spéciale d’Analamazoatra, Site près de la source du Lac
Vert, 18°56’59’’S, 48°26’05’’E, 1050 m, 17.XII.2013, en boutons,
Ramandimbisoa 319 (TAN).
ÉTYMOLOGIE. — Ce nouveau taxon doit son nom à la morphologie
particulière de l’éperon et plus particulièrement son apex dont la
forme rappelle un scrotum.
DESCRIPTION
Herbe épiphyte, de 1,4-4 cm de long. Racines cylindriques,
pubescentes, de 0,7 mm de diamètre. Tige subérigée se défeuillant
à sa base. Feuilles 4-12, distiques ouvertes, elliptiques, charnues,
pliées-étalées, aux marges recourbées, nervure centrale forte-
ment ailée, 6-18 × 1-2 mm. Infl orescences, 4-5, émergeant sur
plusieurs entre-nœuds simultanément, 1-2 fl eurs par infl ores-
cence, plus courtes que les feuilles. Pédoncule court, 0,5-1 mm ;
bractées étroites, apiculées, 1 mm de long, en capuchon avec
une aile dorsale. Fleurs blanches, 4-9, ouvertes simultanément,
4 mm de long, 5 mm de large et 3,5 mm de haut. Sépales
uninervés, apiculés, faiblement carénés ; sépale médian ovale,
2 × 0,8 mm ; sépales latéraux obovales, 2 × 1 mm, carénés,
uninervés, apiculés. Pétales uninervés, subapiculés, ovales, non
carénés, 2 × 1 mm. Labelle trilobé 2 × 3 mm, 5-nervés ; lobe
médian ovale, subapiculé, 1,8 × 1,5 mm ; lobes latéraux trian-
gulaires, dressés, aigus, 0,8 mm de long ; base du labelle portant
des poils hyalins courts. Éperon cylindrique, 2,2 × 0,7 mm,
l’apex en forme de scrotum. Colonne de 3 mm long. Anthère
hémisphérique, de 0,6-0,8 mm de diamètre. Rostelle bilobé
à lobes aigus. Viscidies et stipes du pollinaire non observées.
Pollinies rondes de 0,3 mm de diamètre.
ÉCOLOGIE ET DISTRIBUTION
Endémique de Madagascar. Espèce de forêt dense humide de
moyenne altitude (1000-1500 m) avec Amyrea Leandri sp.,
Asteropeia ouars sp., Dombeya Cav. sp., Chrysophyllum L.
sp., Leptolaena ouars sp., Ocotea Aubl. sp., Tambourissa
Sonn. sp. & Uapaca Baill. sp. Épiphyte sur arbre de 20 à 25 m
de haut avec beaucoup de mousses. Elle est connue de la forêt
d’Ambatovy, ainsi que de la Réserve spéciale d’Analamazoatra
(Fig. 5). Les échantillons de ce nouveau taxon sont, en partie,
issus de plantes cultivées dans les ombrières d’Ambatovy sur
leur support d’origine, des branches de quelques centimètres
de diamètre, en suspension dans des ombrières à l’abri du
soleil direct et arrosées régulièrement. La fl oraison de cette
espèce intervient en août.
STATUT DE CONSERVATION
Pectinariella scroticalcar Verlynde & Ramandimbisoa, sp. nov.,
est provisoirement classé « En Danger » (EN B1ab(ii,iii,iv,
v)+B2ab(ii,iii,iv,v)), conformément aux critères de la Liste
Rouge de l’IUCN (2012) (pré-évaluation établie à l’aide de
l’outil GeoCAT, Bachman et al. 2011). Sa zone d’occupation
(AOO) est d’environ 12 km2, inférieure aux 500 km2, seuil
du statut En Danger d’extinction selon le sous-critère B2. Sa
zone d’occurrence (EOO) est d’environ 16 km
2
, inférieure
aux 100 km2, seuil du statut En Danger Critique d’extinction
selon le sous-critère B1. Il n’est connu que par cinq spécimens
répartis en trois sous-populations représentant trois localités
selon l’IUCN. L’espèce est endémique de Madagascar et connue
d’une sous-population située sur l’empreinte d’un site minier
subissant des pressions anthropiques importantes, une sous-
population dans la zone de conservation du site, ne devant pas
subir de perturbations et une dernière dans la Réserve spéciale
d’Analamazoatra. Une des trois localités subissant de fortes
pressions, nous prévoyons donc une diminution de sa zone
d’occurrence et d’occupation, de son habitat, du nombre de
sous-populations et du nombre d’individus adultes.
NOTE TAXONOMIQUE
Pectinariella scroticalcar Verlynde & Ramandimbisoa, sp. nov.,
est végétativement très semblable à Pectinariella pterophylla,
comb. nov., les feuilles sont cependant plus trapues, la tige
a un port subérigé et les infl orescences sont principalement
bifl ores. De plus, au vu des caractères fl oraux partagés entre
ces deux espèces comme l’arrangement des pièces fl orales avec
les sépales et pétales réfl échis, le labelle trilobé, il est très prob-
able que ces deux espèces soient phylogénétiquement proches.
Les échantillons de ce nouveau taxon sont, en partie, issus
de plantes cultivées dans les ombrières d’Ambatovy sous les
numéros de culture « AMB 45/2 » et « AMB 45/4 ». Lors de la
mise en culture de ces deux individus de Pectinariella scrotical-
car Verlynde & Ramandimbisoa, sp. nov., d’autres individus
appartenant à diff érentes espèces ont été répertoriés sous le
même numéro de culture, dont un individu dAngraecum
teretifolium Ridl. (AMB 45/3).
La plante AMB 45/2 a fourni deux échantillons conservés
en alcool, Ambatovy Spirit Collection 11A45/2 (P) et Ambat-
ovy Spirit Collection 414A45/2 (TAN, BRLU). La deuxième
plante cultivée « AMB 45/4 », récoltée au même endroit que
la première « AMB 45/2 », a fourni un échantillon conservé en
alcool, Ambatovy Spirit Collection 12A45/4 (MO). Les don-
nées relatives à ces plantes cultivées ainsi que celles relatives
aux échantillons en alcool sont accessibles à l’adresse suivante :
http://tropicos.org/specimen/100441773 (TROPICOS 2015).
2. Pectinariella pterophylla
(H. Perrier) Verlynde & Ramandimbisoa, comb. nov.
(Figs 2 ; 4A, B ; Tableau 1).
Angraecum pterophyllum H. Perrier, Notulae Systematicae 7:
106 (1938). — Type : Madagascar. Province de Toamasina, Forêt
d’Andasibe, sur l’Onive, en bordure de torrent, [18°56’00’’S,
48°25’E], c. 1200 m, II.1925, fl ., H. Perrier de la Bâthie 18647
(holo-, P[P00334625]!).
MATÉRIEL SUPPLÉMENTAIRE ÉTUDIÉ. — Madagascar. Province
d’Antananarivo, région d’Analamanga, district d’Andramasina,
commune de Takafatra, Kelilalina, Ambohimanga, 19°26’07’’S,
47°52’51’’E, 1629 m, 3.XII.2014, fl ., Antananarivo Spirit Collec-
tion 10T3 (TAN) ; Mêmes localité et date, 19°26’08’’S, 47°52’51’’E,
1625 m, fl ., Antananarivo Spirit Collection 16T8 (TAN). — Prov-
ince de Toamasina, région d’Aloatra-Mangoro, district de Mora-
manga, Forêt d’Ambatovy, 18°50’16’’S, 48°18’19’’E, 1069-1120 m,
7.VIII.2012, fl ., Ambatovy Spirit Collection 408A254/4 (BRLU) ;
Même localité, 8.VIII.2012, fl ., Ambatovy Spirit Collection 415A254/5
(P[alcoothèque]) ; même localité, 20.VIII.2012, fl ., Ambatovy
223
Contribution à l’étude des Orchidaceae de Madagascar. XXXVIII
ADANSONIA, sér. 3 • 2016 • 38 (2)
FIG. 1 . — Pectinariella scroticalcar Verlynde & Ramandimbisoa, sp. nov. : A, in orescence et eurs ; B, sépale latéral ; C, sépale dorsal ; D, pétale ; E, eur, vue de
face ; F, vue de la colonne ; G, eur, vue latérale ; H, ovaire, colonne et labelle, vue latérale ; I, fruit ; J, plante eurie. Ambatovy Shade House 45 (BRLU, P, TAN).
Dessins : Roger Lala Andriamiarisoa. Échelles : A-H, 1 mm ; I, 3 mm ; J, 2 mm.
A
B
E
J
I
G
H
F
CD
B-D
1 / 14 100%