Politique de la Compétence - Académie de Nancy-Metz

Cafoc de Nantes – page 1
Article pour lancer la réflexion
avant
les échanges du 21 octobre
Séminaire « Politique de la Compétence »
Jean-Paul Martin
Directeur des Etudes du Cafoc de Nantes
Cafoc de Nantes – page 2
Les compétences clés au cœur
des processus de changement
Depuis que la Communauté Européenne a formulé la perspective des compétences
clés, en 2000 lors du sommet de Lisbonne et que les Etats comme les collectivités
publiques se sont emparés de cette thématique (socle commun en France, appels
d’offres des DRTEFP puis de Régions en 2009) nombreuses sont les prises de
positions des professionnels comme des chercheurs qui rendent peu lisible cette
thématique. Entre ceux qui considèrent que c’est la main-mise des employeurs sur la
formation ou que nous assistons à un nouvel effet de mode (après les technologies de
l’information et l’individualisation des parcours), ceux qui voient conforter leurs
approches disciplinaires et ceux qui posent l’hypothèse d’un changement de paradigme
pour penser l’éducation et la formation, il est difficile d’identifier les enjeux et les lignes
de fractures entre les protagonistes.
Ce texte se veut une contribution au débat d’un collectif d’acteurs, le CAFOC de
Nantes, engagés depuis plusieurs décennies pour promouvoir une formation qui
favorise l’autonomisation des personnes comme des organisations.
Trois séries de questions sont posées à propos de la thématique des compétences
clés :
- la première est relative aux raisons de l’émergence de cette notion ;
- la seconde relève de la notion même de compétence car, avant d’être clé, ce
sont bien des compétences que l’Europe définit ;
- la troisième traite de la méthode pour les développer en formation et plus
généralement au travail.
1. Pourquoi maintenant l’émergence des compétences clés ?
Dire que la société dans laquelle nous vivons évolue, se transforme est une alité
admise par chacun. Dire qu’elle exige de ses membres de nouvelles ressources pour
comprendre, se situer et agir dans un tel contexte est également un objet d’accord. Hier
le « lire, écrire, compter » constituait le minimum pour vivre dans ce monde.
Aujourd’hui, de nouveaux éléments apparaissent indispensables pour ne pas s’exclure
ou être exclu. Si certains conservatismes misent sur l'ignorance pour conserver leurs
privilèges, nombreux sont les clairvoyants qui aujourd'hui considèrent que l'ignorance
est plus que jamais un handicap majeur pour la sociéentière. Les entreprises et les
organisations en général ont besoin de personnes qui sachent réfléchir, analyser,
s’adapter, coopérer, etc.
Ainsi, en mars 2000, le Conseil européen de Lisbonne a assigné à l’Union européenne
l’objectif stratégique « de devenir l'économie de la connaissance la plus compétitive et
la plus dynamique du monde, capable d'une croissance économique durable
accompagnée d'une amélioration quantitative et qualitative de l'emploi et d'une plus
grande cohésion sociale ». Pour cela, les systèmes européens d’éducation et de
formation doivent s'adapter tant aux exigences de la société de la connaissance qu'à la
nécessité d’améliorer le niveau et la qualité de l'emploi.
Cafoc de Nantes – page 3
Loin d’être une utopie, le développement des compétences nouvelles au regard du
« lire, écrire, compter » est une nécessiéconomique et politique. Cela ne signifie pas
la fin des inégalités mais leur déplacement au-delà de ce premier seuil.
Quelles compétences définir ? Les organisations internationales puis les Etats ont fait
des propositions qui peu à peu se sont précisées. Il s’agit là d’un processus évolutif qui
connaîtra encore des transformations. Le tableau ci-dessous entend tracer les étapes
essentielles et présenter les différentes propositions.
1997
Déséco1
(OCDE)
2000
Stratégie de
Lisbonne
2002
Conseil de Barcelone
2006
Recommandation du
Parlement européen
Trois types de
compétences Une orientation
générale Un programme de
travail Huit compétences clés
Se servir d’outils de
manière interactive
- Utiliser le langage,
les symboles et les
textes
- Utiliser le savoir et
l’information
- Utiliser les
technologies
Interagir dans des
groupes hétérogènes
- Etablir de bonnes
relations avec autrui
- Coopérer, travailler
en équipe
- Gérer et résoudre
des conflits
Agir de façon
autonome
- Agir dans un contexte
global
- Elaborer et réaliser
des projets de vie et
des programmes
personnels
- Défendre et affirmer
ses droits, ses
intérêts, ses limites
et ses besoins
Définir les nouvelles
compétences de base
dont l’éducation et la
formation tout au long
de la vie doivent
permettre l’acquisition.
Ce cadre devrait
inclure : TIC, culture
technologique, langues
étrangères, esprit
d’entreprise et
aptitudes sociales2
Capacités à lire, écrire,
calculer (compétences
fondamentales)
Compétences de base
en mathématiques,
sciences et
technologies
TIC et leur utilisation
Apprendre à apprendre
Compétences sociales
Esprit d’entreprise
Culture générale3
La communication
dans la langue
maternelle
La communication en
langue étrangère
La compétence
mathématique et les
compétences de base
en sciences et
technologies
La compétence
numérique
Apprendre à apprendre
Les compétences
sociales et civiques
L’esprit d’initiative et
d’entreprise
La sensibilité et
l’expression culturelle
1 Définition et sélection des compétences - projet de l’OCDE
2 Conclusions de la présidence. Conseil européen de Lisbonne – 23, 24 mars 2000, point 26
3 Programme de travail détaillé sur le suivi des objectifs des systèmes d’éducation et de formation en Europe
(2002/C 142/01)
Cafoc de Nantes – page 4
Des déclinaisons nationales ont vu le jour. Le tableau ci-dessous en présente quelques-
unes.
Royaume-Uni Ecosse Suisse Canada (Québec)
Six Key skills
(compétences clés)
Communication
Application des
nombres
Technologies de
l’information
Coopération
Amélioration de
l’apprentissage et de
la performance
individuelle
Résolution de
problèmes
Cinq core skills
(compétences
essentielles)
Communication orale
et écrite
Numératie (utilisation
des informations
graphiques)
Technologies de
l’information
Résolution de
problèmes
(raisonnement
critique, planification
et organisation,
examen et
évaluation)
Coopération
(travailler avec
d’autres personnes)
Six compétences
Traiter l’information
Organiser
Résoudre des
problèmes
Travailler en équipe
Encadrer
Communiquer
Huit compétences
(compétences
essentielles)
Lecture (des textes)
Utilisation de
documents
Calcul
Rédaction
Communication orale
Travail d’équipe
Formation continue
(savoir comment
apprendre,
comprendre son
propre style
d’apprentissage,
savoir comment
obtenir l’accès à
divers documents, à
diverses ressources)
Capacité de
raisonnement
(résolution de
problèmes, prise de
décisions, pensée
critique, planification
et organisation du
travail, utilisation
particulière de la
mémoire, recherche
de renseignements).
Informatique
Cafoc de Nantes – page 5
Trois observations peuvent être réalisées.
Un raisonnement en termes de compétences et non de connaissances : les instances
internationales formulent les ressources que chacun devrait pouvoir acquérir et
desquelles dépend le succès de tout apprentissage ultérieur non pas en termes de
contenus ou de savoirs mais de compétences.
Un élargissement progressif des domaines de compétences. A été préféré le terme de
« comtences clés » à celui de « comtences de base », jutrop restrictif, car
généralement compris comme faisant référence à une maîtrise de base de la lecture,
de l’écriture et du calcul et à ce qui est, selon le cas, appelé « compétences de survie »
ou « compétences de vie ».
Le terme « compétence » a été considéré comme se référant à une combinaison
d’aptitudes, de connaissances, de dispositions et d’attitudes, incluant aussi bien l’envie
d’apprendre que le savoir-faire. Les « compétences clés » ont trait à trois exigences de
la vie auxquelles il convient de satisfaire :
- épanouissement personnel et développement tout au long de la vie (capital culturel) :
les compétences clés doivent permettre de poursuivre dans la vie des objectifs
individuels, motivés par des intérêts et des aspirations personnels, et par le désir de
continuer à apprendre durant toute la vie ;
- citoyenneté active et intégration (capital social) : les compétences clés doivent
permettre à tous de devenir des citoyens actifs participant à la société ;
- capacité d’insertion professionnelle (capital humain) : pour permettre à tout un chacun
d’obtenir un travailcent sur le marché de l’emploi.
Deux lignes directrices : donner les ressources pour que les personnes comprennent et
agissent. Tous les textes internationaux comme nationaux identifient deux types
d’éléments : d’une part des outils intellectuels relevant du langage, des mathématiques
ou de l’informatique et, d’autre part, des comportements ls à la vie dans la cité comme
coopérer, résoudre des problèmes, organiser, etc.
Certes, le lecteur attentif notera des incohérences dans ces textes et pourra regretter
que tel ou tel domaine de compétence soit formu sous les habits des savoirs, que telle
expression (capacité individuelle innée4) peut être en contradiction avec l’idée même de
formation. Si « c’est dans le détail que se cache le diable », ce serait une erreur de
jugement de réduire l’orientation générale à ces éléments, tant est forte l’approche
centrée sur la notion de compétence.
4 Recommandation du Parlement européen – 30/12/2006 « Sensibilité et expression culturelles » quatrième
paragraphe relatif aux aptitudes
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