L’EXPANSION INDUSTRIELLE ET URBAINE A partir de 1850, le continent européen connaît une croissance extraordinaire qui permet le développement d’une production de masse et définit les règles du capitalisme libéral, à l’origine de sa suprématie financière et économique. Expansion industrielle : processus qui s’est étalé sur plusieurs générations. Elle se caractérise par la convergence de plusieurs facteurs : - percée technologique, - développement du machinisme, - exploitation de nouvelle source d’énergie, - progrès de l’agriculture, - poussée démographique liée aux progrès de la médecine. L’essor des villes s’explique par la croissance démographique, la concentration de la main d’œuvre ouvrière, l’exode rural favorisé par la révolution des transports et le développement des fonctions administratives. I) L’expansion industrielle en Europe L’expansion industrielle se définit par une croissance contenue entrecoupée de crises, et par une propension à innover. Elle entraîne la mise en place d’une organisation scientifique du travail, le travail à la chaîne. 1- Les systèmes techniques La notion de système met en évidence l’interdépendance de l’innovation et des procédés techniques. Trois systèmes se succèdent : - le système classique qui s’appuie sur l’énergie hydraulique et l’utilisation du bois, - le système moderne associant fer, charbon, et vapeur (chemin de fer), - le système contemporain qui conjugue électricité, moteur à explosion et chimie organique. 2- Deux phases de croissance industrielle La première phase 1840-1860, repose sur le charbon (nécessaire à la machine à vapeur mise au point par James Watt en 1769) et sur des nouvelles techniques. Phase du chemin de fer et de la métallurgie. Elle concerne d’abord l’Europe du Nord et le secteur de pointe que constitue l’industrie lourde et textile. Les usines se multiplient aux dépens des ateliers dispersés. En France les années 1850 à 1870 représentent l’âge d’or de la métallurgie du fer, puis de l’acier. L’industrie textile de France comprend 3 secteurs : la laine, le coton et la soie. La deuxième industrialisation 1880-1930 repose sur des nouvelles techniques sources d’énergie : l’électricité et le pétrole. Réalisée d’abord aux USA et en Allemagne, elle se développe en France dans les anciens centres industriels. Elle est fondée sur la naissance de nouvelles industries comme la chimie, l’automobile et l’exploitation du fer de Lorraine. L’industrialisation s’étend à des zones périphériques. L’utilisation de l’électricité se développe grâce aux progrès. Une organisation scientifique du travail, le travail à la chaîne, se met en place dès le milieu du XIXe siècle. Les grandes entreprises s’organisent en sociétés, et leur production s’améliore par leur concentration en trust ou cartels. 3- La révolution financière La croissance remarquable de l’industrie est rendue possible par la révolution bancaire. Les banques se spécialisent en banques de dépôt et en banque d’affaire. Le Crédit Lyonnais est crée en 1863 et la Société Générale en 1864. La suprématie financière de l’Europe fait du livres sterling la monnaie internationale et de Londres le centre régulateur de l’économie mondiale. L’industrialisation s’accompagne d’une croissance de la production et des échanges. Cette croissance est néanmoins menacée par des crises, comme la phase de dépression entre 1873 et 1896, ce qui provoque la faillite des banques et la fermeture d’entreprise. II) L’essor des transport : l’ère du chemin de fer L’essor des transports transforme en profondeur la nature des modes de communication et la société. Jusqu’en 1914, le règne du rail donne naissance à une France nouvelle. Le développement des échanges assure la prospérité et réalise l’unité de la nation. L’extension du réseau Lyon à Saint Etienne 1830, Paris Saint Germain en Laye 1837. Sous le second Empire construction d’un réseau en étoile autour de Paris. En 1900, les grands réseaux son en places et les ingénieurs se multiplient. Dans les années 1860-1880, le chemin de fer transforme le tissu industriel : formation de nouvelle régions industrielles. Création d’une nouvelle catégorie de travailleurs : les cheminots qui sont aux nombres de 250 millions en 1885. L’histoire des transports évolue au rythme des innovations techniques, et le chemin de fer joue un rôle décisif dans l’émergence de la civilisation de l’âge industriel. III) L’expansion démographique et urbaine 1- Un essor démographique considérable Au XIXe siècle, la population des pays industrialisés s’accroît de façon considérable grâce aux progrès de l’alimentation, de l’hygiène et de la médecine. La population du continent double entre 1800 et 1900. D’abord localisé dans l’Europe du Nord Ouest, la croissance démographique concerne ensuite l’Europe centrale, les pays méditerranéens et la Russie. 2- L’exode rural et l’émigration La croissance démographique alimente d’importants flux migratoires. LA mécanisation de l’agriculture réduit le nombre de travailleurs : l’exode rural s’accélère au XIXe siècle. Entre 1815 et 1914 les européens émigrent vers le continent américain et l’Afrique. 3- Une expansion urbaine remarquable Les usines se concentrent dans les villes et se situent sur les gisements ou à proximité des carrefours ferroviaires. Les capitales européennes comme Berlin, Londres ou Paris se développent de façon spectaculaire. Modification de l’aspect des villes : crise urbaine. La ville se dilate et intègre les zones d’urbanisation nouvelle. La ville devient un objet de réflexion, les travaux d’urbanisme viennent remédier l’insuffisance des villes. 4- La ville symbole de modernité Les grandes villes sont transformées grâce à de grands travaux d’urbanisme. Haussmann est chargé par Napoléon III de donner à la capitale historique un rang de capitale européenne. Les travaux s’étendent sur 18 ans à partir de 1859. Nouvelle géographie urbaine : la bourgeoisie à l’ouest, les classes populaires se concentre à l’est et au nord. Le modèle Haussmannien sert de modèle en France (Lyon) et à l’étranger. Les transports urbains s’améliorent grâce au tramway et au métro, il est inauguré le 19 juillet 1900. Les grands magasins apparaissent, salle de cinéma, éclairage : une culture urbaine s’impose et la ville devient une référence qui incarne la modernité. 5- La ville, enjeu politique La ville a vu se dérouler les principaux évènements politiques. Contrôler la ville est un enjeu de pouvoir pour prévenir les révoltes et révolutions. Dans la seconde moitié du XIXe siècle les révoltes sont rares à l’exception de la Commune de Paris. Les transformations urbaines permettent de mieux contrôler l’explosion des villes. IV) Des sociétés en mutations L’âge industriel bouleverse la société en développant la classe ouvrière et en renforçant le pouvoir de la bourgeoisie par l’apport des classes moyennes. La société urbaine se transforme et les mutations accentuent les écarts. 1- Le renforcement de la classe bourgeoise L’essor de l’industrie amène aux premiers rangs de la société des banquiers comme Alphonse de Rothschild, et des industriels : monde très riche qui influence la vie politique. L’aristocratie reste dominante. 2- L’essor de la classe ouvrière La ville est aussi un lieu de pauvreté. La classe laborieuse est composée de domestiques d’ouvriers et d’artisans issu principalement du monde rural subissant la précarité. La vie des ouvriers s’améliore peu à peu à la fin du siècle, grâce à l’action des syndicats et les lois sociales. 3- L’apparition des classes moyennes Il s’agit des classes intermédiaires qui regroupent la population n’appartenant pas au monde ouvrier ni à la classe dirigeante. Cette couche nouvelle est constituée par la petite et la moyenne bourgeoisie : employés et emplois subalternes. Se distingue du monde ouvrier par son mode de vie et sa mentalité. → Ce phénomène majeur du XIXe siècle empêche la bipolarisation de la société. V) Naissance et évolution su syndicalisme 1- Le syndicalisme Il se développe à partir du Second Empire, et est organisé en bourse du travail (travailleurs du même corps de métier) ou en fédération d’industries (ouvrier du même secteur). La loi reconnaissant les syndicat est votée en 1884 et fait triomphé les droits sociaux. La CGT crée en 1895 fédère l’ensemble de ses organisations. La chartre d’Amiens en 1906 précises les objectifs des syndicats et leur seul moyen d’action la grève. 2- Le socialisme et le communisme Des théoriciens se révoltent contre l’essor du capitalisme (chômage et misère), ils pensent qu’une autre organisation de la société peut faire disparaître la pauvreté (utopie de Charles fournier ou Saint Simon). Les anarchistes Proudhon ou Bakounine veulent abolir l’Etat. 1848, Marx et Engels rédigent la Manifeste du parti communiste pour dénoncer l’exploitation des prolétaires et la lutte des classes dues au capitalisme : il faut que les prolétaires détruisent les pouvoirs des bourgeois par la révolution. Les idées de Marx sont à l’origine des révolutions du XXe siècle. Après la révolution russe de 1917, ruptures : les réformistes sont les socialistes et les révolutionnaires sont les communistes. LA COLONISATION Phénomène historique long qui commence au XVIe siècle et reprend après une pause au début du XIXe siècle. I) Les fondements de la colonisation Les facteurs de colonisation sont d’ordre économiques, politiques et idéologiques. Les décalages grandissent entre l’Europe techniquement avancée et les mondes lointains : accroissement des besoins économiques des européens en matières premières agricoles et en débouchées. Les partisans de la colonisation la présente comme une bonne affaire. A la fin du XVIIIe siècle, idée de mission civilisatrice de l’Europe avec la propagation des idées des Lumières : les peuples européens veulent faire profiter les autres peuples de leurs avancées techniques, économiques militaires et culturelles. XIXe siècle, mouvement de curiosité géographique avec les voyages des explorateurs et des géographes. → Les principaux Etats européens veulent affirmer leur puissance. II) La conquête coloniale La colonisation européenne commence par la lutte contre l’esclavage et la traite des esclaves en Afrique : les missions protestantes développement un mouvement humanitaires. La première véritable colonisation européenne est celle de l’Algérie commencée en 1830 et poursuivit jusqu’au Second Empire. Une colonisation de peuplement est organisée pour consolider la conquête, ce qui lui confère un statut particulier (d’où les problèmes de décolonisation). Dans les années 1880, l’Angleterre et la France se lancent dans l’aventure coloniale : course au clocher pour le partage de l’Afrique entre Français, Allemands, Anglais et Hollandais. La conférence de Berlin 1884-1885, pose les règles de possessions des nouveaux territoires et la liberté du commerce, et la lutte contre l’esclavage (Otto Bismarck). Le partage du reste du monde se poursuit en Asie et dans l’océan indien. Pendant le second et le troisième Empire la France continue sa construction coloniale (Indochine). Les Britanniques prennent le contrôle de tous les accès à l’Extrême Orient. III) Les formes de la colonisation Organisés en colonies ou en protectorat les territoires conquis sont administrés de façon variée. La France pratique une politique d’assimilation : conduire les peuples indigènes à adopter la langue, la culture et les valeurs de la métropole. Le Royaume Uni pratique une politique d’association : respecter les coutumes locales et aider les indigènes à se gouverner eux-mêmes. Construction d’infrastructure et développement des échanges dans les colonies : elles deviennent un réservoirs de matières premières. Les colonisateurs ont recours au travail forcé ce qui accentue les inégalités et favorise l’enrichissement d’une bourgeoisie indigène. Les européens ont le sentiment d’être les missionnaires du progrès : développent l’enseignement, ouvrent des dispensaires, des maternités et construisent des villes. La colonisation bouleverse la culture des peuples dominés : acculturation. Cela suscite des résistances au sein des populations locales souvent renforcées par des faits religieux : ces résistances se prolongent jusqu’à le Première Guerre Mondiale. IV) L’apogée de l’Europe A la veille de 1914, les deux puissances coloniales sont le Royaume uni et la France. L’Allemagne possède quelques colonies en Afrique (Cameroun, Togo, Rwanda). L’Europe est à l’apogée de sa puissance. Son rayonnement sur le monde repose à la fois sur une force démographique et une avancée technologique et industrielle. Mais la Première guerre Mondiale vient ruinée cette hégémonie.