Ce mouvement va s’accélérer avec la révolution industrielle, le développement du capitalisme et les temps
modernes, aidé aussi par les innovations technologiques qui vont nous permettre d’avoir le temps jusqu’autour
de notre poignée et omniprésent sur toutes les machines et outils de communication qui nous entourent.
Il y a accélération et densification
Passage d’une société de réflexion à une société de réflexes
Le temps mtaphysique, qu’est-ce que le temps pour nous ?
Dans la vie quotidienne, nous nous représentons le temps comme de l’espace. Qu’est-ce que les aiguilles qui
avancent sur le cadran d’une montre ? Une manière de visualiser dans l’espace le temps qui passe. Qu’est-ce
qu’une page d’agenda ? De l’espace. Qu’est-ce qu’un calendrier accroché au mur ? De l’espace encore.
Cependant, le temps n’est pas quelque chose de visible, ni une quantité́, ni rien qu’on peut montrer. Je peux
montrer une règle d’un mètre de longueur. Je ne peux pas vous montrer une heure. Alors, c’est quoi le temps ?
Alexandre cite alors Epicure et sa réflexion sur le temps qui nous paraît plus ou moins long. Il nous invite alors à
réfléchir à ce qui fait qu’une heure ou une minute nous paraît plus ou moins longue.
On découvre alors à travers les témoignages le rapport au plaisir ou la souffrance, la place de l’ennui et la
culpabilité de ne rien faire, l’enjeu d’un temps compté (avec une fin comme dans le compte à rebours) ou pas,
l’attente ou la présence.
Il évoque alors la « prise » philosophique qui consiste à explorer les concepts et il va nous faire cheminer parmi
les philosophes, notamment Sénèque, De la brièveté́ de la vie (49 après JC), Augustin, Confessions (397-401 après
JC) et Henri Bergson, Matière et mémoire (1896).
Les stoïciens, très orientés vers l’action, vont évoquer le concept du Kairos, le juste moment opportun,
le geste précis qui peut s’entrainer grâce à l’exercice, afin d’être vigilant face à un temps qui est une richesse à
préserver (il propose ainsi de visualiser chaque heure qui reste à vivre comme une pièce d’or, ne pas les
distribuer en vain aux importuns).
Ils s’opposent bien sûr aux épicuriens pour qui le temps est une qualité qu’on prête aux choses, c’est du
coté de l’âme et pas des objets ; le temps est non découpable, non qualifiable.
Saint Augustin lui décrit le temps comme une distension de l’âme.
Vers le passé c’est la mémoire, vers le futur l’attente. Il n’y a de sensation que du présent
Husserl précise avec les concepts de Rétention (la trace qui nous permet d’entendre une mélodie et pas chaque
notes séparément) ou protention (l’attente qui nous permet de s’attendre à…)
Bergson enfin résume ainsi l’oeuvre de sa vie :
« je dis que le temps existe et que ce n’est pas de l’espace »
Au delà du temps t de Newton, Bergson évoque la durée, qui déborde un peu sur le passé et le futur, plus
qualitatif, plus superposé, plus fait d’intensité
Si nous vivons dans une ultra-immédiaté, on se rapproche de l’instant t ; en perdant la durée, on se perd soi-
même. On risque aussi de passer à coté des autres de les réifier, les transformer en choses.
Un ami, c’est quelqu’un avec qui j’ai perdu du temps.
Quelles pistes pour partir à la reconquête de la dure, d’un temps plus qualitatif, plus subjectif, plus humain ?
Alexandre nous propose de chercher ensemble des « techniques de résistance » :
Il propose une première mini technique de résistance : La Procrastination structurée du philosophe
américain John Perry, auteur de La Procrastination. L’art de reporter au lendemain (Autrement, 2012) qui nous
propose de faire une liste de choses à faire classée du plus important au moins important et de commencer par
la fin.
Puis il interroge le groupe sur leurs techniques : est cité « le troisième tiroir » ou le fait d’accepter que
les problèmes vont souvent s’auto-détruire, que 70% des choses vont se résoudre toutes seules, 20% via
quelqu‘un d’autres et 10% par nous ; le fait d’apporter un livre au bureau et de lire 15’ par jour ; faire une mini-
sieste ; faire de la sophrologie, se réancrer en se re-contactant avec son corps même quelques secondes ;
toucher un arbre une fois par jour ; prendre son pouls (surtout lors d’un échange qui crée du stress ou de
l’émotion) ; faire de la méditation ; regarder un cimetière pour prendre du recul ; supprimer tous les RDV’s
lorsque la course n’a plus de sens ; prendre RDV avec soi-même.
Un point de vigilance est alors évoquée à propos des techniques dites de décélération stratégique,
puisque cela peut amener à des outils suspects d’encourager le temps efficace (on s’arrête pour pouvoir aller
encore plus vite ou encore plus efficacement !)
Est alors évoqué l’écoute musicale, qui est l’art qui donne de l’étoffe émotionnel au temps, la poésie ou
l’ivresse décrite par Baudelaire « Enivrez vous, de vin, de poésie, ou de vertu à à votre guise… », les moments où
nous nous laissons aller à des moments d’émotions ou encore lorsque nous prenons soin de nous en se faisant
plaisir et en exprimant nos potentialités.
Hartmut Rosa propose d’explorer la Résonance.