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Introduction
L’ampleur des inégalités salariales ou du chômage que connaissent de nombreux pays
industrialisés, notamment la France, a fait resurgir l’inquiétude qui régnait dans les années
90, liée à la concurrence menée par les pays en développement ou pays à bas salaires (PBS).
Cette menace se conjugue en deux séries de phénomènes qui ont, a priori, des effets négatifs
sur l’emploi. Il s’agit, d’une part, de la montée en puissance de nouveaux pays émergents
(Chine, Inde…) et l’élargissement de l’Europe avec l’adhésion des pays de l’Europe Centrale
et Orientale (PECO) qui constituent une ressource inépuisable en main-d’œuvre non
qualifiée et qualifiée qui peut se substituer à celle de la France et des autres pays
industrialisés. D’autre part, le second phénomène est la multiplication des transferts des
capitaux et surtout des unités de production à travers les délocalisations
.
Ces mouvements ne passent pas sans effet. L'ampleur de l'impact du commerce
international et des délocalisations des activités productives sur le marché du travail, sur
l’augmentation du niveau de chômage et des inégalités, alimente une controverse dans les
pays industrialisés et au sein même de la discipline de l'économie internationale que chez
les économistes. En France comme dans de nombreux autres pays développés, la question
des délocalisations suscite un vif débat. Les pays émergents et les PECO
constituent les
pays qui reçoivent le plus de délocalisations au sens strict.
En ce qui concerne l’impact sur l’emploi, les points de vue et les résultats divergent
entre les économistes, même sur le plan empirique. Pour beaucoup d’économistes, les
délocalisations ne sont pas un problème pour les pays industrialisés : le jeu du marché
permet d’atteindre une situation optimale ; toute mesure interventionniste de protection
porte une atteinte à l’équilibre du marché et à la croissance des pays en développement.
D’autres pensent, cependant, que la question des délocalisations soulève des problèmes de
croissance et d’emplois dans les pays d’origines.
Les faits révèlent une distorsion et un écart qui se creuse en termes de salaire et des
inégalités entre TQ et TNQ. On assiste à une forme de désindustrialisation des pays riches
et une monté en puissance des exportations de biens manufacturés de la part des pays en
voie de développement (PVD) et des pays émergents. Or, depuis un certain temps, les
délocalisations concernent aussi des secteurs qui sont technologiquement plus intensifs
Les délocalisations concernent toute fermeture partielle ou générale d’unités de production dans le territoire
national et la réouverture concomitante d’une unité productive à l’étranger, ou le recours à la sous-traitance sans
changer la destination des produits ou les services. En revanche, toute création de nouvelles entités (ex-nihilo ou
greenfield) à l'étranger ne peut être considérée comme une délocalisation lorsque ni l’emploi ni les exportations ne
sont touchés. Il s’agit ici plutôt d’une logique d'IDE.
Pour la France, Les PECO bénéficient d’un avantage en termes de proximité géographique auquel s’ajoute, avec
l’entrée dans l’UE, un avantage institutionnel en termes de sécurité juridique, ainsi qu’une stabilité politique et
sociale. Ces avantages constituent des déterminants importants pour attirer les délocalisations et les IDE.