Homélie pour le 21° dimanche du temps ordinaire – année B – 23 août 2015)
TOUJOURS PAS EVIDENT…
Jésus avait dit dans la synagogue de Capharnaüm :
« Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. »
Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, s'écrièrent :
« Ce qu'il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l'écouter ! »
Jésus connaissait par lui-même ces récriminations des disciples.
Il leur dit : « Cela vous heurte ?
Et quand vous verrez le Fils de l'homme monter là où il était auparavant ?...
C'est l'esprit qui fait vivre, la chair n'est capable de rien.
Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie.
Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. »
Jésus savait en effet depuis le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient pas,
et celui qui le livrerait.
Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi
si cela ne lui est pas donné par le Père. »
À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s'en allèrent et cessèrent de marcher avec lui.
Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »
Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ?
Tu as les paroles de la vie éternelle.
Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint, le Saint de Dieu. »
(Jean 6, 63-68)
Selon la plupart des exégètes, l’Evangile de Jean aurait été rédigé à la toute fin du 1° siècle, vers les
années 90-100. A cette époque existent quelques petites communautés disséminées dans l’Empire
romain, autour de la Méditerranée. Mais nous n’en sommes pas encore à l’Edit de tolérance que
signera l’empereur Constantin en 313, et qui autorisera les chrétiens, devenus nombreux, à
pratiquer librement leur culte. Il subsiste encore de nombreux cultes à des divinités diverses et
variées, rassemblant chacun de nombreux adeptes, et surtout le culte officiel aux statues de
l’Empereur est toujours obligatoire dans l’ensemble de l’Empire.
Jean est tout près de se décourager. Certes, il fait une confiance absolue au message de Jésus. Il
croit dur comme fer à sa résurrection d’entre les morts, et il l’annonce à qui veut l’entendre.
Chaque premier jour de la semaine, il invite les croyants à célébrer le repas commun en mémoire
de sa mort et de sa résurrection. Mais nombreux sont ceux qui, après un temps d’assentiment, ne
comprenant rien ni à la résurrection ni au repas pris en commun, quittent la communauté pour
retourner à leurs anciens cultes.
C’est pourquoi Jean décide de mettre son enseignement par écrit : " pour que vous croyiez que
Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu'en croyant vous ayez la vie en son nom" (Jean 20,31),
précisant, dès le premier chapitre "La lumière, la vraie, celle qui éclaire tout homme, venait dans le
monde. Il ( le Verbe) était dans le monde, et le monde par lui a été fait, et le monde ne l'a pas connu.
Il vint chez lui, et les siens ne l'ont pas reçu. Mais quant à tous ceux qui l'ont reçu, Il leur a donné le
pouvoir de devenir enfants de Dieu" (Jean 1 9-12).
A chaque chapitre de son évangile, à chaque histoire et discours rapportés, transparaît cette
espèce d'angoisse de Jean, et la distance entre ses propres convictions et les réactions de ceux qui
le quittent. Entre autres, à la fin de ce chapitre 6 : "Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu,
s'écrièrent : Ce qu'il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l'écouter !". A quoi Jean,
mettant ses paroles dans la bouche de Jésus, répond : "Les paroles que je vous ai dites sont esprit et