2- les services à faibles variations de l’aide moyenne et à fortes variations
de l’offre moyenne par agent présent : il s’agit des services très
sensibles à l’effectif d’agents présents ;
3- enfin les services à comportements hétérogènes, qui connaissent sur la
semaine de fortes variations des deux paramètres de mesure : la plupart
des services de soins intensifs se classent dans cette catégorie.
Ajoutons que les aides journalières moyennes par patient et la production moyenne
par agent présent ne sont pas corrélées.
« Demande » moyenne forte et « offre » moyenne faible est une situation qui n’a
pas été repérée dans notre échantillon : ce cas pourrait signifier qu’à offre constante, une
diminution du nombre de patients entraînerait une augmentation des actes réalisés, et
réciproquement. Si cette situation n’existe pas, alors c’est la demande qui pousse l’offre, et
non pas l’inverse.
Le rapprochement des niveaux « offre/demande » de jour en jour par service avec les
ressentis des agents vis à vis de leur charge de travail montre que :
1- pour un même service, quel qu’il soit, le ressenti de la journée de travail
n’est pas lié à la charge moyenne par agent présent ;
2- les ressentis sont spécifiques à chaque service (à un même niveau de
« l’offre/demande », les agents d’un service peuvent considérer la
journée comme particulièrement lourde, ceux d’un autre service comme
journée normale).
Il en découle que rechercher un outil de mesure de la pénibilité du travail fondé sur
un même jour de référence sur l’ensemble d’un établissement ne serait guère fiable.
L’analyse des ressentis selon les types de dépendance montre que :
1- ils ne sont aucunement corrélés avec la lourdeur des actes techniques
(diagnostics et thérapeutiques) ;
2- ils tendent à être liés aux degrés de lourdeur des actes de la vie
courante, sans que ceci ne soit systématiquement vérifié pour tous les
services.
Ces résultats corroborent les théories gnoséologiques selon lesquelles les routines
(ici les protocoles techniques) ne poussent guère au stress ou à l’anxiété collective. Ce n’est
pas le cas des situations où l’adaptation est permanente (ici, les aides à la vie courante,
spécifiques aux caractéristiques particulières de chaque patient).
Cependant, cette dernière relation n’est pas systématique. Il en découle selon nous,
que la tolérance des agents aux variations sensibles des charges en soins dépend plus de la
conception de l’organisation du service que de la quantité de travail, elle-même liée aux
niveaux de lourdeurs des dépendances des patients.
En comparant les modes d’organisation selon les services, nous pouvons montrer
comment les conceptions organisationnelles influencent les ressentis et peu les niveaux de
soins.