Les macroinvertébrés benthiques d`eau douce

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JOURNEE SCIENTIFIQUE DE LA SOCIETE
ZOOLOGIQUE DE FRANCE
Organisée par Cécile DELATTRE (EDF R&D LNHE)
Les macroinvertébrés benthiques d’eau douce
Mardi 29 mai 2012
UPMC - Sorbonne Universités - Salle 109, couloir 4555 1er étage
4 Place Jussieu, 75005 PARIS
9h30-9h45
Accueil et courte introduction. Cécile Delattre, EDF R&D LNHE
9h45-10h15
Utilisation des macroinvertébrés en bioindication des cours d’eau : des indices
biotiques au développement de méthodes basées sur des cortèges de parasites. JeanNicolas Beisel, UMR CNRS 7146 LIEBE, Université de Lorraine
10h15-10h45 Présentation du futur Indice Invertébrés Multi-Métriques (I2M2). Marta PrietoMontes, IRSTEA Lyon
10h45-11h00 Pause
11h00-11h30 Les Bryozoaires d’eau douce. Jean-Loup d’Hondt, MNHN
11h30-12h00 Mollusques aquatiques de France : différentes échelles pour différents enjeux de
conservation ? Vincent Prié, Biotope/MNHN
12h00-12h30 Les Crustacés d’eau douce : biodiversité, biogéographie, invasions biologiques.
Christophe Piscart, UMR CNRS 5023 LEHNA, Université Lyon 1
12h30-14h00 Pause déjeuner
14h-14h30
Les Amphipodes d’eau douce et leurs interactions. Vincent Médoc, UMR CNRS
7625 Ecologie et Evolution, UPMC
14h30-15h
Inventaires des Ephémères, Plécoptères & Trichoptères de France : premières
conclusions et perspectives. Michel Brulin, OPIE benthos
15h-15h15
Pause
15h15-15h45 Les inventaires nationaux d’espèces et les macroinvertébrés benthiques d’eau douce.
Pierre Noël & Patrick Haffner, MNHN
15h45-16h15 Le développement de nouvelles approches de DNA barcoding pour la caractérisation
de la biodiversité environnementale. Pierre Taberlet, UMR CNRS 5553 LECA,
Université Joseph Fourier
16h15-16h30 Synthèse et conclusions. René Lafont, Président de la Société Zoologique de France
Photos: http://peche31.aappma.pfc.free.fr/nos%20poissons.htm, http://michelc.over-blog.com/article-29749202.html,
http://darktagada.unblog.fr/2008/06/18/ephemere/, http://www.allaine.info/especes-invasives/faune-invasive/pectinellamagnifica.htm
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LES MACROINVERTEBRES BENTHIQUES D’EAU DOUCE
Cécile DELATTRE
EDF Recherche & Développement, Laboratoire National d’Hydraulique et Environnement
6, quai Watier, 78400 Chatou ([email protected])
EDF est très fortement concernée par les milieux aquatiques puisque l’essentiel de son parc de
production d’électricité utilise l’eau pour produire directement (filière hydraulique), pour le
refroidissement des centrales thermiques (filières thermique à flamme et nucléaire), le rejet
d’effluents aquatiques ou pour l’implantation d’ouvrages tels que les éoliennes en milieu marin.
Il faut reconnaître aux opérationnels et aux contrôleurs des années 1970, la clairvoyance d’avoir mis
en place des suivis hydrobiologiques au droit de chaque site nucléaire, qui sont maintenant très
utiles pour comprendre les évolutions faunistiques (macroinvertébrés & poissons) et floristiques
constatées et tenter de les relier à la fois aux facteurs généraux caractérisant les fleuves récepteurs et
aux impacts plus localisés des installations industrielles. L’analyse de ces séries long terme, rares au
niveau international, est riche d’enseignements sur l’effet des forçages climatiques, en particulier
sur les effets récents du réchauffement généralisé des eaux d’environ 1°C en moyenne annuelle, au
cours de la dernière décennie.
Des travaux de recherche menés actuellement en collaboration entre EDF R&D et Irstea sur les
suivis hydrobiologiques long-terme des centrales situées en Loire moyenne (30 ans) indiquent que
les changements observés sur les communautés de macroinvertébrés benthiques (Floury et al., en
révision) sont corrélés aux évolutions de paramètres environnementaux tels que température, débit
et qualité d’eau (Floury et al., accepté).
Les macroinvertébrés benthiques étant le groupe d’organismes le plus souvent utilisé en
biosurveillance des cours d’eau à l’échelle européenne et faisant partie des tests écotoxicologiques
les plus couramment utilisés, il m’a semblé intéressant d’organiser une journée scientifique de la
Société Zoologique de France sur ce thème.
Pour cela, des exposés ont porté sur l’utilisation des macroinvertébrés en bioindication des cours
d’eau puis des présentations ont été effectuées sur différents groupes de macroinvertébrés avec des
spécialistes des Bryozoaires, des Mollusques, des Crustacés et des Insectes. Pour terminer, un point
a été réalisé sur les inventaires nationaux d’espèces puis sur le développement de nouvelles
approches en biologie moléculaire pour la caractérisation de la biodiversité.
Remerciements
Je tenais à remercier Messieurs Jean-Loup d’Hondt et René Lafont pour leur confiance en ouvrant
le Conseil de la Société Zoologique de France à des chercheurs travaillant hors université ou CNRS
et en me confiant l’organisation de cette journée scientifique.
Je remercie également vivement les scientifiques qui ont accepté de faire une communication sur les
macroinvertébrés benthiques d’eau douce lors de cette journée thématique.
Références citées
Floury M., Delattre C., Ormerod S.J., Souchon Y. (accepté). Global versus local change effects on a
large European river. Science of the Total Environment.
Floury M., Usseglio-Polatera P., Ferréol M., Delattre C., Souchon, Y. (en révision). Global climate
change in large European rivers : long-term effects on macroinvertebrate communities and potential
local confounding factors. Global Change Biology.
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UTILISATION DES MACROINVERTEBRES EN BIOINDICATION DES COURS D’EAU :
DES INDICES BIOTIQUES AU DEVELOPPEMENT DE METHODES BASEES SUR DES
CORTEGES DE PARASITES.
Jean-Nicolas BEISEL
Laboratoire des Interactions Ecotoxicologie, Biodiversité, Ecosystèmes (LIEBE), UMR CNRS
7146, Université de Lorraine, Campus Bridoux - 8, rue du Général Delestraint, 57070 Metz
([email protected])
L’utilisation de communautés pour évaluer la qualité d’un milieu repose sur le caractère intégrateur
des espèces qui la composent. Leur composition et leur structure sont régies tout au long de la vie
de ces espèces par les multiples contraintes biotiques et abiotiques auxquelles elles ne peuvent
échapper. La multiplicité des atteintes à l’environnement (1), le caractère relativement imprévisible
des effets conjugués de ces perturbations (2), et la détérioration rapide des écosystèmes d’eau douce
observés pendant cette dernière décade (2000-2010) (3) rendent l’utilisation de méthodes
biologiques d’un intérêt toujours croissant.
Les communautés de macroinvertébrés aquatiques ont été utilisées dès les années 1960 pour évaluer
la qualité biologique d’un cours d’eau. Ce compartiment de l’écosystème aquatique présente des
caractéristiques attrayantes : (1) le caractère ubiquiste de la répartition des invertébrés à différentes
échelles spatiales et temporelles, (2) la grande variété de ce groupe avec au moins 150 familles, 700
genres et 4400 espèces, (3) une facilité à échantillonner ce compartiment, (4) la présence
potentielles d’espèces aux capacités indicatrices fortes, (4) des espèces à forte valeur patrimoniale,
(5) l’occupation de plusieurs niveaux trophiques et un rôle fonctionnel important au sein de
l’écosystème.
Si ce compartiment présente toujours de nombreux avantages, le développement de méthodes
utilisant les invertébrés s’est heurté à trois difficultés au moins. D’abord, la difficulté d’avoir une
image représentative de ce qui est présent sur une station de rivière à l’aide d’un échantillon
relativement restreint. La mésorépartition des invertébrés sur la mosaïque d’habitats que constitue le
lit mineur et le caractère agrégatif de la plupart des espèces ont rapidement conduit à réaliser un
échantillonnage stratifié et/ou orienté des mésohabitats présents pour optimiser l’échantillonnage.
Malgré cela, seconde difficulté, le nombre important d’espèces rares (généralement plus de la
moitié des taxons échantillonnés) diminuent la reproductibilité des échantillonnages. Enfin, le
patron de distribution des ordres d’insectes les plus pollusensibles en forme de loi normale le long
du continuum fluvial complique la comparaison à une référence, et rend caduque la notion de
référentiel unique.
L’évolution au fil du temps des méthodes basées sur les invertébrés repose principalement sur
les questions d’échantillonnage et de référentiel. La première méthode française est celle des
« indices biotiques » proposée en 1967 par Verneaux & Tufféry et inspiré de travaux anglais. Cette
approche a évolué en Indice Biologique de Qualité Générale (IBG), qui a fait l’objet d’une norme
expérimentale en 1985, puis à une norme homologuée intitulée IBGN en 1992 qui a été révisée en
2004. L’I2M2 (Indice Invertébrés Multi-Métrique, 2012) représente la dernière évolution de ces
approches.
Si ces méthodes ne pourront plus être améliorées de manière importante sans avoir recours à
des techniques radicalement différentes (DNA barcoding par exemple), l’utilisation de cortèges
d’invertébrés négligés jusqu’alors est prometteuse : les parasites. Ces parasites représentent une
biomasse négligeable de l’écosystème mais ils régulent des populations hôtes de manière
importante. Un intérêt de l’observation de parasites à cycle complexe est qu’ils correspondent à une
approche qui décloisonne les compartiments de l’écosystème et permettent finalement une expertise
globale de la qualité et du fonctionnement d’un écosystème aquatique.
3
L’EVALUATION DES COURS D’EAU
Marta PRIETO-MONTES, Cédric MONDY & Philippe USSEGLIO-POLATERA
Pôle hydroécologie cours d’eau Onema-Irstea, Laboratoire d’hydroécologie quantitative,
3 bis, quai Chauveau – CP 220, 69336 Lyon cedex ([email protected])
Suite à l'application de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE), dont la ligne directrice est le besoin
d’un suivi de la qualité écologique des cours d’eau, et au besoin de méthodes de bio-évaluation plus
performantes, l’université de Lorraine a développé un nouvel indice pour les invertébrés benthiques,
l’Indice Invertébrés Multi-Métrique (I2M2). Cet indice sera opérationnel à partir du prochain cycle
de gestion, en 2016, et remplacera l’indice actuel, l'IBGN.
L’IBGN présente plusieurs faiblesses à l’égard des critères DCE, à savoir : (1) il est basé sur la
seule évaluation des capacités biogènes de la station et ne prend pas en compte la représentativité
des substrats au sein de la mosaïque d’habitats benthiques; (2) il n’inclut pas l’ensemble des
paramètres exigés par la DCE, puisqu’il ne prend pas en compte l’abondance des taxons ; (3) il
n’est pas construit sur un système de référence ; (4) il répond préférentiellement à la pollution
organique et faiblement aux autres types de perturbations.
Les objectifs à atteindre avec le nouvel indice étaient : (1) résoudre les faiblesses identifiées de
l’IBGN ; (2) adapter la méthode à l'ensemble des types de masses d’eau présents en France
métropolitaine ; (3) répondre à un maximum de types de perturbations d’origine anthropique ; (4)
Être cohérent avec les démarches des autres États Membres Européens et répondre aux exigences de
la DCE. Compte tenu de ces objectifs, l’université de Lorraine a considéré que la construction d’un
indice multi-métrique était l‘approche la plus pertinente.
Pour la construction de l’I2M2, deux types de données ont été utilisés. D’une part les données
biologiques correspondant aux listes faunistiques séparées en trois bocaux (B1+B2+B3), résultant
de l’application de protocoles de prélèvement [XP T90-333 (AFNOR, 2009)] et de traitement des
échantillons [XP T90-388 (AFNOR, 2010)] normalisés sur les sites appartenant aux réseaux (i) de
contrôle et surveillance et (ii) de référence, et d’autre part des données environnementales. Ces
données environnementales décrivent la qualité physico-chimique de l'eau (10 catégories de
pression) et la qualité physique de l'habitat (utilisation des sols et hydromorphologie : 7 catégories
de pression).
2525 métriques (métriques x échelle de calcul) ont été calculées puis exprimées en ratio de qualité
écologique (EQR), intégrant ainsi la notion d'écart à la référence par type de cours d'eau. A partir de
cet ensemble initial de métriques, la sélection des métriques à intégrer dans l'I2M2 s'est faite en
utilisant quatre critères : un fort caractère généraliste (i.e. la capacité à répondre à un grand nombre
de catégories de pression), une forte capacité de discrimination (i.e. l'efficacité à différentier des
conditions environnementales significativement dégradées du bon état écologique), un faible
coefficient de variation dans les sites de référence (i.e. la stabilité de la métrique en conditions de
moindre impact) et la non redondance (i.e. l’apport d’une information originale, complémentaire à
l’information apportée par les métriques précédemment sélectionnées). La combinaison de
métriques retenue est donc la plus efficace à identifier un état perturbé, robuste et cohérente avec les
critères DCE. Cette combinaison est composée de : l'ASPT (une métrique de sensibilité aux
pollutions), l'indice de diversité de Shannon et Wiener, la fréquence relative d’organismes
polyvoltins, calculés sur B2+B3, la richesse taxonomique, calculé sur l’ensemble des bocaux, et la
fréquence relative d’organismes ovovivipares, calculé sur B3.
Afin de maximiser la détection d'un état perturbé, l'I2M2 est calculé comme étant la moyenne
arithmétique de 17 sous-indices associés aux 17 catégories de pression envisagées. Chaque sousindice est calculé comme moyenne des 5 métriques précédentes, exprimées en EQR et pondérées
4
par leurs capacités de discrimination respectives pour la catégorie de pression prise en compte par
ce sous-indice.de discrimination.
L’I2M2 a montré avoir une bonne relation avec le gradient global de pressions, une meilleure
capacité de discrimination moyenne que l’IBGN et une forte corrélation avec les Métriques
Européennes Communes d’Inter-étalonnage (ICM). L'I2M2 répond ainsi à l'ensemble des exigences
de la DCE et, de plus, améliore significativement l'estimation de l'état écologique des cours d'eau
(par une meilleure prise en compte des pressions anthropiques) par rapport à son prédécesseur,
l'IBGN.
Mots clés : bioévaluation, cours d’eau, indice multi-métrique, macroinvertébrés, Directive Cadre
sur l’Eau
5
LES BRYOZOAIRES D’EAU DOUCE
Jean-Loup D’HONDT
Muséum National d'Histoire Naturelle, Département Milieux et Peuplements Aquatiques,
55, Rue Buffon, 75231 Paris Cedex 05 ([email protected])
On dénombre actuellement environ 90 espèces de Bryozoaires d'eau douce, correspondant à
la totalité de la sous-classe des Phylactolaemates (approximativement 70 espèces) et à une partie de
l'ordre des Cténostomes (sous-classe des Eurystomes), soit 20 espèces sur un peu plus de 250. Tous
les Bryozoaires dulcicoles ont un tégument chitineux (on donne à cet exosquelette le nom de
cystide), et l'obturation de l'orifice de dévagination des tentacules s'effectue par resserrement d'un
sphincter musculaire. Ce sont des organismes coloniaux correspondant à la juxtaposition d'individus
microscopiques se présentant chacun comme une petite logette close ; la colonie s'accroît par
bourgeonnement.
Chez les Phylactolaemates, le panache tentaculaire est en forme de double fer à cheval, et
ces organismes élaborent des structures particulières de résistance et de reproduction asexuée, les
statoblastes, caractérisés par la présence d'un flotteur contenant de l'air ; ils gardent le même
polypide (terme désignant l'ensemble de la partie viscérale, soit le tractus digestif, le système
nerveux central, et le muscle grand rétracteur) tout au long de leur vie. Chez les Cténostomes, le
lophophore est de section circulaire, il existe un cycle polypidien de dégénérescence et de
régénération périodique de l'ensemble de la partie viscérale, et la reproduction asexuée s'effectue
uniquement sur place et au moyen de nodules de forme irrégulière sans flotteurs, les hibernacles.
Les différents types statoblastes propagent l'espèce, les uns dans l'espace et souvent à grande
distance grâce aux oiseaux migrateurs, les autres sur place dans le temps.
Le cycle polypidien que présentent en commun l'ensemble des Cténostomes et la grande
majorité des Bryozoaires est corrélé à l'absence, chez ces animaux, d'appareil excréteur. Aussi une
grande partie des déchets du métabolisme s'accumule-t-elle dans la paroi du tube digestif qui finit
par se déformer, s'engorger, et devient incapable d'accomplir ses fonctions assimilatrices et
péristaltiques. Il entre alors en dégénérescence, tandis qu'un polypide de remplacement - incluant
donc un nouveau tube digestif (une structure théoriquement a vocation endodermique) - est
bourgeonné vers l'intérieur par prolifération des cellules de l'épiderme. Cette infraction à la théorie
classique des feuillets embryonnaires, caractère fondamental des Bryozoaires, témoigne de la
persistance, chez au moins certains territoires de l'épiderme de l'individu adulte, de la capacité d'une
multiplication cellulaire vers l'intérieur, comparable à celle d'une gastrula.
Il semble que ce soit une neurosécrétion polypidienne qui empêche chez les Cténostomes le
développement simultané d'un deuxième polypide à l'intérieur d'une loge, celle-ci constituant un
milieu clos. Chez les Phylactolaemates ou les individus sont incomplètement cloisonnés et
communiquent plus largement entre eux, tant les résidus du métabolisme que l'agent inhibiteur
présumé da la dégénérescence polypidienne diffuseraient à l'intérieur de la colonie et ne
détermineraient donc pas un cycle polypidien.
La reproduction sexuée des Cténostomes s'effectue par l'intermédiaire d'une larve qui subit
une métamorphose complexe avant de donner naissance a un adulte dont le plan d'organisation est
tout à fait différent. La reproduction sexuée des Phylactolaemates conduit à l'émission par viviparité
d'un individu fondateur libre et nageur, présentant dès le moment sa ponte un ou deux premiers
individus fonctionnels.
Plusieurs espèces de Phylactolaemates présentent une large distribution géographique.
Toutefois, on ne connaît encore qu'une seule localité française d'un espèce connue de plusieurs pays
d'Europe occidentale, Plumatella geimermassardi. Par ailleurs l'espèce nord-américaine
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envahissante Pectinatella magnifica, introduite dans les estuaires du nord de l'Allemagne a la fin du
XIXe siècle et qui avait ensuite gagné l'Europe orientale, a pénétré en France en 1995-1996 et est en
train de coloniser très rapidement les bassins versants des différents fleuves français.
7
MOLLUSQUES AQUATIQUES DE FRANCE : DIFFERENTES ECHELLES POUR
DIFFERENTS ENJEUX DE CONSERVATION ?
Vincent PRIE
Biotope, 22 boulevard maréchal Foch – BP 58, 34140 Mèze ([email protected])
Avec 784 taxons terminaux dont 306 aquatiques (Gargominy et al. 2011), les Mollusques
représentent un part importante de la biodiversité continentale française. La responsabilité de la
France en termes de conservation est exacerbée par des taux d’endémisme importants : autour de
30% pour les bivalves et les gastéropodes terrestres et jusqu’à 65 % pour les gastéropodes
aquatiques. Ainsi, la liste des espèces de mollusques protégées en France se compose pour les 2/3
d’espèces aquatiques. A quoi est du le taux d’endémisme record des gastéropodes aquatiques ? En y
regardant de plus près, ce taux d’endémisme ne concerne pas les espèces d’eaux de surface
(seulement trois espèces endémiques, au statut taxonomique douteux), mais essentiellement les
gastéropodes crénicoles et souterrains. Ces derniers sont en effet inféodés à des milieux très
fragmentés.
Le modèle théorique permettant d’appréhender la biogéographie des espèces aquatiques est donc
celui de l’insularité continentale. Confinés dans des bassins versants limités à l’aval par la mer et à
l’amont par le milieu souterrain, les mollusques dulçaquicoles épigés se dispersent dans autant
d’îles qu’il y a de bassins versant et les échanges doivent être limités entre ces bassins versants.
Toutefois, la dispersion naturelle par zoochorie permet en particulier aux gastéropodes de petite
taille d’échanger leurs gènes entre bassins versants. Elle est moins commune pour les espèces de
grande taille telles que les nayades, expliquant un taux d’endémisme plus important. Aujourd’hui,
deux modes de dispersion anthropiques doivent perturber le schéma d’insularité pour ces derniers :
les canaux, qui connectent la plupart des grands bassins versants entre eux, et le transport de
poissons. En effet les nayades ont une phase parasitaire lors des jeunes stades, les larves s’enkystant
pendant plusieurs semaines dans les branchies des poissons.
Pour ce qui est des gastéropodes souterrains, le schéma est similaire avec des « îles » délimitées à
l’aval par la lumière du soleil (les organismes souterrains, dépigmentés, ne sont pas protégés des
ultra-violets et ne sont pas compétitifs dans les milieux épigés) et à l’amont par la zone vadose, soit
la zone sèche des karsts. A la différence des écosystèmes épigés, la dispersion dans les écosystèmes
stygobies ne peut faire intervenir ni la zoochorie, ni les perturbations anthropiques.
Nous avons testé ce schéma d’insularité continentale pour deux types d’organismes, les Nayades,
épigées, et les gastéropodes souterrains.
En ce qui concerne les Nayades, on retrouve effectivement des aires de répartitions cohésives, que
ce soit au niveau spécifique ou au niveau sub-spécifique, calquée sur les bassins-versants, avec
toutefois quelques exceptions qui laissent penser que des transports liés à l’alevinage ont pu avoir
lieu. Des phénomènes de colonisation semblent être en cours, en particulier entre le Rhône et la
Seine, dus aux canaux qui connectent ces bassins versants entre eux. La progression bien
documentée de certaines espèces invasives corrobore cette hypothèse.
En ce qui concerne les gastéropodes stygobies, l’insularité semble être la règle. Les faunes sont
remarquablement homogènes au sein d’un même hydrosystème et très hétérogènes entre les
hydrosystèmes indépendants. Il existe donc une signature taxonomique des hydrosystèmes
souterrains. Les analyses morphométriques et génétiques en cours semblent indiquer une insularité
encore plus importante que ne le reflètent les connaissances actuelles, et donc une alpha-diversité
insoupçonnée.
En conclusion, les organismes étudiés emblent bien montrer une biogéographie liée avant tout au
caractère insulaire des masses d’eau, perturbée en milieu épigée par les influences anthropiques,
très préservée en milieu souterrain. La diversité observée en milieu souterrain laisse penser que l’on
8
assiste aujourd’hui à une homogénéisation des faunes en milieu épigée. Se pose alors la question de
la signification de la pléthore d’espèces de bivalves décrite au début du XX° siècle, avant les
perturbations anthropiques (Locard 1901 reconnaissait 900 espèces de bivalves en France).
Pour plagier Saint-John Perse, « qu’y avait-il alors qu’il n’y a plus ? »
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LES CRUSTACES D’EAU DOUCE : BIODIVERSITE, BIOGEOGRAPHIE,
INVASIONS BIOLOGIQUES.
Christophe PISCART
Laboratoire d'écologie des hydrosystèmes naturels et anthropisés (LEHNA), UMR CNRS 5023,
Université de Lyon 1, 6 rue Dubois, Domaine Scientifique de la Doua, 43 Bd du 11 Novembre
1918, 69622 Villeurbanne Cedex ([email protected])
Les crustacés des eaux douces françaises sont très diversifiés avec 606 espèces actuellement
connues (mise à jour depuis UICN & MNHN, 2012) appartenant à quatre classes (Branchiopodes,
Malacostracés, Maxillipèdes et Ostracodes). Cette diversité se retrouve également dans les niveaux
systématiques inférieurs avec 15 ordres et 73 familles (Tableau 1). Malgré des siècles de travaux sur
ce groupe dont les premières descriptions formelles d’espèce remontent à 1758 (Linnaeus, 1758),
cette diversité reste encore relativement mal connue et des dizaines d’espèces nouvelles restent à
décrire. Le développement récent d’outils moléculaires suggère également que de nombreuses
espèces « cryptiques » pourraient largement augmenter la diversité réelle des crustacés telle qu’elle
est connue pour le moment. Pour toutes ces raisons, il apparait encore impossible d’estimer le
nombre total d’espèces dont le rythme de découverte n’a pas ralenti au cours des 150 dernières
années (Figure 1).
Tableau 1. Diversité des crustacés d’eau douce en 2012.
Classe
Branchiopodes
Malacostracés
Maxillopodes
Ostracodes
Ordres
Anostracés
Diplostracés
Notostracés
Amphipodes
Bathynellacés
Décapodes
Isopodes
Arguloides
Calanoides
Cyclopoides
Gelyelloides
Harpacticoides
Poecilostomatoides
Siphonostomatoides
Podocopides
Total
Familles
5
16
1
9
2
5
7
1
3
1
1
9
1
2
10
73
Espèces
11
116
2
76
20
12
38
2
23
73
1
106
5
3
118
606
Figure 1. Nombre cumulé d’espèce décrite depuis le 18ème sicècle.
Outre une diversité remarquable, les crustacés de nos eaux ont une grande valeur patrimoniale
illustrée par les 156 espèces endémiques de France (soit 26% des espèces), notamment chez les
malacostracés (73 espèces) et chez les maxillipèdes (67 espèces). D’après la dernière étude de
l’UICN France (UICN & MNHN, 2012), neuf espèces sont classées comme « en danger critique
d’extinction » : trois amphipodes (Echinogammarus aquilifer, Echinogammarus zebrinus,
Gammarus monspeliensis) ; six branchiopodes (Chirocephalus spinicaudatus, Cyzicus tetracerus,
Daphnia mediterranea, Eoleptestheria ticinensis, Lynceus brachyurus et Moina salina). De plus,
deux autres amphipodes (Echinogammarus tabu et Eulimnogammarus anisocheirus) et trois
branchiopodes (Artemia parthenogenetica, Limnadia lenticularis, Phallocryptus spinosa) sont
considérés comme « en danger » et 144 autres espèces (soit 24% des espèces) sont considérées
comme « vulnérables ».
Les crustacés sont présents dans l’ensemble des milieux aquatiques continentaux de surface
(rivières, lacs, marais et zones humides) depuis la côte et jusqu’à plus de 2500 m d’altitude, y
compris dans les milieux aquatiques temporaires ou éphémères puisque certaines espèces peuvent
résister en l’absence d’eau pendant plus de 100 ans.
On les retrouve également dans tous les milieux souterrains (sous-écoulement des cours d’eau,
nappe phréatique, grotte et karst). Cette diversité « cachée » est d’ailleurs extrêmement importante
10
puisque qu’elle représente 206 espèces soit plus du tiers des crustacés de France. Elle est largement
représentée par les malacostracés pour lesquels le nombre d’espèce souterraine (94 espèces) que
l’on appelle « espèces stygobies » est supérieur au nombre d’espèces de surface (52 espèces). On
retrouve des espèces stygobies dans 10 des 14 ordres de crustacés, seuls les arguloides, les
notostracés, les poecilostomatoides et les siphonostomatoides n’ont pas de représentant stygobie en
France. Les ordres des Bathynellacés et celui des Gelyelloides sont les seuls à être constitués
uniquement d’espèces stygobies. Dans ces milieux, les branchiopodes sont les moins représentés
avec seulement trois espèces stygobies (Alona bessei, Phreatalona phreatica, Phreatalona protzi)
certainement de fait de l’écologie de ce groupe fortement associé à la végétation et au
phytoplancton qui sont absents dans les milieux souterrains obscurs.
Enfin le nombre d’espèce de crustacés, en plus de la découverte régulière d’espèce, continue
d’augmenter par l’arrivée et l’installation de nouvelles espèces exotiques, dont certaines sont
considérées comme invasives lorsque leur prolifération entraine des perturbations de l’écosystème.
Ce phénomène ne concerne pour le moment que 25 espèces mais leur nombre a fortement augmenté
au cours des 30 dernières années en raison de l’augmentation du trafic maritime et fluvial et de la
dégradation des cours d’eau, favorisant l’installation de ces espèces. Ces espèces sont pour la
plupart localisées dans le quart nord-est du pays mais certaines espèces de décapodes (Orconectes
limosus) ou d’amphipodes (Crangonyx pseudogracilis) colonisent déjà la plupart de nos grands
réseaux hydrographiques (la Garonne, la Loire, le Rhin, le Rhône et la Seine).
En conclusion, nous pouvons dire que la diversité des crustacés est exceptionnelle en France de part
le nombre des espèces et le taux d’endémisme. Cette diversité est largement liée à la diversité de
nos milieux aquatiques et au fait qu’une partie importante du sud de notre pays a pu être préservée
des dernières glaciations, favorisant ainsi le maintien d’une grande quantité d’espèces disparues
dans les pays du nord de l’Europe. Comme dans tous les pays industrialisés, cette diversité est
fortement affectée par les activités anthropiques mais heureusement pas de façon irréversible.
De nombreuses espèces restent encore à découvrir, en particulier chez les microcrustacés
maxillopodes et ostracodes. Malheureusement, le manque de spécialiste et l’absence de stratégie
d’échantillonnage à grande échelle rendent ces découvertes plus difficiles et plus lentes. Dans ce
contexte, la mise en place d’un réseau national de surveillance et d’échantillonnage sur le même
modèle de celui qui existe chez les insectes aquatiques pourrait fortement approfondir nos
connaissances sur ce groupe, essentiel au fonctionnement des écosystèmes aquatiques.
Référence citée :
UICN France & MNHN (2012). La Liste rouge des espèces menacées en France - Chapitre
Crustacés d’eau douce de France métropolitaine.
http://inpn.mnhn.fr/espece/listerouge/FR/Crustaces_eau_douce_Metropole_2012
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LES AMPHIPODES D’EAU DOUCE ET LEURS INTERACTIONS
Vincent MEDOC
Laboratoire Ecologie et Evolution, UMR CNRS 7625, Université Pierre et Marie Curie,
7, quai Saint-Bernard, 75005 Paris ([email protected])
Les crustacés amphipodes d’eau douce et en particulier ceux de la famille des gammaridés
dominent généralement la macrofaune benthique en terme de biomasse. Ils participent au recyclage
de la matière organique en fragmentant la litière qui devient alors exploitable par d’autres
invertébrés. Les gammares font partie du régime alimentaire de nombreux prédateurs (autres
invertébrés, poissons, oiseaux aquatiques), ce qui favorise le transfert de matière et d’énergie vers
les niveaux trophiques supérieurs.
Au delà de leur rôle fonctionnel, les gammares constituent des modèles biologiques
intéressants en écologie des interactions et en écologie comportementale. Ils sont également hôtes
de nombreux micro ou macroparasites qui peuvent altérer leur comportement et ainsi arbitrer les
interactions entre gammares.
La reproduction s’accompagne d’une phase de gardiennage pré copulatoire durant laquelle
le mâle s’accroche au dos de la femelle jusqu’à sa prochaine mue, étape qui conditionne la
copulation. Le choix de la femelle ne se fait pas au hasard : sa taille corporelle doit être importante
pour offrir le meilleur succès reproductif sans pour autant représenter une entrave aux déplacements
du tandem. Les individus appariés sont également plus vulnérables que les individus libres. Sous le
risque de prédation, les mâles sont moins enclins à initier un pré copulât et ils sont moins difficiles
dans leur choix en acceptant plus facilement de s’apparier avec une femelle de petite taille.
Les gammares ne sont pas connus pour être des animaux sociaux, mais on sait depuis peu
qu’ils recherchent la proximité de conspécifiques sous le risque de prédation. Tout comme la
formation de bancs chez les poissons, la formation d’agrégats chez les gammares diminuerait le
risque individuel de prédation par un effet de dilution. Si le gammare est l’hôte intermédiaire d’un
parasite qui termine son cycle dans un poisson, un tel comportement réduirait les chances de
transmission du parasite. Conformément aux intérêts du parasite en terme de transmission, il a été
montré que les gammares infectés ne s’agrègent plus.
Longtemps considérés comme détritivores, les gammares sont avant tout des omnivores
opportunistes, qui peuvent être prédateurs de conspécifiques (cannibalisme) ou de congénères
(prédation intra guilde). Dans un contexte d’invasions biologiques, la prédation intra guilde
expliquerait en partie la coexistence de gammares exotiques et natifs ou au contraire l’exclusion de
ces derniers. En renforçant ou réduisant le comportement prédateur des gammares, les parasites
vont bouleverser la hiérarchie de la prédation intra guilde et déterminer la coexistence ou non des
espèces.
Mots clés : agrégation ; comportement ; gammares ; invasions biologiques ; parasitisme ; pré
copulât ; prédation intra guilde
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INVENTAIRES DES EPHEMERES, PLECOPTERES & TRICHOPTERES DE FRANCE :
PREMIERES CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
Michel BRULIN
Office pour les insectes et leur environnement (OPIE), OPIE-benthos, Maison des insectes,
Chemin rural n°7 – BP30, 78041 Guyancourt cedex ([email protected])
L’Office pour les insectes et leur environnement (Opie), par l’intermédiaire de son groupe de
travail Opie-Benthos, mène trois inventaires nationaux, destinés à mieux connaître la chorologie des
espèces des Ephéméroptères, Plécoptères et Trichoptères de France. Ces programmes sont ouverts à
tous les participants (actuellement au nombre de 287) qui livrent leurs données ou leurs collectes
aux commissions de pilotage de ces inventaires. Les principaux résultats sont notés ci-après.
A. Éphéméroptères (programme INVFMR, depuis le 02 août 1996)
La détermination de plus de 230 000 spécimens (19678 occurrences à ce jour), transmis par les
241 collecteurs actuels du réseau, soit une prospection de 4310 stations, a permis les résultats
suivants :
- description de deux nouvelles espèces pour la science et de quinze espèces nouvelles pour la
France ;
- redécouverte après plus d'un siècle d'absence de citation, de deux espèces considérées comme
disparues de France et d’autres pays européens ;
- 622 confirmations des 943 citations de présence retenues de la littérature;
- nombreuses données de répartition géographique dans des secteurs jamais prospectés et restés
vierges de toute citation; à ce jour, 2125 nouvelles présences départementales pour 134
espèces réparties en 39 genres et 15 familles ; des espèces réputées « rares » apparaissent plus
fréquemment ;
B. Plécoptères (programme INVP depuis 2005)
L’effort a principalement porté sur la prospection des zones géographiques non couvertes par les
données de la littérature, et secondairement des stations les plus anciennes mentionnées dans celleci. Les principaux résultats sont les suivants :
- total de 13000 données (présence d’une espèce en un lieu à une date), pour 167 espèces et
sous-espèces inventoriées sur le territoire national métropolitain, dont les 4 nouvelles décrites ou
observées depuis la réalisation du catalogue de 2006 (LE DOARE & VINÇON, 2006) ; seuls sept
départements (dont Paris et sa banlieue immédiate) sont vierges de données ;
- 920 confirmations de citations antérieures à l‘inventaire sur les 1350 retenues de la littérature,
le nombre total de citations départementales s’élevant à 1960.
C. Trichoptères (programme INVT, depuis 2002)
Enfin, ce vaste programme s’adressant à environ 450 espèces réputées présentes sur le territoire
national métropolitain, avec le concours de 74 observateurs ayant prospecté 2529 stations (soient
1508 communes de 92 départements), a permis :
- la découverte de deux espèces nouvelles pour la science et de 17 espèces nouvelles pour la
France ;
- la collecte d’environ 18250 données dont 8600 issues de prospections avec un système
lumineux attractif, permettant d’inventorier 381 espèces et sous-espèces, l’effort d’inventaire se
portant principalement sur la phase adulte (16455 occurrences) ; ces résultats ont fait l’objet d’une
importante contribution au programme européen « Distribution atlas of european Trichoptera –
DAET » ;
13
- des précisions sur le statut de quelques espèces et des descriptions de certaines phases du cycle
vital (larves, adulte femelle) jusqu’alors inconnues.
Tous ces résultats sont portés à la connaissance du public, notamment par la confection de cartes
détaillant la distribution nationale de chaque espèce. Outre le but premier de ces programmes, les
inventaires ont aussi permis des avancées dans divers domaines : la systématique et la taxinomie, en
précisant le statut de certaines espèces (levées de synonymie, redescriptions, …), l’écologie
(précisions sur les micromilieux colonisés), la biologie (cycle vital, période d’émergence des
adultes selon l’altitude). À terme, des efforts sont à porter sur la récolte de données dans des régions
encore peu prospectées (difficultés liées à la topographie, la privatisation des milieux, les conditions
climatiques, …). Enfin, ces programmes visant à mieux définir les diverses espèces de notre pays,
ont pour objet d’apporter un outil biologique à l’évaluation de la qualité des milieux aquatiques et
ainsi à leur protection.
Remerciements
C’est un plaisir de remercier tout particulièrement Madame Cécile Delattre (EDF Recherche et
Développement), et Monsieur René Lafont, président de la Société zoologique de France, pour leur
accueil et l’organisation de cette journée, ainsi que tous les observateurs de nos programmes
d’inventaires, les bénévoles du groupe Opie-Benthos et tout particulièrement Gennaro Coppa et
Jacques Le Doaré qui pilotent respectivement les inventaires des Trichoptères et des Plécoptères.
Travaux cités
LE DOARE, J & VINÇON, G. (2006).- Les Plécoptères de France : inventaire des espèces
signalées par départements (Plecoptera). Ephemera, 7(1), 11-43.
OPIE-benthos. http://www.opie-benthos.fr
Exemple de carte signalant la distribution d’une espèce d’EPT du territoire national métropolitain
(ici l’éphémère Baetis buceratus Eaton, 1870)
[Jaune : citation de présence départementale recueillie de la littérature
Vert : citation de présence départementale confirmée par notre inventaire
Bleu : citation de présence départementale ajoutée par notre inventaire
Blanc : absence de citation de présence départementale
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LES INVENTAIRES NATIONAUX D’ESPECES ET LES MACROINVERTEBRES
BENTHIQUES D’EAU DOUCE
Pierre NOËL (1) & Patrick HAFFNER (2)
(1)
Département Milieux et Peuplements Aquatiques et SPN, 43 rue Buffon, CP 48,
([email protected])
(2)
Service du Patrimoine Naturel, DIREV, 36 rue Geoffroy Saint-Hilaire, CP 41,
([email protected])
Muséum National d'Histoire Naturelle, 75231 Paris cedex 05
Introduction
L’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN) est un programme porté par le Service du
Patrimoine Naturel (SPN) sous la responsabilité scientifique du Muséum (selon l’article L 411.5 du
code de l’environnement). C’est une démarche qui associe scientifiques, collectivités territoriales,
naturalistes et associations de protection de la nature, plongeurs (DORIS 2010) etc. en vue d’établir
une synthèse sur le patrimoine naturel en France (DUQUET et al. 1992). Les données fournies par
les partenaires sont organisées, gérées, validées et diffusées par le Muséum. Ce système
d’information permet de mutualiser au niveau national ce qui était autrefois dispersé, en métropole
et en outre-mer, à la fois pour la partie continentale et pour la partie marine (TOUROULT et al.
2012). Nous nous limitons ici aux macroinvertébrés dulcicoles de métropole.
Localités d’une espèce protégée, la moule perlière Margaritifera margaritifera, avec le réseau
hydrographique en fond de carte, d’après le site de l’INPN , Inventaire National du Patrimoine
Naturel (http://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/64435/tab/rep).
Les principaux groupes de macroinvertébrés inventoriés
La macrofaune désigne l'ensemble des animaux de taille supérieure à un millimètre ; l’eau douce ne
comprend pas les eaux « de transition » que l’on rencontre dans le domaine paralique et qui
appartiennent au milieu marin. A ce jour, relativement peu de macroinvertébrés dulcicoles ont fait
l’objet de programmes d’inventaires spécifiques au niveau national, avec publication d’atlas
présentant des cartes de distribution détaillée (SPN 2002). Un des premiers travaux de cette nature
est l’atlas des mollusques bivalves sphéridés (MOUTHON et KUIPER 1987), suivi des crustacés
décapodes (VIGNEUX et al. 1993) et des crustacés branchiopodes phyllopodes (DEFAYE et al.
15
1998). Pour les groupes suivants, il existe au mieux quelques données éparses : Porifera, Cnidaria,
Annelida, Plathelminthes, Némathelminthes, Némertes, Rotifera, Bryozoa, Mollusca, Arthropoda
(Hexapoda, autres Crustacea, Chelicerata) [voir KEITH et al. 1998], ou des projets en cours de
développement (ex. Odonata : DOMMANGET 2002).
Les méthodes d’inventaire
Sur le terrain, l’obtention des informations pertinentes varie considérablement selon les groupes
inventoriés (observation directe, échantillonnage…) et les milieux prospectés (eaux temporaires,
stagnantes, courantes, souterraines). Dans un temps pas si lointain, la saisie des données avait le
papier comme support ; maintenant, avec les développements considérables du numérique, la saisie
informatique rend de grands services. Le système de saisie en ligne ‘CardObs’ développé au SPN
est de plus en plus utilisé pour faire remonter des données d’inventaire dont les 4 données de base
sont le taxon, la date, le lieu et la source. Le référentiel taxonomique TaxRef est utilisé pour la
nomenclature. Après validation technique et scientifique, la diffusion des données de synthèse est
faite d’abord sur le site de l’INPN (inpn.mnhn.fr) via des listes d’espèces communales ou
départementales, ou des mailles (10 x 10 km). La publication ‘papier’ permet de fixer la
connaissance à un moment donné, mais il convient de noter que les inventaires ne sont jamais
terminés. La valorisation des inventaires fait intervenir la réalisation de listes rouges au niveau
national, comme la liste des crustacés d’eau douce de France métropolitaine, les conseils de gestion
aux décideurs, aux politiques et aux gestionnaires (BEAUFORT de- et MAURIN 1990 ; MAURIN
et al. 1994).
Discussion, Conclusions – perspectives
La distribution actuelle de certaines espèces même banales reste mal connue et il serait utile de
développer à l’avenir ces inventaires, dans le temps et dans l’espace.
Remerciements Les auteurs remercient la Société Zoologique de France, pour l’opportunité offerte
de présenter les inventaires nationaux coordonnés par le SPN lors de sa journée thématique.
Travaux cités
BEAUFORT F. de-, MAURIN H. (édit.), 1990. Utilisation des inventaires d'invertébrés pour l'identification et la
surveillance d'espaces de grand intérêt faunistique. Inventaires de Faune et de Flore. Secrétariat de la Faune
et de la Flore. Muséum National d'Histoire Naturelle. Paris. 276 pp.
DEFAYE D., RABET N., THIERY A., 1998. Atlas et bibliographie des crustacés branchiopodes (Anostraca,
Notostraca, Spinicaudata) de France métropolitaine. Collection Patrimoines Naturels, Service du patrimoine
naturel / IEGB/MNHN, Paris, vol. 32: 1-61.
DOMMANGET J.-L., 2002. Protocole de l'inventaire cartographique des odonates de France (Programme INVOD).
Muséum national d'Histoire naturelle, Société française d'odonatologie, 3e édition: 64 pp.
DORIS, 2010. Données d’Observations pour la Reconnaissance et l’Identification de la faune et de la flore
Subaquatique. CNEBS-FFESSM. http://doris.ffessm.fr/
DUQUET M., MAURIN H., et al., 1992. Inventaire de la faune de France. Vertébrés et principaux invertébrés. Muséum
National d'Histoire Naturelle, Fernand Nathan éditeur, Paris, 416 pp.
KEITH P., GUILBOT R., COCHET G., 1998. Mollusques, crustacés, arachnides et autres petits invertébrés des eaux
douces. Ministère de l'Environnement, OPIE, SPN/MNHN, CSP, 48 pp.
MAURIN H., KEITH P. (dir) & Coll., 1994. Inventaire de la faune menacée en France. Nathan, Muséum national
d'Histoire Naturelle, et Fonds mondial pour la nature (WWF-France), Paris, 176 pp.
MOUTHON J., KUIPER J. G. J., 1987. Inventaire des Sphaeriidae de France. Inventaires de Faune et de Flore, Paris,
41, 60 pp.
SPN, 2002. Catalogue des bases de données et des publications. Muséum national d'Histoire naturelle, 92 pp.
TOUROULT J., HAFFNER P., PONCET L., GARGOMINY O., NOEL P., DUPONT P., SIBLET J.-P., 2012.
Inventaires nationaux d’espèces : définitions, concepts, organisation et points clés. Rapport méthodologique
–
version
1.
Rapport
SPN
2012,
24 :
26
pp.
Disponible
sur
http://inpn.mnhn.fr/telechargement/documentation
VIGNEUX E., KEITH P., NOËL P. (édit.), 1993. Atlas préliminaire des Crustacés Décapodes d'eau douce de France.
Collection Patrimoines Naturels, Secrétariat Faune-Flore, B.I.M.M.-M.N.H.N., C.S.P., Min. Env., Paris, 14:
1-56.
16
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