Article paru dans Votre santé n° 97 – novembre 2007
Où est l’innovation ? Où est la réflexion ? Il vaudrait mieux lire le Dr
Yunus, prix Nobel de la Paix 2006 – nominé simultanément pour celui de
l’économie 2006 – qui analyse avec une grande ouverture d’esprit la
pauvreté
pour y apporter des solutions constructives et à portée de
chacun. Il conteste Malthus qui prévoyait en 1798 que la croissance
démographique mettrait à rude épreuve les ressources mondiales et
entraînerait pauvreté et famine sur une grande échelle. Or, les conditions
de vie se sont améliorées. En trente ans, la population du Bangladesh a
doublé sans être deux fois plus pauvre. « Je soupçonne les
gouvernements et les organismes internationaux d’avoir choisi d’effrayer
les gens pour cacher l’autre aspect des choses – à savoir qu’ils pourraient
obtenir le même résultat en termes de limitation démographique en
améliorant la situation économique des individus en général et des plus
démunis en particulier. … Des études, conduites par l’OMS dans plus de
quarante pays en voie de développement montrent que lorsque les
femmes obtiennent l’égalité, le taux de natalité diminue… Il apparaît
d’ailleurs que la pratique du planning familial (qui devrait être laissée à
l’initiative de la famille et non pas être prise en charge par les
gouvernements et les agences internationales) parmi les membres du
Grameen (crédit solidaire) est deux fois plus élevée que la moyenne
nationale. »
En clair, la charité alimente surtout la bureaucratie et retire aux pauvres
toute initiative. Elle ne respecte pas l’individu. Monsieur Parmentier
pourrait-il considérer le problème de la faim dans le monde sous un autre
angle que celui très administratif de la FNSEA, nourri au lait de
l’industrialisation massive, blanchi par un État qui, subtilement, a dessiné
les lignes d’influence ? Lisons Noam Chomsky
: « C’est d’ailleurs l’une des
grandes différences entre le système de propagande d’un État totalitaire
et la manière de procéder dans les sociétés démocratiques. En exagérant
un peu, dans les pays totalitaires, l’État décide de la ligne à suivre et
chacun doit ensuite s’y conformer. Les sociétés démocratiques opèrent
Muhammad Yunus avec Alan Jolis, Vers un monde sans pauvreté, Éditions Jean-Claude Lattès, Paris, 1997.
Le Monde Diplomatique, août 2007, Propos recueillis par Daniel Mermet.