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« Délocalisations et inégalités entre TQ et TNQ dans les pays du Nord
Evaluation à l’aide d’un MEGC pour le cas de la France-PECO »
Radouane RAOUF
Enseignant-chercheur en sciences économiques : FSJES, université Mohammed V, Souisssi, Rabat, Maroc.
Tel : 002126 67 42 57 65, [email protected] , [email protected]
Résumé: Dans ce papier, nous tacherons à analyser l’impact des délocalisations sur
l’emploi en France. Dans l’analyse économique, on associe souvent le phénomène de
délocalisations au problème de chômage. Il s’agit ici de simuler, à l’aide d’un modèle
d’équilibre général calculable (MEGC), les liens entre les délocalisations vers les PECO et le
creusement des inégalités entre les travailleurs qualifiés (TQ) et les travailleurs non qualifiés
(TNQ) en France.
Pour ce faire, nous aborderons dans un premier temps les apports théoriques et
empiriques dans l’explication de la relation délocalisation-emploi. Dans un deuxième temps,
nous élaborerons un MEGC pour le cas de la France afin de tester l’impact des
délocalisations, vers les PECO, sur la rémunération et le taux de chômage des travailleurs
TQ et des TNQ. La simulation dans ce modèle, dans une logique prospective, passe par
l’augmentation des IDE sortants à destination des PECO qui sont considérés comme des
délocalisations.
Mots-clefs : Délocalisation, IDE, TQ-TNQ, inégalités, MEGC.
Abstract: In this paper, we will try to analyze the impact of offshoring on employment
in France. In economic analysis, is often associated the phenomenon of relocation to the
problem of unemployment. Using a computable general equilibrium model (CGE), we
simulate the relationship between offshoring to the CEECs and the rising inequality between
skilled and unskilled workers in France.
In order to study this impact, we will initially talk about theoretical and empirical
contributions explaining the relation “relocation-employment”. In a second step, we will
develop a CGE model for the case of France to test the impact of offshoring to the CEECs, on
wage and unemployment rate for skilled and unskilled workers. The simulation in this
model, in a prospective sense, through the increase in outward FDI destination in the
CEECs that are considered as relocation.
Keywords: Relocation, FDI, Skilled and Unskilled workers, inequality, CGEM.
JEL: F12, F16, F21
Introduction
L’ampleur des inégalités salariales ou du chômage que connaissent de nombreux pays
industrialisés, notamment la France, a fait resurgir l’inquiétude qui régnait dans les années
90, liée à la concurrence menée par les pays en développement ou pays à bas salaires (PBS).
Cette menace se conjugue en deux séries de phénomènes qui ont, a priori, des effets négatifs
sur l’emploi. Il s’agit, d’une part, de la montée en puissance de nouveaux pays émergents
(Chine, Inde…) et l’élargissement de l’Europe avec l’adhésion des pays de l’Europe Centrale
et Orientale (PECO) qui constituent une ressource inépuisable en main-d’œuvre non
qualifiée et qualifiée qui peut se substituer à celle de la France et des autres pays
industrialisés. D’autre part, le second phénomène est la multiplication des transferts des
capitaux et surtout des unités de production à travers les délocalisations 1.
Ces mouvements ne passent pas sans effet. L'ampleur de l'impact du commerce
international et des délocalisations des activités productives sur le marché du travail, sur
l’augmentation du niveau de chômage et des inégalités, alimente une controverse dans les
pays industrialisés et au sein même de la discipline de l'économie internationale que chez
les économistes. En France comme dans de nombreux autres pays développés, la question
des délocalisations suscite un vif débat. Les pays émergents et les PECO 2 constituent les
pays qui reçoivent le plus de délocalisations au sens strict.
En ce qui concerne l’impact sur l’emploi, les points de vue et les résultats divergent
entre les économistes, même sur le plan empirique. Pour beaucoup d’économistes, les
délocalisations ne sont pas un problème pour les pays industrialisés : le jeu du marché
permet d’atteindre une situation optimale ; toute mesure interventionniste de protection
porte une atteinte à l’équilibre du marché et à la croissance des pays en développement.
D’autres pensent, cependant, que la question des délocalisations soulève des problèmes de
croissance et d’emplois dans les pays d’origines.
Les faits révèlent une distorsion et un écart qui se creuse en termes de salaire et des
inégalités entre TQ et TNQ. On assiste à une forme de désindustrialisation des pays riches
et une monté en puissance des exportations de biens manufacturés de la part des pays en
voie de développement (PVD) et des pays émergents. Or, depuis un certain temps, les
délocalisations concernent aussi des secteurs qui sont technologiquement plus intensifs
1
Les délocalisations concernent toute fermeture partielle ou générale d’unités de production dans le territoire
national et la réouverture concomitante d’une unité productive à l’étranger, ou le recours à la sous-traitance sans
changer la destination des produits ou les services. En revanche, toute création de nouvelles entités (ex-nihilo ou
greenfield) à l'étranger ne peut être considérée comme une délocalisation lorsque ni l’emploi ni les exportations ne
sont touchés. Il s’agit ici plutôt d’une logique d'IDE.
2
Pour la France, Les PECO bénéficient d’un avantage en termes de proximité géographique auquel s’ajoute, avec
l’entrée dans l’UE, un avantage institutionnel en termes de sécurité juridique, ainsi qu’une stabilité politique et
sociale. Ces avantages constituent des déterminants importants pour attirer les délocalisations et les IDE.
2
[Artus (2006)], comme l’automobile et l’électronique. Elles concernent aussi de plus en plus
les services aux entreprises via le développement des NTIC (centres d’appels, services de
comptabilité, informatique).
Nous essayerons dans ce papier de savoir quelles sont les parts de responsabilité des
délocalisations dans l’accroissement du chômage et des inégalités salariales en France. Il ne
s’agit pas de faire un modèle de prévision, mais plutôt un modèle de simulation de l’impact
des délocalisations sur l’emploi. Nous nous intéressons plus aux interactions entre les
sorties d’IDE, l’augmentation des importations et l’emploi en France. Précisément, Il s’agit
ici de simuler, à l’aide d’un modèle d’équilibre général calculable (MEGC), l’impact des
délocalisations vers les PECO sur le TQ et le TNQ en France, pour évaluer un éventuel
creusement des inégalités entre les deux facteurs selon l’effet « Stolper-Samuelson ». Le
choix de la France et des PECO répond à l’exigence de travailler sur les délocalisations de
type Nord-Sud. Les PECO considérés comme des PBS.
Pour ce faire, nous aborderons dans un premier temps les apports théoriques et
empiriques dans l’explication de la relation délocalisation-emploi. Dans un deuxième temps,
nous élaborerons un MEGC pour le cas de la France afin de tester l’impact des
délocalisations vers les PECO sur la rémunération et le taux de chômage des TQ et des TNQ.
La simulation dans ce modèle, dans une logique prospective, passe par l’augmentation des
IDE sortants à destination des PECO qui sont considérés comme des délocalisations 3.
I-
Les analyses théoriques et les résultats empiriques de la relation
délocalisation-emploi.
I.1- Délocalisation-emploi : l’absence d’un consensus théorique
La délocalisation est le résultat d’interaction entre les IDE, la sous-traitance à
l’étranger et le commerce international. Elle résulte de la relation de substitution entre les
IDE sortants et le commerce (les exportations). La dynamique de ces interactions peut
engendrer des effets positifs ou négatifs sur l’emploi de manière directe ou indirecte. Les
effets peuvent changer de nature selon qu’on se place à court terme ou à long terme. En
général, on accorde une relation étroite entre délocalisation et emploi, délocalisation et
chômage. Dans ce sens, les délocalisations sont considérées comme un redoutable facteur
de destruction de l'emploi dans les pays du Nord.
4
Markusen (1995) considère que les mouvements des IDE de type Nord-Sud peuvent être considérés comme des
délocalisations. Point de vue soutenue par d’autres économistes comme Brainard.
3
Jusqu’à présent, il n’y a aucune base théorique solide qui traite d’une manière directe
la question de l’impact des délocalisations sur l’emploi dans les pays d’origines. La majorité
des études a examiné la relation délocalisation-emploi en se référant indirectement à la
relation entre les IDE et les échanges. Elles partent de l’idée selon laquelle une relation de
substitution entre les IDE et les échanges agit négativement sur l’emploi, alors qu’une
relation de complémentarité agit positivement sur l’emploi. La littérature a communément
traité
la
relation
IDE-emploi
comme
une
résultante
des
relations
substitution-
complémentarité entre les IDE et le commerce.
Même si l'impact des délocalisations reste modeste, voire négligeable au niveau
national du fait du processus de création/destruction, l'impact local sur un bassin
d'emplois touché par les délocalisations peut être important. Cela nécessite des mécanismes
de redistribution entre ceux qui bénéficient des implantations à l'étranger, et ceux qui en
souffrent [Mucchielli et alii (2005)].
C'est la délocalisation des entreprises au sens large qui peut avoir un impact négatif
sur l'emploi. La délocalisation peut revêtir les deux formes d'investissements: les IDE
verticaux et les IDE horizontaux. Dans le cas d'un IDE vertical, on parle d'une relation de
complémentarité, ce qui veut dire que l'effet sur l'emploi doit être positif. En revanche, si
l'IDE est considéré comme une stratégie de délocalisation qui permet d'exploiter les
avantages comparatifs du pays hôte en terme de coût de main d'ouvre, l'IDE peut avoir un
effet négatif sur l'emploi du pays investisseur.
Les effets des délocalisations sur l’emploi peuvent être : des effets directs (positifs ou
négatifs) et/ou des effets indirects (positifs ou négatifs).
I.1.1- Les effets directs

Effets directs négatifs : Les effets directs négatifs apparaissent dans le cas
où l’entreprise qui délocalise partiellement ou totalement ses activités à l’étranger
importe les produits ou les services délocalisés de cette nouvelle implantation pour
satisfaire le marché local. L’impact sur l’emploi est direct, et peut être ressenti de
manière très forte au niveau régional et local. On assiste alors à une parfaite substitution
entre la main d’œuvre locale et étrangère. La même chose se produit lorsqu’une
entreprise décide d’arrêter son activité et a recours à la sous-traitance internationale.

Effets directs positifs : La délocalisation peut être considérée comme
bénéfique, lorsqu’elle est utilisée comme une stratégie de redressement ou de
restructuration et qu’elle permet de sauver une partie de l’emploi menacé (l’entreprise
garde par exemple des commerciaux, les équipes de R&D). Elle peut être la seule issue
pour sauvegarder la pérennité de l’entreprise en termes de rentabilité. Il s’agit alors de
4
répondre à la question : que passerait-il si les entreprises ne délocalisaient pas ? Pour
répondre à cette question, une série d’études menées sur le cas de l’Italie apportent des
résultats intéressants. Il s’agit des travaux de Navaretti, Bruno, Castellani et Flazoni
(2002) ; de Navaretti et Castellani (2003) 4. Au cours de la période 1994-1998, ces auteurs
constatent que les firmes qui investissent à l’étranger sont celles qui emploient le plus
sur le marché domestique. La délocalisation peut être perçue comme une solution pour
les entreprises menacées de faillites et de licenciements.
I.1.2- Les effets indirects

Effets indirects négatifs : Il s’agit des effets de la délocalisation sur l’emploi
des autres secteurs ou autres entreprises qui ont des liens avec les secteurs ou les
entreprises qui délocalisent. Cette situation est souvent présente dans le cas des soustraitants qui se retrouvent obligés à leur tour de délocaliser leurs activités pour
accompagner leurs donneurs d’ordre (exemple du secteur de l’automobile et ses
équipementiers).
Un autre effet indirect qui pourrait être néfaste pour l’industrie du pays d’origine
réside dans le fait que les entreprises qui délocalisent (par IDE) participent d’une manière
importante au transfert des technologies à l’étranger. Ce transfert de technologie peut se
transformer en menace de concurrence des PBS, surtout s’il prend la forme de
délocalisation des centres de recherche et développement.

Effets indirects positifs : C’est le côté qui est rarement traité des
délocalisations. L’ensemble des analyses effectuées sur ce sujet ignorent les avantages et
le côté bénéfique des délocalisations. Il s’agit des emplois créés d’une manière indirecte
par la délocalisation. Lorsqu’un secteur délocalise très fortement, comme dans le cas du
textile, de la métallurgie et de l’automobile, d’autres secteurs tirent profit de cette
situation. Les emplois détruits directement dans un secteur sont créés d’une manière
indirecte dans d’autres secteurs. Cela correspond au concept schumpétérien de la
destruction-créatrice. Lorsque les entreprises du textile délocalisent, d’autres entreprises
se développent pour exporter des biens d’équipements, des services aux entreprises
comme l’expertise et des biens intermédiaires.
Théoriquement, la délocalisation profite aux TQ, car les entreprises qui délocalisent se
concentrent sur l’activité à haute valeur ajoutée, ce qui permet d’embaucher plus de maind’œuvre qualifié. Cette tendance s’accélère lorsque le pays industrialisé est contraint
Barba Navaretti .G et D. Castellani (2003), « Investments Abroad and Performance at Home evidence from Italian
Multinationals », Centro studi Luca D’Aglino Development Studies working paper N° 180.
4
5
d’adopter la stratégie de la sortie par le haut 5 afin de faire face à la concurrence des pays
émergents.
Un autre avantage que procure la délocalisation se trouve au niveau du bien-être du
consommateur. En effet ce dernier bénéficie grâce à la délocalisation d’une baisse sensible
des prix de certains produits importés. Les produits délocalisés sont moins onéreux que les
mêmes produits fabriqués dans le pays d’origine. Ainsi la compétitivité des entreprises
augmente quand il s’agit d’importations des biens intermédiaires.
L'accroissement des inégalités entre les TQ et TNQ dans les pays du Nord se traduit
par une augmentation du différentiel de salaire réel dans les économies où le salaire est
relativement flexible comme dans le cas des Etats-Unis, et par une augmentation du
chômage du TNQ dans les pays où il y a un salaire minimum (France). Plusieurs
explications théoriques tentent de déterminer les causes de ces constats :
-
Le modèle classique standard basé sur la théorie HOS et sur le théorème de StolperSamuelson reste en effet un passage presque obligé de la relation commerce
international-emploi.
-
Le progrès technique comme source de déséquilibre sur le marché du travail selon
Krugman et Stolper.
-
La désindustrialisation et la théorie du cycle de vie d'un produit
-
Impact des délocalisations de type Nord-Sud.
Les débats sont multiples. On parle des ambiguïtés du débat sur les délocalisations.
De nombreux économistes éminents se sont intéressés à cette question. Parmi eux il est
utile de mentionner les thèses de Samuelson (2004)6 sur ce sujet qui est plus pessimiste et
de J.Bhagwati et alii (2004)7 qui ont établit plusieurs scénarios tantôt positifs tantôt
négatifs, ainsi que d’autres économistes dans ce domaine.
Cependant, dans les faits, les délocalisations comme les échanges avec les PBS et le
progrès technique participent de l’augmentation des déséquilibres. C’est un phénomène
normal de transformation de l’outil productif qui engendre une sorte de nouvelle division
internationale du travail. Nous pouvons qualifier ce phénomène comme étant le résultat de
la mondialisation et de la concurrence internationale. Cette idée rejoint le point de vue des
Cette stratégie correspond aux objectifs définis par le traité de Lisbonne, qui consiste à inciter les pays de l’UE à
s’orienter vers l’innovation, la recherche et le haut-de-gamme. Il s’agit de concurrencer les Etats-Unis et non pas la
Chine.
6 Paul A. Samuelson (2004), «Where Ricardo and Mill Rebut and Confirm Arguments of Mainstream Economists
Supporting Globalization», Journal of Economic Perspectives- Volume 18, N° 3.
7 J.Bhagwati, A. Panagariya et T. Srinivasan (2004), « The Muddles over Outsourcing », Journal of Economic
Perspectives- Volume 18, N° 4.
5
6
libéraux, selon qui la délocalisation est un processus lié à l’évolution des économies et elle
relève du choix de localisation des firmes.
I.2- Les estimations empiriques de l’impact des délocalisations sur l’emploi
Plusieurs travaux et rapports8 ont essayé d’évaluer l’ampleur des délocalisations. La
majorité conclut à une faible ampleur de ce phénomène et le replace dans une logique plus
large d’ouverture économique. En effet, tous les rapports et les études soulignent une des
faiblesses importantes de ces analyses, à savoir l’absence de mesure précise du phénomène,
surtout lorsqu’il s’agit d’évaluer son impact sur l’emploi. Parmi les méthodes ou les
approches les plus utilisées par les économistes pour cerner ce phénomène, nous retenons
les cinq principales:
-
L’approche macroéconomique fondée sur les données du commerce international : le
contenu en emplois des échanges ;
-
Approche basée sur les IDE et les restructurations des entreprises ;
-
Approche microéconomique ;
-
Approche économétrique ;
Et l’approche par les modèles d’équilibre général que nous appliquerons dans ce
travail.
L’approche macroéconomique, qui repose sur des données de la comptabilité nationale
et de la balance commerciale, consiste dans un sens large à parler de délocalisation lorsqu’il
y a substitution d’une production étrangère à une production domestique pour satisfaire
une même demande. Ce critère conduit à considérer que tout flux d’importation cache une
forme de délocalisation. Suivant cette analyse, les emplois délocalisés correspondaient à
l’ensemble d’emplois qu’il faudrait pour produire les mêmes biens importés. C’est l’approche
retenue dans le rapport Arthuis (1993) et de l’OCDE (2007).
L’équivalent des emplois directs contenus dans les importations correspond au
nombre d’emplois nécessaires si l’on produisait sur le territoire national les biens et services
importés. Compte tenu de la faible part des pays émergents (à bas salaires) dans les
échanges des pays industrialisés, l’approche du contenu en emplois conduit souvent à un
effet limité des délocalisations sur l’emploi dans les pays développés.
Dans le cas de la France, Fontagné et Lorenzi (2005) estiment un solde comptable des
emplois
incorporés aux flux de commerce avec ces pays de l’ordre de 1% de l’emploi
industriel. Avec une méthodologie similaire, Boulhol (2004) évalue le nombre d’emplois
8
Des rapports récents : rapport Grignon du sénat et Fontagné-Lorenzi du conseil d’analyse économique (2005).
7
perdus dans l’industrie française du fait des échanges avec les PBS entre 1978 et 2002, à
environ 250 000 emplois soit environ 15% de la diminution des emplois industriels. Résultat
qui ne reflète pas nécessairement l’impact des délocalisations tout simplement, mais
l’ensemble des échanges.
L’approche par l’IDE est en général appliquée dans le cadre des échanges de type
Nord-Sud, où on peut calculer la part des IDE destinés aux pays émergents. Selon les
diverses estimations [Grignon (2004), Drumetz (2004), Lorenzi-Fontagné (2005)], l’impact du
phénomène de délocalisation vers les PBS reste limité. Les IDE sortants de la France vers
ces pays ne dépassent pas 10% du total des IDE français.
En prenant appui sur des données individuelles des entreprises, l’approche
microéconomique est initiée par des études de l'INSEE et de l'OCDE. Elle concerne les
délocalisations au sens strict et au sens large avec une réduction de la production et des
effectifs de la firme qui délocalise. La croissance des IDE des firmes vers l’étranger peut être
considérée comme une présomption de délocalisation. Cette approche se base aussi sur la
diminution des exportations et la croissance des importations des firmes mères ou sur la
réduction de la production nationale compensée par la sous-traitance internationale.
L’application
de
l’approche
microéconomique
nécessite
l’accès
aux
données
individuelles des firmes du pays qui délocalise ainsi que des informations sur la nature et la
destination des investissements. Cette démarche permet de donner une évaluation précise
de l’ampleur des délocalisations ainsi que leurs impacts sur l’emploi. Mais la collecte
d’informations nécessite des enquêtes très détaillées et suppose aussi une collaboration des
entreprises, ce qui reste une tâche très difficile.
En retenant cette approche, Aubert et Sillard (2005)9 estiment qu’environ 95000
emplois industriels auraient été supprimés en France et délocalisés à l’étranger entre 1995
et 2001, soit en moyenne 13500 chaque année. C’est très difficile d’établir un lien entre les
délocalisations et l’emploi à partir de cette approche, car il faut aussi voir les effets indirects
des délocalisations sur l’emploi. Ils pourraient être négatifs dans la plupart des cas, mais
également positifs.
L’approche économétrique consiste à mesurer d’une manière indirecte l’impact des
délocalisations sur l’emploi à travers une estimation économétrique de la demande de
travail. Elle part du principe qu’une délocalisation implique des pertes d’emplois dans le
pays d’origine.
Patrick Aubert et Patrick Sillard (2005) « Délocalisations et réductions d’effectifs dans l’industrie française » ;
Working paper, Direction des études et synthèses économiques, INSEE.
9
8
Parmi les études utilisant cette approche, nous trouvons l’étude de Strauss-Kahn
(2003)10 qui s’intéresse aux effets de la spécialisation internationale verticale du travail (ou
DIPP) sur la demande de travail peu qualifié en France entre 1977 et 1993. Elle conclut que
cette spécialisation explique entre 11 et 15% du déclin de la part de l’emploi peu qualifié
entre 1977 et 1985, et 25% de celle-ci entre 1985 et 1993. Boulhol (2004a), dans une étude
sur 16 pays de l’OCDE entre 1970-2002, conclut que le commerce avec les pays émergents
explique 10% de la baisse de la part de l’emploi total pour la France et de 15% en moyenne
pour l’OCDE.
La méthode de contenu en emplois (dite aussi de la balance en emplois), [Wood (1994
et 1995), Sachs et Shatz (1994)], comme celle fondée sur l’IDE ne permettent pas d’élucider
d’une manière rigoureuse la relation qui existe entre les délocalisations des entreprises et le
déclin de l’emploi dans les pays industrialisés. En revanche, l’approche par l’équilibre
général permet de formaliser les causes de la redistribution du capital et de corriger la
mesure des délocalisations des phénomènes extérieurs à la redistribution du capital. Les
modèles d’équilibre général donnent la possibilité de tester empiriquement tout ce qui a été
décrit supra, notamment la rémunération des facteurs de production, le travail qualifié et
non qualifié, l’évolution des termes de l’échange, la croissance des exportations et des
importations, etc. Ils permettent aussi de mesurer les bénéfices tirés en termes de bien-être
social.
L’approche par les MEGC n’est pas épargnée des critiques. Elle a des inconvénients et
des limites (souvent liés à la complexité de la construction de ces modèles), mais elle nous
permet de combiner et de concilier les différentes approches et d’essayer, dans une logique
prospective, de savoir quels seront les effets des délocalisations vers les PBS (ici les PECO),
sur l’emploi, sur les prix et sur le bien-être en France. Le point fort d’une telle méthode est
la solidité de ses fondements microéconomiques. Le MEGC décrit le comportement de tous
les agents économiques.
A partir de notre MEGC en statique comparative, que nous présenterons dans la
deuxième section, nous effectuons deux chocs exogènes liés à ce phénomène : le premier
consiste à un doublement des IDE sortant (FDIO) vers ces pays, qui est un indicateur
d’accroissement des délocalisations; le deuxième est effectué par le biais d’un accroissement
de 20% du niveau des importations en provenance des PECO avec une augmentation
simultanée de l’élasticité de substitution d’Armington. L’accroissement de l’élasticité de
substitution (augmentation de 50%) entre les intrants intermédiaires locaux et importés
Strauss-Kahn V (2003), « The role of globalization in the within-industry shift away from unskilled workers in
France », NBER Working papers, N° 9716, 2003.
10
9
nous permet de simuler une augmentation des importations des biens intermédiaires qui
est considérer aussi comme un indicateur des délocalisations 11.
II- Construction d’un MEGC statique pour le cas de la France
La dimension temporelle a commencé à être prise en compte dans les MEGC en raison
des besoins de prévoir les impacts des changements des politiques économiques
(notamment en termes de fiscalité) sur l’économie en général. Les MEGC traditionnels,
relatifs aux études de Shoven et Walley (1973), de Dervis, De Melo et Robinson (1982) et
récemment celles de Robinson et alii (1993) et de Rutherford et Tarr (2002), ne se sont pas
trop intéressés à la dynamique des ajustements, ni aux aspects inter-temporels des
comportements des agents économiques en ce qui concerne leurs décisions.
En effet, selon ces auteurs, les résultats obtenus à partir des simulations statiques,
telques les effets des chocs exogènes sur les variables endogènes dans une seule période,
peuvent être parfois interprétés d’une façon dynamique. Dans ce contexte, la simulation
statique peut servir pour faire une analyse dynamique et par voie de conséquence pour
prévoir les effets des politiques économiques à long terme.
Tout MEGC est calibré avec une seule base de données, généralement une année,
donc statique. Le passage à un modèle dynamique suppose que cette base de référence
représente une trajectoire de croissance équilibrée. Par exemple, le stock de capital est
calibré, de sorte qu’il s’ajuste par rapport à un taux de rendement constant 12, ce qui permet
de garder le modèle cohérent avec l’hypothèse de trajectoire d’équilibre. Donc les chocs et les
simulations sur les variables exogènes sont exprimés d’une manière statique, mais
l’interprétation se fait d’une manière dynamique.
Rutherford et Tarr (2002) soutiennent formellement la performance suffisante de la
modélisation statique. En établissant deux modèles, un dynamique et l’autre statique pour
une économie ouverte, ils confirment que leur modèle dynamique ne donne pas de résultats
significativement différents de ceux obtenus à partir de leur modèle en statique comparatif.
A l’issue de cette comparaison entre l’analyse en statique comparative et en
dynamique, pour ce qui concerne notre modèle appliqué à l’économie française,
nous
opterons pour une analyse en statique comparative, comme souligné par Rutherford et Tarr
(2002), (2003). Ce choix peut être expliqué au moins pour deux raisons :
11
12
Voir Feenstra et Hanson (1995) et Cardebat (2000).
Pour plus de détails, voir par exemple Harrison, Rutherford et Tarr (1994).
10
-
D’abord, nous soutenons l’idée développée par ces auteurs concernant la suffisance
de la modélisation statique dans les MEGC. L’introduction du temps dans les
fonctions du modèle se fait par l’utilisation des facteurs d’ajustement qui permettent
d’assurer une trajectoire d’équilibre. L’analyse dynamique part donc de la situation
de référence (une année), et à l’aide des facteurs d’ajustement, le modélisateur peut
voir quelles seront les tendances des variables endogènes.
-
Dans notre modèle, nous ne cherchons pas à faire des prévisions à long terme de
l’impact des sorties des IDE (indirectement des délocalisations) sur l’emploi. Une
analyse en statique comparative est suffisante dans la mesure où elle nous permet
de voir quelles sont les ajustements au sein de l’économie qui peuvent avoir lieu
dans le cas où il y a un doublement, par exemple, des IDE vers les PBS. A partir des
résultats statiques, nous pourrons éventuellement faire une analyse dynamique.
II.1- La construction d’un MEGC statique
L’originalité de ce modèle réside dans le fait que nous introduisons les flux de
capitaux, en particulier les IDE dans le modèle, car plusieurs études ont conclu que les
mouvements de capitaux vers les PBS et les délocalisations sont complémentaires 13
[Markusen (1997)]. Nous désagrégeons le travail en TQ et TNQ pour pouvoir évaluer l’impact
sur les non qualifiés et par voie de conséquences, évaluer le degré d’inégalité.
Afin de tenir compte des sorties des IDE vers les PECO ainsi que les importations et
les exportations, nous avons distingué le reste du monde en deux régions. La première
représente les PECO comme étant des PBS où les IDE sortants sont en majorité des
délocalisations et les importations en provenance de ces pays sont des substituts des
produits intérieurs (biens intermédiaires), la deuxième région est représentée par les pays
du reste du monde.
Le modèle que nous présentons dans ce qui suit est un modèle réel qui s’inscrit dans
la lignée de ceux développés par Devis et alii (1982), DE Melo et Tarr (1992) et Rutherford et
Tarr (2003). Ce modèle ce rapproche plus des modèles développés par Décreux et alii (2003),
Bontout et Jean (1998), Jean (1999) et Bchir et alii (2002). Notre modèle se différencie par la
prise en compte des mouvements des capitaux et de son application pour le cas de la
France.
Pour ce faire, nous construisons d’abord la MCS de la France pour l’année 2006. Le
choix de l’année 2006 s’explique par deux raisons : premièrement, il s’agit d’une année
13
Les mouvements de capitaux amplifient les délocalisations vers les pays du Sud, Pierre Villa (1995).
11
récente alors que peu de travaux utilisent des données récentes. Cette année coïncide aussi
avec une montée très sensible des mouvements de délocalisations vers les PBS, une période
qui rappelle celle de 1993. Deuxièmement, nous ne voudrions pas travailler sur une année
de base plus récente, 2007 ou 2008, pour une simple raison, éviter les effets de la crise
financière et économique qui a commencé depuis l’été 2007, période pendant laquelle le
niveau de chômage a augmenté sans tenir compte des effets des délocalisations.
Le choix des formes fonctionnelles (Annexe 2) sera alors exposé en détail. Suivant les
étapes de construction d’un MEGC, nous préciserons ensuite le processus de fermeture
macroéconomique du modèle et celui du calibrage des paramètres. Nous obtiendrons ainsi
la situation d’équilibre de référence, c’est-à-dire sans choc exogène. Une fois la situation de
référence
établie,
nous
effectuerons
les
différentes
simulations
que
nous
avons
susmentionnées. Fondé sur les résultats de ces simulations, tout en restant modeste, nous
discuterons finalement les impacts des mouvements de capitaux sur le marché de l’emploi
en France ainsi que sur les grands variables macroéconomiques du pays.
II.1.1- La MCS de la France
Nous avons utilisé principalement trois sources de données dans la construction de
cette matrice, à savoir le TEE, le TES et les enquêtes emploi de l’INSSE concernant
l’utilisation du travail qualifié et non qualifié dans les différentes branches d’activités.
La MCS contient tous les flux de l’économie réelle. Nous avons désagrégé l’activité
économique en deux secteurs principaux, le secteur des biens manufacturiers (SEC1) qui
produit les biens 1 (B1) et le secteur des services (Sec2) qui produit les biens 2 (B2). Nous
avons regroupé les activités agricoles dans le premier secteur. Cette distinction simpliste et
très agrégée des activités (deux secteurs et deux biens, où chaque secteur produit un bien)
est due essentiellement au manque de données au niveau très désagrégé des comptes TQ et
du TNQ pour chaque secteur ainsi qu’à l’indisponibilité des données liées aux IDE au niveau
sectoriel. La matrice que nous utilisons pour la France est donc composée de vingt et un
(21) comptes (voir Annexe 1) :
-
Aux comptes 1 et 2 sont représentés les biens B1 et B2, qui correspondent
successivement aux biens manufacturiers et aux services ;
- Aux comptes 3 et 4 figurent les deux secteurs d’activités, représentés chacun par une
firme représentative produisant un bien, le secteur manufacturier (3) et le secteur
tertiaire (4) ;
- Au compte 5, on trouve le premier facteur de production, à savoir, le capital ;
-
Aux comptes 6 et 7, il y a le facteur travail, désagrégé en travail qualifié (TQ, 7) et
travail non qualifié (TNQ, 6) ;
12
- Au compte 8, on trouve les ménages, avec un ménage représentatif;
-
Au compte 9, il y a l’Etat qui représente les administrations publiques ;
-
Du compte 10 au compte 15 sont représentés les différentes taxes et impôts : TRC
(10) sont les impôts sur les produits, TRK (11) représente les impôts sur le capital,
TRLQ (12) et TRLNQ (13) sont successivement les impôts sur le TQ et sur le TNQ.
TRM (14) représente les revenus des impôts et taxes sur les importations et enfin
TRY (15) qui est l’impôt sur le revenu ;
- Au compte 16, on trouve la région des PECO ;
- Le reste du monde (RDM) est dans le compte (17) ;
- Au compte 18, figure l’épargne ;
- Au compte 19, il y a les IDE entrants (ligne) ou sortants (en colonne) des PECO;
-
Au compte 20, il y a les IDE sortants (en colonne) et les IDE entrants (en ligne) du
RDM ;
- Au compte 21, c’est le Total.
II.1.2- La structure algébrique du modèle
Nous insistons sur le fait que cette démarche d’analyse à l’aide d’un MEGC est une
tentative d’évaluation. La mobilisation de cette méthodologie dans le cas de la France et très
particulièrement en ce qui concerne les flux d’IDE est une première tentative. Nous ne
prétendons en aucun cas de la validité théorique des résultats que nous développerons par
la suite.
Dans ce modèle, l’économie est ouverte en introduisant les importations (M i) et les
exportations (Ei). On distingue les produits selon leurs destinations (produits destinés au
marché domestique ou à l’export) et selon leurs origines via l’hypothèse d’Armington (1969),
produits d’origine locale ou importés. Les prix diffèrent aussi ; les produits locaux sont en
monnaie locale, les importations sont en $ US et en prix C.I.F (Cost, Insurance, Freight) et
les exportations en $ US et en prix F.O.B (Free OnBoard). Pour transformer la monnaie
nationale en monnaie du marché mondial ($US) nous utilisons le taux de change.
La cohérence interne de la MCS et les trois équilibres [Décaluwé, Martens et Savar
(2001)], à savoir : l’équilibre sur le marché des biens et services, l’égalité entre l’épargne et
l’investissement et l’équilibre de la balance commercial, sont assurés.
Nous considérons l’économie française avec les caractéristiques suivantes :
 Les ménages : Un ménage représentatif qui maximise sa fonction d’utilité LES (Linear
Expenditure System) sous la contrainte de son revenu.
13
 Il existe deux biens dans l’économie, utilisés pour la consommation finale et pour la
production sous forme de consommation intermédiaire. Une partie de ces biens est
importée de l’étranger.
 Les facteurs de production sont : le capital, le travail qualifié (TQ) et le travail non qualifié
(TNQ) et les biens intermédiaires (qui sont les deux biens de l’économie).
 Il existe deux secteurs d’activités où chaque secteur est représenté par une firme qui
produit un bien. Chaque secteur exporte une partie de sa production à l’étranger (au
RDM et aux PECO). Les secteurs accueillent des IDE du RDM (les IDE entrants) et
effectuent en même temps des investissements à l’étranger (IDE sortants).
 La production des biens est gouvernée par une fonction CES (imparfaite substituabilité
entre les facteurs de production). La fonction de production est modélisée de façon
classique par une série d’emboîtement à deux niveaux :
-
Le premier niveau décrit d’une part, la distribution de la production entre les
facteurs de production, qui est la valeur ajoutée (VA) et les consommations
intermédiaires (CI) par le biais d’une fonction Leontief.
D’autre part, et pour chaque secteur, la production est vendue en partie sur le
marché local et une partie à l’étranger (exportations) et décrite par une fonction à
élasticité de transformation constante (CET).
-
Le deuxième niveau met en évidence l’imparfaite substituabilité entre les facteurs de
production (capital et travail) par le biais d’une fonction CES (Constant Elasticity of
Substitution).
 La demande est modélisée aussi avec un emboîtement à deux niveaux :
- Au premier niveau, on trouve la consommation finale et la consommation
intermédiaire du deux biens (biens manufacturiers et les services) qui sont deux
biens peu substituables.
- Au second niveau, en tenant compte du goût pour la variété des consommateurs, les
demandes des biens sont différenciées selon leur pays d’origine : biens produits
localement ou biens importés, ce qu’on appelle un bien composite. La fonction de
demande des biens composites est définie par une fonction CES selon l’hypothèse
d’Armington. Cela suppose une substituabilité imparfaite entre la production
nationale et les importations, hypothèse plus réaliste par rapport aux considérations
de la théorie classique.
 Le travail et le capital sont mobiles entre les secteurs et sont fixés d’une manière
exogène. La mobilité du capital à l’international est caractérisée par les mouvements et
les flux d’IDE.
 L’épargne et l’investissement sont endogènes.
14
 Le chômage est endogène, il se détermine à l’équilibre.
 L’Etat maximise une fonction d’utilité Cobb-Douglass sous sa contrainte de revenu et les
taxes et les impôts sont endogènes.
 L’économie est ouverte, on importe et en exporte les deux biens vers le RDM et bien
évidemment vers les PECO.
 Le taux de change est flexible avec le RDM et nul avec les PECO.
 Le capital et le travail sont des facteurs non négociables.
Nous présenterons (figure 1) d’une manière schématique, la structure de la production
et de la demande domestique de notre modèle.
Figure 1: Structure de la demande et de la production
TQ + TNQ
TQ + TNQ
X11
X21
K1
K2
L1
Leontief
L2
CES
CES
CI secteur 1
Leontief
VA secteur 2
IDE sortants 1,2
VA secteur 1
X22
X12
CI secteur 2
Leontief
Leontief
XD1
XD2
IDE entrants 1,2
CET
E1
CET
M1
XDD1
Armington
Armington
X1
X2
C°.Inter
X11
X12
XDD2
M2
C° .Finale
C1
CG
1
C° .Finale
I1
C2
CG2
15
E2
C°.Inter
I2
X21
X22
Le choix des formes fonctionnelles et de la fermeture macroéconomique sont présentés en
Annexe 2.
II.2- Simulation des chocs, interprétation des résultats et analyse de sensibilités
II.2.1- Première simulation : Choc de croissance des IDE sortants
Nous avons procédé à une augmentation de 50% des IDE à destination du RDM et à
un doublement des IDE sortants vers les PECO, car un simple choc sur les IDE sortants
vers les PECO n’a presque pas d’effet sur le reste des variables. Cela est dû à la faible part
des IDE à destination des PECO qui ne représente que 3,6% de l’ensemble des flux d’IDE
sortants de France. En même temps, les flux d’IDE sortants de France ne représentent que
3,5% de la production nationale pour l’année 2006. Pour bien identifier les mouvements de
délocalisation, nous sommes contraints, dans une logique prospective du modèle, à
augmenter simultanément les IDE sortants vers le reste du monde et ceux vers les PECO.
Dans ce premier scénario, nous avons fixé l’offre du travail et l’offre du capital ainsi
que les IDE entrants pour éviter une compensation directe par le biais des IDE. Nous avons
choisi aussi le prix du capital comme numéraire. Le reste des prix sont flexibles y compris la
rémunération du TQ et du TNQ. Les résultats des simulations sont présentés dans le
tableau 1, ils sont exprimés en pourcentage par rapport à l’état initial, en gardant aussi les
valeurs de l’état de référence.
Suite à un accroissement rapide des IDE sortants vers les PECO accompagné d’une
augmentation de 50% des IDE sortants vers le reste du monde et en gardant l’offre
d’emplois fixe pour les deux catégories de travailleurs, nous remarquons, d’une manière
générale, l’existence d’un effet négatif relativement faible sur l’ensemble des variables
macroéconomiques, sauf pour le marché de l’emploi.
En ce qui concerne le marché de l’emploi, deux éléments essentiels ressortent dans ce
scénario qui retrace une accélération des mouvements de délocalisations. Premièrement, les
résultats sont significatifs et montrent une augmentation du niveau de chômage pour les
deux catégories de travailleurs (UNEMPQ et UNEMPNQ) après le choc. En revanche,
l’augmentation du chômage des TNQ est plus importante que celle des TQ. Le chômage des
TNQ augmente de 11,02% alors que le chômage du TQ augmente de 2,8%.
Deuxièmement, selon les résultats de la simulation pour la rémunération du travail, le
salaire des TNQ (PLNQ) diminue de 1,45% et le salaire des TQ (PLQ) augmente de 0,47%.
16
Selon ces résultats, les TQ bénéficient des sorties des IDE en termes de rémunération,
tandis que les TNQ en perdent.
Ces résultats semblent indiquer que les délocalisations ont plutôt un effet négatif sur
la situation des TNQ et un effet positif pour les TQ en termes de rémunération.
L’augmentation du taux de chômage des TQ après le choc est relativement faible (2,8%) par
rapport à l’ampleur du choc. Cette disparité de l’effet des délocalisations, entre un effet
négatif sur le TNQ et un effet positif sur le TQ, explique, en partie, les inégalités qui existent
entre les TQ et les TNQ dans la plupart des pays industrialisés.
Dans ce cadre d’analyse, l’effet des délocalisations sur l’emploi est très proche de l’effet
du commerce international avec les PBS développé par la théorie néoclassique, connu sous
l’effet Stolper-Samuelson. A partir de ces analyses nous pouvons dire qu’avec une
accélération des mouvements des délocalisations, ce sont les TNQ qui sont les plus touchés,
situation qui se traduit par une augmentation du chômage des TNQ.
Comme nous l’avons détaillé dans les fonctions du modèle dans le bloc de production,
les IDE constituent une partie de la production nationale. Avec ce choc, les résultats du
modèle montrent que la production nationale diminue de 0,87% dans le premier secteur et
de 0,73% dans le deuxième secteur. Cette diminution de la production est compensée par
une forte augmentation des importations de l’ordre de 4.63% dans le deuxième secteur.
L’augmentation des importations est due à la substituabilité entre les biens domestiques et
les biens importés (hypothèse d’Armington). De plus, on assiste à une augmentation des
exportations de l’ordre de 0,086% pour le bien 1 et de 3,2% en ce concerne le bien 2. Ce
résultat peut s’expliquer par le fait que le secteur 2 utilise plus de TQ que de TNQ et par la
forte substituabilité qui existe entre le facteur composite et le facteur TNQ.
Malgré une diminution du revenu des ménages (-0.21), le bien-être mesuré par l’utilité
des consommateurs a sensiblement augmenté de 0,69%. Cette stabilité, et voire une
augmentation faible du bien-être, est due essentiellement à une diminution de l’épargne (4,02%).Il faut souligner que le choc d’augmentation des sorties des IDE ou des
délocalisations est effectué dans un cadre statique en gardant les IDE entrants fixes, ce qui
peut surestimer l’impact négatif des délocalisations sur l’emploi.
En termes généraux et au niveau macroéconomique, nous avons assisté à une
diminution du chômage en France et dans la plupart des pays industrialisés entre 1995 et
2006. Pour la France, ce taux est passé de 11,6% en 1995 à 9,5% en 2006, cette diminution
est accompagnée d’une augmentation forte du stock d’IDE sortant, qui est passée de 19% à
41% du PIB pour la France pendant la même période, d’après les sources de l’OCDE 2006.
Sans oublier aussi que le chômage des TNQ est deux fois plus grand que celui des TQ.
17
En effet, les résultats de cette simulation sont à prendre avec précaution, car elle est
faite dans une logique d’analyse prospective, qui consiste à savoir quels seront les effets
d’une éventuelle accélération des mouvements de délocalisation sans qu’il y ait des
changements au niveau des IDE entrants.
Les résultats concernant l’impact des délocalisations sur l’emploi sont compatibles, de
manière générale, avec ce que prévoit la théorie générale du commerce. Mais il faut la
compléter par la prise en compte des IDE entrants, des effets d’ajustements et
d’entraînements et de l’impact du progrès technique. Ce dernier peut être aussi responsable
de la détérioration de la situation des TNQ dans les pays industrialisés et notamment en
France.
L’effet du progrès technique sur l’emploi [Krugman (1995), Jean et ali (1999)], est
comparable à celui des délocalisations. Dans ce modèle nous n’avons pas pris en compte
l’impact du progrès technique sur l’emploi, ce qui peut aussi surestimer l’impact des
délocalisations sur l’emploi.
Tableaux 1 : Les résultats du premier choc
Les variables
Description
Y_index
Revenu des ménages
S_index
Epargne total
CBUD_index
Budget de ménages
KS_index
Total capital
LSQ_index
Niveau initial
Variation en %
1849,8
-0,215
381,7
-4,022
1098,96
1,39
507,3
0
Total TQ
557,262
0
LSNQ_index
Total TNQ
666,436
0
UNEMPQ_index
Chômage des TQ
51
2,886
UNEMPNQ_index
Chômage des TNQ
110
11,02
PK_index
Rémunération du K
1
0
PCF_index
Rémunération du facteur composite
2
-3,791
PLQ_index
Rémunération du TQ
1
0,474
PLNQ_index
Rémunération du TNQ
1
-1,456
U_index
Utilité du consommateur
424,78
0,693
Les variables
Description
Niveau initial
Sec 1
Sec2
Sec 1
en %
Sec 2
en %
P_index
Le prix du bien composite
1
1
0,234 1,315
PD_index
Le prix de l'output national
1
1 -0,504
PDD_index
Le prix de l'output destiné au marché domestique
1
1
0,345 1,399
PE_index
Le prix des exportations
1
1
0,016 0,016
PM_index
Le prix des importations
1,255
1,305
X_index
La demande du bien composite
0
0,016 0,016
1602,7 1736,4 -0,892 0,634
18
1465,1 1780,9 -0,871 0,734
1064,8 1633,7 -1,22 0,963
XD_index
Production totale
XDD_index
production destinée au marché domestique
K_index
Capital
I_index
Investissement
LQ_index
Le TQ
LNQ_index
Le TNQ
E_index
Exportations
389,1
95,39
M_index
Importations
428,6
78,69 -0,242 4,632
FDIO_PECO
IDE sortants vers les PECO
FDIO_index
FDII_index
170,3
290 -0,569 0,202
291,59
90,1 -4,246 5,268
240,38 139,08 -0,757 0,082
132,59 398,33 -2,089 2,495
0,086 3,205
2
1,1
100
100
IDE sortants ver le RDM
12,33
69,82
50
50
IDE entrants
11,12
51,88
0
0
II.2.2- Deuxième simulation : Choc de croissance des importations
Le but de ce deuxième scénario est de tester toujours l’impact des délocalisations sur
l’emploi en France, en jouant sur un autre indicateur qui peut expliquer une augmentation
des délocalisations. Il s’agit d’augmenter les importations en général et celles en provenance
des PECO de 20% en doublant en même temps l’élasticité de substitution d’Armington. Ce
scénario reflète d’une manière indirecte l’augmentation de l’importation des biens
intermédiaires en provenance des PBS qui sont généralement à l’origine des délocalisations.
Nous comparons les résultats de ce choc avec la première simulation.
Les résultats de cette simulation sont présentés dans le tableau 2. Ils sont organisés
de la même façon que la première simulation.
De manière globale, dans ce deuxième scénario, les résultats sont relativement
semblables aux résultats du premier scénario. Il n’en reste pas moins, sans surprise, que
les salaires des TQ et des TNQ ont augmenté successivement de 0.86% et de 0,41%
contrairement au premier choc. Concernant le volume d’emplois, la logique néoclassique est
maintenue avec une augmentation du chômage des TNQ et une diminution du chômage des
TQ, mais avec une amplitude très faible. Le chômage augmente de 1,44% pour les TNQ et
diminue de 1.63 pour les TQ.
Ces résultats sont compatibles avec les résultats empiriques liés à l’impact du
commerce international avec les PBS sur l’emploi dans les pays industrialisés, Jean et
Bontout (1998), Cortes et Jean (1997a). Ils trouvent qu’une augmentation de un point du
19
taux de pénétration des importations induit une hausse de 0,4% du ratio TQ/TNQ dans
l’industrie considérée.
Tableaux II.14 : Les résultats du deuxième choc
Les variables
Description
Y_index
Revenu des ménages
S_index
Epargne total
CBUD_index
Budget de ménages
KS_index
Total capital
LSQ_index
Niveau
initial
Variation en %
1849,8
0,0021
381,7
2,575
1098,96
1,196
507,3
0
Total TQ
557,262
0
LSNQ_index
Total TNQ
666,436
0
UNEMPQ_index
Chômage des TQ
51
-1,63
110
1,44
UNEMPNQ_index Chômage des TNQ
PK_index
Rémunération du K
1
1,54
PCF_index
Rémunération du facteur composite
2
0
PLQ_index
Rémunération du TQ
1
0,864
PLNQ_index
Rémunération du TNQ
1
0,41
U_index
Utilité du consommateur
424,78
0,545
Les
variables
Description
P_index
Niveau initial
Sec 1
Sec2
Le prix du bien composite
Sec 1 en
%
Sec 2 en %
1
1
1,354
0,022
Le prix de l'output national
Le prix de l'output destiné au marché
PDD_index domestique
1
1
1,146
0
1
1
4,71
0,332
PE_index
Le prix des exportations
1
1
-4,43
-4,43
PM_index
Le prix des importations
1,255
1,305
-4,43
-4,43
X_index
La demande du bien composite
1602,7
1736
0,583
-0,012
Production totale
production destinée au marché
XDD_index domestique
1465,1
1781
1,631
-0,401
1064,8
1634
-8,781
-1,239
170,3
290
1,519
-0,371
PD_index
XD_index
K_index
Capital
I_index
Investissement
291,59
90,1
1,205
2,55
LQ_index
Le TQ
240,38
139,1
1,79
0,028
132,59
398,3
1,41
-0,733
LNQ_index Le TNQ
E_index
Exportations
389,1
95,39
31
14
M_index
Importations
428,6
78,69
20
20
FDIO_index IDE sortants
14,32
70,91
0
0
FDII_index
11,12
51,88
0
0
IDE entrants
20
IV.3- Analyse de sensibilité
L’utilisation d’un MEGC appelle évidemment des analyses de sensibilité aux valeurs
des principaux paramètres utilisés, en l’occurrence les élasticités, pour tester la solidité du
modèle et évaluer les marges d’erreur correspondantes. De ce fait, nous avons testé la
sensibilité des résultats à un changement des valeurs des élasticités de substitution entre
les facteurs et entre les produits, en choisissant des valeurs faibles (la moitié de la valeur
initiale) et des valeurs fortes (le double de la valeur initiale) par rapport aux valeurs initiales
et fait « tourner le modèle » avec les nouvelles élasticités.
Nous simulons les mêmes chocs pour différentes valeurs d’élasticité de substitution
entre les facteurs 𝝈𝑭𝒊 et de l’élasticité de substitution entre les deux biens 𝝈𝑨𝒊 .
Les résultats obtenus sont très proches des résultats initiaux. Aucun changement au
niveau du signe de la variation des variables, mais c’est plutôt l’ampleur de la variation qui
a changé pour quelques variables comme la production destinée au marché national qui
diminue beaucoup plus dans le deuxième choc à cause de l’augmentation de l’élasticité de
substitution entre les biens locaux et les biens importés.
La sensibilité des résultats est cependant beaucoup moins élevée pour le choc lié aux
IDE. En revanche, nous estimons que le niveau élevé d’agrégation utilisé dans le modèle
(deux secteurs) peut être trompeur, ce qui constitue une limite de notre modèle. C’est la
raison pour laquelle nous restons modestes quant à l’importance et la crédibilité des
résultats obtenus, qui restent discutables. Faute de données au niveau des branches, une
désagrégation plus fine permettra d’avoir des résultats plus réalistes.
Conclusion
Hormis l’augmentation sensible du chômage des TNQ dans le premier choc (+11,02%),
les impacts simulés dans ce modèle ont donné des résultats modestes (au niveau de la
variation des variables par rapport à l’état de référence). Ce bémol s’explique par le fait que
nous avons travaillé sur des prix de travail (salaires) flexibles. Si nous introduisons la
rigidité des prix des facteurs ou au moins celle des TNQ, à cause d’un salaire minimum en
France14, le chômage des TNQ augmentera plus que dans le cas d’un salaire flexible.
Ces résultats sont à prendre avec précaution, comme nous l’avons signalé supra, car
le problème de l’emploi est une question très complexe où plusieurs facteurs peuvent
Selon les données de l’INSEE et notamment les enquêtes relatifs à la situation de l’emploi en France, nous
pouvons considérer que la rémunération des TNQ correspond au SMIC (salaire minimum interprofessionnel de
croissance : le SMIC horaire brut pour 2010 est de 8,86 euros).
14
21
intervenir simultanément. Les délocalisations participent sans doute à la détérioration de la
situation des non qualifiés dans des régions ou des sites bien précis, mais elles ne sont pas
responsables du chômage qui est plutôt structurel. Elles peuvent être même à l’origine de la
création des emplois ou au moins de la préservation des postes d’emplois sur le territoire
nationale.
Le MEGC utilisé, comme étant une approche alternative, nous a permis d’évaluer,
d’une manière indirecte en utilisant les IDE, l’impact des délocalisations sur l’emploi en
France. Le but n’était pas de donner une réponse définitive, mais plutôt de proposer une
estimation quantitative indicative. Il s’agissait plus particulièrement de tester l’impact des
sorties des IDE vers ces pays sur les salaires relatifs des TQ et des TNQ, ainsi que sur le
niveau de chômage pour les deux catégories de travailleurs.
Selon nos résultats, les sorties des IDE ont un impact faible sur l’économie en général,
mais relativement élevé sur le marché de l’emploi. Ces résultats montrent que pour les deux
chocs, l’effet Stolper-Samuelson (la baisse de la rémunération réelle du facteur rare) est
maintenu avec une détérioration de la situation des TNQ et une amélioration de la situation
des TQ. Néanmoins, les effets négatifs sur l’emploi non qualifié restent faibles par rapport à
l’ampleur du choc (augmentation de 50% des IDE sortants avec un doublement des IDE
vers les PECO) et aux différentes inquiétudes émanant du débat public.
Nous avons soutenu l’idée selon laquelle le problème des inégalités entre TQ et TNQ en
France et dans plusieurs pays industrialisés, trouve son explication dans un ensemble
complexe de facteurs d’ordre structurels, institutionnels et conjoncturels. Il serait bien
imprudent d’imputer la responsabilité du chômage et de la détérioration des TNQ au seul
phénomène de délocalisations. Il est évident d’accepter l’idée que les délocalisations peuvent
être responsables du chômage et du creusement des inégalités au niveau local, lorsque des
entreprises et des sous-traitants dans un bassin industriel bien précis délocalisent. En
revanche, si on raisonne au niveau macroéconomique, par le biais des effets d’entraînement
et de destruction-création des activités productives, les délocalisations peuvent jouer aussi
un rôle positif dans la préservation des emplois.
22
Bibliographie
ARTHUIS Jean, (2005), Rapport d’information sur la globalisation de l’économie et les
délocalisations d’activité et d’emplois, Tome I : Rapport du 22 juin 2005.
ARTHUIS Jean (1993b), Les délocalisations et l’emploi, Editions D’organisation, Paris, 1993,
228p. [7]
ARTHUIS Jean, (1993c), «Les délocalisations contre l’emploi », Revue Futuribles, N°181,
pp.29-38. [7]
ARTUS Patrick, (2006), « Intégration commerciale avec des pays émergents ayant des
ressources importantes en main-d’œuvre qualifiée. Quels effets pour les pays
européens ? », Revue Economique, N° 2006/4, Vol.57, pp 673-704. [3]
ARTUS P., FONTAGNE L., (2006), « Evolution récente du commerce extérieur français »,
Analyses économiques, N°6, CAE.
AUBERT P. et SILLARD P., (2005), « Délocalisations et réductions d’effectifs dans l’industrie
française », INSEE, Document de travail N° G 2005-03. [8]
BHAGWATI J., PANAGARIVA A., et SRINIVASAN T.,N., (2004), « The muddles over
outsourcing. », Journal of Economic Perspectives, Vol. 18, N° 4, pp. 93-114. [6]
BALDWIN Richard E., (1994), « Les effets des échanges et de l’investissement direct
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24
Annexe 1 : La MCS de la France pour l’année 2006
(En Milliards d’euros).
Biens et
Services
Biens et services
Firmes
Ménages
TQ
TNQ
K
Sec2
Sec1
B2
B1
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
20
54,3
240,385
132,596
170,3
149,164
612,225
3
24,3
15
27,4
139,083
398,334
290
556,425
167,738
4
Sec2
Etat
11
16,8
Sec1
TRC
12
24
B2
TRK
13
109,25
3,6
B1
TRLQ
14
14,8
2
TRNQ
15
1
TRM
16
75,1
91,8
67
55
107,7
1064,88
TRY
413,8
1633,72
PECO
17
18
1,1
TNQ
TQ
7
556,436 516,262
556,436 516,262
6
Facteurs de production
K
5
407,2
100,1
507,3
25
Firmes
Facteurs de
production
RDM
Epargne
69,82
1781
2
1465,1
12,33
1803,42
19
1710,43
20
21
IDE_S vers les PECO
Total
IDE_S vers le RDM
Agents économiques
Etat
9
Ménages
8
90,105
291,595
10
TRC
13
41,1
41,1
TRLQ TRNQ
12
35
35
TRM
14
133,25
133,25
Agents économiques
11
81,7
81,7
TRK
507,3
87,284
556,436
475,514
47
551,588
25,506
516,262
174,7
174,7
136,794
319,802
24,3
1116,2
532,212
349
243,4
177,6
1853,8
TRY
15
243,4
243,4
PECO
RDM
INVT
19
3,1
3,1
IDE_E
PECO
20
19,15
82,15
IDE_E
RDM
1781
1465,1
18
11,12
17
51,88
16
90,4
373,1
381,7
5
54,1
58,05
35,6
611,25
16
-2,6
18,4
Total
21
1710,43
1803,42
1853,8
174,7
1116,2
35
81,7
41,1
133,25
18,4
243,4
611,25
3,1
381,7
82,15
13115,698
Annexe2 : L’écriture algébrique des fonctions du modèle
Le programme du consommateur :
- Un consommateur représentatif qui dispose
d’un revenu (Y). Il a le choix entre deux biens C1
et C2 avec des prix respectivement P1 et P2. Y, P1
et P2 sont exogènes.
- Calibrage des paramètres
niveau
minimum
de
𝛼𝐻𝐿𝐸𝑆 et 𝜇𝐻𝑖 (le
consommation
ou
de
subsistance):
𝑈 = (𝐶1 − 𝜇𝐻1 )𝛼𝐻𝐿𝐸𝑆 ∗ (𝐶2 − 𝜇𝐻2 )(1−𝛼𝐻𝐿𝐸𝑆)
𝐶𝐵𝑈𝐷 = (1 + 𝑡𝑐1 ). 𝑃1 . 𝐶1 + (1 + 𝑡𝑐2 )𝑃2 . 𝐶2
𝐶𝐵𝑈𝐷 = (1 − 𝑡𝑦). 𝑌 − 𝑆𝐻 − 𝐶𝑂𝑇𝐻
Avec, tc(sec) est le taux de la taxe sur la
consommation finale, 𝑡𝑦 est le taux d’imposition
sur le revenu, 𝑆𝐻 représente l’épargne des
ménages où :
Avec Ф est le paramètre Frisch qui représente
𝑆𝐻 = 𝑚𝑝𝑠. 𝑌
l’élasticité de l’utilité marginale par rapport à la
dépense, égal à :
Le revenu des ménages se compose des revenus
Avec 𝑚𝑝𝑠 la propension marginale à épargner et
𝐶𝑂𝑇𝐻 les cotisations des ménages versées aux
administrations publiques.
26
du capital, du travail et des transferts
-
𝛼𝐻𝐿𝐸𝑆
=
𝑈𝑁𝐸𝑀𝑃 : le chômage total des qualifiés et
(1 + 𝑡𝑐1 ). 𝑃𝐷10 . 𝐶1𝑜 − (1 + 𝑡𝑐1 ). 𝑃𝐷10 . 𝜇𝐻1
𝐶𝐵𝑈𝐷 0 − (1 + 𝑡𝑐1 ). 𝑃𝐷10 . 𝜇𝐻1 − (1 + 𝑡𝑐2 ). 𝑃𝐷20 . 𝜇𝐻2
des non qualifiés dans l’économie ;
-
𝑈𝑁𝐸𝑀𝑃𝑄 : le chômage des qualifiés ;
-
𝑈𝑁𝐸𝑀𝑃𝑁𝑄 : le chômage des non
𝜇𝐻1 = 𝐶1𝑜 + 𝛼𝐻𝐿𝐸𝑆. [(1 + 𝑡𝑐1 ). 𝑃𝐷1 ]−1 . 𝐶𝐵𝑈𝐷 0 . Ф−1
𝜇𝐻2 = 𝐶2𝑜 + (1 − 𝛼𝐻𝐿𝐸𝑆). [(1
qualifiés ;
-
+ 𝑡𝑐2 )𝑃𝐷2 ]−1 . 𝐶𝐵𝑈𝐷 0 . Ф−1
𝑃𝐿𝑄, 𝑃𝐿𝑁𝑄 et 𝑃𝐾 sont successivement le
prix du TQ, le prix du TNQ (qui
correspond au salaire) et le prix du
capital ;
-
𝐿𝑆𝑄, 𝐿𝑆𝑁𝑄 et 𝐾𝑆 représentent l’offre totale
du TQ, l’offre totale du TNQ et le capital
Ф=
𝑑𝜆
𝐶𝐵𝑈𝐷
.
𝑑𝐶𝐵𝑈𝐷
𝜆
=−
𝐶𝐵𝑈𝐷
(𝐶𝐵𝑈𝐷 − (1 + 𝑡𝑐1 ). 𝑃𝐷1 . 𝜇𝐻1 − (1 + 𝑡𝑐2 ). 𝑃𝐷2 . 𝜇𝐻2 )
𝑌 = 𝑃𝐾. 𝐾𝑆 − 𝑇𝐾𝑅𝐷𝑀 + 𝑃𝐿. (𝐿𝑆 − 𝑈𝑁𝐸𝑀𝑃) + 𝑇𝑅𝐹
total disponible ;
-
+ 𝑇𝑅𝐷𝑀
𝑇𝐾𝑅𝐷𝑀: transferts des revenus de capital
𝐿𝑆 = 𝐿𝑆𝑄 + 𝐿𝑆𝑁𝑄
au RDM ;
- 𝑇𝑅𝐹 et 𝑇𝑅𝐷𝑀 sont successivement les
𝑃𝐿. (𝐿𝑆 − 𝑈𝑁𝐸𝑀𝑃)
transferts de l’Etat aux ménages et les
= 𝑃𝐿𝑄. (𝐿𝑆𝑄 − 𝑈𝑁𝐸𝑀𝑃𝑄)
transferts du RDM aux ménages.
+ 𝑃𝐿𝑁𝑄. (𝐿𝑆𝑁𝑄 − 𝑈𝑁𝐸𝑀𝑃𝑁𝑄)
La demande d’investissement pour les deux
(1−𝛼𝐼)
𝑈 = 𝐼1𝛼𝐼 . 𝐼2
biens est donnée par la fonction d’utilité :
Sous la contrainte : 𝑆 = 𝑃𝐷1 . 𝐼1 + 𝑃𝐷2 . 𝐼2
Avec :
𝑆 = 𝑆𝐻 + 𝑃𝐶𝐼𝑁𝐷𝐸𝑋. 𝑆𝐺 + 𝐸𝑅. 𝑆𝐹 +
𝑆𝐸(𝑠𝑒𝑐1) + 𝑆𝐸(𝑠𝑒𝑐2)
La courbe de Phillips (le chômage)
𝑃𝐿1 ⁄𝑃𝐶𝐼𝑁𝐷𝐸𝑋1
𝑈𝑁𝐸𝑀𝑃1⁄𝐿𝑆1
( 0
−
1)
=
𝑝ℎ𝑖𝑙𝑙𝑖𝑝𝑠.
(
− 1)
𝑃𝐿 ⁄𝑃𝐶𝐼𝑁𝐷𝐸𝑋 0
𝑈𝑁𝐸𝑀𝑃0 ⁄𝐿𝑆 0
L’offre
- Les biens intermédiaires
Avec : 𝑖𝑜11 est la part du bien intermédiaire 𝑋𝐷11
𝑋𝐷𝑖 = 𝑓(𝐹𝐶𝑖 , 𝐿𝑁𝑄𝑖 , 𝑋𝐷𝑖𝑖 , 𝑋𝐷𝑗𝑖 )
𝑋𝐷𝑖 = 𝑔𝑖 (𝑉𝐴𝑖 , 𝐼𝑂𝑖 )
dans la production du bien 𝑋𝐷1 . 𝑖𝑜21 est la part
𝑉𝐴1 = 𝑔11 (𝐹𝐶1 , 𝐿𝑁𝑄1 )
du bien intermédiaire 𝑋𝐷21 dans la production du
Et
bien 𝑋𝐷1 . Il ne s’agit pas d’autre chose que des
𝐼𝑂1 = 𝑔12 (𝑋𝐷11 , 𝑋𝐷21 )
coefficients techniques de production.
𝑉𝐴𝑖 = [γFi ∗ FCi −ρFi + (1 − γFi ) ∗ LNQi −ρFi ]
- Le calibrage des coefficients techniques est
donné par les relations suivantes :
−1/ρFi
𝑋𝐷𝑖 = aFi ∗ 𝑉𝐴𝑖
𝑖𝑜11 =
0
𝑋𝐷11
𝑋𝐷10
Et
𝑖𝑜21 =
- Les firmes : programme du producteur
0
𝑋𝐷21
𝑋𝐷10
XDi = aFi ∗ [γFi ∗ FCi −ρFi + (1 − γFi ) ∗ LNQi −ρFi ]
27
−1/ρFi
𝐹𝐶𝑖 = aC𝑖 ∗ [βi ∗ K i −ρCi + (1 − βi ) ∗ LQi −ρCi ]
−1/ρCi
Avec l’intervention de l’Etat, la contrainte
du producteur s’écrit :
(1+tfc).PFC. FC i + (1+tl).PLNQ.LNQi
où :
(1+tfc).PFC. FCi = (1 + tk). PK. K i + (1 +
tl). PLQ. LQi
-
Les
élasticités
de
substitution
des
deux
𝜎𝐹𝑖 =
1
1 + 𝜌𝐹𝑖
𝜎𝐶𝑖 =
1
1 + 𝜌𝐶𝑖
fonctions CES, 𝜎𝐹𝑖 (élasticité de substitution entre
le facteur composite et le TNQ) et 𝜎𝐶𝑖 (élasticité de
substitution entre le capital et le TQ) égalent :
γFi =
- Le calibrage des paramètres :
(1 + tfc)PFC0 ⁄(1 + tl)PLNQ0
−𝟏/𝜎𝐹𝑖
(1 + tfc) PFC0 ⁄(1 + tl)PLNQ0 + (
1
=
Avec : 𝐹𝐷𝐼𝑂𝑖 est l’IDE sortant, qui englobe les IDE
−𝟏/𝜎𝐹𝑖
1+
sortants vers le RDM et les IDE sortant vers les
PECO. 𝑃𝐹𝐷𝐼𝑂𝑖 est le prix de l’IDE sortant. 𝑆𝐸𝑖
représente l’épargne des entreprises.
βi =
FC0
(1 + tl)PLNQ0
+ ( i 0)
0
(1 + tfc)PFC
LNQi
(1 + tk)PK 0 ⁄(1 + tl)PLQ0
−𝟏/𝜎𝐶𝑖
(1 + tk) PK 0 ⁄(1 + tl)PLQ0 + (
−𝟏/𝜎𝐶𝑖
1+
sous
forme
d’exportation
(Ei).
K0
(1 + tl)PLQ0
+ ( i0 )
0
(1 + tk)PK
LQi
XDDi = (1 − γTi )σTi ∗ PDDi −σTi
∗ [γTi σTi ∗ PEi1−σTi + (1 − γTi )σTi
marché local (XDDi) comme sur le marché
extérieur
K 0i
)
LQ0i
1
=
L’ouverture de l’économie
Le produit national (XDi) peut se vendre sur le
FCi0
)
LNQ0i
∗ PDDi1−σTi ]
La
σTi /(1−σTi )
XDi
∗(
)
aTi
transformation de la production nationale est
Ei = γTi σTi ∗ PEi −σTi
modélisée à l’aide d’une fonction CET (Constant
∗ [γTi σTi ∗ PEi1−σTi + (1 − γTi )σTi
Elasticité of Transformation).
∗ PDDi1−σTi ]
La demande
- La demande nationale peut être satisfaite de
σTi /(1−σTi )
Mi = γAi σAi ∗ PMi −σAi
∗ [γAi σAi ∗ PMi1−σAi + (1 − γAi )σAi
deux façons (les origines des produits) : soit de la
∗ PDDi1−σAi ]
production nationale (XDDi) soit de l’importation
σAi /(1−σAi )
(Mi) ou des deux en même temps, ce qu’on
appelle le bien composite (Xi) selon l’Hypothèse
XDi
∗(
)
aTi
XDi
∗(
)
aAi
XDDi = (1 − γAi )σAi ∗ PDDi −σAi
∗ [γAi σAi ∗ PMi1−σAi + (1 − γAi )σAi
d’Armington. Ce bien composite est utilisé pour
la consommation finale (en consommation finale
∗ PDDi1−σAi ]
28
σAi /(1−σAi )
XDi
∗(
)
aAi
privée (Ci), consommation finale de l’Etat (CGi) et
pour
l’investissement
consommation
(Ii))
comme
intermédiaire
(Xij)
pour
la
dans
le
𝑃𝑖 . 𝑋𝑖 = 𝑃𝑀𝑖 . 𝑀𝑖 + 𝑃𝐷𝐷𝑖 . 𝑋𝐷𝐷𝑖
X i = aAi . [γAi . Mi −ρAi + (1 − γAi ). XDDi −ρAi ]
−1/ρAi
processus de production.
- 𝑃𝑀𝑖 = (1 + 𝑡𝑚𝑖 ). 𝐸𝑅. 𝑃𝑊𝑀𝑍𝑖 où 𝑃𝑊𝑀𝑍𝑖 est le
prix mondial du bien i, ER est le taux de
change et 𝑡𝑚𝑖 est le tarif douanier ;
-
𝑃𝐸𝑖 = 𝐸𝑅. 𝑃𝑊𝐸𝑍𝑖 ou 𝑃𝑊𝐸𝑍𝑖 est le prix
mondial du bien exporté.
L’Etat
- L’Etat reçoit les cotisations sociales (COTH) et
effectue aussi des transferts (TRF) (pour les
chômeurs)
et
autres
transferts
(TRO)
(ex :
pensions).
- trep est le taux de remplacement, il correspond
𝑇𝐴𝑋𝑅 = ∑2𝑖=1 (𝑡𝑐𝑖 . 𝐶𝑖 . 𝑃𝐷𝑖 + 𝑡𝑘𝑖 . 𝐾𝑖 . 𝑃𝐾 + 𝑡𝑙𝑖 . 𝐿𝑄𝑖 . 𝑃𝐿𝑄 +
𝑡𝑙𝑖 . 𝐿𝑁𝑄𝑖 . 𝑃𝐿𝑁𝑄 + 𝑡𝑚𝑖 . 𝐸𝑅. 𝑃𝑊𝑀𝑍𝑖 . 𝑀𝑖 ) + 𝑡𝑦. 𝑌 +
𝐶𝑂𝑇𝐻 + 𝑇𝑅𝐷𝑀
𝑇𝑅𝐹 = 𝑡𝑟𝑒𝑝. (𝑃𝐿𝑄. 𝑈𝑁𝐸𝑀𝑃𝑄 + 𝑃𝐿𝑁𝑄. 𝑈𝑁𝐸𝑀𝑃𝑁𝑄)
+ 𝑃𝐶𝐼𝑁𝐷𝐸𝑋. 𝑇𝑅𝑂
au pourcentage des salaires réels versés aux
chômeurs. Sur la base des statistiques des
𝑃𝐶𝐼𝑁𝐷𝐸𝑋 𝑡 =
transferts des allocations de chômage, nous
− 𝑃𝐶𝐼𝑁𝐷𝐸𝑋 est l’indice des prix de Laspeyres
∑2𝑖=1(1 + 𝑡𝑐𝑖0 ). 𝑃𝐷𝑖0 . 𝐶𝑖0
t =0,1
retenons une valeur de 70% pour le paramètre
trep.
∑2𝑖=1(1 + 𝑡𝑐𝑖𝑡 ). 𝑃𝐷𝑖𝑡 . 𝐶𝑖0
GBUD= 𝑇𝐴𝑋𝑅 − 𝑇𝑅𝐹 − 𝑃𝐶𝐼𝑁𝐷𝐸𝑋. 𝑆𝐺 Où SG est
l’épargne de l’Etat.
L’Etat maximise sa fonction d’utilité CobbDouglas :
𝑈(𝐶𝐺1 , 𝐶𝐺2 , 𝐾𝐺, 𝐿𝐺) =
𝛼𝐶𝐺1
- Calibrage des paramètres
𝐶𝐺1
𝛼𝐶𝐺2
. 𝐶𝐺2
. 𝐾𝐺 𝛼𝐾𝐺 . 𝐿𝐺𝑄𝛼𝐿𝐺𝑄 . 𝐿𝑄𝐺𝑁𝑄 𝛼𝐿𝐺𝑁𝑄
Avec
𝛼𝐶𝐺1 + 𝛼𝐶𝐺2 + 𝛼𝐾𝐺 + 𝛼𝐿𝐺𝑄 + 𝛼𝐿𝐺𝑁𝑄 = 1
𝛼𝐶𝐺𝑖 = 𝑃𝑖0 . 𝐶𝐺𝑖0 /(𝑇𝐴𝑋𝑅 0 − 𝑇𝑅𝐹 0 − 𝑃𝐶𝐼𝑁𝐷𝐸𝑋 0 . 𝑆𝐺 0 )
𝛼𝐾𝐺 = 𝑃𝐾 0 . 𝐾𝐺 0 /(𝑇𝐴𝑋𝑅 0 − 𝑇𝑅𝐹 0 − 𝑃𝐶𝐼𝑁𝐷𝐸𝑋 0 . 𝑆𝐺 0 )
𝛼𝐿𝐺𝑄 = 𝑃𝐿𝑄 0 . 𝐿𝐺𝑄0 /(𝑇𝐴𝑋𝑅 0 − 𝑇𝑅𝐹 0
− 𝑃𝐶𝐼𝑁𝐷𝐸𝑋 0 . 𝑆𝐺 0 )
𝛼𝐿𝐺𝑁𝑄 = 𝑃𝐿𝑁𝑄 0 . 𝐿𝐺𝑁𝑄0 /(𝑇𝐴𝑋𝑅 0 − 𝑇𝑅𝐹 0
− 𝑃𝐶𝐼𝑁𝐷𝐸𝑋 0 . 𝑆𝐺 0 )
29
L’équilibre des marchés
𝐾1 + 𝐾2 + 𝐾𝐺 = 𝐾𝑆
𝐿𝑄1 + 𝐿𝑄2 + 𝐿𝐺𝑄 = 𝐿𝑆𝑄 − 𝑈𝑁𝐸𝑀𝑃𝑄
𝐿𝑁𝑄1 + 𝐿𝑁𝑄2 + 𝐿𝐺𝑁𝑄 = 𝐿𝑆𝑁𝑄 − 𝑈𝑁𝐸𝑀𝑃𝑁𝑄
𝑋1 = 𝑖𝑜11 . 𝑋𝐷1 + 𝑖𝑜12 . 𝑋𝐷2 + 𝐶1 + 𝐶𝐺1 + 𝐼1
𝑋2 = 𝑖𝑜22 . 𝑋𝐷2 + 𝑖𝑜21 . 𝑋𝐷1 + 𝐶2 + 𝐶𝐺2 + 𝐼2
L’équilibre de la balance commerciale
Avec :
SF
représentant
l’épargne
étrangère
(Foreign Savings). TKRDM ce sont les revenus du
∑2𝑖=1 𝑃𝑊𝑀𝑍𝑖 . 𝑀𝑖 + 𝑇𝐾𝑅𝐷𝑀 + 𝐹𝐷𝐼𝑂 = ∑2𝑖=1 𝑃𝑊𝐸𝑍𝑖 . 𝐸𝑖 +
capital versés au RDM. TRDMH ce sont les
𝑇𝑅𝐷𝑀𝐻 + 𝑇𝑅𝐷𝑀 + 𝐹𝐷𝐼𝐼 + 𝑆𝐹
transferts du RDM aux ménages et TRDM sont
les transferts du RDM aux administrations
publiques.
-Nous adoptons la règle classique de bouclage du
modèle où l’investissement n’est pas exogène, il
𝑆 = 𝑆𝐻 + 𝑃𝐶𝐼𝑁𝐷𝐸𝑋. 𝑆𝐺 + 𝐸𝑅. 𝑆𝐹 + 𝑆𝐸(𝑠𝑒𝑐1)
s’ajuste à l’épargne totale disponible selon la
+ 𝑆𝐸(𝑠𝑒𝑐2)
relation suivante :
Les élasticités
Bien 1 :
C1
Elasticité
revenu
LES-
Bien 2 :
C2
0.75
1.25
Elasticité CES : 𝝈𝑭𝒊
0.7
1.1
Elasticité CES : 𝝈𝑪𝒊
0.4
0.6
Elasticité CET : 𝝈𝑻𝒊
4
3
Elasticité
3
4
CES : 𝝈𝑪𝒊/𝒀
d’Armington :
𝝈𝑨𝒊
Source : Yapaudjian et ali (2003), Decreux et ali (2003)
30
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