Montant vers le front, les
colonnes allemandes
tentent de se camoufler
au mieux.
qualités d’appareils d’appui. Engagés trop souvent
à contre-emploi comme des chasseurs “ordinaires”,
les lourds monomoteurs vont subir des pertes. En
matinée, les dix-huit
squadrons
de Typhoon (onze
armés de fusées et sept de deux bombes de
250 kg) sont engagés en appui immédiat des uni-
tés de la 2earmée britannique. Trois escadrilles
sont affectées uniquement à ses trois plages de
débarquement (Sword, Juno et Gold) tandis que
neuf autres
squadrons
partent attaquer des objec-
tifs faisant face à ces mêmes plages et pouvant
gêner les opérations. Des batteries d’artillerie sont
attaquées ainsi que le château de Saint-Léger (au
sud de Bayeux) ou celui de La Meauffe (sud-est de
Saint-Lô), tous deux étant des QG allemands. Le
débarquement battant son plein, les Typhoon peu-
vent dès lors être engagés en chasse libre ou en
reconnaissance.
À 13h30, le S/Lt P. H. Beake du 164 Sq est cré-
dité d’un FW 190 détruit, un autre étant accordé à
l’escadrille. Peu après, douze Typhoon du 183 Sq
sont fortement engagés dans une attaque de blin-
dés lorsque douze Bf 109 fondent sur eux des
nuages, en en abattant trois (pilotes tués). Quant
aux Typhoon du 245 Sq opérant sur la Normandie
ce 6 juin, ils n’aperçoivent pas grand-chose et per-
dent deux appareils (pilotes récupérés)… Le 198
Sq aura pour sa part l’occasion d’attaquer des blin-
dés. Selon R. Lallemand:
20h00. Nous décollons
pour la troisième fois. Notre mission: une recon-
naissance armée dans le secteur de Caen. Nous
sommes huit Typhoon du 198e, armés de quatre
paires de roquettes dont les obus pèsent soixante
livres. Des LCI surmontés par des ballons captifs
amènent des renforts du côté d’Asnelles et surtout
de l’équipement et des véhicules. […] Le Sq/Ldr
I.J. Davies (DFC) conduit l’escadron. Don Mason et
Tich Hallett ainsi que Tim Milich, un Maori de Nou-
velle-Zélande, sont avec moi. Il est 20h40. On
commence à percevoir beaucoup de traces de
véhicules dans les champs en direction de Caen.
Les chars, tout particulièrement, laissent des traces
nettes de chenilles vers le sud. Pour eux, la grande
aventure commence. […] Nous tombons acciden-
tellement sur des chars dans la région de Biéville
et Periers. Mais il fait déjà sombre. Nous faisons
nos premières attaques à la roquette sur de gros
véhicules et des autos blindées sans voir les chars
mieux camouflés. […] Tout à coup, Don Mason –
un Australien qui a une vue d’aigle – trouve un
char sous des boqueteaux. Il nous reste à chacun
deux paires de roquettes. Je pique au ras du sol en
virant, pour une rapide reconnaissance. J’aperçois
d’autres chars arrêtés. Nous commençons nos
attaques, bien décidés à ne pas gaspiller nos der-
nières roquettes. Apparemment, les équipages
allemands ont choisi de rester dans les tanks,
confiants dans leur carapace d’acier
. L’attaque des
Typhoon est faussée par l’obscurité relative près du
sol, les projectiles percutant trop souvent la terre
tout en soulevant des nuages de poussière pris
pour de la fumée.
Je prépare avec soin ma der-
nière attaque. Je descends plus bas. […] Au der-
nier moment, j’appuie sur le bouton placé sur la
manette des gaz. Les roquettes glissent sur les
rails. Je maintiens mon avion en position, en atten-
dant que les roquettes me dépassent. Alors, aussi
vite que possible, je tire sur le manche à balai. Il
était temps. Comme je survole le char, l’explosion
de mes roquettes me tasse dans le creux du siège.
Je me retourne, en virage, au ras des arbres: un
Tigre brûle furieusement. C’est ma première vic-
toire contre les blindés allemands. Je regarde
brûler ce Tigre avec une certaine satisfaction.
Satisfaction qui se renouvellera chaque fois, et
peut-être chaque fois pour des raisons différentes,
tant les équipages allemands se défendent bien.
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BATAILLES AÉRIENNES - HORS-SÉRIE N° 01
Hawker Typhoon Mk IB MN ?/ZY-B du N
°
247 (China British) Squadron,
basé à Hurn en juin 1944.