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L’EVALUATION DES COURS D’EAU
Marta PRIETO-MONTES, Cédric MONDY & Philippe USSEGLIO-POLATERA
Pôle hydroécologie cours d’eau Onema-Irstea, Laboratoire d’hydroécologie quantitative,
Suite à l'application de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE), dont la ligne directrice est le besoin
d’un suivi de la qualité écologique des cours d’eau, et au besoin de méthodes de bio-évaluation plus
performantes, l’université de Lorraine a développé un nouvel indice pour les invertébrés benthiques,
l’Indice Invertébrés Multi-Métrique (I2M2). Cet indice sera opérationnel à partir du prochain cycle
de gestion, en 2016, et remplacera l’indice actuel, l'IBGN.
L’IBGN présente plusieurs faiblesses à l’égard des critères DCE, à savoir : (1) il est basé sur la
seule évaluation des capacités biogènes de la station et ne prend pas en compte la représentativité
des substrats au sein de la mosaïque d’habitats benthiques; (2) il n’inclut pas l’ensemble des
paramètres exigés par la DCE, puisqu’il ne prend pas en compte l’abondance des taxons ; (3) il
n’est pas construit sur un système de référence ; (4) il répond préférentiellement à la pollution
organique et faiblement aux autres types de perturbations.
Les objectifs à atteindre avec le nouvel indice étaient : (1) résoudre les faiblesses identifiées de
l’IBGN ; (2) adapter la méthode à l'ensemble des types de masses d’eau présents en France
métropolitaine ; (3) répondre à un maximum de types de perturbations d’origine anthropique ; (4)
Être cohérent avec les démarches des autres États Membres Européens et répondre aux exigences de
la DCE. Compte tenu de ces objectifs, l’université de Lorraine a considéré que la construction d’un
indice multi-métrique était l‘approche la plus pertinente.
Pour la construction de l’I2M2, deux types de données ont été utilisés. D’une part les données
biologiques correspondant aux listes faunistiques séparées en trois bocaux (B1+B2+B3), résultant
de l’application de protocoles de prélèvement [XP T90-333 (AFNOR, 2009)] et de traitement des
échantillons [XP T90-388 (AFNOR, 2010)] normalisés sur les sites appartenant aux réseaux (i) de
contrôle et surveillance et (ii) de référence, et d’autre part des données environnementales. Ces
données environnementales décrivent la qualité physico-chimique de l'eau (10 catégories de
pression) et la qualité physique de l'habitat (utilisation des sols et hydromorphologie : 7 catégories
de pression).
2525 métriques (métriques x échelle de calcul) ont été calculées puis exprimées en ratio de qualité
écologique (EQR), intégrant ainsi la notion d'écart à la référence par type de cours d'eau. A partir de
cet ensemble initial de métriques, la sélection des métriques à intégrer dans l'I2M2 s'est faite en
utilisant quatre critères : un fort caractère généraliste (i.e. la capacité à répondre à un grand nombre
de catégories de pression), une forte capacité de discrimination (i.e. l'efficacité à différentier des
conditions environnementales significativement dégradées du bon état écologique), un faible
coefficient de variation dans les sites de référence (i.e. la stabilité de la métrique en conditions de
moindre impact) et la non redondance (i.e. l’apport d’une information originale, complémentaire à
l’information apportée par les métriques précédemment sélectionnées). La combinaison de
métriques retenue est donc la plus efficace à identifier un état perturbé, robuste et cohérente avec les
critères DCE. Cette combinaison est composée de : l'ASPT (une métrique de sensibilité aux
pollutions), l'indice de diversité de Shannon et Wiener, la fréquence relative d’organismes
polyvoltins, calculés sur B2+B3, la richesse taxonomique, calculé sur l’ensemble des bocaux, et la
fréquence relative d’organismes ovovivipares, calculé sur B3.
Afin de maximiser la détection d'un état perturbé, l'I2M2 est calculé comme étant la moyenne
arithmétique de 17 sous-indices associés aux 17 catégories de pression envisagées. Chaque sous-
indice est calculé comme moyenne des 5 métriques précédentes, exprimées en EQR et pondérées