Diabetes Voice • volume 46 • novembre • numéro 3/2001 27
EDITORIALSOINS ET TRAITEMENT
La découverte de l'insuline
en 1921 par Banting et
Best a considérablement
prolongé la duré de vie de
millions de personnes atteintes du
diabète de type 1 (insulino-
dépendantes). Depuis
l'introduction de l'insuline, le
diabète de type 1 est passé du
statut de maladie mortelle à celui
de maladie chronique. Les
personnes atteintes du diabète de
type 2 ont également beaucoup
profité de la thérapie moderne à
base d'insuline. Cependant,
beaucoup de personnes croient
que l'insuline est uniquement
administrée dans le cas du diabète
de type 1. En réalité, le traitement
au moyen de cette substance
devient également nécessaire à un
certain stade du diabète de type 2
pour maintenir la glycémie à un
bon niveau et réduire les risques
de complications liées à la
condition.
Le diabète de type 2 est souvent
perçu comme une condition
bénigne ("un peu de sucre").
Cependant, les données de
mortalité et de morbidité pour ce
type de diabète nous indiquent le
contraire. Certains pensent que
l'insuline est uniquement
administrée lorsque le diabète
atteint le stade de maladie grave,
ce qui explique pourquoi certaines
personnes ont tendance à vouloir
retarder ce type de traitement.
Cette idée fausse est
particulièrement pertinente, étant
donné qu'un mauvais contrôle du
diabète (hyperglycémie) dans le
cas du diabète de type 2 ne
provoque pas systématiquement
l'apparition de symptômes graves
ou de douleurs. Les personnes
atteintes du diabète de type 2
tiennent parfois ce langage : "Je
me sens bien, pourquoi
commencer un traitement à
l'insuline ?" Certains mêmes vont
jusqu'à penser que les
complications des suites du
diabète sont dues à l'insuline. Si
l'inverse est certainement possible
en ce qui concerne les risques de
complications graves à long
terme, il faut avouer que l'insuline
peut tout de même entraîner des
complications sérieuses. Les
patients peuvent alors hésiter à
entamer ou à intensifier le
traitement à l'insuline.
La peur de grossir
Le premier effet secondaire et le
plus courant de l'insuline est la
prise de poids. Les personnes
obèses atteintes du diabète de
type 2 peuvent rechigner à suivre
un traitement à l'insuline.
Heureusement, la prise de poids
est en général peu importante, et
encore moins lorsque l'insuline est
combinée à la metformine, un
hypoglycémiant oral. De plus, le
traitement peut être accompagné
de conseils en matière de style de
vie, d'hygiène alimentaire et
d'exercices physiques.
La phobie des injections
De nombreuses personnes
atteintes de diabète ont au départ
une certaine appréhension des
injections qu'elles devront elles-
mêmes s'administrer. Cependant,
il leur faut relativement peu de
temps pour vaincre cette peur, et
les injections deviennent vite une
routine. Des études récentes ont
montré qu'environ 1 % des
personnes traitées à l'insuline
depuis longtemps ont toujours
peur des injections. Bon nombre
de ces personnes n'ont jamais fait
part de cette phobie à leur
médecin ou infirmier. Environ
5 % des personnes traitées à
l'insuline éprouvent fréquemment
une détresse émotionnelle et des
sentiments de dégoût lorsqu'elles
s'injectent cette substance. Pour
de nombreux patients, les
injections d'insuline sont le
symbole de leur maladie et de leur
dépendance médicamenteuse. La
répugnance de l'auto-injection
peut également être associée à la
crainte d'être stigmatisé, c.-à-d.
d'être associé à un malade, voire à
un 'drogué'.
La peur des crises
d'hypoglycémie
La crainte liée à l'hypoglycémie
peut aussi entraver le traitement à
l'insuline. Cette phobie peut être
source d'inquiétude dans le cas du
diabète de type 1 nécessitant un
traitement intensif, mais moins
fréquemment dans le cas du
diabète de type 2. L'hypoglycémie
fait peur à de nombreuses
personnes atteintes de diabète
nécessitant un traitement à
l'insuline pour des raisons très
variées. De plus, la 'légère crise
d'hypoglycémie' (que la personne
peut corriger elle-même) peut être
un phénomène très dérangeant
car il perturbe le fonctionnement
normal et peut provoquer un
sentiment de gène.
L'hypoglycémie grave, qui
correspond en général à un taux
de glycémie inférieur à
2,5 mmol/l (45,05 mg/dl), est
accompagnée de toute une série
d'effets cognitifs, émotionnels et
comportementaux profond
associés à la neuroglycopénie,
c.-à-d. un manque de glucose
dans le cerveau. Ce phénomène
peut entraîner un manque de
contrôle, un comportement
bizarre et le cas échéant, s'il n'est
pas traité, une perte de
conscience. Certaines personnes
craignent de causer du tort aux
autres lors d'une crise
d'hypoglycémie, par exemple
lorsqu'elles sont au travail ou au
volant de leur voiture.
L'hypoglycémie peut également
inquiéter les proches, en
particulier lorsque la personne
n'est pas tout à fait au courant des
symptômes classiques de ce
phénomène, notamment, un
cœur qui bat la chamade ou une
sueur abondante. Les partenaires
et les membres de la famille, tous
les proches qui ne connaissent pas
suffisamment le phénomène
d'hypoglycémie développent un
comportement particulièrement
protecteur qui peut être à l'origine
de conflits interpersonnels graves.
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