par Michel Mayor et Didier Queloz de la première planète
extrasolaire (ou exoplanète) dénommée 51 Pégase b autour
d’une étoile analogue à notre soleil.
Que nous apprennent les premières
découvertes de planètes ?
A la date du 22 octobre 2004, 133 planètes extrasolaires
géantes (les 3 planètes de Wolszczan étant considérées à
part), regroupées dans 117 systèmes planétaires dont 13
multiples ont été détectées, principalement par la méthode
des vitesses radiales (méthode indirecte), la même que celle
utilisée pour détecter 51 Peg b. Ces planètes sont pratique-
ment toutes situées dans notre environnement proche à
quelques dizaines d’années-lumière de notre Soleil et donc
a fortiori, dans notre galaxie. La détection de ces objets
résulte de l’observation d’environ 4 000 étoiles. Les étoiles
observées sont essentiellement des étoiles comparables à
notre Soleil. L’échantillonnage temporel et l’historique des
observations est très variable au sein de l’échantillon. Cer-
taines étoiles sont observées depuis le début des pro-
grammes de mesure (1994), d’autres ont été ajoutées récem-
ment, quand l’arrivée de nouveaux instruments à permis
d’augmenter le nombre de cibles potentielles. Enfin, on peut
estimer le rythme actuel d’annonces de découvertes de pla-
nètes géantes à environ une douzaine d’objets par an.
Récemment, 2 découvertes ont eu un retentissement média-
tique certain : la découverte de 3 planètes « légères » de 15
masses terrestres environ, comparables en masse à Uranus et
la première image d’une planète extrasolaire par le VLT. Ce
dernier objet baptisé 2M1207b serait une planète de
5 masses de Jupiter en orbite autour d’une naine brune
(objet dont la faible masse ne permet pas l’amorçage des réac-
tions de fusion nucléaire comme les étoiles classiques). La
brillance de 2M1207b qui a permis son observation directe
s’expliquerait par la jeunesse du système : 8 millions d’années
seulement.
Distribution en masse des exoplanètes
Cette distribution est très piquée vers les objets de faible
masse (M<5masses de Jupiter). Il ne s’agit pas d’un biais
observationnel. Cela signifie que le processus de formation
des planètes géantes semble a priori permettre ou tout au
moins favoriser la formation d’objets de masse relativement
faible.
Distribution en distance
Il y a clairement une distribution bimodale de la réparti-
tion en distance des exoplanètes avec i) des planètes à très
courte distance de leur étoile centrale, typiquement 0.05 u.a.
(1u.a.=distance Terre-Soleil ∼150 millions de km), les
« jupiters chauds » (taille de Jupiter, proximité de l’étoile),
ii) peu d’objets vers 0.3 u.a. iii) des planètes à distance plus
grande que 0.3 u.a. réparties de manière assez uniforme.
Cette distribution bimodale en distance montre que les
objets ne sont pas équi-répartis et qu’il y a des orbites stables
privilégiées, dont certaines sont très proches de leur étoile.
On peut chercher des explications de cette observation dans
le processus de formation des planètes. On peut également
envisager la possibilité que l’orbite d’une planète varie au
cours du temps. On est alors conduit à émettre l’hypothèse
des migrations d’orbites.
Migrations d’orbites
Invoquer le mécanisme de migrations d’orbites est néces-
saire pour expliquer la réalité des « jupiters chauds ». En
effet, la formation de ces objets si près de leur étoile n’est
pas compatible avec les modèles actuels de disques proto-
planétaires (disques de poussière et de gaz dans lequel se
forment les planètes) pour lesquels la température et la den-
sité à cette distance interdit toute formation de ce qui com-
pose le noyau de ces planètes.
Si les jupiters chauds ne se forment pas à leur position
actuelle, et qu’ils migrent, il faut trouver un ou plusieurs
mécanismes qui puissent permettre d’expliquer ce phéno-
mène. Plusieurs hypothèses de mécanismes ont été formu-
lées : de tous ces mécanismes, c’est celui du transfert de
moment angulaire entre une planète et le disque qui est le
plus étudié. Les modèles actuels montrent qu’il est possible
de faire migrer des planètes de taille variable en des temps
suffisamment courts pour que le phénomène puisse être
achevé avant la dissipation du disque (quelques centaines de
milliers d’années au maximum). Dans le cas des planètes
géantes, la migration doit se traduire par la formation d’un
sillon dans le disque protoplanétaire. Ce dernier point peut
constituer un bon test observationnel pour infirmer ou
confirmer le mécanisme.
Excentricité des orbites des exoplanètes
Deux points observationnels sont particulièrement remar-
quables : i) pour des périodes orbitales inférieures à
10 jours, les orbites des exoplanètes sont pratiquement cir-
culaires, ii) au-delà de 10 jours de période, et contrairement
à ce que l’on observe dans le système solaire (les planètes du
système solaire ont une excentricité faible) il ne semble pas
y avoir de corrélation entre excentricité et période orbitale.
C’est également le cas des étoiles évoluant dans des sys-
tèmes stellaires multiples.
On peut expliquer la circularisation des orbites proches
par des effets de marée. En effet, si la planète est proche de
l’étoile, le gradient du potentiel gravitationnel crée une
attraction différentielle sur la planète entre le bord le plus
proche de l’étoile et le plus éloigné. Le résultat est la forma-
tion d’un bourrelet au niveau des couches externes de la pla-
nète. Ce bourrelet est à l’origine d’une dissipation d’énergie
par friction avec les couches internes de la planète. Globale-
ment, cette friction entraîne une perte d’énergie orbitale, ce
qui circularise l’orbite. Comme évoqué précédemment, les
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Comment je vois le monde