Croissance en Europe Critique du rapport Sapir de 2003. Jacques Le Cacheux Gestion macroéconomique : remettre en cause les « dogmes » de la Commission. 1) Il faut laisser l’inflation se développer en phase de reprise, puisque celle-ci est obligatoire si la reprise de la croissance se heurte à un manque de personnels qualifiés et à des insuffisances de capacité de production. 2) Opposition à la politique monétaire restrictive, et plus généralement au consensus de « Bruxelles Francfort » (« la monnaie pour l’inflation, la politique budgétaire pour les finances publiques ; la croissance doit venir des réformes structurelles ».) Le Cacheux critique la baisse trop rapide du déficit (suite de Maastricht et du Pacte) qui a pesé sur la croissance, n’étant pas accompagnée d’une politique monétaire suffisamment expansionniste. Le Cacheux ne reproche pas l’impulsion budgétaire française et allemande en haut de cycle entre 2000 et 2001. Pour lui, c’était une politique de lutte contre le chômage possible étant donné la faiblesse de l’inflation. « Faire une politique restrictive en 2000 aurait consisté à se résigner à maintenir un taux de chômage de 10%. Pour Le Cacheux, les déficits allemands et français ne poussent pas à la hausse les taux d’intérêt du seul fait qu’ils sont supérieurs à 3% (puisque, par exemple, l’inflation reste faible dans ces pays). Le critère de 3% n’a été imposé que pour des raisons politiques. 3) Propose de fixer un objectif d’inflation plus élevé. Réformes structurelles 1) L’UE ne dépense pas assez pour son enseignement supérieur (1,4% PIB contre 3% aux USA). Les entreprises de l’UE ne dépensent pas assez pour leur RD (1,2% PIB contre 1,8% aux USA). Mais pour Le Cacheux, l’innovation ne fait que devenir un nouveau slogan qui remplace les thèmes épuisés (construire le marché unique) comme clé pour sortir l’Europe de sa léthargie. Il propose un pacte européen pour les travailleurs… La gouvernance économique de l’Union européenne. Le bilan du rapport SAPIR : - l’Europe a fait le choix d’une croissance faible (forte taxation, redistribution, marchés non compétitifs) qui reflète un choix vers la cohésion sociale, la stabilité, la préférence pour les loisirs. - Manque de coordination économique au niveau européen - Il faut choisir entre l’intégration économique, la redistribution et l’autonomie nationale. Aujourd’hui, la distinction entre les domaines de l’Union et ceux des Etats membres est floue (sur l’emploi, l’éducation …), et le « peer pressure » s’est développé. 1) Rejet de la logique technocratique européenne et des agences. Contre le « despotisme éclairé » des agences technocratiques, opposé aux gouvernements élus. Le Cacheux préfère la discipline démocratique aux autorités indépendantes. Redéployer le budget européen. Le budget de l’UE est limité à 1,27% du PIB. Les auteurs du rapport Sapir préconisent de déconnecter les recettes et les principales dépenses du budget européen de tout critère national. Les auteurs du rapport Sapir préconisent des ressources propres de la Communauté, et non des contributions des Etats membres. Les auteurs du rapport préconisent de séparer le budget en trois fonds : fonds de croissance (RD éducation, 0,5% PIB), fonds de convergence 0,35% PIB, fonds de reconversion (agriculture et industrie, 0,2 PIB). La PAC : Le Cacheux préconise une renationalisation des politiques agricoles. Le rapport SAPIR propose d’octroyer les fonds structurels aux pays, et non plus aux régions, afin d’éviter que les politiques structurelles ne maintiennent artificiellement une dispersion des facteurs de production et des activités économiques sur le territoire. Pour Le Cacheux, si le critère choisi n’est pas la croissance mais le critère de justice économique, type Rawls, alors les politiques de soutien aux régions les plus défavorisées sont justifiées.