Masserey Benjamin Masserey Professor De Julio Contemporary

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Benjamin Masserey
Professor De Julio
Contemporary French Culture
April 27, 2016
L’Islam, une religion incompatible avec la France ?
Avec les nombreux attentats organisés par des groupes islamiques extrémistes, on voit
que les Français ont du mal à déterminer leur position envers les musulmans. S’ajoute le
problème de l’immigration issue du Maghreb largement critiquée et contestée en France qui se
mêle au problème de religion, car on associe souvent les deux. L’Islam représente la deuxième
religion de France et les musulmans sont très nombreux. Nous allons voir comment la position
du gouvernement à propos des musulmans a influencé la position des Français envers les
musulmans. En analysant la loi de 2004 d’abord, qui a interdit les signes indiquant une
appartenance religieuse dans les écoles, puis la loi de 2010, interdisant le port de la burqa dans
les espaces publics, nous verrons comment la perception de l’Islam a évolué dans la société
française.
En 2004, l’article L.141-5-1 du code de l’éducation entre en vigueur. La loi interdit le
port de signes religieux dans les écoles publiques françaises. L’article est le suivant : « Dans les
écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves
manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. Le règlement intérieur
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rappelle que la mise en œuvre d'une procédure disciplinaire est précédée d'un dialogue avec
l'élève. » La loi autorise néanmoins le port de signes religieux discrets comme une petite croix
qu’on porte autour du cou par exemple (Amiraux, 275-279). La rédaction de cet article a été
influencée par la « Commission Stasi » formée une année auparavant pour essayer d’apaiser le
problème de laïcité dans les écoles (Baubérot, 8).
L’histoire des polémiques de signes religieux dans le domaine de l’éducation commence
en 1989. Le principal du collège à Creil menace d’expulser trois adolescentes de l’établissement
parce qu’elles portaient un voile islamique dans la salle de classe. Ces incidents dispersés sont
fréquents et doivent être réglés cas par cas par le Conseil d’Etat. On essaie donc en 2004 de
mettre fin à ces polémiques et de créer une loi qui permettra de régulariser et de légitimer des
actions contre ce type de comportement religieux. On voit cependant que cette loi est clairement
visée envers les étudiants d’origine musulmane, plus spécifiquement les filles qui portent le
« hijab » ou une autre forme de voile islamique (Champeil-Desplats, 51).
Les réactions envers cette loi ont été diverses. D’une part, certains pensaient que c’était
une bonne idée pour rendre l’environnement éducatif plus neutre et laïque. Ils y voyaient un
moyen d’éviter une séparation des élèves dû à leur appartenance religieuse. Ils estimaient que le
droit de porter des signes religieux discrets était suffisant afin d’exprimer sa liberté d’expression.
D’autre part, on considère que c’est une atteinte à la liberté d’expression et que le port de signes
religieux ne nuit pas à la laïcité de l’école. Juste parce qu’on exprime son appartenance religieuse
à l’école à travers son accoutrement ne veut pas dire que l’école n’est pas laïque (Lamine).
La conséquence de la mise en place de cette loi a été la fuite de nombreux élèves
musulmans des écoles publiques françaises. A travers cette loi visant à encourager l’unité
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nationale et la laïcité de la république, on a assisté au contraire à un certain repli sur soi de la
population musulmane qui s’est sentie stigmatisée à travers cette mesure politique. Cela a
contribué à la difficulté de l’intégration des musulmans en France (Lévy).
Résultant de la loi de 2004, entre en vigueur en 2010 la loi numéro 2010-1192. Cette loi
interdit la dissimulation du visage dans l’espace public. Même si elle ne nomme pas le voile
intégral ou la « burqa », elle est clairement visée aux femmes qui les portent. La loi n’est pas
basée sur la laïcité de la France cette fois-ci, mais sur la prémisse que le port de la « burqa »
manifeste « un refus de l’autre et du vivre-ensemble ». On voit également certains politiciens
justifier la loi par la notion d’ « ordre public » (De Galembert, 647).
On estime que le voile intégral représente un obstacle à l’intégration de ces musulmans à
la république française. Les Français sont choqués par cet habit qui couvre tout le corps sauf les
yeux. On ne veut pas voir les femmes être « traitées » comme cela en France. Cela constitue un
risque au niveau de la sécurité également. Il est facile de dissimuler son identité en cachant son
visage. Au même titre qu’on ôterait un casque de moto de sa tête dans les espaces publics, on
veut pouvoir voir le visage des gens pour pouvoir les identifier plus facilement (De Galembert,
647).
Cependant, cette pratique n’a pas disparue en France. On a vu de nombreuses
critiques de cette loi paraitre. Les Etats-Unis, par exemple, ont condamné la France pour cette loi
contre la « burqa ». Elle fait « marche arrière » dans la protection de la liberté religieuse dans le
monde et elle contribue à l’hostilité grandissante à l’égard des musulmans en Europe, selon
Hillary Clinton (« Les Etats-Unis Critiquent… »). On voit que, à nouveau, c’est une mesure qui
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stigmatise les musulmans en France et renforce le sentiment de séparation entre les musulmans et
les Français. La loi a ramené le problème de la loi de 2004 à l’avant de la scène médiatique
(Thomas, 48-49). Les musulmanes portant le voile intégrale sont maintenant vues comme des
hors-la-loi. Les Français ne voudront pas se mêler à cette religion qui encourage « le repli sur
soi » et l’isolement. On perçoit ces personnes comme des individus sans volonté de s’intégrer et
qui ne peuvent pas faire le moindre geste pour s’adapter à la culture française.
Ces lois de 2004 et de 2010 ont en partie influencée la perception de l’Islam en France.
Ces lois donnent l’aspect d’une religion radicale incompatible aux valeurs républicaines
françaises. On veut exclure les musulmans ou les obliger à vivre comme le Français typique.
Les médias ont joué un grand rôle dans l’opinion publique de l’Islam. Les médias ont
beaucoup contribué à la diabolisation de l’islam et à la formation d’une peur de cette différente
religion. Par exemple, en 2003, le Ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, donne un discours à
la rencontre annuelle de l’Union des Organisations Islamiques de France. Il montre son soutien
aux musulmans, insiste sur leur égalité avec les autres Français, reconnait les peurs et les
amalgames dont ils sont victimes et les invite à vivre une religion qui « respecte les valeurs de la
République ». Il est ovationné plusieurs fois. Cependant, lorsqu’il parle des photos de carte
d’identité qui doivent être prises tête nue, quelques jeunes commencent à le siffler. Les médias
s’emparent de cette information et ne parlent que de cela. Ils mentionnent à peine les ovations et
ne veulent que critiquer le fait qu’il y ait eu quelques sifflets (Lamine). Des incidents de la sorte
sont souvent exagérés par la presse et donné une plus grande importance qu’ils ne devraient
avoir.
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Les musulmans sont souvent vus comme dangereux aux yeux des Français. Ils sont
considérés comme « étrangers » malgré le fait qu’ils sont souvent en France depuis plusieurs
générations. Beaucoup de personnes s’identifiant comme « musulmans » ne le sont que
culturellement et ne sont pas pratiquants avides. C’est pratiquement devenu un groupe racial au
lieu d’un groupe religieux. On imagine que tous les maghrébins sont des musulmans. On n’aime
pas voir leurs bâtiments religieux, cela nous fait peur. Il y a une vraie confusion en France, mais
aussi dans l’Europe entière, au sujet des musulmans. On ne connait pas bien cette religion.
Depuis les attentats de janvier 2015 (Charlie Hebdo, etc.), on assiste à une peur et une insécurité
grandissantes au sujet de l’Islam.
C’est dans cette optique que le parti d’extrême-droite en France, le Front National, gagne
en popularité très rapidement. Les gens ont peur de ce qu’ils ne comprennent pas. On les informe
que les musulmans ne se conforment pas aux valeurs de la République française. On ne veut pas
ce qui est différent de nous dans notre pays.
On a peur que la laïcité du pays soit en danger. Les Français n’aiment pas vraiment les
religions. Ils y voient un danger et aucun avantage en général. On veut préserver cette
indépendance de la religion.
D’autres pays comme les Etats-Unis voient cette haine et cette intolérance envers les
personnes de religion musulmane croître et on s’inquiète à propos de la France. En Europe en
général, on assiste à une stigmatisation des musulmans. Cela contribue au cercle vicieux des
musulmans qui ne se sentent pas bienvenue dans les pays occidentaux, et qui donc, ne vont pas
essayer de s’intégrer et d’assimiler la culture du pays qui les accueille.
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En conclusion, nous voyons que les lois de 2004 et de 2010 ont plutôt éloigné la
population musulmane et l’a stigmatisée. Cela résulte en de l’ignorance envers cette religion et
ses pratiquants. On peut imaginer cette haine envers ce groupe démographique se développer au
cours des années prochaines. La perception de l’Islam en France est dépendante des événements
d’actualité (actes de terrorisme, etc.), mais se dégrade progressivement en France. Assisteronsnous à des mesures politiques visant à éloigner les musulmans et les immigrés maghrébins en
général ? Les deux catégories de personnes se mêlent souvent et l’on n’attaque plus l’un sans
impliquer l’autre. L’évolution de l’opinion publique des Français à propos des musulmans sera
intéressant à voir évoluer ces prochaines années.
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Bibliographie
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<http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1157513-pourquoi-il-faut-abroger-la-loi-surles-signes-religieux-a-l-ecole-de-2004.html>.
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