En effet, la question sociétale centrale est, compte tenu des progrès des
sciences et de leurs applications :
Quelle société voulons-nous pour demain ?
Dans cet essai, afin de tenter de répondre, très partiellement, à cette question,
sont abordés quelques grands problèmes liés aux sciences biologiques et aux
biotechnologies interpellant notre Société au XXIe siècle.
Les relations entre les sciences de la vie et les biotechnologies, d’une part, et la
société, d’autre part, sont de plus en plus difficiles. La principale raison en est
l’influence des découvertes scientifiques - avec leur corollaire technique – sur
notre environnement, de façon positive et aussi, hélas, négative. De nombreux
exemples interpellent le citoyen, et notamment en ce qui concerne l’équilibre, très
difficile, à rechercher entre Principe de Progrès et Principe de Précaution [1], [2],
[3]. Ainsi la Conférence d’ouverture du Forum 2012, « Science, Recherche et
Société – Cultivons le Futur » organisé par le journal Le Monde et la revue La
Recherche était intitulé « La science est-elle soluble dans la démocratie ? » [4].
Du côté de l’opinion publique, les effets des avancées des sciences et des
techniques sur le bien être sont, en effet, de plus en plus controversés. Ceci est dû,
en partie, au fossé qui existe entre le monde scientifique et la société alors que
l’accélération du progrès modifie profondément notre mode de vie et va aussi,
peut être, permettre de modifier l’homme lui-même. Ainsi, Alain Abellard et
Hervé Morin, dans l’avant propos d’un numéro hors-série de février-avril 2013 du
journal Le Monde intitulé « FUTUR, LES AVANCEES TECHNOLOGIQUES
2025, 2050, 2100 », estiment que « Les travaux sur les cellules souches, la
biologie synthétique ou le domaine des neurosciences ouvrent d’immenses
perspectives, mais se heurtent soit à des difficultés éthiques, soit à des
développements techniques lourds. Lutter contre le réchauffement climatique,
nourrir la planète sans la détruire, faire face au risque pandémique, tels resteront
les défis principaux, mobilisant plusieurs disciplines et pour longtemps » [5].
Ainsi, également, Pierre Papon, ancien directeur Général du CNRS, dans un
exercice de prospective sur les sciences et techniques, prédit des changements de
paradigmes qui entraîneront des ruptures dans le demi-siècle qui vient, notamment
dans le domaine de la biologie [6].
Ces ruptures vont interpeller la société et poser des problèmes éthiques
considérables. Conscient de cette situation, l’immunologiste Jean Claude
Ameisen, Président du Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) nous