Chapitre 2 : La Révolution
Intro historique au droit – Partie 1 – Chapitre 2 Page 5
A gauche, chez les patriotes, il n’y a pas plus d’unité. La Fayette est partisan d’un exécutif fort
alors que Barnave veut au contraire contrôler l’exécutif. Encore plus à gauche, il y a les démocrates
intransigeants dont Robespierre. Cette extrême gauche s’appuie sur le peuple de Paris, ou plutôt sur
ceux qui prétendent parler en son nom : les journalistes comme Desmoulins, Brissot (Le patriote
français, futur chef des Girondins) ou Marat (L’ami du peuple), les membres des clubs comme celui
des Jacobins fondé par Barnave, ceux des sociétés populaires comme le club des Cordeliers avec
Danton qui prépareront le personnel politique de la future Terreur. Il jouera un rôle essentiel dans la
suite de la Révolution.
Finalement, la Constitution est terminée début août 1791, votée le 3 septembre, acceptée
par le roi le 13 du même mois. Il n’y a pas de ratification populaire, car la gauche craint que le peuple
par son vote ne remette en cause la Révolution. Le consentement du peuple est donc présumé.
II] La Constitution du 3 septembre 1791
La constitution de 1791 confisque la souveraineté royale mais ne la donne pas pour autant au
peuple. En conséquence, le pouvoir politique va être réservé à des élites éclairées, choisies par des
citoyens compétents. C’est une première expression du suffrage censitaire qui est mise en place.
Les citoyens sont divisés en deux groupes :
Les citoyens actifs, âgés de 25 ans au moins, domiciliés depuis un an dans le même canton
et payant un impôt égal à la valeur de trois journées de travail. Ils disposent du droit de vote.
Les citoyens passifs, sont ceux qui ne remplissent pas les conditions exigées et qui par
conséquent n’auront pas le droit de vote.
Ainsi que l’écrit Sieyès : « La plupart de nos concitoyens n’ont ni l’instruction, ni les loisirs
nécessaires pour vouloir décider eux-mêmes des affaires publiques. Leur avis est donc de nommer des
représentants, beaucoup plus capables qu’eux-mêmes de décider ».
Les élections se font à deux degrés et le suffrage est indirect. Les citoyens actifs se réunissent
au chef-lieu de canton pour désigner les électeurs du deuxième degré, des grands électeurs qui
paient un impôt plus élevé. A leur tour, ces grands électeurs se rassemblent au chef-lieu de district
pour élire les députés, les membres de l’assemblée législative, mais aussi les agents administratifs du
département, l’évêque, les curés, les juges.
II-] Le pouvoir législatif
Le pouvoir législatif est remis à une assemblée unique et nombreuse, 745 membres élus pour
deux ans seulement. Cette Assemblée est permanente, comme la Nation elle-même. Elle se réunit à
son gré, ne peut être ni prorogée, ni dissoute. Elle décide souverainement de son règlement, de ses
fonctions, de son ordre du jour. Ses membres seuls ont l'initiative des lois. Ils bénéficient de
l'inviolabilité parlementaire.
L'Assemblée Nationale (ou Législative du 1er octobre 1791 au 20 septembre 1792) est placée
en situation prépondérante, ce qui est à l'origine de l'un des principes incontestés jusqu'en 1958 de
la démocratie républicaine, la prépondérance du législatif. Le pouvoir législatif est donc considéré
comme dominant pour deux raisons.
D’abord parce que les députés ont seuls reçu une délégation explicite de la nation,
Et ensuite parce que l’on se méfie du roi et que l’on va borner son autorité.