Emmanuelle ROZIER Cours Terminales / Le sujet
COURS TERMINALES
Linconscient
PROBLEMATIQUE PRINCIPALE
Le concept d’inconscient permet de penser qu’il existe une forme de logique qui échappe à
notre conscience et pourtant parle de nous.
Question : comment pourrais-je éprouver quelque chose d’aussi intime que des sentiments
sans le savoir alors que l’éprouvé semble bien se définir par le fait qu’il est éprouvé,
autrement dit conscient ?
PLAN DU COURS
I De l’inconscience à l’inconscient ou la nécessité d’un concept spécifique
1) Ce que permet d’expliquer l’inconscience
2) Ce que nous apprend l’inconscient
II Ce que la théorie de Freud altère dans la représentation du sujet
1) L’unité du sujet remise en cause
2) Remise en cause de la liberté, de la responsabilité
III La critique philosophique et les alternatives qu’elle propose à la notion d’inconscient
1) Alain : le mécanisme
2) La théorie sartrienne de la mauvaise foi
AUTEURS ABORDÉS
Aristote, Freud, Sartre, Alain, Descartes.
REPÈRES
Médiat/immédiat - Objectif/subjectif
FICHE DÉFINITION
INCONSCIENT
1) Qui n’a pas de conscience, par exemple la matière. Irréfléchi, ou qui n’entre pas dans le
champ de la conscience.
2) Concept fondateur de la psychanalyse dont Freud a construit deux interprétations
successives :
a- 1ère topique : instance de la vie psychique qui s’oppose au préconscient et au conscient ;
constitué à partir du refoulement de certaines représentations
b- 2eme topique : 3 nouvelles instances sont proposées par Freud pour décrire l’appareil
psychique
- le ça (énergie pulsionnelle)
- le moi
- le surmoi (intériorisation des interdits)
Pour Lacan « le discours de l’autre », l’ordre symbolique auquel l’individu accède dès sa
naissance par le langage.
Popper : modèle du concept flou auquel on peut faire dire n’importe quoi et qui ne peut être
falsifié : qui ne peut être testé par l’expérience.
PHILOSOPHIE
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INTRODUCTION
La notion d’inconscient est très à part dans notre liste. Elle propose de penser un concept
qui vient d’ailleurs que de la philosophie, qui vient de la psychanalyse.
De plus, l’inconscient est un concept qui fonctionne comme une objection à la philosophie
puisqu’il met à mal le pouvoir de la conscience ; conscience si fondamentale pour définir
l’homme et le penser capable de philosophie.
Nous allons essayer de voir l’originalité de ce concept, spécifiquement chez Freud qui l’a
exploité à fond pour inventer la psychanalyse.
Mais il faut noter qu’il est présent aussi chez :
- Leibniz : ce qu’il appelle les petites perceptions, disant qu’elles doivent bien être
pour qu’on perçoive la vague, mais qu’on ne peut percevoir chaque goutte d’eau qui la forme
- Nietzsche : qui critique la conscience chez Descartes, disant que nous choisissons
moins qu’il ne nous laisse le croire et qu’agissent en nous des forces que nous ne maîtrisons
pas, Manuel, p.32.
L’idée qu’existe une zone de sens qui nous échappe, était apparue à d’autres
philosophes, mais seul Freud a développé systématiquement ce concept
- non seulement théoriquement
- mais aussi en déduisant une cure par la parole
Freud étant un rationaliste, il a voulu démontrer son hypothèse et aussi montrer qu’elle
permettait de soigner des malades au départ incompris par la psychiatrie de l’époque.
Des cas spécifiques de malade vont inviter Freud à forger ce concept : les hystériques. Ce
sont des malades, qui ont des symptômes inexplicables par les outils de ladecine
classique. Freud disait « la maladie se comporte comme si elle ignorait l’anatomie »,
autrement dit, la maladie n’est pas explicable par la physiologie, le fonctionnement du corps
humain. Elle veut donc dire autre chose qu’elle-même.
ex. paralysie de la jambe à partir du genou sans conséquence pour la hanche
cécité sans cause organique liée à l’œil ou au système nerveux
Freud forge alors le concept d’inconscient comme zone de sens qui se manifeste et met
en défaut notre conscience. Et en forgeant ce concept, il parvient à soigner des malades.
Pourquoi la notion plus commune, mieux connue d’inconscience, comme privation de cs ne
suffisait-elle pas ? C’est ce que nous allons essayer de comprendre dans un 1er temps.
Distinction claire
- Inconscient/inconscience
- Inconscient
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I DE LINCONSCIENCE A LINCONSCIENT, NECESSITE DUN CONCEPT NOUVEAU
1) CE QUE PERMET DEXPLIQUER LINCONSCIENCE
Etonnons-nous de l’usage du mot. Pourquoi utiliser ce substantif l’inconscient plutôt que
le terme d’inconscience ? Quand suis-je inconscient ?
TROUVER DES EXEMPLES
Dans tous ces exemples, l’inconscience apparaît comme une faute, une privation des
pleins pouvoirs de la conscience, une entorse à la souveraineté de la conscience. On a :
* des cas nous sommes en deçà de la conscience : dans le corps, dans ses
automatismes, le corps, par dressage prend le relais de la conscience ; dans une pratique
sportive par exemple, à faire de s’exercer plus besoin d’y penser, ex. de la conduite.
Documentaire + questions
* des cas où nous sommes au-delà : on parlera alors de surconscience
- expérience mystique : dépasser l’état normal de la conscience et vivre la communauté avec
dieu, ou le nirvana
- expérience esthétique : rapport à la beauté d’une œuvre, d’une forme
Ex. du surréalisme, autour de Breton qui ont tenté de mettre hors jeu la conscience, par
l’écriture automatique, le cadavre exquis, les productions collectives.
- expériences limites : être au seuil de la mort, au bord de l’inconscience absolue et radicale.
Mais pour expliquer tous ces phénomènes, nul besoin encore d’inconscient. Voyons ce que
ce concept va apporter de spécifique.
2) CE QUE NOUS APPREND DE SPECIFIQUE LINCONSCIENT
Pour Freud, médecin Viennois du XIXe siècle, une bonne part du psychisme serait
inconsciente : hypothèse qui avait pour fonction d'expliquer des manifestations humaines
qui, sans cela (dans le simple cadre de la théorie classique et cartésienne du psychisme)
demeuraient inexpliquées.
* Ce sont les actes manqués, lapsus, rêves, etc.
* Freud connaissait également bien ses patients et il voyait, que contrairement à une idée
reçue ils n'étaient pas des malades mentaux abîmés, mais bien des personnes avec une vie
psychique riche et des conditions de vie non spécifiquement traumatisantes (bourgeoisie
viennoise).
* L'explication psychiatrique alors en vogue, mécaniste et physiologique de la « tare »
héréditaire ou accidentelle, ne tenait plus. Il chercha alors le sens du symptôme névrotique.
Il s'attache donc à tout ce qui est involontaire dans nos actes en pensant que s'y cache une
partie importante de nous-mêmes.
* L'inconscient est donc psychique quand chez Descartes il était corporel puisque la matière
(substance étendue) ne pense pas.
* La psychanalyse va devenir la théorie des conflits intra-psychiques. Freud fit dont
l'hypothèse que toutes les manifestations involontaires seraient le résultat de conflits entre
forces psychiques : notamment entre la libido et le moi, entre les désirs secrets et les
passions cachées et l'image que l'on veut avoir de soi, etc.
* La pathologie, avec Freud, se rapproche de la normalité, c'est aussi que se situe la
révolution que représente la théorie freudienne de l'inconscient. Nous sommes tous névrosés
avec Freud puisque tous lieu de conflits, de joutes entre des forces antagonistes.
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* Sa pensée se déploie en topiques (du grec topos = lieu) : autant d'analyse de lieux de
notre psychismes, elles ne sont pas de vrais localisations en nous,mais des images pour
comprendre les mécanismes de notre psychisme.
LA PREMIERE TOPIQUE : LE CONSCIENT , LE PRECONSCIENT, L'INCONSCIENT
a) énonciation de la 1ere topique en 1900
Présentée dans l'
Interprétation des rêves
en 1900 chapitre VII. Il distingue alors deux sortes
d'oubli très différents :
- des réalités qui ne sont pas présentes à l'esprit, mais qui sont disponibles si la situation fait
appelle à elles = le lieu de stockage de ces réalités s'appelle le préconscient.
- des oublis qui sont le résultat d'un refoulement : informations entravées, censurées, qui
sont murées par une force de résistance = leur lieu est l'inconscient. On n'y accède pas
comme on le désire.
b) les actes manqués, les lapsus, oublis et pertes et leur nouveau sens
Tout acte manqué dira Freud est en fait réussi puisque nous cherchions à cacher quelque
chose que nous aurions aimé dire, du moins que nous pensions, mais il a surgi de lui-même.
c) les rêves dévoilés
Le rêve est alors réduit à une manifestation à la fois insensée et insignifiante de la
conscience diurne, à un résidu absurde par les savants de l'époque. Freud n'attribue aux
rêves aucun sens mystique, mais il leur donne une signification incontestable : ils sont les
gardiens du sommeil. Il a pour fonction de satisfaire symboliquement les pulsions refoulées,
il est une soupape de sécurité.
Il distingue deux types de contenu du reve :
- le contenu manifeste : ce dont nous nous rappelons au réveil
- le contenu latent, lui-même refoulé, et inaccessibles à moins de le rechercher par la
psychanalyse. (Le travail de la psychanalyse défait le rêve, du contenu manifeste au contenu
latent).
Freud distingue encore trois forme de travail du rêve :
le déplacement : les éléments les plus importants du contenu latent sont représentés par des
détails mineurs, d'où l'importance qu'accordait Freud aux détails dans les rêves comme
signes de refoulés devenus inconscients.
La condensation : concentrer en un même personnage du rêve des forme set des ressentis
séparés dans la réalité diurne et rationnelle
la symbolique : des rêves telle qu'elle est révélée par Freud est évidement essentiellement
sexuelle.
d) la névrose et les symptômes névrotiques expliqués par un conflit intra-psychique
La thérapie freudienne au départ est essentiellement une thérapie des névroses, et plus
particulièrement des névroses de transfert, à savoir l'hystérie et la névrose obsessionnelles.
Le névrosé pour Freud est l'objet de troubles affectifs et émotionnels, d'angoisses, de
phobies, d'obsessions, de formes de somatisations, qui n'altèrent pas cependant
(contrairement à la psychose) l'intégrité de ses fonctions psychiques; il demeure un être
intégré socialement et rationnel. Il est même conscient de son comportement et de ses
perturbations mais est incapable de les faire cesser.
Il existe différentes sortes de névroses :
L'hystérie : la première forme qui intéresse Freud, traduction symbolique dans le corps du
conflit intérieur et du refoulement, le patient peut être malade, paralysé, aveugle alors
même que les organes sont intacts.
Les obsessions et manies : névroses de contraintes comme déplacement du conflit sur
des actes ou des pensées ou attitudes insignifiantes ou contradictoires. L'extrême
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méticulosité pour la propreté pouvant cacher une attirance démesurée pour le sale, l'anal,
etc.
Les phobies: peur panique de tel ou tel objet, animal, lieu, situation.
D'où viennent les névroses? Affaiblissement ou atteinte plus ou moins grave du moi, le
symptôme manifeste le débordement d'un moi affaibli. La névrose permet d'éviter le passage
à l'acte. Cette adaptation est coûteuse car la névrose est elle-même une souffrance,
l'individu ne comprenant pas son comportement et ne pouvant pas s'arrêter. La volonté en
ce cas ne sert à rien.
LA DEUXIEME TOPIQUE : DESCRIPTION ELABOREE ET FINALE DU PSYCHISME
Dans cette 2e topique à partir de 1920, Freud complexifie le moi, et sort d'une conception
de celui-ci en conscient/préconscient. Il propose de comprendre le psychisme autour des
formations psychiques suivantes :
- le moi
- le surmoi et l'idéal du moi
- le ça.
Le ça est l'instance psychique la plus primitive; elle apparaît des la naissance c'est le
réservoir pulsionnel. Le moi ne sera d'ailleurs qu'un morceau du ça règne en maître le
principe du plaisir. Pour se former, le moi passe par une prise de contact avec la réalité et
une intégration progressive du principe de réalité. Mais il se construit aussi à partir des
modèles identificatoires que représentent parents ou personnes essentielles dans la petite
enfance.
Le surmoi est l'intériorisation des règles et interdits parentaux tandis que l'idéal du moi est
ce que nous sommes invités dès la petite enfance à devenir. Surmoi et idéal du moi ont une
fonction essentielle de socialisation. Le surmoi est l'origine de la moralité et a bien des
égards tient lieu de moralité.
Ce qui a motivé cette nouvelle topique, c'est la prise de conscience par Freud de l'importance
des diverses identifications essentielles dans la constitution de la personne.
UN LANGAGE SOUS-JACENT
Freud va désigner l’inconscient comme ce qui donne sens à des actes ou paroles de la
personne et leur donnent sens. L’inconscient apparaît bien pour lui comme une objection à
une conception du « tout est conscient ». Il ruine l’association conscience/sens.
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