développe partir des productions d’origine allemande telles celles des néoromantiques qui remettent
l’honneur une histoire et des traditions supposées germaniques. Le respect des lois naturelles et la
prédominance du peuple s’incarnent dans la figure du paysan allemand, valorisé dans une multitude
d’écrits très largement diffusés, comme l’a montré George L. Mosse dans son étude des racines
intellectuelles du nazisme. L’historien a souligné le fait que la pensée vlkisch se veut une réponse
l’industrialisation et l’urbanisation accélérée de l’Allemagne au XIXe
siècle qui inquiétent une partie
des élites traditionnelles.
Le mouvement vlkisch ne demeure cependant pas fermer aux influences extérieures.
Progressivement, il intègre les idées issues du darwinisme social, qui veut transposer l’humanité les
découvertes de Charles Darwin concernant le monde animal. Les écrits du Français Gobineau et de
l’anglais Chamberlain rencontrent un réel succès en Allemagne, davantage que dans leur pays
d’origine. Gobineau expose le principe de la diversité et de l’inégalité supposées des races humaines et
annone que le métissage, inévitable selon lui, se traduira par la disparition des races pures et
supérieures. Chamberlain, fervent admirateur de l’Allemagne, s’efforce de faire l’histoire de la race
germanique et de prouver sa supériorité, comme synthèse de la civilisation occidentale.
A la fin du XIXe
siècle, les idées vlkisch sont relayées dans la population par un grand nombre de
groupements et d’associations, actives notamment auprès des jeunes Allemands. Elles accompagnent
la montée en puissance politique et économique de l’Empire allemand. La primauté du peuple
allemand doit être assurée au nom des lois naturelles et raciales qui la fondent. En cela, les idées
vlkisch s’opposent radicalement aux idées socialistes qui défendent l‘égalité des droits naturels de
tous les hommes, héritage du siècle des Lumières et de la Révolution française, et la solidarité
internationaliste (ces idées trouvent leurs limites dans les politiques coloniales conduites par les Etats
européens). Si le mouvement vlkisch envisage une révolution conservatrice pour imposer ses idées, il
regarde vers le passé, tandis que le mouvement socialiste prépare une révolution prolétarienne
résolument tournée vers l’avenir.
L’idéologie vlkisch, le paysan et le Juif
Le paysan, qui devint le type même de l’individu véritablement vlkisch, non seulement incarnait les
vertus de simple justice et de bonté, mais était également fasciné par la force. Ce fut une importante
évolution, qui surgit peut-être des frustrations de ceux qui souhaitaient faire du Volk une réalité mais
dont les espoirs furent essentiellement contrariés par l’accélération de l’industrialisation. [...]
L’ennemi était présenté dans le même contexte que l’était le héros vlkisch. Au début du mouvement,
Riehl [professeur l’université de Munich, auteur de La terre et les gens, 1863] avait désigné le
prolétariat déraciné comme l’adversaire. Après lui, ce fut le Juif qui devint l’ennemi par excellence. La
littérature populaire, principalement des romans (qui se vendaient par millions), décrivait le Juif
étranger sous des formes stéréotypées d’un goût de plus en plus détestable. Les romans paysans en
plein essor décrivaient le Juif comme un être venu de la ville la campagne en vue de dépouiller le
paysan de ses richesses et de ses terres. C’était une évolution des plus insidieuses car, en spoliant le
paysan de ses biens fonciers, le Juif le coupait de la nature, du Volk et de la force vitale, le conduisant
inéluctablement la mort. [...]
George L. Mosse, Les racines intellectuelles du Troisième Reich. La crise de l’idéologie allemande,
Calmann-Lévy/Mémorial de la Shoah, 2006, page 61, pages 74-76
Le nazisme est une Weltanschauung (« vision du monde ») basée sur la théorie dite du
« darwinisme social ». celle-ci postule qu’une « loi naturelle » organise les races humaines selon
le même ordre hiérarchique que les espèces animales : les races supérieures – les prédateurs –
luttent pour la suprématie ; les autres – les proies – pour survivre. En bas de la hiérarchie
« naturelle » des races végètent les « nègres », espèce intermédiaire entre le singe et l’homme. Au
sommet, dit Mein Kampf, trônent les aryens : « L’Aryen est le Prométhée de l’humanité ;
l’étincelle divine du génie a de tout temps jailli de son front lumineux ; il a toujours allumé à
nouveau ce feu qui, sous la forme de la connaissance, éclairait la nuit recouvrant les mystères
obstinément muets et montrait ainsi à l’homme le chemin qu’il devait gravir pour devenir le
maître des autres êtres vivants sur terre ; en quelques siècles la civilisation humaine
s’évanouirait et tout le monde deviendrait un désert. » Le sang détermine la race, poursuit Mein