Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale

publicité
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Thème 1 socio : Inégalités, classes sociales et mobilité sociale
Introduction générale au thème
Faire l’exercice en classe : distribuer à chaque élève une feuille de brouillon à froisser pour en faire une
boule. « Le but de l'exercice est très simple — vous représentez tous des citoyens du pays. Et chacun de
ces citoyens a une seule chance de devenir riche, et de monter à la classe sociale supérieure. Pour monter
à la classe sociale du dessus, tout ce que vous avez à faire, c'est de jeter votre boule de papier dans la
corbeille tout en restant assis à votre place. » La corbeille étant placée sous le tableau.
=>Plus vous étiez proches de cette corbeille, plus vous aviez de chances d'y parvenir. Voilà ce que c'est que
le privilège social. Vous avez remarqué que les seules personnes qui se sont plaintes de cette injustice se
trouvaient dans le fond de la classe ?
Question : que fait-on pour rétablir une situation considérée comme plus juste ?
Système fiscal progressif, éducation gratuite (jusqu’à un certain point…). Sans l’intervention de l’Etat pour
rétablir une forme d’égalité (réelle ou des chances) : société figée, sans mobilité sociale avec des inégalités
qui se transmettent de génération en génération.
Source : http://www.demotivateur.fr/article-buzz/un-professeur-donne-une-tr-s-belle-le-on-ses-l-ves-surle-privil-ge-avec-une-simple-poubelle-et-quelques-bouts-de-papier--1306
Dans ce nouveau thème, il s’agira dans un premier temps de dresser l’état des lieux des inégalités actuelles
dans notre pays, aussi bien les inégalités économiques que les inégalités sociales. On montrera également
que certaines de ces inégalités ont tendance à se cumuler et à affecter en priorité certains groupes. L’étude
de ces inégalités nous permettra de comprendre et d’appréhender la structure sociale : peut-on toujours
penser la société en termes de classes sociales ? (Chapitre 1)
Ensuite nous verrons que la structure sociale n’est pas figée une fois pour toute, la mobilité sociale existe.
Parce que la structure sociale n’est pas stable, ni statique, mais parce qu’elle évolue dans le temps, se pose
alors la question de l’observer avec des outils fiables, puis de rendre compte de son évolution et de sa
dynamique. (Chapitre 2)
Enfin, nous nous demanderons comment l’Etat peut intervenir pour réduire les inégalités et promouvoir la
justice sociale. (Chapitre 3)
Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Ce que dit le programme, compte tenu des allègements et modifications du 1er septembre 2013 :

On mettra en évidence le caractère multiforme des inégalités économiques et sociales ainsi que
leur aspect parfois cumulatif. On procédera à des comparaisons en utilisant les principaux
indicateurs et outils statistiques appropriés.
 On présentera les théories des classes et de la stratification sociale dans la tradition sociologique
(Marx, Weber) ainsi que leurs prolongements contemporains et on s’interrogera sur leur
pertinence pour rendre compte de la dynamique de la structuration sociale.
 On mettra en évidence la multiplicité des critères de différenciation sociale dans les sociétés postindustrielles (statut professionnel, âge, sexe, style de vie).
Notions : Inégalités économiques, inégalités sociales, classes sociales, groupes de statut, catégories socioprofessionnelles. Acquis de première : salaire, revenu, profit, revenus de transfert, groupe social.
Savoir-faire : moyenne arithmétique simple et pondérée, moyenne, médiane et écart type, écarts et
rapports inter quantiles et courbe de Lorenz.
Je sais
Acquis
En cours
d’acquisition
Non
acquis
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Définir inégalités et distinguer inégalités économiques et inégalités
sociales et donner des exemples de chaque type d’inégalités.
Montrer le caractère multiforme des inégalités (elles sont multiples).
Définir et distinguer les différents types de revenu : revenus
primaires (salaire, revenus du patrimoine, revenus mixtes), revenus
de transfert et revenu disponible.
Expliquer que les inégalités économiques se cumulent entre elles.
Présenter l’évolution des inégalités économiques en France depuis le
début du XXè s et insister sur la hausse récente des inégalités
salariales en France (portée par la hausse des très hauts salaires).
Constater l’existence d’inégalités de revenus selon le sexe et la PCS
Montrer, à l’aide d’un exemple, que les inégalités économiques
peuvent entraîner des inégalités sociales et inversement : elles sont
cumulatives.
Utiliser les indicateurs appropriés pour mesurer les inégalités : savoir
lire des quantiles (en particulier les déciles et les centiles). Savoir
calculer un rapport interdécile.
Utiliser les indicateurs appropriés pour mesurer les inégalités et leur
évolution : savoir lire et interpréter une courbe de Lorenz
Définir stratification sociale et relier cette notion à la question des
inégalités.
Présenter la théorie des classes sociales chez Marx (bourgeoisie vs
prolétariat, analyse unidimensionnelle et réaliste, classe en soi et
classe pour soi, lutte des classes, exploitation) et la distinguer de
celle de Weber (analyse pluridimensionnelle, groupe de statut,
approche nominaliste, domination).
Présenter l’outil des PCS en lien avec la question des classes sociales.
Présenter la théorie de la moyennisation d’Henri Mendras
Exposer les éléments laissant penser à un déclin de la classe
ouvrière : déclin numérique de la classe ouvrière + déclin de la
conscience de classe.
Expliquer qu’il existe d’autres critères de différenciation que la
classe sociale dans nos sociétés post-industrielles (statut
professionnel, âge, sexe, style de vie).
Relativiser la disparition des classes sociales à l’aide de la théorie des
classes sociales de Bourdieu
Montrer que la hausse récente des inégalités nuance l’idée d’une
disparition des classes sociales.
Expliquer qu’il existe toujours une classe pour soi au sens de Marx :
la classe bourgeoise (Pinçon-Charlot)
Sujets du bac déjà tombés : à actualiser.
EC1 : Montrez que les inégalités économiques et sociales peuvent se cumuler.
EC1 : Montrez à partir d'un exemple comment les inégalités économiques peuvent être à l'origine d'inégalités sociales.
EC1 : Montrez le caractère multiforme des inégalités.
EC1 : Quelles sont les caractéristiques des groupes de statut selon Max Weber ?
EC1 : Pourquoi peut-on dire qu'il existe des inégalités sociales entre générations ?
EC1 : Illustrez par un exemple le caractère cumulatif des inégalités économiques et sociales.
EC1 : En vous appuyant sur un exemple de votre choix, vous montrerez le caractère cumulatif des inégalités
économiques et sociales.
EC1 : Distinguez classes sociales et groupes de statut dans l'approche weberienne.
EC1 : Montrez que les inégalités sont multiformes.
EC2 : Vous présenterez le document puis vous caractériserez les inégalités de patrimoine qu'il met en évidence.
EC2 : Vous présenterez le document puis vous caractériserez les inégalités qu'il met en évidence.
EC2 : Vous présenterez le document puis vous mettrez en évidence l'évolution du patrimoine brut des ménages en
France entre 1998 et 2010.
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
EC2 : Vous présenterez le document puis vous caractériserez l'évolution des inégalités face au chômage qu'il met en
évidence.
EC2 : Vous présenterez le document puis vous comparerez la situation économique des 18-29 ans aux autres tranches
d'âge.
EC2 :Vous présenterez le document puis vous caractériserez l'évolution de l'équipement en multimédia des ménages
par catégorie socioprofessionnelle.
EC2 : Vous présenterez le document puis vous montrerez comment évoluent les aides reçues en fonction du niveau de
vie. (Graphique présentant la part des personnes ayant reçu une aide de leurs proches par quintile)
EC2 : Vous présenterez le document puis vous mettrez en évidence les caractéristiques de la composition sociale des
couples. (Table d'homogamie)
EC3 : Vous montrerez que les inégalités peuvent avoir un caractère cumulatif.
EC3 :Vous montrerez que les inégalités économiques et sociales sont cumulatives.
EC3 : Vous montrerez que les inégalités économiques et les inégalités sociales peuvent être cumulatives.
EC3 :À l'aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que les inégalités ont un caractère
multiforme.
EC3 : Vous montrerez que les inégalités ne sont pas seulement économiques.
EC3 : Vous montrerez qu'il existe une multiplicité de critères pour rendre compte de la structure sociale
EC3:Vous montrerez que l'analyse de la structure sociale en termes de classes sociales peut être remise en cause.
Dissertation : Pourquoi les frontières entre les classes sociales ont-elles tendance à se brouiller ?
Dissertation : Comment rendre compte aujourd'hui de la structure sociale en France ?
Dissertation : Dans quelle mesure les classes sociales existent-elles aujourd'hui en France ?
Dissertation : Les classes sociales permettent-elles de rendre compte de la structure sociale actuelle en France ?
Dissertation : L'analyse en termes de classes sociales est-elle pertinente pour rendre compte de la structure sociale ?
Durée: 3 semaines
Introduction : Sur une autre planète ?
Document 1. Liliane, héritière, 34 millions d'euros par mois
A la mort de son père, en 1957, Liliane Bettencourt devient la propriétaire de L’Oréal. Sans intervenir
directement dans la gestion de la société, elle saura faire fructifier cet héritage, jusqu’à devenir la femme la
plus riche de France.
En additionnant la valeur de ses parts dans L’Oréal (14,4 milliards d’euros) et dans Nestlé (4,1 milliards), on
peut estimer la fortune de Liliane Bettencourt, au minimum, à 18,5 milliards d’euros. « Au minimum », car il
faut encore y ajouter ses placements mystérieux et son patrimoine immobilier difficiles à évaluer.
Ce patrimoine est impressionnant, mais les revenus de Liliane Bettencourt le sont tout autant. En
additionnant cette fois-ci les dividendes de L’Oréal, ceux de Nestlé et la rémunération d’administratrice du
groupe de cosmétiques, on parvient à un total de 408,870 millions d’euros.
En moyenne, Liliane Bettencourt gagne donc 34,072 millions d’euros, soit 25 355 fois le Smic ! Et encore : il
s’agit là aussi d’un minimum, puisqu’il faut y ajouter les revenus tirés des autres placements de la propriétaire
de L’Oréal.
Source : Rue89.fr, François Krug | Journaliste, 05.07.2010
Document 2. Palmarès 2014 des salaires des PDG français
Dirigeant
Entreprise
Viehbacher Christopher
Sanofi
Rémunération
Totale
8 648 326 €
Agon Jean-Paul
Arnault Bernard
Castries (de) Henri
Margerie (de) Christophe
L'Oréal
LVMH
Axa
Total
8 517 300 €
8 070 873 €
5 323 146 €
5 273 592 €
Dont fixe et variable
et extra
2 964 976 €
Dont Stock Options
et actions
5 683 350 €
Evolution sur
1 an
15,6%
4 022 500 €
3 575 539 €
3 538 114 €
3 543 672 €
4 494 800 €
4 495 334 €
1 785 032 €
1 729 920 €
8,9%
-16,1%
12,5%
7,3%
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Kessler Denis
Breton Thierry
Tricoire Jean-Pascal
Scor
Atos
Schneider
Electric
5 134 250 €
4 941 034 €
4 716 500 €
2 562 500 €
2 690 261 €
2 377 100 €
2 571 750 €
2 250 773 €
2 339 400 €
Hennequin Denis (parti le
23/04/13)
Accor
4 690 803 €
4 268 803 €
422 000 €
10,4%
74,5%
14,7%
Potier Benoît
Air Liquide
4 559 800 €
2 602 800 €
1 957 000 €
3,6%
Champ : entreprises du SBF 120. Sont pris en compte dans la rémunération : le salaire fixe, le salaire variable, les
extras (jetons de présence, avantages en nature, voire certaines rémunérations complémentaires comme des primes
exceptionnelles), les stock-options et actions gratuites attribuées au titre de l'année 2013.
Source : Capital.fr, Palmarès 2014 des salaires des patrons
http://www.capital.fr/carriere-management/special-salaires/2014/le-palmares-2014-des-salaires-des-patrons-922673
Et encore … sont très loin des athlètes les mieux payés :
Document 3. Classement des cinq athlètes les mieux payés
Note de lecture : LeBron James a gagné 73.3 millions de $ au cours de l’année.
http://www.forbes.com/athletes/list/#tab:overall
Voir aussi : http://www.capital.fr/bourse/actualites/le-classement-des-10-francais-qui-touchent-les-plus-grosdividendes-951102
1- Sachant que le SMIC mensuel brut est de 1457€ en 2015, calculez l’équivalent de la rémunération
du PDG de Sanofi en nombre d’années de SMIC. 503 ans.
2- Comment de temps devrait travailler Floyd Mayweather pour parvenir à la fortune de Liliane
Bettancourt estimée à 40 milliards de dollars par le magazine Forbes ? 380 ans sans rien
consommer. (40 000/105 = nombre d’années)
3- Parmi les rémunérations citées, quelles sont celles qui vous paraissent les plus justes ?
4- Si vous aviez à classer : Tony Parker, Bernard Arnault (PGD de LVMH), Paul (Vendeur dans un magasin
de motos) et Assia (Directrice des Ressources Humaine dans un hôpital) sur une « échelle sociale », quels
critères utiliseriez-vous ? Salaire, Etudes, Position sociale, Prestige ; Pouvoir…
Il existe une hiérarchie entre les individus qui composent cette société en fonction de différents critères
objectifs : le salaire, le niveau d’études... Certains sont mieux dotés que d’autres : idée de hiérarchie. Il
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
ne s’agit pas de dire que certains individus sont « meilleurs » que d’autres mais qu’ils sont dominants
dans la hiérarchie sociale. Les critères qui fondent la hiérarchie sociale peuvent varier dans le temps mais
aussi dans les pays. Par exemple, la société indienne avec les castes.
PROBLEMATIQUE : Ces réflexions nous amènent à nous interroger sur la stratification sociale : les
sociologues cherchent à déterminer les règles qui peuvent rendre compte de l’anatomie de la société, de sa
structuration : comment les membres de la société sont regroupés et distingués entre groupes et quelles
sont les relations entre groupes ?
On s’intéresse à la structure de la société et aux groupes qui la composent
Idée d’une hiérarchie, et donc d’inégalité voire de relations de pouvoir entre les groupes.
Qu’est-ce qui produit cette différenciation / segmentation / hiérarchie ? Quelles sont les
caractéristiques qui permettent de regrouper des individus dans un groupe social ?
Il faut commencer par dresser l’état des lieux des inégalités actuelles dans nos sociétés, aussi bien
économiques que sociales. L’étude de ces inégalités nous permettra de comprendre et d’appréhender la
structure sociale.
I. Comment analyser et expliquer les inégalités ?
A. Comment définir les inégalités ?
1. Qu’est-ce qu’une inégalité ?
Exercice : Différence ou inégalité ?
 En 2009, selon l'Insee, la taille moyenne des hommes était de 1,75 mètre, contre 1,63 mètre pour
les femmes. => Différence : distinction naturelle, biologique.
 En 2011, selon l'Insee, à 35 ans, un homme cadre supérieur a une espérance de vie de 47,2 ans, un
ouvrier de 40,9 ans. => Inégalité : influence des conditions de travail, de vie et des habitudes de soin
sur l'espérance de vie.
 En 2008, selon l'IRDES, l'espérance de vie des filles à la naissance, en France, était supérieure de
6,7 ans à celle des garçons. => Différence : différence biologique mais qui peut aussi être liée aux
conditions de vie : pendant longtemps les femmes fumaient et buvaient moins. Dans ce cas, il
s’agirait aussi d’une inégalité. Peu d’explication sur ce phénomène.
Question : trouvez des exemples de différences qui peuvent se transformer en inégalités.
Les différences peuvent être anodines et sans conséquences, mais elles peuvent parfois se traduire en
inégalités. Prenons une différence très banale le sexe. En quoi cette différence peut-elle se muer en
inégalité ? Les femmes ont un taux d'activité moindre, un taux de chômage plus élevé, elles subissent plus
de temps partiels imposés, elles ont des salaires inférieurs, et ont moins de temps de loisir quotidien (ce qui
revient à dire qu'elles s'occupent plus de la maison). Une seule consolation : elles vivent en moyenne plus
longtemps que les hommes.

La notion d’inégalité se distingue de la notion de différence : toute différence n’est pas
nécessairement une inégalité : une différence devient une inégalité à partir du moment se traduit en
un avantage ou un désavantage dans l’accès à des ressources socialement valorisées (revenu,
prestige, pouvoir, espérance de vie). Inégalités : accès différencié à des ressources socialement
valorisées. Une inégalité n’est donc pas simplement une différence. Il faut que cette différence ait
des conséquences sur l’accès à certaines ressources.
Exemple : Thomas est blond et Lucien est brun. Ils sont différents, mais pas inégaux car la société française
ne valorise pas plus les blonds que les bruns ni l’inverse. Imaginons une société ou les blonds seraient mieux
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
payés que les bruns : la différence a des conséquences, elle avantage Thomas par rapport à Lucien, il y a une
inégalité. Autre exemple : habiter à tel ou tel endroit relève d'une différence / pour que cela devienne une
inégalité, ressources doivent différer : accès avantagé ou plus difficile à l’emploi par exemple.
Les inégalités ont un caractère
2. Les inégalités sont multiformes
Si on reprend la définition des inégalités, pour qu’il y ait inégalité, il faut qu’il y ait des ressources socialement
valorisées et des avantages ou des désavantages dans l’accès à ces ressources valorisées. Donnez plusieurs
illustrations des « ressources valorisées » dans les domaines économique, politique et symbolique et culturel.
Justifiez vos propositions.
Dans le domaine économique : les postes à responsabilité et bien rémunérés, l’épargne disponible,
les hauts revenus.
Dans le domaine politique : les postes à pouvoir, les positions politiques valorisées, la
reconnaissance liée à l’élection, à la nomination, à la cooptation (faire partie d’un groupe politique,
appartenir à un club de réflexion…).
Dans le domaine culturel : les places d’artistes qui donnent une sécurité de l’emploi et une bonne
rémunération, les hauts diplômes et les concours (concours de l’ENA, médecine…). Dans ces
derniers cas, on voit clairement que le nombre des postes est limité.
Dans le domaine symbolique : les reconnaissances diverses comme la Légion d’honneur, les palmes
académiques, avoir une rue qui porte son nom de famille, être inscrit dans le bottin mondain, être
invité dans les réunions avec les autres officiels
Document 4. Les migrants face aux inégalités
Extrait vidéo : https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=3uNO9rTAevo
1. Quelle est l’inégalité principale mise en évidence par ce reportage ?
Inégalités d’accès aux soins = inégalité sociale. Entre des personnes qui d’un côté sont dans une situation
administrative régulière et de l’autre sont sans papier, et se trouvent donc illégalement sur le territoire
européen.
2. A quels autres types d’inégalités ce reportage fait-il également référence ?
Inégalité entre les hommes et les femmes (on parle principalement de l’accès aux soins des femmes,
notamment pour les soins obstétriques)
Inégalité économique qui semble être la matrice d’un grand nombre d’inégalités selon la députée
grecque
Inégalité en fonction de l’âge : entre d’une part les enfants et d’autre part les adultes
3.
Quelle est la caractéristique des populations migrantes par rapport à l’ensemble des inégalités
évoquées ?
Les populations migrantes ont pour caractéristiques de cumuler l’ensemble de ces inégalités :
économiquement, ils sont plus pauvres
politiquement, leurs droits sont réduits
socialement ils n’accèdent pas aux mêmes soins que les populations autochtones.

Les inégalités sont multiformes : elles peuvent être économiques, sociales, politiques, symboliques
(ce que ce reportage ne nous a pas permis d’appréhender) et ont un caractère parfois cumulatif.
Définir ces phénomènes, les mesurer, en évaluer la réalité dans les sociétés développées et
notamment en France… tel sera l’un des objectifs de ce chapitre.
Inégalités économiques : accès différencié aux ressources économiques (revenus ou patrimoine) à l’intérieur
d’une société.
Inégalités sociales: accès différencié aux ressources non économiques (pouvoir, savoir, culture légitime,
logement, santé, etc.) Regroupe donc le domaine de la santé, le domaine culturel, symbolique et politique.
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Lorsque le même profil d’individus, grâce à ses caractéristiques sociales ou physiques ou à cause d’elles,
est systématiquement avantagé ou désavantagé, c’est donc un groupe dans son ensemble qui est concerné
par ce traitement inégal. Nous verrons que dès lors que ces inégalités se systématisent à l’échelle de
groupes sociaux, de catégories sociales (les femmes, les immigrants, les classes sociales, les homosexuels,
etc), leur appréhension nécessite d’être capable d’analyser la structure sociale, c’est-à-dire de décoder
l’organisation de la société en groupes sociaux. La sociologie traditionnelle nous sera ici d’une grande aide et
nous fournira des clés de lecture intéressantes, même si on pourra en discuter la pertinence contemporaine :
a-t-on assisté au cours du 20ème siècle à une disparition des classes sociales ou on contraire, ces dernières
années, ne montrent-elles pas une évolution des inégalités propice au retour des classes sociales ?
B. Comment mesurer les inégalités économiques et comment celles-ci ont évolué?
1. Rappel : les différents types de revenus

On peut définir le revenu comme un flux de ressources perçu par un agent économique. Il existe
différents types de revenus.
 Les ménages perçoivent des revenus primaires en échange de leur participation à l’activité
économique. On distingue trois types de revenus primaires :
-les revenus du travail soit les salaires + les cotisations sociales. Ils rémunèrent le travail. Salaire =
rémunération obtenue par une personne liée à un employeur par un contrat de travail. Le salaire n’est une
forme de revenu. Les deux ne sont pas synonymes.
-les revenus du patrimoine (loyers, dividendes, intérêt) qui rémunèrent le capital.
-un troisième type de revenus pour les indépendants qui sont salariés de leur propre entreprise : on ne
parvient pas à dissocier dans leur revenu ce qui est lié à leur capital de ce qui provient de leur travail : les
revenus mixtes.
 Après la répartition primaire intervient la répartition secondaire encore appelée redistribution. La
redistribution est organisée par les APU (administrations publiques) : d’un côté l’Etat et de l’autre la
sécurité sociale et se fait grâce aux PO. La redistribution conduit au versement des revenus de
transfert. (Les revenus de transfert sont donc les revenus issus de la redistribution et distribués par
l’Etat et la sécurité sociale.) Exemple : pensions de retraite, allocations familiales, allocations
chômage, RSA.
 Pour connaître le revenu disponible des ménages : revenus primaires + revenus de transfert – PO.
C’est le revenu qui reste à disposition des ménages pour consommer et épargner.
Document 5. Exercice
Revenu primaire
Revenu de
transfert
Revenu
du Revenu
du Revenu mixte
travail (salaire) capital (profit)
Mario, peintre en bâtiment perçoit un salaire X
net de 1210€ par mois.
Diane étudiante en droit bénéficie d’une
X
bourse étudiante de 200€ par mois.
En 2013, les actionnaires de l’entreprise Total
X
ont touché un dividende de 2,38€ par action
Christian, employé chez Renault paie chaque X
mois 150€ de cotisations sociales pour sa
retraite.
Alain, retraité de l’Education Nationale
X
perçoit une pension de retraite de 1500€ par
mois.
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Youssef perçoit 26€d’honoraire par patient
reçu dans son cabinet médical.
Gabriel et Houssine reçoivent 600€ par mois
de loyer pour l’appartement qu’ils ont mis en
location dans le 13e arrondissement de Paris.
Hortense, actuellement en congé maladie
reçoit 70€ par jour d’indemnité de la caisse
nationale d’assurance maladie.
X
X
X
Pour étudier les inégalités économiques, il faut recourir à de nouveaux outils statistiques : les quantiles, leur
représentation graphique par la courbe de Lorenz et l’indice de Gini.
Les quantiles sont un outil statistique permettant d’étudier une répartition. Cela permet de mesurer les
inégalités de richesse (salaires, revenus, patrimoines). Pour cela, les statisticiens rangent les individus
(l’effectif total) par ordre croissant du plus riche au moins riche puis divisent une population statistique en
classes de taille égale.
-La médiane divise une population en deux parts égales. Par exemple, un revenu médian de 1672€ bruts/
mois en France signifie que 50% de la population française gagne plus et 50% gagne moins.
-Les déciles = on partage la population en 10 groupes de taille égale classés par ordre croissant, chaque
groupe représente donc 10% de la population. Le décile est le seuil qui sépare un dixième du dixième
suivant. Il y a 9 déciles notés de 1 à 9 : D1 à D9 : D1 = les 10% les moins riches, D2, les 20% les moins
riches…D9 : les 10% les plus riches. D1 est donc le seuil de niveau de vie ou de patrimoine qui sépare les 10%
les moins riches des 90% les plus riches.
On peut calculer un rapport interdécile D9/D1.
Pour étudier les inégalités économiques, on utilise le plus souvent les déciles, mais on peut aussi utiliser :
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
-les centiles : on divise alors la population en 100 groupes et chaque groupe représente 1% de la population.
Il y alors 99 centiles. On utilise les centiles pour étudier la répartition des revenus chez les plus hauts revenus :
que se passe-t-il chez les 10% les plus riches ? Il y a une très grande dispersion des revenus dans ce décile des
plus riches.
-les quintiles : on divise la population en 5 groupes et chaque groupe représente 20% de la population. Il y
alors 4 quintiles.
-Les quartiles : on divise la population en 4 groupes et chaque groupe représente 25% de la population. Il y
alors 3 quartiles.
Document 6. Distribution des salaires mensuels nets (équivalent temps plein) en 2011.
1- Faîtes une phrase donnant la signification précise des deux données soulignées. En 2011, les 10 %
de salariés les moins bien payés perçoivent un salaire net mensuel en EQTP inférieur à 1 170 euros
(1er décile ou D1) les 10 % de salariés les mieux payés disposent de plus de 3 400 euros (9e décile ou
D9)
2- Que signifie le salaire médian (1712€) ? 50% des salariés gagnent moins de 1712€ par mois.
3- Calculez le rapport inter décile et faîtes une phrase présentant la signification précise du
résultat. D9/D1 = 3400/1170 = 2,9. Le salaire minimum des 10% des salariés les mieux payés était
2,9 fois supérieur au salaire maximum des 10% les moins bien payés.
4- Quelles sont les limites de cet indicateur D9/D1 pour donner une image complète des inégalités ?
-Ne nous dit rien sur ce qu’il se passe en-dessous de D1 et au-dessus de D9.
-Ne nous dit rien non plus sur ce qu’il se passe entre D1 et D9. Pour cela, on utilise parfois les rapports
D5/D1 et D9/D5.
5- Quelles informations sont apportées par le 99e centile (C99) ? En haut de l’échelle, et les 1 % les mieux
rémunérés (ou 99e centile) bénéficient de plus de 7 817 euros de salaire.
Champ : salariés en équivalent temps plein du privé et des entreprises publiques, France
Source : Insee Première N° 1471 - octobre 2013
Remarque : utile à retenir : le salaire moyen en France (2130€) et le salaire médian (1712€).
On a donc observé des inégalités salariales, on va voir que ces inégalités salariales expliquent en partie les
inégalités de niveau de vie. Précision : pour mesurer le niveau de vie individuel au sein d’un ménage, il faut
prendre et compte le revenus disponible (tous les revenus -PO) et tenir compte de la taille du ménage.
Pourquoi ? Prenons l’exemple d’une famille composée de deux enfants et d’une femme qui travaille et
perçoit un salaire de 1200€ net/mois et d’un homme qui perçoit le RSA soit à peu près 900€/mois n’aura pas
du tout le même niveau de vie qu’un ménage composée d’une célibataire active qui gagne 2100€/mois.
Pour tenir compte de la taille des ménages, on calcule au sein du ménage les unités de consommations :
•Premier adulte = 1 unité de consommation
• Autres personnes de + de 14 ans = 0,5 unité de consommation
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
• Autres personnes de – de 14 ans = 0,3 unité de consommation
=>Niveau de vie individuel au sein d’un ménage (le même pour chaque membre de ce ménage) = revenu
disponible du ménage / nombre d’unités de consommation.
Un exemple : Un ménage de deux cadres supérieurs percevant chacun un salaire net de 3 000€ et ayant deux
enfants de plus de 14 ans. Le ménage verse environ 800 euros d’impôts directs chaque mois. On négligera
toute autre forme de revenu.
Nombre d’UC ? Nombre d’UC = 2,5
Niveau de vie par UC ? Niveau de vie mensuel par UC = 7 200/ 2,5 = 2 880€
 Appartiennent aux 10% les plus riches.
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Document 7.
1. Faîtes une phrase avec D1 pour l’année 2012.
2. Quel est le rapport interdécile pour l’année 2012.
3. Comment expliquer que les inégalités de niveaux de vie soient supérieures aux inégalités de salaires ? C’est
logique car
 Le niveau de vie se calcule par rapport aux revenus, qui comprennent donc les revenus du travail
mais aussi les revenus du patrimoine qui sont très concentrés dans la partie la plus riche de la
population.
 Les salaires sont protégés par un SMIC assez élevé (qui équivaut à plus du double du RSA) ce qui
empêche l'apparition de trop grandes inégalités >< Revenus.
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
DOCUMENT 8 : Niveau
en France en 2011
de
vie(1),
Niveau de vie médian (euros 2011)
Taux de pauvreté (en %) (2)
taux
de
pauvreté
selon
la
18-29 ans
30-49 ans
50 ans ou
plus
18 150
19,4
20 120
13,0
20 680
10,1
tranche
d'âge
Ensemble
(18 ans ou
plus)
20 000
12,7
Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré au fisc est
positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
Source : « Les niveaux de vie en 2011 », INSEE Première, septembre 2013
(1) Le niveau de vie correspond au revenu disponible du ménage en tenant compte de sa taille.
(2) Au seuil de 60 % du revenu médian.
Il existe également des outils spécifiques pour mesurer les inégalités de patrimoine.
Différence entre revenu et patrimoine.
Ne pas confondre les deux, revenu et patrimoine sont deux choses différentes, bien que liées :

Le revenu est un flux (par exemple le salaire net qui arrive chaque mois sur votre compte en
banque) >< le patrimoine est un stock : ensemble des biens (actifs) qui appartiennent à un
agent économique à un moment donné. Patrimoine = une photo de ce que l’individu
possède à un moment donné, par exemple le 1er janvier 2015. On distingue plusieurs types
de patrimoine :
Patrimoine immobilier : composé des avoirs (ou actifs) fonciers ou immobiliers : terrains,
biens immobiliers
Patrimoine financier : composé des actifs financiers c'est-à-dire des placements bancaires
et boursiers contrats épargne, assurance vie, actions, obligations.
Patrimoine professionnel : propriétés professionnelles, fonds de commerce, parts
d’entreprises …
Autres éléments qui constituent le patrimoine : meubles, véhicules, objets d’arts ou de
collection, propriétés intellectuelles, …

Ne pas confondre patrimoine (stock) et revenus du patrimoine (flux). Le patrimoine génère
des revenus du patrimoine : loyers et plus-value lors de la revente du bien immobilier, Intérêts
et dividendes mais aussi plus-values lors de la revente des titres…. Ces revenus viennent
accroitre davantage le patrimoine de l’individu.

Le patrimoine des ménages dépend :
De leur épargne qui permet d’accroître le patrimoine détenu (placements bancaires et
financiers, achat de biens immobiliers)
De l’héritage
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Document 9 (étude de document déjà tombée au bac)

Le patrimoine est réparti de manière beaucoup plus inégalitaire que les revenus du travail ou que le niveau
de vie: Inégalités de patrimoine > Inégalités de revenus.
 Quel % de la pop ne dispose d’aucun patrimoine ? Près de 40% de la population ne dispose de
quasiment aucun patrimoine. Dans ces conditions, il devient difficile de mesurer un écart … Il vaut
mieux parler de gouffre On peut ainsi estimer que, en ce qui concerne les patrimoines, le rapport
interdécile (D9/D1) est au moins 70, c'est-à -dire que le patrimoine minimum détenu par les 10 %
des ménages ayant le patrimoine le plus élevé est 70 fois plus élevée que le patrimoine maximum
des 10 % des ménages ayant le patrimoine le plus faible. Ces inégalités se sont accrues ces 20
dernières années à cause de la hausse du prix des actifs patrimoniaux (c'est-à -dire les titres ou les
biens possédés par les ménages, comme les actions, les obligations, les logements, …).
 Comment l’expliquer ? Le patrimoine provient de l’épargne des individus, or la capacité d’épargne
(propension à épargner) croit avec le revenu : plus le revenu une personne qui gagne 1000€ par mois
en consommera sans doute 950 et aura donc 50€ d'épargne soit 5% de son revenu >< une personne
gagnant 3000€ par mois, parce que ses besoins sont bien satisfaits, consommera une moins grande
part de son revenu et pourra épargner proportionnellement plus, mettons 600€ soit 20% + effet de
l’héritage également. Donc plus l’inégalité de revenus est forte, plus les inégalités de patrimoine vont
s’accroître donc la richesse appelle la richesse. On dit que les inégalités économiques sont
cumulatives.
=> En France : Inégalités de patrimoine > Inégalités de revenus> (et inégalités de niveau de vie > inégalités
salariales).
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
La courbe de Lorenz est une représentation graphique qui permet d’étudier la concentration d’une
distribution statistique.
Pour tracer cette courbe, on porte en abscisse la part cumulée des ménages ou des individus classés par
ordre croissant de revenus ou de patrimoine. En ordonnée, on place la part cumulée des revenus ou du
patrimoine total.
La courbe de Lorenz représente graphiquement la fonction qui, à la part (x) des ménages les moins riches
associe la part (y) de l’ensemble du revenu total ou du patrimoine total qu’ils perçoivent.
La répartition égalitaire des revenus ou du patrimoine est représentée par la première bissectrice. Cette
droite est appelée droite d’équirépartition. Plus la courbe est éloignée de la droite d’équirépartition, plus la
distribution est inégalitaire.
DOCUMENT 10 (étude de document déjà tombée au bac)
Vous présenterez le document puis vous caractériserez les inégalités qu'il met en évidence.
Concentration du revenu disponible et du patrimoine financier des ménages en France
Champ : ménages dont la personne de référence n'est pas étudiante et dont le revenu déclaré est
positif ou nul.
Les données sont des pourcentages cumulés. L'axe des abscisses correspond aux ménages et l'axe
des ordonnées aux parts de revenu ou de patrimoine.
Sources : « La prise en compte des revenus du patrimoine dans la mesure des inégalités », BACLET
Alexandre et RAYNAUD Emilie, Economie et statistique, 2008.
1. Quel est le revenu disponible des 10% les plus pauvres ? Des 10% les plus riches ?
2. Quel est le patrimoine financier détenu par les 30% les plus pauvres ?
2. Quel est le patrimoine financier détenu par les 50% de la population les moins riches ?
3. Quel est le patrimoine financier détenu par les 10% les plus riches ?
4. Que représente la droite ?
Une droite (en rouge sur le document 4). Pour une répartition égalitaire, chaque 10 % de la population
détiendrait 10 % du patrimoine. Donc 50 % de la population possèderait 50 % du patrimoine, etc.
5. Que pouvez-vous conclure sur la répartition réelle du patrimoine financier ?
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Elle est très concentrée. Environ 50 % de la population est dépourvue de tout patrimoine et le dixième de la
population la plus dotée possède 60 % de l’ensemble. On peut donc parler de fortes inégalités. Il sera par
contre judicieux de comparer avec la répartition d’une autre année ou des revenus de la même année pour
observer l’évolution des inégalités ou leur intensité.
A partir de la courbe de Lorenz, on peut calculer le coefficient de Gini :
L'indice (ou coefficient) de Gini est un indicateur synthétique d'inégalités (de revenus, de patrimoines...) : il
permet de comparer l’écart entre la distribution des revenus à un moment donné et une situation théorique
d’égalité. Il est calculé à partir de la courbe de Lorenz : il varie entre 0 (lorsque la courbe de Lorenz se confond
avec la diagonale) et 1 (lorsque la courbe de Lorenz est le plus éloignée possible de la diagonale). Dans une
situation d'égalité parfaite le coefficient de Gini est donc égal à 0. A l'autre extrême, dans la situation la plus
inégalitaire possible (celle où tous les revenus sauf un seraient nuls), il est égal à 1. Donc, entre 0 et 1,
l'inégalité est d'autant plus forte que l'indice de Gini est élevé/proche de 1. Une baisse de l'indice de Gini
observée entre deux dates indique une diminution globale des inégalités. A l'inverse, une élévation de l'indice
reflète une augmentation globale des inégalités.
=>On observe donc de fortes inégalités de niveau de vie entre les ménages. Ces inégalités s’expliquent par
des inégalités salariales mais aussi des inégalités dans les revenus du patrimoine qui sont très concentrés
dans la partie la plus riche de la population.
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
3. Comment ont évolué les inégalités économiques en France : un état des lieux
Document 11 . Des inégalités de revenus qui progressent QUESTIONS MODIFIEES
1- Comparez la situation du 1% de la population la mieux rémunérée en France et aux US entre 1915 et
2005 (doc 1.a) La situation en 1915 du 1 % de la population la mieux rémunérée en France et aux ÉtatsUnis est quasiment la même: ce groupe percevait, selon les données de Piketty-Landais, 17-18 % du
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
revenu total. 90 ans plus tard, aux États-Unis, le 1 % le plus riche percevait 23 % du revenu total. Le 1 %
de la population la plus aisée en France percevait, quant à elle, 9 % du revenu total.
2- Quels sont les deux facteurs évoqués pour expliquer la forte baisse des inégalités de revenus entre 1915
et 1950 ? Expliquez comment ces facteurs ont pu jouer sur la répartition des revenus.

Impact des deux guerres mondiales : destruction des patrimoines

Mise en place d’impôts progressifs au sortir de WW1 (1914 en France) : Un impôt progressif sur
les revenus est un impôt dont les taux s’élèvent avec le montant du revenu. Ainsi, pour les
revenus les plus bas, le taux est nul ou faible ; pour les revenus plus élevés, il est plus important.
Cela permet de comprendre que l’impôt progressif limite la concentration des revenus. Les moins
aisés ne sont pas soumis à l’impôt sur le revenu, lequel touche plus fortement les ménages qui
perçoivent des revenus importants. Ainsi, on observe qu’en France et aux États-Unis, lors de la
période qui a vu s’instaurer et s’affirmer l’impôt sur le revenu, le poids du 1 % des mieux
rémunérés régresse dans le revenu total : il passe pour la France de 23 % du revenu en 1919 à 7
% du revenu total en 1985.
3- Comment évoluent les hauts revenus depuis les années 1970en France et aux Etats-Unis ? Quelles
explications sont avancées pour expliquer cette tendance ? Tendance à la hausse, très nette aux US,
moins marquée en France mais qui se confirme.
-
Politiques fiscales libérales concernant les hauts revenus notamment aux US
Evolution dans la nature des inégalités : cette hausse des inégalités de revenu s’expliquent en
partie par une très forte augmentation des très hauts salaires >< avant c’était surtout les
revenus du patrimoine qui jouaient : l’utltrariche d’aujourd’hui est moins un rentier qu’un
salarié hors norme bénéficiant de bonus, stocks options qui tirent sa rémunération (cf
sensibilisation).
REPRISE sur l’évolution des inégalités:
 Très forte réduction de la part des 1% les plus riches dans le revenu total à la sortie de la 1GM en
raison de la création de l’impôt progressif (1914 en France) et de la destruction du patrimoine au
cours des guerres.
 Puis stabilisation relative pendant les 30G autour de 8% du revenu total détenu en France pour les
1% les + riches (un peu plus aux EU)
 Aux EU, la part du revenu total détenue par les 1% les plus riches se met à augmenter fortement
dès le début des années 1970. Ce phénomène n’est observable que 30 ans plus tard en France.
Pourquoi ? Principale raison selon Piketty : remise en cause de politique fiscale concernant les plus
hauts revenus. Attention : en France on n’a pas encore retrouvé les niveaux d’inégalités du début
XXe, mais on s’en rapproche et c’est déjà le cas aux US.
Remise en cause de la courbe de KUZNETS (Simon) dans les années 1950s,
économiste US qui constate que les inégalités se réduisent avec la croissance
économique (corrélation + causalité) -> mais aujourd’hui la courbe repart à la
hausse.
Document 12
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
L’outil le plus souvent utilisé pour
mesurer les inégalités de revenus est
appelé « rapport interdécile ». Il s’agit
du rapport entre le niveau de vie
minimum des 10 % les plus riches (ce qui
s’appelle un décile, le neuvième) et le
niveau de vie maximum des 10 % les plus
pauvres (un autre décile, le premier).
Tout cela, après impôts directs et
prestations sociales, pour une personne
seule.
Avec cet outil, et si l’on observe les
choses depuis les années 1970, la
diminution est nette : le rapport
interdécile est passé de 4,6 à 3,6 en
2012. La baisse des inégalités de
revenus a été continue des années 1970
au milieu des années 1980. Ensuite ce
rapport a stagné aux alentours de 3,4 jusqu’en 2009. Depuis, il a augmenté légèrement pour atteindre 3,6
en 2012.
DOCUMENT 13 (étude de document déjà tombée au bac) : Évolution entre 1998 et 2010 du
patrimoine brut(1) des ménages selon le décile(2)
Vous présenterez le document puis vous mettrez en évidence l’évolution du patrimoine brut des
ménages en France entre 1998 et 2010.
Champ : France métropolitaine.
Lecture : entre 1998 et 2004, la masse de patrimoine brut détenue par les 10 % de ménages les moins bien dotés a
augmenté de 9,3 %. Elle a augmenté de 20,2 % entre 1998 et 2010.
Source : Enquêtes Patrimoine, INSEE 1998, 2004 et 2010, 2011.
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
(1) Patrimoine brut : ensemble des actifs financiers et non financiers détenus par un agent économique à un moment
donné.
(2) Décile : valeur de la variable qui partage une population en 10 parties égales du même effectif.
Point sur les travaux de Thomas Piketty et Camille Landais.
Camille Landais article « Les hauts revenus en France » 2008 : constate un accroissement rapide et important
des : inégalités de revenus entre les foyers, du fait d’une très forte augmentation des revenus des 10% et
surtout 1% les plus riches. Explication :
Accroissement des revenus du patrimoine
Mais surtout nouveauté : forte augmentation des inégalités de salaires avec explosion tout en
haut de la hiérarchie salariale: 1998-2006, le salaire réel moyen des 90% les moins biens payés
n’a progressé que de 0,9%, +8% pour les 10% les mieux payés et + 18% pour les 1% et +70% pour
les 0,01%. (et encore ses données ne prennent pas en compte les actions et stocks options). Les
100 PDG les mieux rémunérés ont vue leur rémunération multipliée par 30 depuis 1970s. Forte
augmentation des inégalités de salaires (dans le secteur de la finance notamment). Convergence
vers les modèles de rémunération des hauts salaires anglo-saxons.
Thomas Piketty : Les hauts revenus en France au XXe siècle : retrace évolution des hauts revenus tout au long
d u XXe en France -> cf ce qui est dit dans le document, forte baisse dans la première moitié du XXe grâce
aux guerres et impôt progressif, puis remontée depuis les années 1970s.
Thomas Piketty : Le capital au XXIe siècle 2013. Prolonge son étude sur une perspective plus longue (XVIIIeXXIe) + dans 20 pays et plu seulement la France, + se focalise sur le patrimoine plutôt que les revenus. Best
Seller 2013 aux US.
Montre que les inégalités de revenu et de patrimoine continuent à augmenter au XXIe et qu’on
retrouve un niveau d’inégalités comparable au XIXe et début XXe, il parle du retour d’une
« société patrimoniale ». Un indicateur intéressant : combien dans une génération vont hériter
de + d’une vie de SMIC ? 2% pendant le baby-boom, 10% dans les années 1970-1980s et encore
plus auj. « super-héritiers ».
Phénomène encore plus marqué aux US car ont toujours eu une dynamique des inégalités
différentes. Notamment aux US explosion des hautes rémunérations « super-cadres » + fiscalité
différente.
Le capitalisme qui n’est pas régulé génère des inégalités grandissantes. Pour limiter ces inégalités il prône
un impôt plus progressif et un impôt mondial sur le K. Se voit depuis plus longtemps aux US, mais tendance
est partout la même, avec un peu de retard pour l’Europe.
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Comment se situe la France par rapport aux autres pays ?
Document 14.
En
matière d’inégalités : quelles tendances peut-on observer pour les groupes suivants en 2008 :
 a/ Les pays d’Europe du Nord se caractérisent par un assez faible niveau d’inégalités de revenus
(Danemark, Suède).
 b/ Les pays anglo-saxons se situent plutôt au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE avec une
situation plus inégalitaire aux États-Unis par rapport au Royaume-Uni. Ces pays restent globalement
plus inégalitaires que les pays Nordiques ou même que la France et l’Allemagne.
 c/ Les pays de la zone euro (ici, Allemagne, France, Finlande) ont des situations variables sur le plan
des inégalités, mais restent plutôt dans la fourchette basse des pays de l’OCDE (rapport de 1 à 5 ou 7
en 2008).
 d/ Les pays asiatiques (ici seulement Chine, Inde, Japon) se caractérisent par un niveau d’inégalités
de revenu plutôt supérieur à la moyenne des pays de l’OCDE, mais largement moins fort que les pays
d’Amérique Latine ou l’Afrique du Sud. L’Inde et le Japon se distinguent sensiblement de la Chine.
 e/ Les pays les plus riches (les plus développés) ont des degrés d’inégalités très variables mais plutôt
moins forts que les pays qui connaissent un moindre développement économique.
 f/ Les pays dits émergents (Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud) connaissent un plus fort niveau
d’inégalités que les pays les plus riches en 2008. En 15 ans, certains d’entre eux ont connu une
réduction des inégalités (Brésil) ; d’autres au contraire les ont vu progresser (Afrique du Sud).
SYNTHESE :
 Les inégalités de salaire en France sont importantes (rapport interdécile D9/D1 de 3 environ, c'est-à-dire
que le salaire minimum des 10% les mieux payés est 3 fois supérieur au salaire maximum des 10% les
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?



moins bien payés), mais ce sont les plus faibles et les plus stables grâce à l’existence d’un SMIC
relativement élevé (1120€ au premier janvier 2013). Il faut toutefois noter une explosion récente des très
hauts salaires (C99).
Les inégalités de niveau de vie sont plus fortes que les inégalités de salaires (rapport interdecile de 3,5)
et tendent à augmenter depuis les années 1970, en raison de la hausse du chômage (en perdant leur
emploi, les individus perdent aussi leur revenu, ce qui "tire vers le bas" la hiérarchie des revenus) mais
aussi de la forte augmentation des revenus du patrimoine (or ces derniers sont surtout perçus par les
ménages les plus riches, ce qui a accru l'écart entre eux et le reste de la population).
Les inégalités de patrimoine sont les inégalités économiques les plus fortes. On observe que près de 40%
de la population ne dispose d'aucun patrimoine ou presque. On peut ainsi estimer que, en ce qui concerne
les patrimoines, le rapport interdécile (D9/D1) est au moins de 70, c'est-à -dire que le patrimoine minimum
détenu par les 10 % des ménages ayant le patrimoine le plus élevé est 70 fois plus élevée que le patrimoine
maximum des 10 % des ménages ayant le patrimoine le plus faible. Ces inégalités ont s’accroissent depuis
les années 1970 comme le soulignent les travaux de l’économiste français Thomas Piketty.
En conclusion, les inégalités économiques telles qu'on peut les mesurer restent importantes, ne se
réduisent plus, voire s'accroissent. Cependant, comparativement aux autres pays développés, la situation
française n'est pas particulière : du point de vue des écarts de salaire, par exemple, la France se situe dans
une position moyenne par rapport aux autres grands pays développés. Et les inégalités se sont beaucoup
plus accrues en Grande-Bretagne et aux États-Unis qu'en France depuis le début des années 1980.
Transition : il existe d’autres inégalités que les inégalités économiques : les inégalités sociales même si les
deux sont indissociables.
C. Les inégalités sociales
On observe de nombreuses inégalités sociales qui découlent en partie des inégalités économiques.
Rappel : Inégalité sociales = écart dans l’accès à toutes les autres ressources socialement valorisées ou
dévalorisées (éduction, type d’emploi, tâches domestiques, culture, loisirs, logement, santé, prestige,
pouvoir, espérance de vie …). On observe de nombreuses inégalités sociales, qui découlent en partie des
inégalités économiques.
1. Des inégalités face à l’emploi
Document 15. Les inégalités face au chômage
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
1. Faîtes une phrase donnant du sens à la première donnée entourée.
2. Comparez le taux de chômage des ouvriers non qualifiés et celui des cadres et professions intellectuelles
supérieures.
Les ouvriers non qualifiés sont 4 fois plus nombreux à être au chômage que les CPIS en 2010.
=> L’exposition au chômage varie selon l’âge, le niveau de diplôme et la PCS (c’est lié).
Document 16. Les inégalités face à la précarité
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
= > Inégalités de conditions d’emplois : exposition au risque de chômage et précarité plus élevé dans les
milieux populaires et pour les jeunes.
Les conséquences : Vision incertaine de l’avenir. Difficultés d’accéder au crédit et au logement. Accès plus
restreint à la protection sociale.
A cela s’ajoutent des inégalités de conditions de travail : catégories populaires ont plus de probabilité d’être
confrontés à des conditions de travail pénibles (pression du client, travaux de force, pression de la hiérarchie,
travail sous contraintes automatiques). => Maladies professionnelles plus fréquentes.
On pourrait ajouter l’inégalité de prestige des différentes professions et de considérations dans le travail :
pas la même reconnaissance sociale.
On pourrait imaginer des salaires plus élevés (salaires compensatoires) pour les PCS qui subissent ces
inégalités. Mais dans la réalité, ils perçoivent également des salaires plus faibles. => Idée de cumul des
inégalités.
A ces inégalités entre PCS s’ajoutent des inégalités en fonction de l’âge : le chômage et la précarité touchent
davantage les jeunes, mais aussi du sexe.
2. Inégalités culturelles et scolaires
a) entre milieux sociaux
Document 17. Réussite scolaire et milieu social
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
4- A partir des deux documents, comparez la situation des enfants de cadres et professions intellectuelles
supérieures avec celles des enfants d’ouvriers.
Inégalité dans la chance d’obtenir le bac : en 2002, 90% des enfants d’enseignants ont obtenu
le bac, 87,6% des enfants de cadres supérieurs, 40,7% des enfants d’ouvriers non qualifiés
(écart de 50 points).
Pour les bacheliers, différences dans le type de bac obtenu : 31% des enfants d’ouvriers ayant
obtenu le bac en 2012 l’ont obtenu dans la filière générale, 76% des enfants de CPIS.
5- Comment expliquer ces différences ? Socialisation familiale
-
?Les taux d’accès au bac augmentent, mais alors que neuf enfants de cadres et prof intellectuelles
supérieures sur dix sont bacheliers, ce n’est le cas que de quatre enfants d’ouvriers non-qualifiés. Si l’on
observe uniquement le type de bac obtenu par catégorie sociale, les écarts sont tout aussi grands. Parmi les
enfants d’ouvriers qui ont eu leur bac en 2012, 31 % l’ont eu dans une filière générale, 23 % dans une filière
technologique et 46 % dans une filière professionnelle. Chez les enfants de cadres supérieurs, les trois quarts
ont eu un bac général, 14 % technologique et 10 % professionnel. Or le type de bac obtenu va être
déterminant pour l’accès aux emplois les plus qualifiés et rémunérés.
Document 18. Le dégout de l’école
« Dans le lycée de masse, au recrutement social désormais très hétérogène, s’affrontent différentes
manières d’être et d’agir, différentes cultures scolaires, différents styles de vie (...). On pourrait parler ici
d’une lutte des classes "au quotidien". Par exemple, la répartition dans l’espace physique de la classe révèle
l’intériorisation par les lycéens "de cité" de la hiérarchie sociale et scolaire des élèves. Lors des nouveaux
cours de seconde, les nouveaux lycéens de Grandval (collège où les élèves sont majoritairement originaires
de familles populaires) s’installent aux derniers rangs (...).
Les manières de parler constituent une autre forme de mise à distance. Pour ceux de Grandval, les "autres",
c’est à dire les élèves du collège du centre, parlent "mieux". Muriel (fille d’OS, habite un pavillon, élève de
première littéraire) a été́ marquée par son passage dans une classe de latiniste :
[L’an dernier], dans ma classe de seconde, y en avait pas mal qui parlaient à l’oral, par rapport à nous [les
élèves de Grandval]... Nous, à côté, en fait, on est nuls parce qu’on sait pas s’exprimer aussi bien qu’eux.
Alors on se sent dévalorisés, on se dit : "Ben non, c’est con", on va pas parler comme ça... Parce qu’on a
une mauvaise expression par rapport à eux... (Silence.) Mais je sais pas comment vous dire ça... C’est... (Elle
hésite) Moi, je ressens ça comme ça. (...) Nous, on a des mots... (Elle hésite.) Des simples mots par rapport
à eux. (...). »
Stéphane Beaud & Michel Pialoux, Retour sur la condition ouvrière, 1999
OS = ouvrier spécialisé, c’est-à-dire non qualifié.
Avant de répondre aux questions, petites précisions : auteurs du livre dont le document est extrait ont fait
des entretiens (enregistrés) et des séances d'observation (dans les classes de lycées). => c'est ce qu'on
appelle de la sociologie qualitative, car pas de chiffres ou de stats pas de quantitatif
Question 1. Selon le document, quel est le désavantage des enfants de milieux populaires lorsqu’ils
arrivent à l’école ?
Question 2 : Quelle sont les deux conséquences concrètes du désavantage qu’ont les enfants issus de
milieux populaires à parler à l’école ?
Deux conséquences concrètes :
1/ Dans la classe les élèves sont davantage au fond de la classe => conséquence sur l'espace de la classe.
2/ Prennent moins la parole => conséquence sur concrètement ce qui est dit en classe
=> deux signes qui traduisent un découragement et désinvestissement
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
=>Socialisation familiale en désaccord avec socialisation de l'ecole => Découragement + désinvestissement
=> moins bons résultats scolaires => trajectoire scolaire moins longue => position professionnelle proche de
celle de leurs parents
=> c'est ce qu'on appelle le phénomène de reproduction sociale : position sociale (= dans la société) du
père est la même que celle du fils.
DOCUMENT supplémentaire :
De fortes inégalités sociales dans le champ scolaire questionnent nos sociétés démocratiques
et ébranlent nos certitudes méritocratiques(1) . Ces inégalités, toutefois, pèsent d’autant plus
que les sociétés accordent une grande importance aux diplômes, faisant des titres scolaires
un facteur décisif pour accéder aux différents échelons de la stratification sociale. Ce constat est
particulièrement vrai en France : non seulement l’origine sociale pèse lourdement sur la réussite
scolaire, mais l’« emprise » du diplôme reste très forte. En fin de compte, une part importante du
destin des individus est liée à un titre scolaire obtenu à l’issue d’une compétition d’emblée biaisée
d’un point de vue social. Certes, dans tous les pays occidentaux, la qualité de l’insertion sur le
marché du travail est proportionnelle au niveau d’éducation. Plus le niveau de diplôme est élevé,
plus la probabilité d’éviter le chômage est forte, tout comme celle d’obtenir un emploi stable et
bien rémunéré. Cependant, ce lien entre formation et insertion professionnelle se révèle
particulièrement étroit en France.
Source : Le destin au berceau, Camille PEUGNY, 2013.

Certitudes méritocratiques : idée selon laquelle la réussite d’un individu dépend de son
travail et de son talent et non de son origine sociale.
 Selon le genre : différence dans le choix des filières au lycée (nette surreprésentation des garçons en
S et des filles en L), différence dans les choix d’orientation post-bac (filières sélectives les plus
prestigieuses davantage choisies par les garçons alors qu’en moyenne les filles réussissent mieux au
lycée …)
Les valeurs transmises aux filles les aident à mieux réussir à l’école que les garçons car elles ont
appris à être plus disciplinées, à respecter les consignes, à travailler avec plus d’attention et de
régularité. En effet les valeurs dans lesquelles sont socialisées les filles, à savoir l’obéissance, la
docilité, l’attention à autrui, la persévérance dans la tâche ou encore l’usage limité de l’espace
sont conformes aux attentes du système scolaire. Ces valeurs une fois intériorisées permettent
de respecter les normes scolaires. La qualité de la prise de note est par exemple généralement
meilleure chez les filles.
Enseignants pensent que garçons plus forts en maths ; en fait résultats en moyenne similaire à la
fin de troisième. Enseignants ont plus d'attentes vis à vis des garçons en maths => s'adressent
plus aux garçons et moins aux filles (2/3 – 1/3) ; donnent plus les garçons en exemple, etc... Du
coup même si résultat scolaire égal filles intériorise le fait que maths c'est pas pour elles => moins
de filières maths => moins de filles dans les filières sciences naturelles. Le sociologue appelle
cela une prophétie auto réalisatrice = elle s’auto éliminent.
Attention : il s’agit de la description d’une tendance à laquelle beaucoup d’individus peuvent échapper.
Document 19. Les pratiques culturelles selon la PCS
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Question : Comparez les pratiques culturelles des ouvriers à celles des cadres.
Attention : Les inégalités économiques n’expliquent pas en premier lieu les inégalités culturelles. Ce sont les
habitudes culturelles, l’éducation qui expliquent les inégalités culturelles. Par exemple, les patrons ont un
taux de non-fréquentation similaire à celui des employés. Et les employés ont un taux de non-fréquentation
inférieur à celui des ouvriers alors qu’ils ont le même revenu.
3. Inégalités face à la santé et à la mort
Document 20. Les inégalités sociales face à la mort
À 35 ans, une femme peut espérer vivre en moyenne encore 49 ans et un homme 43 ans, dans les conditions
de mortalité observées en 2000-2008 en France métropolitaine. Différente selon le sexe, l'espérance de vie
l'est aussi selon la catégorie sociale. Ainsi, l'espérance de vie d'une femme cadre de 35 ans est de 52 ans
tandis que celle d'une ouvrière n'est que de 49 ans. L'espérance de vie des ouvrières d'aujourd'hui
correspond à celle des femmes cadres au milieu des années quatre-vingt. De leur côté, les hommes cadres
de 35 ans peuvent espérer vivre encore 47 ans et les hommes ouvriers 41 ans. Par ailleurs, les cadres,
hommes ou femmes, ont également une espérance de vie sans incapacité plus longue que les ouvriers. Les
écarts d'espérance de vie illustrent bien les inégalités sociales face à la mort, mais il s'agit d'une moyenne qui
ne met pas en évidence le risque de mourir précocement par exemple. Pour les hommes comme pour les
femmes, ce risque est plus élevé pour les ouvriers que pour les cadres. Parmi les hommes, un ouvrier sur
deux n'atteindrait pas 80 ans, contre un cadre sur trois.
Les natures mêmes des professions exercées expliquent en partie ces écarts. En effet, les cadres ont moins
d'accidents, de maladies ou d'expositions professionnels que les ouvriers. Par ailleurs, ils appartiennent à un
groupe social dont les modes de vie sont favorables à une bonne santé : les comportements de santé à risque,
les moindres recours et accès aux soins, ou encore l'obésité sont plus fréquents chez les ouvriers que chez
les cadres. Enfin, l'état de santé peut lui-même influer sur l'appartenance à une catégorie sociale : une santé
défaillante peut empêcher la poursuite d'études, le maintien en emploi, ou rendre plus difficiles les
promotions et l'accès aux emplois les plus qualifiés en cours de carrière.
Les écarts d'espérance de vie entre catégories sociales sont stables depuis 25 ans.
Nathalie BLANPAIN, « L'espérance de vie s'accroit, les inégalités sociales face à La mort demeurent», Insee
Première, n° 1372, octobre 2011.
1. Justifier. Pourquoi peut-on parler d'inégalités sociales face à la mort ?
Ecart d’espérance de vie à la naissance entre cadres et ouvriers qui est de 6 ans (3 ans entre les femmes
cadres et ouvrières).
De plus, espérance de vie sans incapacité moins longue.
2. Expliquer. Comment interpréter l'écart d'espérance de vie entre un ouvrier et un cadre ?
Révèlent des inégalités de conditions de vie entre cadres et ouvriers (lieu de résidence, alimentation, accès
aux soins).
Révèlent aussi des inégalités de conditions de travail.
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
3. Analyser. Les inégalités de niveau de vie ou de travail suffisent-elles à expliquer ce type d'inégalités
sociales?
Inégalités d’espérance de vie liées également au mode de vie :
-Pratiques alimentaires. Soucis de garder la ligne.
-Tabac et alcool.
-Fait d’être soucieux de sa santé : les ouvriers se considèrent comme plus « dur au mal » et consultent parfois
trop tard.
D’autres inégalités sociales : les inégalités face aux vacances
Chaque année, quatre Français sur dix ne partent pas en vacances. Après des décennies de croissance
régulière, la proportion de ceux qui partent en vacances stagne depuis le début des années 90.
En 10 ans, les inégalités d’accès aux vacances selon l’âge se sont réduites, 58 % des personnes appartenant
au premier décile de niveau de vie ne sont pas parties en vacances, contre 15 % des personnes appartenant
au dixième décile.
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
D. Les inégalités économiques et sociales sont cumulatives
1. Les inégalités économiques se cumulent entre elles
Revenus du
travail (salaires)
Revenus
Epargne
Patrimoine
Revenus du
patrimoine
La possession d’un patrimoine permet de dégager des revenus du patrimoine (revenu du K): loyer d’un bien
immobilier, dividendes rémunérant les actions, intérêts rémunérant une épargne … , revenus qui font accroitre le
stock de patrimoine.
La propension à épargner s’élève avec le revenu (cela signifie que sur 100 euros de revenus, un ménage pauvre en
épargnera peut-être 10 alors qu’un ménage riche en épargnera 30) -> l’épargne permet d’acquérir un patrimoine->
patrimoine génère des revenus. Donc plus l’inégalité de revenus est forte, plus les inégalités de patrimoine vont
s’accroître donc la richesse appelle la richesse. On dit que les inégalités économiques sont cumulatives.
2. Les inégalités économiques et sociales se cumulent
Document 20. Des inégalités économiques et sociales qui se cumulent
A plusieurs reprises, cependant, nous avons eu l'occasion de relever entre ces différents aspects (des inégalités entre
catégories sociales) des relations étroites et complexes. Ainsi les inégalités de revenu disponible ne peuvent
qu'engendrer des inégalités de patrimoine ; inversement, ces dernières contribuent aux premières par le biais des
revenus patrimoniaux. De même, des inégalités de conditions de travail découlent des inégalités face à la maladie et
à la mort ; et les inégalités face au logement contribuent aux inégalités face à la santé et face à l'école. Ou encore les
inégalités de situation dans la division sociale du travail engendrent dans la descendance des dispositions ou des
capacités diverses face à la formation scolaire, qui se traduiront par des résultats scolaires inégaux, débouchant sur
des qualifications professionnelles inégales et des insertions inégales dans la division sociale du travail, la boucle étant
bouclée.
Ces quelques exemples suggèrent que les inégalités forment système. D'une part, elles s'engendrent les unes les
autres ; d'autre part, elles contribuent à former un processus cumulatif, au terme duquel les privilèges se regroupent
à l'un des pôles de l'échelle sociale tandis qu'à l'autre pôle se multiplient les handicaps ; enfin, elles tendent à se
reproduire dans le cours des générations.
Alain Bihr et Roland Pfefferkorn, Déchiffrer les inégalités, Syros, 1999.
1. Montrez à l’aide d’un exemple que les inégalités sociales peuvent engendrer des inégalités économiques.
Inégalités de réussite scolaire => Inégalités de situation dans la division sociale du travail (travail peu qualifié
et instable / travail qualifié et stable) => Inégalités de revenus …
2. Montrez à l’aide d’un exemple que les inégalités économiques peuvent engendrer des inégalités sociales.
Inégalités économiques => Inégalités de logement => Inégalités de conditions de vie des élèves => Inégalités
de réussite scolaire…
3. Complétez le schéma avec les expressions suivantes : emploi stable et qualifié, revenus élevés, revenus du
patrimoine, épargne, capital culture élevé, niveau de diplôme élevé, santé, logement et lieu de résidence
privilégiés.
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
DOCUMENT supplémentaire (document issu du dossier documentaire de la partie 3 d'une
épreuve composée du bac) :
Ainsi, des situations défavorables [...], se traduisant par des travaux déqualifiés ou des emplois
instables, s'accompagnent presque toujours de faibles rémunérations et d'un faible niveau de vie ;
elles valent à ceux qui les exercent une morbidité1 et une mortalité supérieures à la moyenne ; ceuxci n'accèdent de surcroît que difficilement à de bonnes conditions de logement ; ils n'ont
pratiquement aucune chance de bénéficier d'une promotion par le biais de la formation
professionnelle continue ; et leurs loisirs se réduiront de même à peu de chose. Dans ces conditions,
la scolarité de leurs enfants est hypothéquée2 dès le départ ; ils se trouvent privés des conditions
matérielles, relationnelles, même affectives qui seules permettent la construction d'un projet de vie
; et ils ont toute (mal)chance de se retrouver dans la même situation que celle de leurs parents. En
un mot, le handicap appelle le handicap : celui qui subit les effets des inégalités sociales sous un
angle déterminé risque fort de les subir sous d'autres angles. Au terme de cette accumulation de
handicaps se profile l'éviction3 des modes de vie considérés comme normaux dans notre société,
qui marque le degré extrême de la pauvreté.
Source : Le système des inégalités, Alain BIHR, Roland PFEFFERKORN, 2008.
5- morbidité : caractère de ce qui est relatif à la maladie.
6- hypothéquée : ici fragilisée.
7- éviction : mise à l'écart.
Complétez le texte ci-dessous à l’aide du vocabulaire suivant : cumulatif, inégalités, symboliques,
économiques, réduction, sociales ou politiques, patrimoine, inégalités sociales
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
L’espace des inégalités est multidimensionnel. Les inégalités concernent tout à la fois l’accès aux ressources
proprement économiques (revenu, patrimoine…) et aux ressources sociales ou politiques (conditions
d’existence, diplôme scolaire, éducation, santé, accès au pouvoir…).
Plusieurs outils sont donc à disposition pour les mesurer : rapport interdécile, différence d'espérance de vie,
différence de réussite à l'école, taux de féminisation à l'Assemblée nationale, etc.
[Elles prennent donc des formes multiples et se renouvellent constamment selon les mutations structurelles
de la société (sociales, économiques, technologiques, idéologiques…).]
Mais si les inégalités sont nombreuses, cela ne signifie pas pour autant qu'elles n'ont aucun rapport entre
elles : les inégalités de revenu et de patrimoine donnent naissance à des inégalités d’accès au logement,
d’accès à la santé, etc. Il existe donc des interactions entre les inégalités.
Plus encore, elles sont liées entre elles par des processus cumulatif qui alimentent la polarisation de la
structure sociale : les avantages des uns s’additionnent pendant que les désavantages des autres se
renforcent mutuellement.
3. Les inégalités se transmettent
Par le biais de l’héritage « économique » mais aussi de la socialisation familiale « héritage culturel, social
et symbolique», une « hérédité sociale ».
Pierre BOURDIEU : la famille transmet trois types de capitaux qui
participent à la transmission des inégalités et donc à un phénomène de
reproduction sociale (cf extrait de la sociologie est un sport de combat).
K économique : revenus et patrimoine.
K culturel qui peut être objectivé (bibliothèque, œuvres
d’art) ou incorporé sous forme de culture générale ou
institutionnalisé (niveaux de diplômes)
K social : carnet d’adresses = le réseau social, ensemble des
relations mobilisables.
 Reproduction sociale : les inégalités sociales incluant les
inégalités culturelles et les inégalités économiques se
transmettent à la génération suivante.
Ce qui pose aujourd’hui problème aux sociétés démocratiques tient en
effet à ce que l’égalité des chances ne soit pas réellement réalisée et se
trouve remis en question par l’hérédité sociale -> contradiction
majeure avec l’idéal démocratique d’égalité des chances.
Remarque : Il existe une dynamique des inégalités : les inégalités d’hier ne sont pas toujours celles
d’aujourd’hui qui ne seront pas nécessairement celles de demain. Par exemple, taux de pauvreté plus élevé
dans les campagnes que dans les villes mais les populations pauvres n'ont pas toujours été dans les villes.
Bien retenir de cette première partie :
-qu'il existe des inégalités économiques (de revenus et de patrimoine) et qu'on peut le mesurer à l'aide
des quantiles (déciles notamment), de la courbe de lorenz et du coefficient de Gini.
-que ces inégalités ont eu tendance à baisser au cours du Xxè notamment grâce à un système de
redistribution des richesses mais que des dernières années, les inégalités économiques augmentent à
nouveau surtout « par le haut » : les R les plus élevés augmentant beaucoup plus que les bas revenus et
les inégalités de patrimoine augmentent très fortement.
-que les inégalités sont aussi sociales (accès à l'emploi, réussite scolaire, loisirs, espérance de vie…) : les
inégalités sont donc multiformes. Ces inégalités sociales peuvent exister indépendamment des inégalités
éco (ex : inégalités culturelles)
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
-que ces inégalités sont cumulatives : les inégalités éco se cumulent entre elles (Patrimoine=>R et
inversement), les inégalités sociales se cumulent entre elles (emploi peu qualifié + faible espérance de vie)
et les inégalités éco et sociales se cumulent (inégalités à l'école => inégalités éco à l'âge à adulte).
-que ces inégalités concernent désavantagent certains groupes sociaux : les femmes, les jeunes, les seniors,
les individus issus de milieux sociaux modestes, les étrangers et en avantagent d'autres : les hommes, les
individus issus de milieux favorisés.
TRANSITION (exemple de ce qu’il faut faire en dissert)
 Rappel du I : il existe des inégalités économiques et sociales entre les individus -> l’accès inégal aux
ressources socialement valorisées crée des groupes sociaux et une hiérarchie entre ces groupes
puisque certains groupes ont tendance à cumuler tous les avantages et d’autres tous les handicaps
= hiérarchie entre ceux qui ont le plus accès aux ressources et ceux qui en ont le moins. Les inégalités
ne sont donc pas individuelles mais opposent des groupes.
 Lien avec le II) : Les inégalités sont donc au fondement de la stratification des sociétés humaines :
les sociologues qui étudient donc la structure sociale étudient les groupes sociaux et la manière
dont ils sont hiérarchisés : ils montrent que la société est composée de groupes qui ne sont pas
simplement juxtaposés les uns à côté des autres, mais hiérarchisés, c’est à dire que certains sont
« en haut » de l’échelle, d’autres « en bas », certains « au-dessus », d’autres « en-dessous » (il ne
s’agit pas de jugements de valeur mais d’une description)
 Annonce du II: on parle alors de « structure sociale » ou de stratification sociale » et les sociologues
tentent de rendre compte de cette structure sociale.
=> y a-t-il une ou plusieurs stratifications ?
II. Les classes sociales, un concept dépassé dans une société moyennisée ?
Etudier la structure sociale ou structuration sociale revient à étudier l’organisation de la société et à
s’interroger sur la Stratification sociale : ensemble des systèmes de différenciation sociale d’une
population en classes ou en strates hiérarchiques, basés sur la distribution inégale des ressources et des
positions dans une société (inégalités de richesse, de prestige, de pouvoir). Par conséquent, étudier la
stratification sociale revient à étudier la division de la société en groupes sociaux hiérarchisés et relativement
homogène du point de vue de leur caractéristiques sociales.
Marx et Engels (Manifeste du parti communiste en 1848) « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a
été que l’histoire de luttes de classes ». Depuis, cette notion n’a cessé de diviser et d’opposer sociologues,
économistes, historiens, politistes. Les enjeux ne sont en effet pas seulement théoriques mais dimension
politique. Les thèses des uns et des autres sur ce sujet expriment leurs positions politiques.
L’analyse en terme de classe sociale part du constat suivant : les sociétés contemporaines se présentent
toutes comme un regroupement d’ensembles à la fois segmentés, hiérarchisés et conflictuels. Ces sociétés
présentent des différenciations internes : tous leurs membres ne s’y ressemblent pas, ne présentent pas les
mêmes caractéristiques sociales, ne possèdent pas les mêmes attributs sociaux. Plus encore, il se forme à
l’intérieur de cette société des groupements d’individus partageant des manières de vivre, de faire, de penser
qui leur sont communes et qui les différencient d’autres groupements du même genre. (Alain Bihr, Les
rapports sociaux de classe).
Au cours de ce chapitre, on se demandera en quoi les différentes analyses de la stratification sociale sont
encore pertinentes pour analyser la différenciation sociale dans nos sociétés. Les classes sociales existentelles encore aujourd’hui Le processus de moyennisation a-t-il rendu obsolète toute analyse en termes de
classes sociales ? La multiplication des critères de différenciation sociale (âge, genre, etc.) ne brouille-t-elle
pas les frontières de classe ?
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
A. Une société divisée en classes sociales : les analyses de deux auteurs fondamentaux :
Marx et Weber
1. Définition générale
Document 20. Castes, ordres, classes
Les castes sont des groupes sociaux strictement délimités et strictement hiérarchisés selon un ordre de
dignité, de prestige ou de «pureté» reconnu et accepté par tous. Chaque individu naît dans une caste dont
il ne peut sortir, au sein de laquelle il devra se marier, et chacun sait à quelle caste il appartient. Le système
de castes repose sur des fondements religieux, par exemple en Inde sur le fait que certaines fonctions sont
sacrées, et d'autres impures. La caste définit le métier et les droits particuliers qui ne sont pas les mêmes
selon les différentes castes ; la caste définit aussi le degré de pouvoir auquel on peut prétendre.
Les trois états de l'Ancien Régime avaient des droits différents. Des fonctions étaient réservées à un état et
d'autres lui étaient interdites ; par exemple, un noble dérogeait s'il pratiquait certaines activités
économiques. De même, le clergé disposait de certains privilèges en matière d'impôts par exemple et avait
aussi certains droits. Il y avait définition de droit d'un groupe social avec ses privilèges, son autorité et aussi
ses limites. Enfin, le tiers état, comme son nom l'indique, c'était le reste, et chacun qui n'était ni noble, ni
prêtre, était du tiers. Ce qui caractérisait les états, c'était leur définition juridique : ils avaient une existence
de droit.
Par opposition, on parle de classes lorsque la division de la société en groupes n'a pas d'existence légale.
S'il est écrit dans la Constitution que tous les hommes naissent et demeurent égaux en droit, il n’y a donc
plus de différence entre ce qui est permis à un noble et à un bourgeois. Il n’y a plus que des différences de
fait, liées aux capacités individuelles. A quoi on répond qu’il y a quand même des groupes inégaux puisque
le fils d’ouvrier, dès sa naissance, a déjà un destin fort différent du destin d’un fils de bourgeois.
Henri Mendras, Eléments de sociologie, Armand Colin, Paris, 2003.
1) Quels sont les traits communs au système de castes et au système d’ordres ?
Castes et ordres ont en commun d’être des groupes fermés : on y naît, on y meurt (statut assigné à vie), on
se marie dans sa caste ou dans son « état ». Autres similitudes : l’appartenance de caste ou d’ordre
commande des fonctions définies et des droits différents (privilèges ou obligations) ; castes et ordres ont
une existence officielle (réglementation religieuse ou définition juridique).
Néanmoins, le système des ordres – du moins au 18ème siècle – est plus souple que le système des castes. En
particulier, des (riches) roturiers peuvent accéder à la noblesse par la grâce du roi, en occupant telle ou telle
charge royale.
2) Quel est le sens de la phrase soulignée ?
Les classes n’ont pas d’existence légale dans la mesure où elles n’ont aucune base juridique et officielle.
Elles sont des groupements de fait et non de droit.
Ce n’est plus un statut juridique garanti par l’Etat ou la religion qui délimite l’appartenance à un groupe
social mais désormais l’activité économique exercée.
Les inégalités de classes concernent des individus tenus pour fondamentalement égaux dans l’horizon des
révolutions démocratiques ; il est possible de changer de classe, alors qu’il n’était pas possible de changer de
caste. Ensuite, les rapports de classes dérivent moins des principes théologico-politiques que du capitalisme
et de l’opposition des patrons et des salariés.
3) « Tous les hommes naissent et demeurent égaux en droit. » Cette formule signifie-t-elle que toute
inégalité a disparu suite à la révolution française ?
La Révolution française (cf. la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen) et les constitutions postrévolutionnaires proclament l’égalité civile et politique des individus quelle que soit leur condition
économique et sociale : égalité en droit, égalité devant la justice, droits de vote et d’éligibilité pour tous les
citoyens (ces derniers droits ne seront effectifs qu’en 1848 pour les hommes, en 1944 pour les femmes).
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
La Révolution française nous a donné l’égalité civile et politique, mais elle ne nous a pas donné l’égalité
économique et sociale. Avec l’avènement des sociétés démocratiques, l’égalité est inscrite dans le droit. On
aboutit donc à des sociétés égalitaires en droit. Cependant, nous allons voir que des inégalités de fait
persistent ; ces sociétés demeurent hiérarchisées.
Il n’y a plus d’aristocratie et de tiers-état, mais certains auteurs vont parler de bourgeoisie, de classe
ouvrière, d’autres de classes dominantes, de classes moyennes et de classes populaires.
4) Remplissez le tableau suivant avec les termes ou expressions suivants :
Différenciation religieuse – de droit - de fait – très forte – parfaite – forte - Inde traditionnelle – Ancien
Régime - Profession, niveau d’instruction, pouvoir, prestige – différenciation juridique – Sociétés modernes
Formes
stratification
Castes
de Source
de
différenciation
Religion (pur et
impur)
Ordres
Régime
monarchique
(différenciation
juridique)
Classes sociales
Profession, niveau
d’instruction,
pouvoir, prestige
Groupement
droit/de fait
De droit
de Hérédité
positions
Parfaite
des Société concernée
Inde traditionnelle
De droit
Très forte
Ancien Régime
De fait
Forte/moyenne/faible Sociétés modernes
2. L'analyse de la structure sociale chez Marx
Première grande théorie de la stratification sociale élaborée par Karl Marx.
 Eléments biographiques :
Karl MARX (1818 – 1883) : Philosophe, économiste, sociologue allemand dont l’œuvre a marqué l’histoire de
la pensée économique par l’analyse critique qu’il fait du capitalisme.
 Contextualisation
Marx écrit dans un contexte particulier : il observe les mutations de l'organisation de la production
notamment en Angleterre. Il est frappé par une contradiction entre l'organisation industrielle gage
d'efficacité donc de progrès et la grande misère de la classe ouvrière. La RI s'accompagne d'une
augmentation sans précédent dans l'histoire des inégalités : beaucoup d'ouvriers en ville restent dans la
pauvreté tandis qu'une petite partie de la population s'enrichit.
Son analyse du capitalisme l’amène à une critique radicale de ce système et à un engagement dans le combat
politique contre le capitalisme.

Pour Marx, origine de la stratification sociale est dans les inégalités d'ordre économique : ces
inégalités séparent clairement des groupes sociaux que Marx va appeler des classes sociales.
Mais la notion de classe sociale n’est pas la nouveauté de Marx :
Extrait n°1 : « Ce n'est pas à moi que revient le mérite d'avoir découvert l'existence des classes dans la société
moderne, pas plus que la lutte qu'elles s'y livrent. Des historiens bourgeois avaient exposé bien avant moi
l'évolution historique de cette lutte des classes » (K. Marx, cité par Combemale, 2006)
Ce qui est nouveau c’est la manière dont il définit les classes sociales : Marx définit l’appartenance à une
classe sociale à partir d'un seul critère: la place occupée dans le processus de production. C’est donc un
critère économique, situé dans la sphère de la production. L’analyse marxiste de la stratification est donc
unidimensionnelle. La place sociale occupée par un individu découle de la question suivante : est-il ou non
propriétaire des moyens de production (du capital technique) ?
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
 Deux classes sociales principales :
1/ la bourgeoisie possède, est propriétaire des moyens de production, ie. des moyens pour produire : le
capital => on les appelle donc les capitalistes / le capitalisme : régime économique où propriété privée des
moyens de production
2/ le prolétariat, les travailleurs ne possèdent pas les moyens de production mais ne possède qu'une seule
chose : leur travail « force de travail » qu'il offre en échange d'un salaire. Le salariat est donc caractéristique
du mode de production capitaliste.
=> séparation radicale du producteur/travailleur et du capitaliste/bourgeois
Extrait n°2 « Au fond du système capitaliste il y a la séparation radicale du producteur d'avec les moyens de
production. » Karl Marx, Le Capital, 1867
Marx décrit différentes classes, mais dit que cette division est la plus importante car le mode de production
capitaliste amènerait une évolution historique vers une polarisation de la société en deux grandes classes
sociales.

Les capitalistes exploitent les prolétaires. Pour survivre, les ouvriers doivent vendre leur force de
travail auprès des propriétaires des moyens de production (les capitalistes).
Pour Marx, la valeur d’échange d’une marchandise (son prix) est égale aux heures de travail qui ont servi à la
produire. Exemple : si une chaise nécessite 10 heures de travail et qu’une table nécessite 20 heures, combien
vaut une table
Pour Marx, la valeur d’une marchandise ne provient que du travail car les machines et les matières
premières ont été produites à partir du travail.
Pour Marx, la force de travail (à la fois les capacités physiques et intellectuelles que l’homme engage lorsqu’il
produit) d’un homme est une marchandise comme les autres. C’est cette « puissance de travail » que le
capitaliste achète sur le marché. La valeur de la force de travail est donc égale à la quantité d’heures de
travail nécessaire à sa production. Puisque produire la force de travail, c’est, pour le travailleur, consommer
les biens indispensables à son existence, il s’ensuit immédiatement que la valeur de la force de travail est
égale au temps de travail nécessaire à la production des marchandises qui assurent sa reproduction, c’està-dire aux moyens de subsistance (nourriture, vêtements, logement) nécessaires à un ouvrier pour être à
nouveau en état de travailler chaque jour.
L’invalidation en disant que les ouvriers actuels gagnent plus que ce qui est juste nécessaire pour reproduire
leur force de travail n’est pas convaincante. En effet, Marx prévoyait que les conditions de vie dans une société
allaient évoluer avec celle-ci et que donc le niveau de vie des ouvriers allait aussi s’accroître ; mais pour lui ils
continueraient d’être rémunérés en dessous de ce qu’ils rapportent à l’entreprise. L’expression « moyens de
subsistance » est une notion relative au contexte de chaque société.
Mais le capitaliste, en achetant la force de travail, a acquis le droit de se servir de cette force, de la faire
travailler pendant toute la journée ou toute la semaine ; en achetant la force de travail de l’ouvrier, il a
acquis le droit de l’utiliser comme bon lui semble. En effet, la force de travail est une marchandise comme les
autres ; or, lorsque vous avez acheté une marchandise, vous avez acquis le droit de l’utiliser autant que vous
le voulez.
Donc le capitaliste rémunérera le salarié avec un salaire représentant par exemple 6 heures de travail
journalier alors que celui-ci aura produit pendant 10 heures par jour. Il y a donc un sur-travail qui n’est pas
rémunéré, il est volé au salarié. Pendant ces 4 heures non payées, le salarié crée de la valeur qui est approprié
par le capitaliste. C’est ce que Marx appelle la plus-value. Le capitaliste a alors volé 4 heures de travail par
jour à l’ouvrier ; c’est en ce sens que Marx parle d’exploitation. Les prolétaires produisent plus de valeur que
ce qu’ils reçoivent comme salaire. En fait, les capitalistes s’approprient la valeur créée par les ouvriers (d’où
le terme d’exploitation).
La force de travail est la seule marchandise qui a cette propriété de créer plus de valeur qu’elle n’en coûte.
Pourquoi les prolétaires acceptent de continuer à travailler dans ces conditions ?
Parce qu’ils n’ont que leur travail pour vivre (ils ne possèdent pas les moyens de production) et ne possèdent
pas non plus les moyens de subsistance. A la fin de sa journée de travail, l’ouvrier se trouve tout autant démuni
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
qu’au début, il est contraint de recommencer l’échange de sa force de travail contre les moyens de subsistance
indispensables à lui-même et à sa famille.
De plus, les ouvriers se font concurrence et si une partie d’entre eux accepte l’exploitation, les autres sont
contraints de l’accepter sous peine de mourir de faim. D’où l’importance pour les capitalistes de disposer
d’une armée de chômeurs, que Marx appelle l’armée de réserve, prêts à remplacer les ouvriers récalcitrants.
Enfin, une autre raison de l’acceptation de l’exploitation : l’illusion propre au capitalisme et à l’utilisation de
la monnaie pour payer les salaires de croire que c’est le temps de travail qui est payé alors que c’est le droit
d’utiliser la force de travail.
Cette situation permet aux propriétaires des moyens de production d’accumuler du capital, c’est-à-dire
d’acquérir de nouveaux moyens de production (accumulation du capital).
 La bourgeoisie et le prolétariat ont donc des intérêts strictement contradictoires. Le prolétariat (ou
classe ouvrière) a pour objectif d’augmenter la rémunération du travail et la bourgeoisie a pour
objectif de maximiser ses profits. L’objet du conflit est donc la répartition de la production matérielle,
mais aussi du pouvoir dans la société.

Mais cette opposition n'est pas forcément consciente chez les travailleurs : Tant que la classe
sociale a les mêmes rapports de production, mais n'est pas consciente de son exploitation Marx
nomme cela la classe en soi. Regroupe des individus occupant une même place dans les rapports de
production qui débouche sur une même situation, un même mode de vie, une même culture. Partage
une même situation au travail. Des intérêts communs les rassemblent donc contre leur(s)
adversaire(s).
Document 21 : doc 1 p. 178 Magnard : La définition des classes sociales selon Marx
Extrait n°2:« Les paysans parcellaires constituent une masse énorme dont les membres vivent tous
dans la même situation, mais sans être unis les uns aux autres par des rapports variés. Leur mode de
production les isole les uns des autres, au lieu de les amener à des relations réciproques. Cet
isolement est encore aggravé par le mauvais état des moyens de communication en France (...).
Ainsi, la grande masse de la nation française est constituée par une simple addition de grandeurs de
même nom, à peu près de la même façon qu'un sac rempli de pommes de terre forme un sac de
pommes de terre. » Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, 1851. Objectivement, les paysans
dont parlait Marx partageaient des conditions de vie, de travail et de logement assez proches, ce qui
en fait une « classe en soi », ils ont donc des intérêts communs. Ils ont une place similaire dans le
processus de production ; ce sont des petits propriétaires (ils disposent d’une petite parcelle de
terre). Ils vivent des conditions d’existence similaires. Cela va déterminer leurs intérêts, leur mode
de vie, leur culture.

Cependant, avec la RI, les travailleurs vont prendre conscience de leur appartenance à une même
classe d'exploités puis s’organiser pour lutter contre la bourgeoisie : le classe en soi va devenir une
classe pour soi.
En effet, peu à peu avec la RI, capitaliste vont concentrer les moyens de production, ie. le capital =>
grandes usines, grandes villes vont apparaître. Or, cette concentration va faire que les travailleurs
vont travailler ensemble, se rendre compte de leur situation similaire et nouer des liens entre eux
créer des syndicats et des partis politiques. Ils vont commencer à s’organiser pour lutter contre leur
condition.
=> AU FINAL, vont prendre conscience de cette condition commune et de leur opposition à la bourgeoisie =>
devient une classe pour soi. La classe sociale, à commencer par la classe ouvrière qui devient « la classe par
excellence », a conscience de son identité sociale et culturelle, conscience d’un « Nous » qui l’oppose aux
autres. Elle a aussi la conscience de ses intérêts. Par exemple, les ouvriers ont conscience d’être exploités et
que leur intérêt est de faire chuter le capitalisme. Ils s’organisent politiquement pour faire évoluer
positivement leur position dans les hiérarchies économique, du pouvoir, du prestige. C’est dans la lutte que
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
les acteurs prennent conscience de leur appartenance à une même classe. Le conflit social est donc très
important : les membres d’une même classe sont capables de prendre conscience de leurs intérêts et de se
réunir pour lutter ensemble contre un ennemi commun. C'est dans les relations entre les classes que cellesci se forment : c'est parce qu'ils ont des intérêts opposés et qu'ils entretiennent des relations conflictuelles
que le prolétariat et la bourgeoisie existent.
=> lutte des classes est la conséquence logique de cette opposition.
Société structurée en classes sociales antagonistes. Vision conflictuelle de l’histoire sociale et politique. Les
classes sociales s’affrontent. L’histoire c’est l’histoire des luttes de classes. Chez Marx, parler de classes
sociales n’a de sens qu’au pluriel : les classes n’existent que les unes par rapport aux autres dans un rapport
fondamentalement conflictuel qui prend ses racines dans le système de production. En produisant leurs
moyens d’existence, les hommes entrent dans des rapports d’exploitation et de domination. Donc ces
rapports sont nécessairement conflictuels : les uns essayent d’assoir leur domination et l’exploitation, les
autres – les opprimés – essayent de s’en libérer.
Document 22 : Le passage des classes « en soi » aux classes « pour soi »

Ultime étape pour Marx : révolution de la part de la classe ouvrière pour renverser le mode de
production à l'origine de l'exploitation : le capitalisme
=> mènerait à la révolution et à la propriété collective des moyens de production : socialisme
=> à la base des pays à l'économie socialiste : URSS + ce que défendait le Parti Communiste

Il a une conception réaliste des classes sociales car pour lui elles existent objectivement, les individus
d’une même classe ont des intérêts en commun, une conscience de groupe.
Dans une conception réaliste, les classes sociales existent objectivement, réellement indépendamment du
regard du sociologue.
Schéma :
Place dans les rapports de production => classes en soi => conscience de classe, organisation politique =>
classe pour soi => lutte des classes (qui agit aussi sur la conscience de classe)=>renversement du capitalisme
=> avènement d’une société sans classes et dans conflits.
A retenir :
 Marx distingue la classe en soi de la classe pour soi (pas une opposition mais une évolution de la
classe en soi -> classe pour soi).
 Classe en soi : une classe objective = ensemble d’individus qui partagent la même place dans le
processus de production et les mêmes conditions de vie. Mais les individus qui composent cette
classe n’ont pas forcément conscience de constituer un groupe avec des i communs à défendre
(c’est le cas du prolétariat) : lorsqu’ils en prennent conscience et se mobilisent pour défendre leur i
= deviennent un classe pour soi.
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?

Classe pour soi : classe en soi + conscience de faire partie d’un m groupe et d’avoir des i communs +
et mobilisée pour les défendre (parti politique, syndicats)
 Ce qui permet le passage de l’une à l’autre = la conscience de classe.
 C’est ce qui doit se passer avec le prolétariat pour Marx
 Avec la RI, le K se concentre dans les grandes villes -> exode rural, les prolétaire sont concentré
dans des espaces restreints, vont communiquer entre eux, tisser des liens et ainsi réaliser
progressivement leur condition et s’organiser pour défendre leurs i.
 C’est dans le conflit avec les Kistes que les prolétaires vont prendre conscience de leur i
commun et devenir une classe pour soi = l’opposition avec la bourgeoise est le ciment de la
classe prolétaire, le cœur de leur « conscience de classe ». Ils s’organisent politiquement pour
faire évoluer positivement leur position dans les hiérarchies économique, du pouvoir, du
prestige.
 Marx a une conception réaliste des classes sociales car pour lui elles existent objectivement, les
individus d’une même classe ont des intérêts en commun, une conscience de groupe. Dans une
conception réaliste, les classes sociales existent objectivement, réellement indépendamment du
regard du sociologue.
Schéma : De la classe en soi à la classe pour soi. A complèter avec les termes suivants : classe pour soi,
classe en soi, conditions de vie semblables, défense de ses intérêts communs.
Place
dans le
proces
sus de
produc
Consc
ience
de
classe
Exercice : classe en soi ou classe pour soi ?
Classe en soi... ?
« En mars 2002, un peu moins de cinq millions de
personnes exerçaient un emploi non qualifié : 2 Ici classe en soi car même
760 000 comme employés et 2 035 000 comme situation
économiques :
ouvriers. Loin de disparaître avec la faibles salaires, pas de
désindustrialisation, l’emploi non qualifié a connu qualification => ne possède
un regain depuis le milieu des années 1990. (...) que
leur
moyen
de
Les différentes définitions d’ouvriers et production => classe en soi
d’employés non qualifiés (...) délimitent un noyau
dur de professions qui cumulent bas niveaux de
qualification dans les conventions collectives,
faibles salaires et formations peu
Classe pour soi... ?
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
spécialisées (…). Ils ne semblent pas pour autant
définir une classe sociale : fragilisés dans leurs
modalités
d’intégration
professionnelle,
déstabilisés dans leur imaginaire social, ces
salariés se caractérisent par un faible sentiment
d’appartenir à une classe sociale. »
Source : Thomas Amossé et Olivier Chardon, « Les
travailleurs non qualifiés : une nouvelle classe
sociale ? », Economie et Statistiques, 2006
« Alors, disparues les vieilles familles ? D’un autre Ici oui classe en soi car Constatent que cette
âge les dynasties bourgeoises, au même titre que s'intéressent
au
centile classe
a
également
les lignées nobles ? (…) nous entendons montrer supérieur (1% les plus conscience de ses intérêts
que, s’il existe encore une classe, c’est bien la fortunés) qui possèdent et se mobilise (par
bourgeoisie, ces familles possédantes qui beaucoup d'actions ie. De exemple action de groupe
parviennent à se maintenir au sommet de la parties d'entreprises ie de dans le XVIème pour ne
société où elles se trouvent parfois depuis capital
pas avoir de logements
plusieurs générations. (…) Elle est à peu près la
sociaux) =>
seule au début du XXIe siècle à exister encore
réellement en tant que classe, c’est-à-dire en
ayant conscience de ses limites et de ses intérêts
collectifs. Aucun autre groupe social ne présente,
à ce degré, unité, conscience de soi et
mobilisation. »
Michel et Monique Pinçon-Charlot, Sociologie de
la bourgeoisie, 2009
3. L’analyse de la structure sociale chez Weber
Opposition traditionnelle de Marx à un autre sociologue allemand : Max Weber (1864-1920). Max Weber
a également étudié la stratification sociale, c’est-à-dire l’organisation de la société en groupes sociaux
hiérarchisés. Weber utilise également la notion de classes sociales mais dans un sens un peu différent de
Marx et analyse la structure sociale à l’aide d’autre outils que celui de la classe sociale.
Contrairement à Marx, Weber a une analyse pluridimensionnelle de la stratification sociale. Chez Marx,
l’analyse de la stratification est unidimensionnelle : c’est un seul critère, le critère économique qui définit les
classes sociales. Dans l’analyse de Max Weber, les fondements de la hiérarchie sociale ne se situent pas
seulement dans la sphère économique. Son analyse est pluridimensionnelle car il envisage la stratification à
partir de trois dimensions distinctes :
- un ordre économique qui correspond à la distribution des biens et de la richesse, où les individus se
répartissent en différentes classes sociales ;
- un ordre social qui correspond à la distribution du prestige social, où les individus se répartissent en
groupes de statut ;
- un ordre politique qui correspond à la distribution du pouvoir politique, où apparaissent les partis, en
lutte pour le contrôle du pouvoir politique.
=> Certains groupes sociaux sont dominants dans plusieurs domaines distincts : ordre économique, sphère
politique et ordre social.
Document 23 : doc 5 p. 135 Nathan : Les trois ordres de la stratification sociale chez Weber
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Classes sociales : ordre économique, on retrouve une similitude par rapport à Marx, les classes sociales
sont définies selon un critère économique. Une classe sociale au sens de Weber = un ensemble d’individus
ayant les mêmes chances de disposer de biens et services vendus sur un marché, donc à un mode de vie
spécifique, sans pour autant que ces individus aient le sentiment d’appartenir à une même communauté.
Ici la classe sociale n’est qu’une catégorie statistique, il est possible qu’ils se mobilisent pour défendre leurs
i mais ce n’est pas obligatoire >< Marx. Weber ne fait pas de distinction entre classe en soi et classe pour soi,
ce qui est importante c’est uniquement l’accès aux ressources (donc la classe en soi). => Weber : approche
nominaliste : les classes sont une collection d’individus crées par le sociologue pour analyser la structure
sociale mais n’ont pas forcément conscience d’elles-mêmes, elles sont des « noms » plus que des choses,
= à la somme des individus qui la compose.
Groupes de statuts : ordre social ->Un des apports les plus importants de Weber à l’analyse de la structure
sociale, il s’agit de montrer que la société est structurée par d’autres éléments que le marché, ici le
prestige ou honneur social.
 De quoi dépend le prestige ?
Style de vie : à savoir la consommation, les manières d'être, le lieu où l'on habite... bref
ensemble de normes du groupe.
Naissance : si famille a un prestige particulier ; surtout vrai pendant l'AR, mais aussi maintenant
par exemple si l'on s'appelle Mandela, Einstein...
Profession : exemple de l'artiste, de l'avocat, du médecin...
Instruction : diplômes peuvent être reconnues accéder à du prestige (le professeur sous la IIIe
République)
Weber donne lui-même un exemple: « Principes et conventions présentent des traits très typés dans les
couches les plus privilégiés. Par exemple, celui qui habite une certaine rue (« the street ») est considéré
comme appartenant à la société ; il a des relations, il reçoit, il est invité. En général, parmi les groupes
privilégiés, le travail physique « vulgaire » est disqualifié. » Maximilian Weber, Economie et Société, 1922
 Un groupe de statut est un ensemble d’individus disposant du même degré de prestige social
et qui adoptent une conduite de vie spécifique.
 Les membres d’un groupe de statut ont eux un sentiment d’appartenance, parce qu’ils
partagent un mode de vie.
Remarque :
-
-
Pour Weber la hiérarchie entre groupe sociaux n’est pas même d’un ordre à l’autre : certains
groupes sociaux sont par exemple dominants dans la sphère économique mais ne le seront pas
nécessaire dans la sphère sociale. Ex : La noblesse désargentée est déclassée dans l’ordre
économique mais son degré de prestige est élevé.
Cependant, les trois dimensions sont très souvent connectées, l’ordre politique est ainsi
fréquemment lié aux deux autres ordres : les membres de l’élite économique sont souvent au
sommet de l’échelle politique et statutaire.
Intérêt : cette analyse tridimensionnelle de Weber a le mérite de montrer la complexité de la hiérarchie
sociale dans les sociétés modernes. On peut très bien être en haut de l'échelle du point de vue économique
(ex : un artisan qui fait fortune) et dans une position inférieure en termes de prestige et de pouvoir.
Exercice : La stratification sociale chez Weber
1) Complétez le schéma suivant avec les mots ou expressions suivants : politique, économique, social,
prestige, pouvoir, richesse, partis politiques, groupes de statut, classes sociales.
Ordre économique
Ordre Social
Ordre politique
Classes sociales
Groupes de statut
Partis politiques
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
+
Hiérarchie
selon la
richesse
+
Hiérarchie
selon le
prestige
-
+
Hiérarchie
selon le
pouvoir
-
-
2) Placez sur chaque échelle hiérarchique du schéma précédent les individus suivants :
Barak Obama, Zinedine Zidane, Bill Gates, Liliane Bettencourt, un médecin, un ouvrier vainqueur du loto,
un docteur en sociologie, un titulaire du RSA, un trader.
3) Remplissez le tableau ci-dessous permettant de comparer les analyses de la stratification sociale de Marx
et Weber.
Points communs
Différences
Vision hiérarchisée de la société : domination Réalisme chez Marx : les classes sociales ont une
de certains groupes qui se situent en haut de la existence réelle / nominalisme chez Weber : les
hiérarchie sociale. Classement hiérarchisé des classes sociales comme outil d’analyse du
groupes sociaux.
sociologue.
Les deux auteurs utilisent la notion de classe
sociale. Une définition proche des critères
objectifs permettant de parler de classes
sociales : critère économique.
Approche unidimensionnelle chez Marx : ce qui
détermine la position d’un individu au sein de la
hiérarchie, c'est uniquement sa place dans le
système
productif.
Approche
pluridimensionnelle chez Weber : Les individus
Une approche conflictuelle de la société chez ne se classent pas seulement en fonction de leur
Marx : lutte des classes. Une approche fondée rapport au travail : Weber refuse de faire du
sur la domination chez Weber qui ne conduit pas critère économique l’unique facteur explicatif de
forcément au conflit.
la hiérarchisation sociale.il retient trois
dimensions essentielles de la stratification sociale
: les classes (ordre économique), les groupes de
statut (ordre social) et les partis (ordre politique).
Transition : Les théories traditionnelles des classes sociales ont été formulées il y a plus de 100 ans. Depuis
cette époque, la société a beaucoup évolué. On peut donc se poser la question de la pertinence du concept
de classe sociale pour analyser la structure sociale aujourd'hui. Plusieurs thèses s'affrontent.
B. La moyennisation de la société a-t-elle rendu les classes sociales obsolètes ?
Pour le sociologue français Henri Mendras (1927-2003), auteur de " La Seconde Révolution française. 19651984" en 1988, la société française n'est plus organisée en classes sociales au sens de Marx.
La thèse de la moyennisation que l’on doit au sociologue Henri MENDRAS : renvoie à plusieurs aspects :
-le déclin des classes sociales et en particulier de la classe ouvrière
-l’émergence d’une vaste classe moyenne
Henri Mendras montre que les trois grandes classes identifiées au début du XXè siècle sont en déclin : la
classe ouvrière, la paysannerie et la bourgeoisie. On insistera sur le sort de la classe ouvrière.
Marx faisait de la classe ouvrière le groupe social révolutionnaire qui devait renverser le capitalisme. Or, de
nombreux travaux ont montré que celle-ci était en déclin.

Le déclin est d'abord numérique
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Document 24 : L'évolution de la structure socioprofessionnelle (doc 3 p. 161 Bordas)



La PCS n° 6 n’est plus la première PCS en France = déclin de la classe ouvrière « en soi ». Les ouvriers
représentaient plus de 40% des actifs dans les années 1960. Ils ne représentent plus que 23% des
actifs aujourd’hui. Le groupe ouvrier a ainsi perdu les figures de proue qui le structuraient
socialement et symboliquement : les mineurs ont disparu depuis longtemps, plus récemment les
sidérurgistes, les métallurgistes, les travailleurs de l’automobile aux effectifs fortement réduits, n’ont
plus la place centrale qu’ils occupaient dans les années 1960. Même les catégories ouvrières de
certains grands services (les cheminots) n’échappent pas au rétrécissement de leurs rangs.
Pourquoi ? La tertiarisation de l’économie et la montée de la qualification (démocratisation
scolaire) expliquent ces évolutions. On constate une montée des catégories les plus qualifiées et du
secteur des services. Les premiers groupes : les employés puis les PI + développement des CPIS
Ces transformations ont conduit une partie des sociologues à en conclure que l’analyse en termes
de classes sociales n’était plus pertinente pour comprendre notre société. Mais d’autres
sociologues soulignent que les classes populaires (ouvriers + employés) regroupent encore près de
50% de la population active et que leur situation dans l’univers professionnel demeure dominée.
Idem pour les paysans : déclin numérique très important.
Concernant le classe bourgeoise, Mendras insiste sur le fait que le krach de 1929 a entraîné la disparition
de la bourgeoisie rentière et que les bourgeois des années 1980 n’ont plus grand-chose à voir avec les
ancêtres (ils travaillent).
Le déclin d’une conscience de classe.
Document 25 : Avez-vous le sentiment d’appartenir à une classe sociale ?
Sondage Ifop pour l’humanité.
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
 Affaiblissement du sentiment d’appartenance à une classe sociale. Mais quand même + de 50%
des français ont le sentiment d’appartenir à une CS : mais laquelle ?
Document 26 : Le brouillage du sentiment d'appartenance de classe (doc 2 p. 160 Bordas)
1. Faîtes une phrase donnant la signification des données soulignées.
En France, sur 100 membres de la catégorie « cadres et professions intellectuelles supérieures », 80 déclarent
appartenir aux classes moyennes, selon un sondage CSA réalisé en avril 2009. Sur 100 Français, il y en a 63 à
se classer parmi les classes moyennes.
2. Quel constat tirez-vous de ce sondage ? La majorité des français de sentent appartenir aux classes
moyennes (62%), aussi bien les ouvriers (49%), les employés (63%) que les cadres (88%).
Le sentiment d’appartenance à une classe sociale est donc faible, l’assimilation aux classes moyennes est
générale pour toutes les PCS.
Cependant, des individus avec des niveaux de revenu très différents se définissent comme membre des
classes moyennes, ce qui laisse penser à un affaiblissement des frontières de classe. Les classes moyennes
n’existent pas réellement, nous pouvons donc parler de brouillage de classes dans la mesure où les classes
moyennes sont multiples et peu identifiables.
 Brouillage des frontières de classe, l’identification à une classe sociale n’a rien d’évident :
 Aujourd’hui le sentiment d’appartenance à une classe a diminué et se distingue de l’appartenance «
objective » à cette classe, la classe pour soi se dissocie de la classe en soi. Un ouvrier sur deux se
reconnaît dans les catégories populaires, autant dans les classes moyennes.
 L’assimilation aux classes moyenne est générale pour les PCS : des individus avec des niveaux de
revenu très différents se définissent comme membre des classes moyennes, ce qui laisse penser à
un affaiblissement des frontières de classe. Mais ces classes moyennes sont multiplies et peu
identifiables -> d’où un brouillage, pas de frontières définies entre les classes mais des classes «
noyées » dans une classe moyenne vaste et aux frontières floues.
Et les classes mobilisées ? On peut aussi s’intéresser à la question du « vote de classe » : idée que chez Marx
la classe est mobilisée pour défendre ses i à travers des syndicats et des partis politiques, donc on devrait
voir apparaitre un « vote de classe » ouvrier : tendance des ouvriers à voter massivement pour le parti qui
défend leurs intérêts (à priori historiquement les partis de gauche et extrême gauche)
L’analyse du vote des classes populaires tendrait à penser que la conscience de classe et la mobilisation
s’est réduite au cours du temps. Les ouvriers formeraient donc moins une classe pour soi.
Dans les années 1970s les sociologues font apparaitre un vote de classe ouvrier : à gauche, déterminé par
une conscience d’appartenir à la classe ouvrière: les ouvriers de cette classe ouvrière se définissent en tant
que « nous », les exploités, mal-traités … : identification et «eux », les gros les puissants, les riches. Ce double
ppe construit une conscience de classe qui amène à voter a gauche pour lutter contre eux et améliorer la
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
situation de nous. >< Aujourd’hui : abstention devient le 1er parti ouvrier, croissance du vote FN (même si
à nuancer), et du vote à droite. En 2012 : au premier tour c’est Marine Le Pen qui obtient la plus grande part
des vote ouvriers (29% des ouvriers votants contre 18% des votants), 27% pour François Hollande et 19%
pour Nicolas Sarkozy. Mais en fait le premier parti ouvrier = abstention (30% des ouvriers contre 20% de la
population).
http://www.ipsos.fr/sites/default/files/attachments/rapport_svv_2012_-_23_avril_2012__10h.pdf
Voir le livre de Braconnier « La démocratie de l’abstention »
Il y a également moins de conflits de classe : le nombre de jours de grève a été divisé par quatre depuis les
années 1970 (même si difficultés à comptabiliser) / baisse du taux de syndicalisation depuis l'après guerre
où 1/3 salarié est syndiqué jusqu'à 8% aujourd'hui / déclin du PCF
Reprise :
-
le sentiment d'appartenance à une classe baisse
augmentation du sentiment d'appartenance à une classe moyenne a doublé
baisse du vote de classe
baisse de la conflictualité sociale de type marxiste
Comment expliquer ce déclin du sentiment d’appartenance et vote de classe ? Déstructuration des milieux
populaires :
 Sentiment d’abandon des classes populaires par la gauche : rapprochement de l’offre électorale de
la gauche et de la droite, le désenchantement après 25 ans d’alternance, celle-ci n’ayant à aucun
moment permis d’améliorer sensiblement la situation dans les quartiers populaires.
 Moyennisation des ouvriers : Beaud et Pialoux: Retour sur la condition ouvrière : Les ouvriers
aspirent aux mêmes modes de vie que les classes moyennes. Sur le plan scolaire, il y a une aspiration
à la réussite et beaucoup moins de comportements d'auto-exclusion. Uniformisation de la
consommation, moyennisation, embourgeoisement des ouvriers. Sur de nombreux plans, les jeunes
issus de parents ouvriers ne reproduiront plus la culture de leurs parents, la culture ouvrière.
Dévalorisation de la condition ouvrière, les jeunes ne s’identifient plus aux modèles de leurs parents.
La fierté d'être ouvrier a disparu, tout ce qui fait ouvrier, que ce soit dans les modes de vie ou dans
les manières d'être, dans les représentations politiques est déprécié.
L'effritement du groupe ouvrier est donc un autre argument remettant en cause l'intérêt du concept
marxiste de classe : la classe ouvrière est un groupe en déclin numérique qui n’est plus mobilisé.
Mendras souligne également la fin de la « culture paysanne ».
 Fin des classes en soi et des classes pour soi.
Si l’analyse en termes de CS n’est plus pertinente pour rendre compte de la structure sociale, alors par quoi
a-t-elle été remplacée ? Analyse de Mendras : la société est désormais structurée autour d’une vaste classe
moyenne, qui a en quelques sortes « absorbé » les anciennes classes.
On passe d’une structure pyramidale de la structure sociale -> à une structure en toupie (faire les deux
schémas pour illustrer). Structure pyramidale : opposition entre le haut et le bas
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Selon Mendras, les groupes sociaux sont des constellations (comme les groupes d'étoiles) qui cohabitent
avec d'autres groupes sans former une structure pyramidale opposant ceux « d’en haut » et ceux « d’en
bas ».
Document 27 : Henri Mendras, la thèse de la moyennisation de la société
Cette vision cosmographique place en son centre une vaste classe moyenne formée d'individus assez
semblables par les diplômes, les niveaux et les modes de vie (ingénieurs, cadres et enseignants), c’est la
constellation centrale. La société a alors l'allure d'une toupie.
Constellation populaire = 50% de la population. Elite = 3%. La constellation la plus importante est la
constellation centrale : même minoritaire numériquement (1/4 de la population active), c’est elle qui porte
le changement sociale.
La classe moyenne est au centre de la société et entretien des relations avec le haut (bourgeoisie) et le
bas (prolétariat), leur diffuse ses modes de vie, si bien que les deux groupes extrêmes ont tendance à se
rapprocher de cette classe moyenne = les frontières deviennent floues.
Au final : les groupes se chevauchent plus qu’ils ne se superposent (frontières floues et poreuses)
Comment expliquer ce phénomène de moyennisation de la société française ?
1)Se développe au cours des Trente glorieuses une vaste classe moyenne : explosion du nombre de « cols
blancs » (employés de bureau, cadres, profession intermédiaire) qui ne sont ni des bourgeois, ni des
ouvriers. Cette classe moyenne conduit à brouiller les frontières entre les classes : la classe moyenne entre
en relation avec les deux autres classes qui « se mettent à ressembler plus à la classe moyenne qu’au
prolétariat et à la bourgeoisie ».
2) Diffusion des modèles culturels forgés dans les couches moyennes dans les autres classes sociales . Avec
30 Glorieuses, diffusion d'un style de vie commun grâce à la télévision et le fait que tout le monde habite en
ville concrétisé par le port du jean, le barbecue, le réfrigérateur... = moyennisation culturelle.
Homogénéisation progressive des comportements, des pratiques et des styles de vie (il y aurait, avec la
montée de l'individualisme, un desserrement des liens entre les conduites et les appartenances sociales).
= fin des groupes de statuts chez Weber : diffusion d’un style de vie commun à toutes les groupes sociaux.
Des illustrations :
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
DOCUMENT
Taux d’équipement en multimédia des ménages selon la catégorie
socioprofessionnelle en 2012 (en %).
Téléviseur
couleur
Magnétoscope
ou lecteur
Téléphone fixe
Téléphone
portable
Micro
ordinateur
Connexion à
internet
Type d’équipement
Agriculteurs
exploitants
95,4
77,2
90,6
92,8
83,4
79,8
Artisans, commerçants,
chefs d'entreprise
97,6
85,7
90,2
97,4
92,5
90,4
Cadres et Professions
intellectuelles
supérieures
93,5
87,3
95,8
97,9
98,6
97,3
Professions
intermédiaires
96,4
87
92
97,8
96,5
93,9
Employés
97
83,2
86,2
96,9
89,2
86,7
Ouvriers
98,1
86,7
85,2
97
84,3
81,4
Catégorie
socioprofessionnelle
Champ : ensemble des ménages en France métropolitaine.
Source: Statistiques sur les ressources et les conditions de vie, INSEE, 2012.
DOCUMENT
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Taux d’équipement des ménages(1)
Champ : France métropolitaine.
Source : d’après Trente ans de vie économique et sociale, INSEE, 2014.
(1) Le taux d’équipement des ménages mesure la proportion des ménages possédant au
moins un exemplaire d’un bien donné.
=>affaiblissement des frontières sociales en termes d'accès à la consommation et aux références culturelles.
3)Démocratisation scolaire : accès aux diplômes à une grande partie de la population (objectif de 80% d'une
classe d'âge au bac alors que 2% au début du XXème siècle).
Beaud et Pialoux : Retour sur la condition ouvrière.
Les ouvriers aspirent aux mêmes modes de vie que les classes moyennes. Sur le plan scolaire, il y a une
aspiration à la réussite et beaucoup moins de comportements d'auto-exclusion. Uniformisation de la
consommation, moyennisation, embourgeoisement des ouvriers. Sur de nombreux plans, les jeunes issus de
parents ouvriers ne reproduiront plus la culture de leurs parents, la culture ouvrière. Dévalorisation de la
condition ouvrière, les jeunes ne s’identifient plus aux modèles de leurs parents.
La fierté d'être ouvrier a disparu, tout ce qui fait ouvrier, que ce soit dans les modes de vie ou dans les manières
d'être, dans les représentations politiques est déprécié. Argument à placer également dans la fin des classes
sociales.
4)La diminution des inégalités économiques est un argument important pour ceux qui annoncent la fin des
classes sociales. Tout au long du XXème siècle, baisse des inégalités de revenus et de patrimoine part du
premier décile en revenus et en patrimoine a globalement baissé. Rapprochement entre groupes sociaux au
niveau économique (embourgeoisement des ouvriers). La moyennisation signifie ici que la classe moyenne
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
deviendrait le groupe majoritaire dans la société par réduction des inégalités économiques entre les groupes
extrêmes.
Document 28 (pour aller plus loin) : Deux regards sur le malaise des classes moyennes (doc p. 183 Magnard)
 Les frontières entre d’éventuelles classes sociales seraient donc beaucoup moins marquées à tel point que
certains parlent de fin des classes sociales.
BILAN DU 1) et transition.
 Certains auteurs avancent donc une « fin des classes sociales » engendrée par le phénomène de
moyennisation de la société française à l’œuvre pendant les 30 glorieuses. Les frontières entre
d’éventuelles classes sociales seraient beaucoup moins marquées, la notion de classe sociale au
sens de Weber et Marx n’est plus pertinente pour analyser la structure sociale + celle de Weber
non plus puisque diffusion d’un mode de vie comment.
 Mais quels critères de différenciation sociale dans ce cas ? Moyennisation ; mais si tout le monde
est moyen, alors tout le monde est identique ? Non, on voit alors émerger d’autres critères de
différenciation que le critère économique sur lequel repose la classe sociale.
III. Comment penser la structure sociale aujourd'hui ?
A. Existe-t-il d'autres critères de différenciation plus pertinents que les classes sociales ?
Les classes sociales ne sont pas le seul critère de différenciation sociale à l'œuvre dans les sociétés actuelles.
L'objet de cette partie est de montrer la multiplicité des critères de différenciation sociale :
A l'aide des deux documents (du bac) suivants, identifiez d'autres critères de différenciation
sociale que les classes sociales. Autrement dit, quels sont les facteurs sociaux, qui peuvent
expliquer les inégalités économiques et sociales en France aujourd'hui.
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
DOCUMENT 29 : Pratiques culturelles au cours des 12 derniers mois, en fonction du
sexe, de l’âge et de la catégorie sociale.
Ont fréquenté
une
Sur 100
Ont joué d'un bibliothèque
Sont allées au
personnes de
instrument de
ou une
musée
chaque groupe
musique
médiathèque
environ 1 à 2
fois par mois
Ensemble
Sexe
Hommes
Femmes
Âge
15 à 19 ans
20 à 24 ans
25 à 34 ans
35 à 44 ans
45 à 54 ans
55 à 64 ans
65 ans et plus
Catégorie
sociale de
l'individu
Indépendants
Cadres et
professions
intellectuelles
supérieures
Professions
intermédiaires
Employés
Ouvriers
Ont pratiqué
Sont allées
en amateur la voir une pièce
peinture, la
de théâtre
sculpture, la jouée par des
gravure
professionnels
30
12
11
9
19
30
29
15
10
8
13
7
12
18
19
37
34
29
34
29
31
21
32
24
16
13
8
7
4
14
13
10
12
12
8
9
14
19
12
9
8
7
5
32
23
18
16
19
20
14
22
6
3
5
12
68
23
20
11
48
44
14
13
10
25
26
16
8
9
12
5
10
6
14
7
Source : d’après enquête Pratiques Culturelles des Français,
Ministère de la Culture et de la Communication, 2008.
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
DOCUMENT 30 : Temps hebdomadaire consacré aux écrans selon le sexe, l’âge, le
niveau de diplôme* et le milieu social, sur 100 personnes de chaque groupe
Durée moyenne d’écoute de la télévision**
(heures par semaine)
Durée moyenne d’utilisation
« nouveaux écrans »***
(heures par semaine)
* Élèves et étudiants exclus.
** Temps passé devant les programmes télévisés en direct.
*** Temps passé devant un ordinateur ou une console de jeux et à regarder des vidéos, quel que soit l’écran.
Source : Pratiques culturelles 2008, Département des études, de la prospective et des statistiques,
ministère de la Culture et de la communication, 2009.
(1) CEP : certificat d’études primaires ; CAP : certificat d’aptitude professionnelle ; BEPC : brevet d’études du
premier cycle remplacé par le diplôme national du brevet.
=> Le statut professionnel, l'âge ou la génération, le genre sont autant de critères socio-économiques
créateurs d'inégalités. On pourrait également ajouter : l'origine ethnique ou le lieu de résidence.
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
1) Une différenciation selon le statut professionnel : les PCS
Point de cours : Qu'est-ce que les PCS (professions et catégories sociales) ?
Une nomenclature représente une liste d’éléments classés et codifiés selon un certain nombre de critères.
La nomenclature des PCS (Professions et catégories socioprofessionnelles) a été construite par l’INSEE en
1954 (puis modifiée en 1982) pour classer la population à partir de la profession exercée en un nombre
restreint de catégories professionnelles présentant une certaine « homogénéité sociale ».Selon
L'INSEE : « les personnes appartenant à une même catégorie sont présumées être susceptibles d'entretenir
des relations personnelles entre elles, avoir souvent des comportements et des opinions analogues, se
considérer elles-même comme appartenant à une même catégorie et être considérées par les autres comme
appartenant à une même catégorie. » La nomenclature des PCS permet donc d’étudier la stratification
sociale. »
Les 7 critères de construction :
1.L’activité professionnelle (le métier
2. Le statut professionnel(salarié ou non-salarié cad indépendant)
3 Le secteur d’activité (primaire, secondaire, tertiaire)
4. La taille de l'entreprise
5. Le secteur public / privé
6. La qualification de l’emploi occupé (de l'emploi, pas de celui qui l’occupe mais c'est lié)
7. La position hiérarchique (qui dépend souvent de la qualification)
Note : le revenu n'est donc pas un critère de construction de PCS.
A partir de ces 7 critères de construction, l'INSEE identifie différentes catégories socioprofessionnelles
regroupant une multitude de métiers (il faut connaître les 6 grandes catégories)
agr, expl,
indépendants
art, com,
chefs d'ent,
actifs
élevée :
cad prof° intel
moyenne :
prof inter
faible :
employés
Pop° totale
salariés
non manuels
manuels
inactifs
qualification
ouvriers
retraités
autres inactifs
Des exemples de métiers classés dans les PCS
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Exemples de métiers
1-Agriculteurs exploitants (AE)
Maraîchers, horticulteurs, bergers…, Patrons pêcheurs <10 salariés, Viticulteurs, éleveurs…moyens,
Céréalicultures, arboriculteurs, élevages industrielles…
2-Artisans, commerçants,
Artisans boulangers, pâtissiers, bouchers, mécaniciens, couturiers, ébénistes, maçons, peintres, électriciens,
plombiers, serruriers, conducteurs de taxi, coiffeurs…indépendants. Epiciers, buralistes, pompistes, guérisseurs,
agents immobiliers, restaurateurs, cafés, agents de voyage… indépendants.
chefs d’entreprises (ACCE)
Grandes entreprises : > 500 salariés 7% / Moyennes entreprises : 50-499 salariés 14% / Petites entreprises : 10-49
salariés 79%
3-Cadres et professions
intellectuelles supérieures (CPIS)
Médecins libéraux spécialistes et généralistes, chirurgiens dentistes, psychothérapeutes, vétérinaires,
pharmaciens, avocats, notaires, huissiers, conseils juridiques et fiscaux, experts comptables,
architectes…indépendants.
Proviseurs, chercheurs, médecins hospitaliers, internes, psychologues scolaires, enseignants du secondaire et du
supérieur, haute administration, magistrats, personnes exerçants un mandat politique ou syndical, officiers de
l’armée, commissaires de police… Journalistes, présentateurs TV, écrivains, cinéastes, comédiens, chanteurs de
rock, sculpteurs…
Ingénieurs, pharmaciens salariés, managers, commerciaux, analystes financiers, D.R.H., chefs de produit,
acheteurs, publicitaires, directeur marketing, informaticiens, architectes salariés, chimistes, pilotes d’avions…
4-Professions
Professeurs des écoles (y.c. directeurs), instituteurs, enseignants du collège et du technique court, C.P.E. et
surveillants, contractuels de l’E.N., moniteurs et éducateurs sportifs, sportifs professionnels…
intermédiaires (PI)
Infirmiers (salariés et libéraux -8%), puéricultrices, sages-femmes, diététiciennes, pédicures, préparateurs en
pharmacie, Educateurs, Assistante sociale… Contrôleur des impôts, douanes,…, inspecteurs et officiers de police,
adjudants et majors de l’armée et de la gendarmerie, professions administratives intermédiaires des collectivités
locales…
Secrétaires de direction, représentants, aides-acheteurs, assistants publicitaire, interprètes, photographes
(indépendants et salariés, maîtres d’hôtel…) Techniciens, dessinateurs, géomètre, contremaîtres, agents de
maîtrise, responsable de manutention, chefs de chantiers, responsables de magasinage, maîtres d’équipage de
pêche…
5-Employés
Aides-soignants, postiers, agents de bureau… Policiers et militaires subalternes : agents de police, gendarmes,
pompiers…
Secrétaires, ambulanciers salariés, guichetiers de banque, contrôleurs des transports, hôtesses d’accueil, agents
de sécurité…
Vendeurs, caissiers… Serveurs, manucures, esthéticiens salariés, coiffeurs salariés, assistante maternelle
(gardiennes d’enfants), femmes de ménages chez des particuliers, concierges…
6-Ouvriers
Ouvriers non qualifiés : O.S. (ouvriers spécialisés dans une seule tâche) : travail posté sur chaîne,
manutentionnaires, manœuvres du B.T.P… Commis de cuisine, Chauffeurs de taxi salarié, bus (pas train),
Industrie 46% coursiers, livreurs, matelots, dockers…
Artisanat 35% Ouvriers qualifiés : O.P. (CAP, BEP) (ouvriers professionnels) régleurs, soudeurs, mécaniciens, conducteurs
d’engins de travaux publics, et ouvriers qualifiés chimie, cuir-industrie, imprimerie... Déménageurs, Jardiniers,
Transports 15%
carrossiers, menuisiers, boulangers, cordonniers, cuisiniers, apprentis salariés qualifiés et non qualifiés. Ouvriers
Agriculture 4% agricoles, saisonniers, marins-pêcheurs salariés…
D’après L. Thévenot, A. Desrosières, « Les CSP », Repères, La Découverte.
Précision : les chômeurs ayant déjà exercé un emploi sont placés selon leur dernière profession.
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Questions :
1. Quel est l'élément central qui permet de déterminer la position sociale dans la nomenclature des PCS ?
2. En quoi les catégories socio professionnelles se rapprochent-elles des analyses de la structure sociale de Marx et
Weber ?
3. Quel est l'intérêt de regrouper les différentes profession en grandes catégories ?
Le classement en PCS permet de mettre en évidence des inégalités économiques et sociales ou la mobilité sociale
dans le cadre d’études statistiques. Les PCS permettent de relier différents phénomènes comme les pratiques
culturelles, l’espérance de vie, le chômage, etc. au milieu socio professionnel. Les PCS constituent donc un outil
indispensable pour étudier la stratification sociale et les inégalités entre les différentes PCS : voir docs 29 et 30.
Document 31. Les catégories socioprofessionnelles permettent-elles de penser la hiérarchie sociale ?
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Question. Quelle est la limite de la grille soulignée par le document 31 ?
Manque d'homogénéité des catégories et ces catégories ne recoupent pas la hiérarchie sociale.
Autres limites : cette grille ne permet pas d'observer la situation des « exclus » : le chômage et la précarité
échappent à cette classification et peut paraître décaler par rapport à d'autres éléments qui traversent ces
catégories : le sexe, l'âge...
Bilan :
-La grille des PCS est élaborée par l'INSEE et cherche à construire des catégories socioprofessionnelles
homogènes à partir du regroupement. La position des individus y est définie en fonction de leur profession
en tenant compte de ses nombreux aspects et des professions
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
-Elle est largement utilisée dans les enquêtes statistiques, notamment pour étudier les inégalités sociales
ou la mobilité
-Cette grille présente un certain nombre de limites.
-C'est une spécificité française, ce qui rend les comparaisons compliquées : réflexion autour de la mise en
place d'un outil européen.
2)De multiples critères de différenciation sociale
La structure sociale contemporaine est complexe est d'autres critères de classification émergent. Ainsi,
au sein d'une même profession, on peut observer des inégalités entre individus liées à leur sexe, à leur
âge, à leur origine.
L’âge et la génération sont à l'origine d'inégalités éco et sociales et déterminent des pratiques et une
identité culturelle de groupe.
Si on reprend le doc précédent sur la TV et les nouveaux écrans, on observe que le critère de l'âge est
déterminant : Critère d’âge et de génération permet d’identifier des pratiques bien distinctes, notamment
des pratiques et une identité culturelle propre aux jeunes. Par exemple : utilisation d’internet, TV, pratiques
sportives … Distinguer l’effet d’âge (pratique sportive) de l’effet de génération (utilisation d’internet).
DOCUMENT 32 :
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Comment faire pour analyser ce doc ? Comparer = faire apparaitre des points communs et/ou des
différences entre la catégorie des 18-29 et les autres catégories (le mieux = prendre l’ensemble).
Tendance générale : les jeunes connaissent une situation plus délicate que les autres catégories d’âge,
que ce soit au niveau du niveau de vie, taux de pauvreté et statut d’activité ;
Détail :
-Niveau de vie < à la moyenne (chiffres)
-Plus touchés par la pauvreté que la moyenne (chiffres)
- Plus touchés par le chômage (chiffres)
-Parler de l’inactivité ? Non car logique, nombre d’entre eux sont encore étudiants.
Ccl : il y a donc des inégalités selon l’âge.
=> Les jeunes connaissent des conditions de vie moins favorables que les baby-boomers qui ont cumulé les
avantages. Non seulement les jeunes gagnent moins que la génération de leurs parents, mais ils sont
confrontés au chômage et à la précarité, ils ont plus de chance d'avoir un emploi ne correspondant pas à
leur formation, ils ne sont pas garantis de profiter de l'Etat-providence... Voir Peugny.
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
DOCUMENT supplémentaire :
Statut et type de contrat selon l'âge en 2010 (en %).
Ensemble des
15-24 ans
25-49 ans
50 ans et plus
15 ans ou plus
2,4
10,6
16,9
11,5
97,6
89,4
83,1
88,5
Non salariés
Salariés
Dont
Intérimaires
5,9
1,7
0,7
1,8
Apprentis
15,0
0,1
0,0
1,4
Contrats à durée
27,8
7,5
4,6
8,5
déterminée
Contrats à durée
48,9
80,1
77,8
76,8
indéterminée
Ensemble des
100
100
100
100
emplois
Effectifs en milliers
2 255
16 786
6 651
25 693
Champ : France métropolitaine, personnes en emploi de 15 ans ou plus (âge au 31 décembre).
Source : INSEE, Enquêtes Emploi, 2010.
Nuance : Bourdieu « la jeunesse n’est qu’un mot », en fait il y a surtout des inégalités entre jeunes selon
leur milieu social, et c’est cela qui compte (on ne peut pas mettre dans le même groupe un fils
d’ouvriers/employés et un fils de patron par exemple).
Le genre, comme l’âge, influence la pratique d’activités culturelles et peut-être appréhendé comme un
élément de la stratification sociale. Alors que les femmes sont aujourd'hui en moyenne plus diplômées que
les hommes, les places les plus valorisées et donc mieux rémunérées (chefs d'entreprise, responsables
politiques...) restent en grande majorité occupées par des hommes comme s'il existait un "plafond de
verre" (invisible).
DOCUMENT 33: Effectifs des classes supérieures par filière en 2011
Classes préparatoires aux grandes
écoles
Dont :
- Préparations scientifiques
- Préparations économiques
- Préparations littéraires
Sections de techniciens supérieurs
Total général
Filles
Garçons
Total
Part des
filles
(%)
33 686
46 725
80 411
41,9
14 793
10 009
8 884
34 954
8 589
3 182
49 747
18 598
12 066
29,7
53,8
73,6
125 718
159 404
120 307
167 032
246 025
326 436
51,1
48,8
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Champ : France métropolitaine et DOM y compris Mayotte, établissements d'enseignement
supérieur publics et privés.
Source : Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, 2013.
DOCUMENT 34 : Salaires mensuels nets(1) selon le sexe et la catégorie
socioprofessionnelle en 2011 en France (en euros)
Cadres(2)
Professions intermédiaires
Employés
Ouvriers
Ensemble
Hommes
Femmes
Ensemble
4302
2309
1649
1680
2312
3362
2011
1515
1398
1865
3988
2182
1554
1635
2130
Écart entre
hommes et
femmes en
%
-21,8
-12,9
-8,1
-16,8
-19,3
Champ : Salariés du secteur privé et des entreprises publiques, rémunérations pour un
temps plein.
Source : INSEE, 2014.
(1) Salaire net : salaire perçu par le salarié.
(2) Les chefs d'entreprise salariés sont ici compris dans le groupe des cadres.
Note de lecture: en 2011 en France, les femmes cadres perçoivent en moyenne un salaire
mensuel net inférieur de 21,8% à celui des hommes cadres.
Salaires : Tout temps de travail confondu, les femmes gagnent en moyenne 25% de moins que les hommes.
Plus on progresse dans la hiérarchie des salaires, plus l’écart est élevé. Cet écart peut s’expliquer par
plusieurs facteurs
Temps de travail : les femmes sont davantage concernées par les temps partiels, mi-temps …
(choisi ou subi) donc elles gagnent mois car elles travaillent moins. Mais pas suffisant : si on
regarde leur salaire horaire, il est 20% plus faible que celui des hommes.
Types d’emplois occupés par les femmes : concentration d’hommes en haut de la hiérarchie
des salaires. (ex : elles ne représentent que 35% des cadres).
Mais même à poste et expérience égale : les femmes gagnent toujours 9% de moins que les
hommes.
Puisque les femmes se consacrent davantage à la sphère privée que les hommes, il leur est plus difficile de
grimper dans la hiérarchie de l’entreprise (plafond de verre). Ainsi, sur 100 dirigeants d’entreprise, 82,8 en
moyenne sont des hommes. Les chefs d’entreprise ont tendance à considérer qu’elles s’investissent moins
dans leurs tâches professionnelles (critères de présentéisme qui les conduit à discriminer les femmes pour
l’accès aux promotions). Il s’agit de l’une des explications de l’inégalité salariale de genre : dans le privé, le
salaire moyen mensuel net des hommes est 25 % plus élevé que celui des femmes.
On peut évoquer également les discriminations à l’embauche. Ayant en tête les contraintes sociales
domestiques des femmes, les recruteurs leur proposent davantage des emplois à temps partiel qu’aux
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
hommes : sur 100 salariées, 30,1 en moyenne sont à temps partiel (contre seulement 6,7 des salariés
hommes).
Enfin, il ne faut pas négliger l’intériorisation de ces inégalités par les femmes, ce qui peut les conduire à
réduire (inconsciemment) leurs ambitions.
L’origine ethnique : le fait d'être immigré ou enfant d'immigré peut être discriminant à l'embauche.
En moyenne, les ménages non-immigrés perçoivent des revenus (par personne prestations sociales
comprises) supérieurs de 28 % à ceux des ménages immigrés : 1 901 euros en moyenne par mois et pour les
premiers, contre 1 485 euros pour les seconds.
Ces écarts varient également selon le pays d’origine. Les immigrés dont les parents sont originaires d’un pays
d’Afrique ont un niveau de vie mensuel moyen de 1 330 euros contre 1 879 euros pour ceux originaires d’un
pays d’Europe. Le revenu moyen des descendants directs d’immigrés est plus élevé (1 631 euros) que celui
des immigrés (1 485), mais reste inférieur au revenu mensuel moyen d’ensemble qui est de 1 842 euros.
Les immigrés touchent des salaires plus faibles que les non-immigrés, du fait des types d’emplois occupés,
des secteurs d’activité, et de niveaux de qualifications moindres. Les immigrés qui n’ont pas la nationalité
française sont aussi interdits d’emploi dans toute une partie de la fonction publique. Enfin, les discriminations
jouent, mais de façon marginale en matière de salaires : à caractéristiques équivalentes, les immigrés ne sont
pas moins payés que les autres, selon une étude de l’Insee.
Le Centre d’analyse stratégique a commandé en 2006 une enquête à l’université d’Evry. Sur 2 mois, 2 112 CV
ont été adressés pour des postes de serveurs et de comptables. Cette étude compare les taux de succès des
candidats en fonction de leurs nom, prénom, adresse et niveau de qualification. Elle constate que lorsque
l’on a un nom d’origine marocaine, le fait de porter un prénom français (Nicolas Mekloufi plutôt que Soufiane
Brahimi) double les chances de décrocher un entretien d’embauche.
Un candidat français avec un nom et un prénom français est toujours plus « avantagé » par les recruteurs
qu’un candidat avec un nom ou un prénom d’origine marocaine. Un candidat avec nom et prénom français
doit envoyer 3 fois moins de CV que son concurrent (19 contre 54) pour obtenir une proposition d’entretien
d’embauche. Pour un candidat de nationalité marocaine, c’est 15 fois plus.
Transition : D’autres sociologues contemporains s'opposent à la vision de la moyennisation de la société et
à la disparition des classes et considèrent que les classes sociales sont encore un outil d'analyse utile à
condition de les réactualiser.
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
B. La notion de classe sociale reste un concept pertinent
1. Une réactualisation des classes sociales par Bourdieu
Bourdieu (1930-2002) a développé une sociologie critique destinée à mettre au jour les mécanismes de
domination à l’œuvre au sein de nos sociétés. Bourdieu reprend et réactualise dans les années 1960-70 la
théorie des classes sociales.
 Selon Bourdieu, l’espace social est hiérarchisé et implique des relations de domination. Certaines classes
dominent l’espace social et d’autres sont dominées. En cela il rejoint Marx et Weber.
Trois classes hiérarchisées chez Bourdieu : classes supérieures ou dominantes, classes moyennes,
classes populaires. Identifiables en fonction de leurs dotations en différents capitaux (éco, cult, social,
symb) :.
- K économique : revenus et patrimoine.
- K culturel : il s'agit de l'ensemble des ressources culturelles qui existe sous trois forme : les biens
culturels (bibliothèque, œuvres d’art) ;le capital culturel incorporé (sous forme de culture
générale, de capacité à s'exprimer en public);et le capital culturel institutionnalisé, c'est à dire
validé par l'institution scolaire (niveau de diplômes)
- K social : carnet d’adresses = le réseau social, l'ensemble des relations mobilisables.
- K symbolique : niveau de reconnaissance social (proche de la notion d'honneur social chez
Weber).
 L’appartenance à une classe sociale détermine la position dans l’espace social + des styles de vie.
C’est le grand apport de Bourdieu, montrer qu’à la hiérarchie sociale correspond aussi une hiérarchie
de styles de vie et des goûts.
Document 35 : espace social et espace des styles de vie chez Bourdieu.
Dans cette représentation de l'espace social
issue d'une enquête statistique, Pierre Bourdieu
fait apparaître une double logique :
-Axe vertical : volume de capital total (éco et cult)
du + au -. Donc hiérarchie entre les mieux et
moins bien dotés (entourer les classes
supérieures, moyennes et pop).
-Axe horizontal : nature du capital (dominante
éco ou cult) : permet d’opérer des distinctions au
sein des différentes classes = une différenciation
interne.
Question. Placez les personnalités suivantes sur le diagramme des capitaux : Nicolas Sarkozy, Pierre
Bourdieu, Bernard Arnaud (LVMH), Amélie de Secret Story 4, un instituteur.
Bourdieu observe une correspondance entre l’espace des positions sociales et l’espace des styles de vie :
les classes sociales sont aussi identifiables par leurs styles de vie -> Les individus proches sur l’espace des
positions sociales partagent des goûts et pratiques en commun (musique, cinéma, lecture, visite ou pas de
musées, intérêt ou pas pour les spectacles sportifs, programmes télévisuels choisis…).
Il y a de plus d’après Bourdieu une cohérence dans les pratiques culturelles des individus dans les différents
domaines (musique, cinéma, lecture, visite ou pas de musées, intérêt ou pas pour les spectacles sportifs,
programmes télévisuels choisis…). Tel individu aimera la chanteuse Jennifer, les films avec Christian Clavier,
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
lit peu et surtout des romans policiers… Apparemment ces différentes pratiques n’ont pas de lien. Tel autre
individu aimera lui le jazz, les films de Woody Allen, lira beaucoup et surtout des ouvrages de sociologie.
 Intérêt : montre que les goûts et les attitudes ne sont pas naturels mais construits socialement,
caractéristiques d’une position sociale, remet en cause des prénotions comme « tous les gouts
sont dans la nature » ou « les gouts et les couleurs, ça ne se discute pas ».
 Rapport de domination et de distinction entre les classes :
Pour aller plus loin : Document 36. Des classes qui se distinguent entre elles.
A grand renfort de statistiques, d’entretiens, de descriptions et de photos, le sociologue [Pierre Bourdieu]
montrait [dans La distinction (1979)] comment la culture et les styles de vie fonctionnaient, dans la société
française, comme des machines à produire des différences et des hiérarchies. […] Les formes les plus
légitimes, les plus « nobles », de culture (visite des musées et galeries, opéra) sont appropriées par les classes
supérieures. Ces dernières sont singées par les classes moyennes, qui se contentent de produits dégriffés,
ersatz de culture légitime : jazz en lieu et place de musique classique, photographies, revues de vulgarisation,
cinéma … Les classes populaires, elles, tendent à s’auto-exclure du jeu de la culture (« ce n’est pas pour
nous »), se contentant de « produits culturels de grande diffusion » : variété, spectacles sportifs, télévision,
roman policiers … Même lorsque des pratiques sont partagées par tous les groupes en matière de musique
classique, les ouvriers diront préférer Le beau Danube bleu1, tandis que les cadres préfèreront Le clavecin
bien tempéré2. Certains iront à la piscine pour se détendre, d’autres iront, tôt le matin, pour faire des
longueurs. C’est ainsi dans virtuellement toutes les pratiques (logement, tourisme, alimentation) que
s’exprime le système de différences de classes. Et même de fractions de classe : les classes supérieures sont
par exemple les principales consommatrices de théâtre, mais, en leur sein, les individus les mieux dotés en
capital culturel (enseignants du supérieur par exemple) s’orienteront davantage vers le théâtre d’avant-garde
et mépriseront le théâtre de boulevard prisé par les mieux dotés en capital économique (patrons, professions
libérales) ;
1Célèbre valse de Johann Stauss (XIXe sicèle), devenue une musique populaire
2Œuvre de Jean Sébastien Bach (XVIIIe).
Xavier Molénat, « les nouveaux codes de la distinction », Sciences Humaines, mars 2011.
1. Caractérisez les pratiques culturelles de chaque classe. Donnez des exemples précis. (Compléter le
tableau).
Caractéristiques
Exemples
Classes dominantes
Classes moyennes
Le sens de la distinction :
gouts légitimes.
Le sens de l’imitation
(Cherchent à imiter la
culture légitime mais n’y
arrivent pas totalement)
Goûts de luxe, musique
classique, chanson à texte,
grande littérature, opéra …
Mais avec une distinction
entre classes dominantes à
fort K culturel ou fort K éco.
Se forcent par exemple à
aller au musée parce que
savent que c’est bien.
Maladresse, veulent trop
en faire.
Les classes populaires
Les goûts pour la nécessité
(Apprennent à aimer ce
qui leur est possible et
refusent ce que leur est
refusé).
Un rapport utilitaire aux
pratiques culturelles : la
musique sert à danser à se
divertir, nourriture à se
nourrir.
Exemple : différence entre une belle photo et une photo d’une belle chose.
2. Montrez que les pratiques culturelles ne sont pas seulement différentes selon les classes sociales, mais
aussi hiérarchisées.
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
Hiérarchisés car les pratiques d’une classe se définissent par rapport à celle des autres classes : les classes
dominantes méprisent les pratiques des classes populaires et raillent celles des classes moyennes. Les classes
moyennes cherchent à imiter les pratiques des classes dominantes et les classes populaires s’en moquent
mais s’en auto-excluent
Bilan du doc :
 Les pratiques culturelles permettent aux classes sociales de se distinguer des autres. Les classes
supérieures sont dominantes car elles arrivent à imposer leur style de vie comme étant celui
dominant « les pratiques légitimes », reconnue comme telle par les autres classes : que les classes
moyennes cherchent à imiter sans y parvenir et donc les classes populaires s’auto-excluent (« ce
n’est pas pour nous »)
 Cette domination ne se retrouve pas seulement sur le plan des pratiques culturelles, mais aussi
de l’accès au pouvoir économique et politique.
Remarque : On a souvent reproché à Bourdieu de donner une image « surdéterminée » de l’homme qui
conduirait à une sorte de fatalisme rendant illusoire toute forme d’action politique. Exemple de caricature
de la pensée de Bourdieu : un fils d’ouvrier ou de paysan ne pourra pas réussir à l’école.
Bourdieu a au contraire montré que loin de conduire à un « pessimisme désenchanteur », la connaissance
sociologique crée les conditions d’une transformation de la société. Selon Bourdieu, les mécanismes de
domination fonctionnant d’autant mieux qu’ils restent cachés. Il faut donc les dévoiler, les connaître pour
les combattre. Comme toute science, la sociologie doit dévoiler, mettre au regard de tous ce qui est caché.
Il y a bien fallu découvrir la loi de la gravité pour arriver à la maîtriser et faire voler des avions. Il est donc
nécessaire de connaître les mécanismes de la domination et de la reproduction pour pouvoir s’en libérer.
C’est une chance d’étudier Bourdieu, c’est difficile, mais cela en vaut la peine !
BILAN sur Bourdieu :
 Actualisation de l’analyse en termes de classes sociales : société structurée autour de 3 classes
sociales, qui entretiennent des rapports de domination et de distinction.
 Enrichissement de l’analyse : en montrant cohérence entre l’espace des positions sociales et celui
des styles de vie.
 Approche se rapproche plus de celle de Weber que de celle de Marx :
- Bourdieu critique la théorie de Marx qui ne définit la position sociale que /critères éco : les
oppositions de classe ne sont pas réductibles à l’opposition propriétaires des moyens de
production/prolétaires, au-delà du éco il y a aussi le K culturel, social et symbolique. Et même
pour Bourdieu le K le plus important est le K culturel. Bourdieu se rapproche de Weber car il
considère comme lui que la stratification sociale ne s’organise pas uniquement autour de la
distribution du capital économique. La stratification est pluridimensionnelle (hiérarchie
économique, mais aussi hiérarchie du savoir).
- Comme Weber, la vision qu’a Bourdieu des classes sociales est plutôt nominaliste. Les membres de
profession proches dans l’espace social ont des choses en commun, ce qui l’amène à distinguer trois
classes : la classe dominante, les classes moyennes, les classes populaires. Mais c’est le chercheur
qui a construit ces trois catégories, elles n’existent pas nécessairement dans la réalité comme
acteur collectif ayant une conscience de classe. Leurs membres ont des intérêts communs, mais
pour que ces classes existent réellement, il faut les construire politiquement.
- Mais point commun avec Marx sur la domination des classes populaires par les classes dominantes
qui font tout pour maintenir leur position. Entre ces classes le conflit n’est pas une nécessité mais
il existe bien des rapports de domination et des luttes, notamment pour le contrôle du capital
culturel, enjeu majeur selon Bourdieu. Les classes dominantes cherchent ainsi à imposer leur
modèle culturel et leur vision du monde aux autres classes par le biais de pratiques de distinction,
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
pour cela elles doivent contrôler les institutions productrices de légitimité comme l’école ou l’État.
Il y a donc chez elles une stratégie consciente de reproduction.
2. Un retour des inégalités et des classes « en soi »
Voir partie 1.
Document 37: Les classes en soi n’ont pas disparues
Louis Chauvel montrait en particulier que si l’identification subjective à une classe avait décliné dans les
enquêtes d’attitude, les inégalités entre catégories socio-professionnelles (conçues comme un instrument
d’objectivation empirique des « classes ») [Briand, Chapoulie, 1985] avaient plutôt tendance à stagner voire
à augmenter dans de nombreux domaines, créant une situation paradoxale de décalage croissant entre les
dynamiques objectives, polarisant les groupes sociaux et leurs traductions subjectives, notamment sous la
forme d’identification à une « classe ».
Ajoutant la proportion des employés à celle des ouvriers, il rappelait aussi, contre les prophéties
mendrasiennes de la « moyennisation » [Dirn, 1998, p. 21-24], le maintien d’un poids prédominant des «
classes populaires » dans la structure des actifs et plus largement au sein de la population (lorsqu’on tient
compte de la dernière catégorie occupée par les retraités).
Ces constats ne semblent pas avoir été remis en cause par les évolutions récentes dans différents domaines
tels que la santé, l’éducation, les conditions de travail, la consommation … Comment alors expliquer ce
sentiment de « disparition » qui persiste au sujet des « classes sociales », dans un contexte pourtant a priori
favorable à un regain d’intérêt pour ce concept ?
Source : Frédéric Lebaron, « L’éternel retour des classes sociales », Revue Française de Socio-Économie
2012/2 (n° 10).
1Quels arguments sont avancés par Louis Chauvel pour infirmer la thèse d’une disparition des
classes sociales ?
Stagnation voire hausse des inégalités entre CSP
% des classes populaires (employés et ouvriers) dans la PA reste très importante (+ de 50% de la
PA)
2De la notion de classes sociales chez Weber ou Marx, laquelle semble la plus pertinente pour
analyser la structure sociale aujourd’hui ? Justifiez.
Weber car malgré l’existence de classes sociales en soi, pas de conscience de classe. Chauvel : les classes
existent encore si définition Weber, mais pas si définition de Marx (seule la bourgeoisie correspond encore
totalement à cette définition).
3. la classe bourgeoise, une classe pour soi
Document 38 : « HLM : la villa Montmorency entre en résistance »
Dans le très chic 16e arrondissement de Paris, aux abords de la villa Montmorency – une zone résidentielle
close où se concentrent certaines des plus grandes fortunes de France –, la Mairie de Paris envisage de
construire près de 200 logements sociaux. Un projet qui n'est pas au goût des riverains, entrés en résistance
avec le soutien des élus de leur quartier.
(...)
C'est donc à une centaine de mètres de cette concentration de fortunes et de pouvoirs qu'est prévue la
construction de près de deux cents logements sociaux. Pour l'essentiel, les immeubles haussmanniens en
lisière de la villa, sur le boulevard de Montmorency, font écran. Mais les nouveaux bâtiments seront visibles
depuis la trouée qu'offre une entrée secondaire, d'autant qu'ils seront bâtis sur un terrain en surplomb.
Surtout, la sociologie du voisinage s'en trouvera quelque peu modifiée.
(...)
Vigilante et discrète, la grande bourgeoisie veille jusque dans les moindres détails à la qualité de ses lieux de
vie, décryptent Michel et Monique Pinçon-Charlot : " Pas ou peu de manifestations sur la voie publique, mais
un militantisme de coulisses. Les arrangements se négocient au cours de dîners et de cocktails entre gens de
bonne compagnie. Les discours mettent bien sûr en avant le patrimoine, la qualité d'un paysage urbain et la
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
nouvelle antienne du développement durable. Ce qui n'empêche pas de prôner sans vergogne le logement
des indésirables plus loin, en banlieue, dans le Grand Paris. Rien ne doit ternir l'harmonie architecturale et
sociale des espaces dans lesquels se concentrent les grandes fortunes. "
Pascale Krémer, Le Monde, « la villa Montmorency entre en résistance », 03 octobre 2008
Classe en soi (critères objectifs)
 Partage
d’une
même
situation
économique privilégiée (place dominante
dans les rapports de production)
- revenus élevés
- patrimoine élevé (actions, biens
immobiliers).
Classe pour soi, mobilisée pour la défense de
ses intérêts.
Conscience de classe visible à travers la
constitution d’un entre soi et la mobilisation
pour la défense de leurs intérêts.
 Constitution d’un entre-soi : constitution de
cercles fermés regroupant des personnes du
même milieu et influentes dans les sphères
 Des intérêts communs à défendre (par
économique ou politique.
exemple concernant la fiscalité ou la maîtrise
de l’espace urbain).
 Stratégies de défenses de leurs intérêts
- Entretien de réseaux de relations
 Culture commune et mode de vie communs :
(carnet d’adresse, le « botin mondain »,
goûts et pratiques légitimes, forte sociabilité
rallyes pour les adolescents)
(diners mondains, vernissage, cercle, rallyes
- Très forte homogamie sociale (stratégie
pendant l’adolescence).
de
reproduction
du
capital
économique)
- Vote marqué très marqué à droite dans
les beaux quartiers (84% pour Nicolas
Sarkozy à Neuilly en 2012).
- Défense de l’espace.
La grande bourgeoisie est probablement la dernière classe sociale qui possède tous les attributs d’une
classe pour soi au sens de Marx :
 ils partagent les mêmes conditions matérielles d’existence : place privilégiée dans les rapports
de production (soit propriétaire des moyens de production, soit cadre dirigeant), revenus et
patrimoine élevés (au sens de Bourdieu = fort capital économique).
 ils ont conscience d’appartenir à une même classe (homogamie sociale, culte de l’entre-soi avec
cooptation, rallyes, inscription dans une lignée…).
 Ils luttent pour défendre leurs intérêts. Le dernier livre des Pinçon, Pinçon-Charlot, montre qu’ils
savent se mobiliser pour défendre les beaux espaces (rénovation des châteaux que certains
habitent avec les deniers de l’Etat et mobilisation dans des associations de défense du patrimoine
historique, utilisation de leurs réseaux dans les sphères du pouvoir pour faire enfouir des routes
à proximité de leurs quartiers d’habitation), vote très marqué à droite (Sarkozy et le bouclier
fiscal).
A la fin je suis capable de :
1) montrer que les inégalités sont multiples, les définir (économiques et sociales) en donnant des exemples
précis chiffrées
2) montrer que les inégalités peuvent être cumulatives
Anna Dreuil 2015-2016 TES. Thème 1 Sociologie. Chapitre 1. Comment analyser la structure sociale ?
3) définir classes sociales selon Marx et définir les classes sociales et groupes de statut selon Weber
4) montrer que dans les sociétés industrielles, d'autres types de différenciation sont à l'oeuvre (sexe,
génération…)
5) montrer que ces théories sont toujours pertinentes pour analyser la structuration sociale
Téléchargement