Problèmes économiques No 2.948 21 mai 2008 DOSSIER : Les paradoxes de l'économie indienne Coup d'œil sur l'Inde d'aujourd'hui... et de demain Revue du Marché commun et de l'Union européenne Philippe Marchat De la démographie aux problèmes d'urbanisation en passant par l'évolution des investissements directs étrangers, l'auteur s'efforce de brosser un tableau le plus complet possible de la société et de l'économie indiennes dans ses différentes dimensions. Il pointe les risques, les déséquilibres et les défis auxquels l'Inde se trouve ou se trouvera confrontée en même temps que les succès, les opportunités et les perspectives favorables à son développement. Il s'en dégage l'image d'une Inde paradoxale, profondément hétérogène, divisée par de multiples fractures et dont le modèle de développement apparaît fondamentalement atypique. La politique agricole de l'Inde Politiques agricoles des pays non membres de l'OCDE OCDE Dans un pays qui compte plus d'1,1 milliard d'habitants, où l'agriculture occupe encore un actif sur deux et où 70 % de la population vit en zone rurale, la politique agricole vise logiquement en priorité à garantir l'autosuffisance alimentaire et à éradiquer la pauvreté. Aussi demeure-t-elle fortement réglementée, afin notamment de soutenir les prix agricoles, c'est-à-dire les revenus des agriculteurs, mais également la consommation des plus pauvres. Malgré une augmentation de la participation de l'Inde aux marchés mondiaux, son agriculture continue d'apparaître à bien des égards archaïque, son développement restant entravé par l'absence d'infrastructures modernes, la faible proportion de produits agricoles transformés, la petite taille des exploitations ou encore le taux modeste de mobilité foncière. L'Inde et la sous-traitance internationale des services Revue d'économie financière Jean-Joseph Boillot L'Inde parviendra-t-elle à se spécialiser dans la sous-traitance internationale des services comme la Chine a réussi à le faire pour l'industrie manufacturière de masse ? Si le poids des services dans l'économie indienne est déjà considérable - et très inhabituel compte tenu du niveau de développement du pays -, l'Inde ne pourra prétendre devenir le centre mondial de la sous-traitance internationale des services que sous certaines conditions. Un investissement massif dans la formation apparaît notamment nécessaire, afin de permettre à une main-d'œuvre en passe de devenir la plus abondante du monde de répondre à la demande de travail qualifié que suppose une telle spécialisation. La Chine et l'Inde dans le commerce international, les nouveaux meneurs de jeu La lettre du CEPII Françoise Lemoine et Deniz Ünal-Kesenci Malgré d'importantes différences, notamment en matière de revenu par tête ou de degré d'insertion dans les échanges internationaux, l'Inde et la Chine enregistrent des gains de productivité élevés dans les secteurs nouveaux liés à la révolution numérique, qui leur permettent d'occuper une place toujours plus grande dans le commerce international. La montée en puissance de ces deux pays, qui se traduit par une augmentation considérable de leurs exportations de produits manufacturés et de leurs importations de produits primaires, provoque un choc sur l'offre comme sur la demande mondiales de biens et de services et conduit à un changement dans l'évolution des prix relatifs mondiaux. Cependant, si la croissance mondiale profite du développement rapide des deux géants asiatiques, ni l'Inde, ni la Chine ne peuvent pour l'heure prétendre en devenir le moteur. L'Inde et l'Asie à l'horizon 2025 Futuribles Jean-Raphaël Chaponnière Si les taux de croissance de l'Inde et de l'ensemble des pays asiatiques, après avoir longtemps divergé, sont aujourd'hui à un niveau comparable, le régime de croissance indien apparaît cependant original. Tirée par la consommation intérieure plus que par les exportations, fondée sur les services davantage que sur l'industrie manufacturière, compensant le manque de vigueur de l'investissement étranger par le dynamisme des entreprises nationales, la croissance indienne n'est pas exempte de faiblesses ni de déséquilibres : retard en matière de recherche et développement, insuffisance des infrastructures, faible intégration économique régionale... Néanmoins, la hausse de l'épargne et de l'investissement qui résultera de l'augmentation de la population active devrait assurer à l'Inde une place importante - quoique secondaire par rapport à la Chine - sur la scène asiatique. Également dans ce numéro DEMOGRAPHIE Quelles politiques pour davantage de bébés ? Synthèses OCDE Les taux de naissance sont en chute libre dans la plupart des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le taux de fertilité moyen de la zone a récemment atteint le niveau de 1,6 enfant par femme. Celui-ci est bien en deçà du seuil nécessaire pour le renouvellement des générations (2,1 enfants). Si cette situation semble s'inscrire dans la durée, elle n'est en rien inéluctable. En effet, de nombreux pays ont déjà adopté certaines mesures visant à inciter les couples à faire davantage d'enfants. Ces dispositifs permettent de retarder le vieillissement et le déclin démographique. Ils ont déjà fait leurs preuves, notamment en France et aux Etats-Unis. NOUVELLES TECHNOLOGIES Economie de l'Internet : une économie d'interactions sociales Revue française d'économie Thierry Pénard et Raphaël Suire Les interactions sociales jouent un rôle essentiel dans les comportements des internautes, mais également dans les business model des entreprises de l'Internet. Ces interactions ont en effet fortement contribué, au cours des dernières années, au développement très rapide de la Toile. La majeure partie des nouveaux modèles économiques apparus sur l'Internet proposent ainsi des services marchands d'intermédiation ou mettent en place des espaces communautaires d'échanges qui fournissent autant de services à valeur ajoutée (comme des recommandations ou des évaluations sur des produits partagés entre internautes, etc.) dont l'entreprise n'a pas à supporter les coûts. Le principal défi demeure aujourd'hui la mesure des interactions sociales virtuelles et de leur impact sur les interactions physiques et sur les comportements sur et hors de l'Internet. ECONOMIE DU TRAVAIL Les salariés âgés face au travail " sous pression " Centre d'études de l'emploi Céline Mardon et Serge Volkoff 35 % des salariés de plus de 50 ans déclarent travailler " sous pression ", c'est-à-dire avec des contraintes temporelles pour la réalisation de leurs tâches. Si le travail " sous pression " n'est pas nécessairement synonyme de pénibilité - ce type de contrainte pouvant avoir un caractère stimulant, voire être une composante de l'identité professionnelle, en particulier dans certains métiers (urgentistes, pompiers, etc.) -, il est toutefois, dans la majorité des cas, mal vécu et provoque, en particulier chez les salariés âgés, certains troubles de santé. En outre, ce type de pression ne faisant pas partie des formes reconnues de pénibilité, il n'ouvre pas droit à des réaffectations ou à des départs anticipés. Il apparaît toutefois possible de rendre la pression plus supportable en offrant une plus grande liberté d'action au salarié dans la réalisation sa tâche.