ACT vendues en Afrique ont des teneurs en principes actifs très bas, sans oublier les produis falsifiés
mis sans scrupule sur le marché.
Et puis il y a l’argument massue de la résistance. La tisane ne contenant que de faibles
concentrations d’artemisinine laisserait échapper quelques parasites plus résistants que d’autres et
qui de génération en génération rendraient la lutte impossible par produits pharmaceutiques
brevetés. Mais c’est plutôt le contraire qui s’est produit. Des doses massives d’artemisinine ou de
toute autre drogue peuvent entraîner un phénomène d’adaptation chez les parasites ou virus et
générer de nouvelles souches superrésistantes. C’est ce qu’on remarque pour les pyréthroïdes des
moustiquaires ITN. Le rapport 2014 fait étalage des milliards dépensés en ITN et ACT mais doit
reconnaître que le paludisme est en augmentation dans les pays les plus affligés comme le Benin, le
Burundi, la RDC, le Cameroun, le Sénégal, le Togo, l’Ouganda, le Tchad, la Guinée, le Sierra Leone…
Pour les ACT on remarque également depuis dix ans des résistances incontrôlables dans les pays du
Sud-est asiatique et depuis 5 ans dans une dizaine de pays africains, fait que l’OMS a des difficultés à
reconnaître. Dans ce contexte, l’équipe du professeur Weathers cité plus haut a pu montrer que la
consommation de poudre d’Artemisia sous forme de comprimés ou de gélules ne donnait jamais lieu
à des résistances dans des essais de longue durée sur souris et même faisait rétrograder des
résistances préexistantes. Il fallait le prouver bien sûr, mais en fait depuis deux mille ans et chez les
milliers de personnes qui utilisent la tisane contre le paludisme jamais des phénomènes de résistance
ne se sont établis.
On pousse même l’outrecuidance à dire que la tisane est une monothérapie. La plante Artemisia
annua contient au moins 20 principes actifs qui agissent par synergie ou addition. Toutes les plantes
médicinales sont des polythérapies à la différence des molécules pharmaceutiques utilisées en
monothérapie. Par les essais cliniques nous avons appris qu’il vaut mieux utiliser l’herbe sous forme
de « totum » de poudre séchée, en gélules, comprimés ou comme ajouts dans un aliment. On a ainsi
la garantie que les substances lipophiles sont également biodisponibles,
On insinue aussi que l’Artemisia annua pourrait contenir des substances toxiques, Ce qui a conduit
en Belgique à une loi de 1998 interdisant la tisane Artemisia annua. De nombreux essais ont été faits
au cours des dernières années pour infirmer cette hypothèse. On n’a pu constater le moindre effet
toxique aigu ou chronique, même à des doses élevées, mais bien plutôt des effets bénéfiques sur les
fonctions rénales et hépatiques, sur l’hyperglycémie et l’hypertension. L’Artemisia annua est
d’ailleurs autorisée dans de nombreux pays, pour ne citer que l’Allemagne, le Luxembourg, la
Gambie, l’Ouganda, l’Autriche, la Roumanie, la Pologne, l’Afrique du Sud, les Etats-Unis, la Nouvelle-
Zélande, le Maroc, Madagascar, la Palestine, l’Australie, Iran, Chine, Ethiopie ?
Le combat scientifique des jeunes Africains.
iFBV-BELHERB est une association belgo-luxembourgeoise de médecins et de scientifiques dont
l’objectif principal est la mise en valeur des herbes médicinales dans les pays du Sud. Elle travaille
maintenant étroitement avec une équipe de 5 médecins français en Afrique. A l’origine l’ONG IFBV
avait surtout des projets humanitaires de constructions d’écoles ou autres infrastructures, mais elle
s’est vite rendue compte que le problème principal des pays du Sud étaient les maladies tropicales et
dysentériques : 25 000 enfants en meurent tous les jours et l’impact sur l’éducation et l’économie est
énorme.
IFBV-BELHERB savait que le combat ne pouvait être gagné que par une approche scientifique et
médicale des plus rigoureuses. Au cours des années cela a pu se réaliser par un réseau d’universités
africaines et sud-américaines partenaires : 8 en Afrique et 4 en Amérique du Sud. Des essais cliniques