PAR QUELS MÉCANISMES LES CRISES FINANCIÈRES AFFECTENT-ELLES
L'ÉCONOMIE RÉELLE ?
Analyse du sujet
Le sujet s'inscrit dans les débats suscités par la crise économique de 2008 qui a touché le monde entier. Cette crise des
subprimes était au départ une crise bancaire (née aux États-Unis), puis elle est devenue une crise boursière (effondrement des
cours), avant d'affecter l'économie réelle (baisse du PIB, montée du chômage...). Le parallèle est évident avec la crise de 1929,
qui a démarré par un krach boursier (le Jeudi noir), puis a atteint les banques (le secteur bancaire a connu des faillites en
chaîne) et enfin le secteur réel. On comprend donc l'enjeu d'un tel questionnement : comment une crise financière, c'est-à-dire
qui touche le secteur financier (les banques, la bourse, le marché des changes...), peut-elle se répercuter sur la production de
biens et services, c'est-à-dire l'économie réelle. Les mécanismes sont ensuite assez classiques : il s'agit de reprendre les
analyses de Minsky sur le cycle du crédit ainsi que les effets d'un krach boursier.
Analyse des documents
Document 1 : Ce document statistique permet de mesurer l'impact de la crise des subprimes (crise au départ financière) sur la
production de richesses et l'emploi en France (l'économie réelle). Les chiffres concernant la dette publique sont moins
intéressant au regard du sujet, et mettent en évidence l'ampleur des politiques de sauvetage du secteur financier ainsi que des
plans de relance, qui ont creusé massivement le déficit budgétaire et donc accru la dette de manière très forte en l'espace de
quelques années.
•On constate l'effet très rapide de la crise qui a éclaté à l'été 2007 aux États-Unis. Dès 2008 en France, le PIB est en
léger recul (-0,2 % sur l'année) et l'année 2009 est une année de sévère récession (le PIB a diminué de 2,6 % sur
l'année). On note à partir de 2010 le début de la reprise (le PIB augmente de 1,4 % en 2010 puis de 1,7 % en 2011).
•L'impact de cette période de récession sur le chômage est sensible. Alors que jusqu'en 2008, le taux de chômage
(c'est-à-dire la proportion de chômeurs dans la population active) connaissait une tendance nette à la baisse (passant
de 9,1 % en 2000 à 7,8 % en 2008 – une baisse de 14 %), ce chiffre explose dès 2009 (9,5 %, soit une augmentation
de 22 % en un an) et ne se réduit pas malgré la reprise de 2010.
Document 2 : Ce document est une synthèse du déroulement de la crise des subprimes, depuis l'excès de crédit immobilier
auprès des ménages américains jusqu'au credit crunch qui a paralysé le système bancaire. C'est un document très riche qui
permettait de revenir sur de nombreux mécanismes évoqués en cours.
•La période d'euphorie préalable à la crise : effet de richesse positif du fait de la hausse des prix de l'immobilier (bulle
spéculative alimentée par les taux d'intérêts très bas pratiqués par la Banque centrale américaine) → les ménages
s'endettent, les banques prêtent en étant de moins en moins vigilantes sur les risques pris.
•Le retournement s'explique par un changement de la politique monétaire (hausse des taux d'intérêts pour lutter contre
l'inflation) → de plus en plus de ménages ne peuvent plus supporter la charge de leur emprunt et font défaut → prise
de conscience des risques pris et rejet des produits financiers douteux → crise bancaire
•La crise bancaire ouvre sur une période de « méfiance généralisée » : suite aux faillites de très grandes banques (la
banque Lehman Brothers notamment) les banques n'osent plus se prêter les liquidités pourtant nécessaires à leur
activité de peur de la faillite → paralysie du secteur bancaire → les banques ne peuvent plus accorder de prêts = credit
crunch.
•Comme les créances douteuses (les fameux crédits subprimes) ont été « titrisés », c'est-à-dire transformés en produits
financiers qui ont été revendus à des entreprises, des particuliers ou des fonds de pension, la crise se généralise : tous
les agents économiques qui avaient acheté ces titres voient leurs actifs disparaître (plus personne ne veut acheter ces
titres...) → perte de valeur des actifs des banques et des entreprises + baisse de la valeur du patrimoine des ménages.
•Certaines entreprises sont également en difficulté, et font même faillite, d'autres sont fragilisées → les entreprises
cherchent à se désendetter et arrêtent d'investir → la demande diminue. De l'autre côté, les ménages connaissent un
« effet de richesse négatif » → ils cherchent à reconstituer la valeur de leur patrimoine, donc épargnent + montée de
l'épargne de précaution → baisse de la consommation, donc de la demande.
•Baisse de la demande → baisse du besoin en main-d’œuvre et montée du chômage, qui vient encore accroître le
tassement de la demande (baisse des revenus pour les personnes ayant perdu leur emploi). On entre dans une phase de
récession.