434 M. Crabbé / C. R. Acad. Sci. Paris, Ser. I 338 (2004) 433–436
2. Le concept de logos
Un logos Lest une structure TerL,VL,vlL,subL,oùTerLest un ensemble, VLune partie infinie de TerL,vlL
une application de TerLvers les sous-ensembles finis de VLet subLune application de VL×TerL×TerLvers
TerL.
Les éléments de TerLsont les termes et seront notés M,N,P,...; les éléments de VLsont les variables, notées
x,y,z,...;vlL(M) est l’ensemble des variables (libres) de M;subL(x,M,N)est le résultat de la substitution
de Nàxdans M. Nous omettons la mention de Lquand ce n’est pas nécessaire et nous adoptons les notations
M[x:= N]pour sub(x,M,N)et M[x:= N][y:= P]pour (M[x:= N])[y:= P].
Un logos doit vérifier les axiomes :
1. vl(x) ={x};2.Six∈vl(M),alorsvl(M[x:= N])=(vl(M) \{x})∪vl(N) ;
3. Si y/∈vl(M),alorsM[x:= y][y:= x]=M;
4. Si x= yet x/∈vl(P ),alorsM[x:= N][y:= P]=M[y:= P][x:= N[y:= P]] ;
5. x[x:= M]=M;6.Six/∈vl(M),alorsM[x:= N]=M.
3. Exemples
Logos de substitution. L’ensemble des termes d’un langage avec une infinité de variables, muni de la substitution,
est évidemment un logos. Plus précisément, soit un ensemble infini de variables et un ensemble de symboles
fonctionnels n-aires φn. Les termes sont définis comme suit : les variables sont des termes; si M1,...,M
n∈
Ter,alorsφn(M1,...,M
n)∈Ter.vl(M) et M[x:= N]sont définis inductivement de façon à s’interpréter,
respectivement, comme l’ensemble des variables de Met le résultat de la substitution de Nàxdans M.
Logos des suites finies. Soit un ensemble Lqui est la réunion d’un ensemble infini de «variables» et d’un
ensemble disjoint de «constantes». Le logos des suites finies sur La pour termes l’ensemble des mots sur L
et les applications vl et [x:= P]sont les prolongements naturels de leurs restrictions à L:vlL(M) est {M},siM
est une variable et ∅, si c’est une constante; subL(x,M,P) est P,siMest xet M, sinon.
Termes ensemblistes. Cet exemple généralise celui des logos de substitution en ce qu’il ne suppose plus que
les termes sont construits avec des symboles fonctionnels. En plus d’un ensemble infini de variables, du symbole
relationnel binaire ε, des parenthèses et des symboles logiques usuels, il y a un abstracteur {| }. Les termes sont
définis — simultanément avec les formules — comme suit : les variables sont des termes; si Pet Qsont des
termes PεQest une formule; si A,Bsont des formules et xune variable, alors ¬A,(A ∧B),(A ∨B),(A →B),
(A ↔B),∀xA et ∃xA sont des formules et {x|A}est un terme.
Les opérateurs liant les variables sont ∀,∃et {| }. Si les variables liées sont éliminées par une méthode comme
les carrés de Bourbaki, alors vl(P ) et Q[x:= P]peuvent être définis de la manière usuelle.
Nous pouvons évidemment restreindre la collection des termes à une sous-collection quelconque fermée par
substitution, comme les termes positifs, les termes (faiblement) stratifiés, ...
Ensembles. Soit Aun ensemble infini d’«atomes». Les variables sont les éléments de Aetlesautrestermes
sont les ensembles bien fondés héréditairement finis au dessus de A. On obtient un logos si on adopte la définition
inductive suivante vl(x) ={x},x[x:= N]=N,y[x:= N]=y(pour y= x)et,siMn’est pas une variable,
vl(M) ={vl(N) |N∈M}et M[x:= N]={P[x:= N]|P∈M}.
Si on généralise cet exemple aux non bien fondés, en utilisant l’axiome d’antifondation AFA avec atomes, on
obtient une notion de langage avec des termes non bien fondés.