Sublime Aréopage N° 700

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A la Gloire du Grand Architecte de l’Univers
Deus Meumque Jus
Rite Ecossais Ancien et Accepté
Ordo Ab Chao
Au Nom et Sous les Auspices du Suprême Conseil de France
Liberté – Egalité - Fraternité
« Telo Martius »
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Sublime Aréopage N° 700
Camp de Toulon
« Connaître-Aimer-Agir »
« Le 28° degré »
TEC et vous tous mes FF CKH
On ne saurait trop insister sur l’importance du 28° degré dans la hiérarchie
écossaise, bien qu’il soit impossible de déterminer l’époque exacte où il fut introduit. Il apparaît
au milieu du 18° siècle dans la Mère Loge Ecossaise de Marseille, fondée vers 1750. Le grade de
Chevalier du Soleil y forme le 18° et suprême degré du système : il y représente donc le dernier
mot du secret initiatique. Il y avait alors, sur cette vieille terre provençale toute imprégnée de
traditions hermétiques et cabalistiques, un afflux d’idées mystiques qui ne tardèrent pas à
pénétrer dans notre Ordre sous la forme d’un double courant, plus théosophique avec Martinez
de Pascallis, plus hermétique avec Dom Pernety.
Le Chevalier du Soleil est attesté en 1751 dans une lettre du F Jacques Blancard,
secrétaire de la loge écossaise La parfaite union de St Pierre de la Martinique, à La Parfaite loge
d’écosse de Bordeaux. Le F Dupin, grand maître de cette dernière en 1752 indique dans une
lettre de 1754 que c’est un degré qu’ils ont reçu du F Papillon de Fontpertuis venant de Paris,
en même temps que celui de Chevalier d’Orient. En combinant cette lettre avec celle de mai
1750 du F Petit de Boulard, on comprend que le grade de Chevalier du Soleil est arrivé de
Paris à Bordeaux en mai 1750, donc avant la création de Saint Jean d’écosse à Marseille. Les
sept grades de la mère loge écossaise de Marseille ne comprennent pas le Chevalier du Soleil à
son origine. En revanche, c’est l’un des degrés du Rite écossais philosophique décrit par Thory
comme étant celui de la mère loge écossaise d’Avignon Saint Jean d’écosse de la vertu
persécutée et de la loge Saint Jean d’écosse du contrat social à Paris.
De là les rites variés que, jusqu’aux approches de la Révolution, nous voyons dans le
Midi de la France se superposer aux trois grades symboliques et même aux premiers degrés de
l’Ecossisme originaire : les Elus Coens, les Illuminés d’Avignon, les Illuminés théosophes, les
Illuminés du Zodiaque, l’Académie de Montpellier, le Rite Ecossais philosophique et le Rite
Ecossais primitif. Le Rite de Perfection attribue au Chevalier du Soleil le 23° degré et c’est
vraisemblablement là que les fondateurs du Rite Ecossais Ancien et Accepté le puisèrent, en
1786, pour en faire le 28° degré de notre système.
D’après le rituel actuel, la plupart des auteurs qualifiés considèrent le Chevalier du Soleil
comme suprême degré de philosophie du Rite, non pas comme une invention moderne, mais
comme la survivance de degré supérieur des initiations anciennes. Certains même en parlent
comme d’un syncrétisme parfait de la théosophie, du gnosticisme, de la magie, de l’astrologie et
de la chimie des hermétistes ; un syncrétisme qui constitue à la fois une religion, une philosophie
et une science (Ramsay serait heureux de le savoir !). Le but de ce degré est de dégager le sujet
des liens et de l’aveuglement de l’erreur, afin qu’il parvienne à conquérir la Vérité.
Les travaux débutent lorsqu’il est minuit pour les profanes, alors que le soleil est au
zénith pour les Chevaliers. Lors de la cérémonie d’initiation au 30° degré, on reçoit dans le
Conseil les CR+C alors que 12 degrés restent encore à parcourir pour arriver à la
connaissance complète de la doctrine de l’Ordre… A l’instar de l’initiation au 18° degré, il est
rappelé tous les degrés antérieurs. Je cite : « Souvenez-vous que, par l'initiation rituelle, nous ne
pouvons que vous guider vers des notions dont l'approfondissement et le développement sont
laissés aux soins de votre esprit », …. « C'est dans votre Loge symbolique, image de l'Univers,
centre du Monde et figure du Temple de Salomon, que vous avez, mes Frères, reçu la pure
Lumière de la Franc-maçonnerie et découvert les bases de son enseignement traditionnel », nous
dit le rituel.
Apprentis, nous avons appris à mettre en pratique le premier devoir de l'initié : dégrossir
en lui la pierre brute et se taire.
Compagnons, nous avons commencé à nous réaliser en mettant en pratique le deuxième
devoir de l'initié : le Travail.
Maîtres, la légende d'Hiram nous a enseigné que la vie et la mort sont indissolublement
liées et nous a mis en garde contre les mauvais Compagnons.
Maîtres Secrets, nous sommes passés de l'Équerre au Compas. Admis au rang des
Lévites, nous sommes parvenus devant le Saint des Saints.
Nous avons médité en silence sur le devoir et reçu la clef qui nous a permis
d'entreprendre la Quête de la Parole perdue. Nous avions, avec le plus sage des Rois, versé des
larmes sur le tombeau de notre Maître Hiram; mais son meurtre restait impuni. Nous fûmes des
neuf Maîtres élus par Salomon pour le venger. Dans la caverne où il se terrait, nous avons
découvert le traître, symbole des vices qui corrompent notre âme et nous l'avons exécuté sans
faiblesse.
Salomon récompensa notre courage en nous armant Chevaliers ; puis nous fûmes reçus
Grands Maîtres Architectes afin de poursuivre l’embellissement du Temple.
Enfin, notre patiente progression dans les substructures de l'Ancien Temple, nous a
permis de découvrir le Triangle d'or scellé sur la pierre d'agate, de l'apporter au Roi Salomon
qui, en récompense de notre zèle et de votre constance, nous créa Chevaliers de Royal-Arche.
Puis, ayant atteint la plénitude de la Perfection, ayant fait alliance avec la vérité et les
hommes vertueux, nous sommes devenus Grands Élus, Parfaits et Sublimes Maçons.
Quand le progrès de nos connaissances et de notre réflexion nous en eut fait juger
dignes, nous avons obtenu la Liberté de passer le fleuve symbolique, pour être armés Chevaliers
d'Orient et de l'Épée et travailler à la Reconstruction du Temple. Cette tâche menée à bien, nous
avons reçu le titre de Prince de Jérusalem. Le grade de Chevalier d'Orient et d'Occident nous a
donné un premier aperçu des symboles de l'Apocalypse. Ainsi préparés, nous avons été initiés
au 18e degré. Ce grade capital (clef de voûte) de l'Écossisme nous invite à édifier en nousmêmes un Temple spirituel. Il rappelle et renouvelle l'esprit de l'ancienne Chevalerie, le don de
soi, poussé parfois jusqu'au suprême sacrifice.
Chevaliers Rose-Croix, nous avons retrouvé la Parole perdue. Du plan de l'intelligence,
nous avons accédé à celui de la Foi, de la Charité et de l'Espérance. Déjà éclairés par la
connaissance et la réflexion, guidés et soutenus maintenant par ces trois vertus majeures, nous
brûlons de mettre en œuvre, dans l'action, les puissances dont elles sont grosses.
« Mes Frères Chevaliers Rose-Croix, nous dit le Rituel, puisque par votre travail dans
l'Art Royal vous êtes parvenus au point de désirer connaître la Vérité, il faut vous la montrer
toute nue, c'est-à-dire à découvert. Consultez-vous dans cet instant. Voyez si vous sentez en
vous assez de force pour lui obéir en tout ce qu'elle vous commandera. S'il en est ainsi, c'est
qu'elle est déjà dans votre cœur. Mais gardez-vous de souiller son sanctuaire par simple esprit
de curiosité, de grossir le nombre des profanes qui l'ont obligée à se cacher et à ne plus
paraître sur terre que sous un voile épais.
Elle n'a pourtant jamais refusé de dévoiler ses secrets à ceux qui ont su se pénétrer de
l'enseignement des Sages : demeurer fermement attachés à leurs devoirs, user avec modération
de la force des passions nobles et des délices de cette vie, se dépouiller des métaux qui nous
alourdissent, se dégager des ténèbres de l'ignorance et de la superstition, pour tourner leurs
regards vers la Lumière du Soleil qui éclaire et féconde le Monde.
Le tableau de Loge du 28° degré est éloquent :
Le Soleil représente l'unité de l'Être Suprême et le triangle qui l'entoure l'immensité de
cet Être Suprême.
Les trois « S » se lisent: Stellato – Sedet - Solio ; ils signifient aussi que seules la Science
et la Sagesse rendent l'homme Saint.
Les trois chandeliers représentent les trois âges de la vie humaine, ou la triple Lumière
qui doit nous éclairer pour sortir des Ténèbres et connaître la Vérité.
La devise « LUX EX TENEBRIS » signifie que l'homme éclairé par la Raison pénètre
aisément l'obscurité et l'ignorance de la superstition.
Les quatre triangles représentent les quatre éléments, ou les quatre devoirs de la vie
tranquille:
- pratiquer l'amour fraternel envers tous;
- douter des choses qu'on ne peut démontrer et qui ne sont connues que sous le nom de
mystères;
- ne pas faire à son prochain ce que nous ne voudrions pas qu'il nous fût fait;
- attendre avec confiance le moment où nous passerons dans l'autre vie.
Les sept planètes représentent les sept couleurs qui apparaissent pendant l'élaboration de
l'Œuvre des Philosophes, ou les passions de la vie qui sont utiles à l'homme quand il sait en user
avec modération et dangereuses lorsqu'il s'y abandonne.
Les sept Keroubim représentent les sept planètes, ou les délices de cette vie qui sont la
vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher, le repos et la santé.
La Colombe représente l'esprit universel qui donne la vie à tout être.
Le Temple représente notre corps que nous devons avoir grand soin de conserver.
La figure humaine qui est à l'entrée, portant un agneau, signifie que nous devons veiller à
nos besoins, comme un berger veille sur son troupeau.
Le globe terrestre figure la Nature, ou le monde que nous habitons. Le fleuve qui le
traverse symbolise l'utilité des passions nécessaires à l'homme pendant le cours de la vie,
comme les eaux sont utiles à la terre pour la faire fructifier.
La Croix entourée de deux serpents figure la prudence que nous devons avoir. Enfin, le
mot de passe, STIBIUM, ou antimoine, désigne la materia prima des Anciens d'où l'on tire
l'Alkaès, ou l'Œuvre des Philosophes.
La doctrine de ce grade est contenue dans l’énoncé des sept vérités gnostiques :
- 1. Il existe un principe premier, impensable, inconnaissable, impénétrable, pénétrant l'Univers
dans tous ses plans.
- 2. La vie humaine n'est qu'un point dans l'éternité.
- 3. L’harmonie universelle résulte de la complémentarité des contraires.
- 4. L’absolu est l'esprit existant par lui-même.
- 5. Le visible n'est que la manifestation de l'invisible.
- 6. Le mal, le malheur et la misère sont inséparables de la condition humaine.
- 7. L’analogie est l'unique clé de la nature.
Vous l'avez constaté, les rites propres au grade de la Vérité sont simples comme la Vérité
elle-même !
S’il n’y a pas d’âge ni de marche particulière au 28° degré, le symbole du grade est un
soleil inscrit dans un triangle, lui-même inscrit dans un cercle.
La demande du signe de reconnaissance se fait en portant la main droite en équerre sur le
cœur; en réponse, on montre le ciel de l'index droit. Le Frère Vérité et l'un des Keroubim en
exécutent les mouvements. L’attouchement se fait en prenant dans ses mains les mains de l'autre
et en les pressant doucement.
Vous connaissez déjà le mot de passe : STIBIUM.
Le mot sacré est ADONAÏ; la réponse, GADOL, ce qui signifie : Dieu est grand.
La batterie est de six coups égaux.
Enfin, les questions d'ordre sont :
D. - Etes-vous Chevalier du Soleil?
R. - J'ai gravi les sept marches et les principaux degrés de la Maçonnerie?
D. - D'où venez-vous?
R. - Du Centre des Ténèbres.
D. - Comment avez-vous pu en sortir?
R. - Par la réflexion et l'étude de la Nature.
Ainsi le 28° degré est donc un degré qui réunit en quelque sorte science, philosophie et
religion. Suprême degré philosophique du Rite, il est la survivance de certaines initiations
anciennes et marque l’ascension de l’homme, dépouillé de tout ce qui l’alourdissait, vers la
réintégration de son essence originelle.
Aussi rassemble t-il tous les acquis symboliques des degrés antérieurs ; il synthétise les
leçons reçues afin que le Chevalier du Soleil sache ultérieurement agir avec pertinence et
efficacité selon le Plan. Puisque par notre travail dans l’Art Royal nous sommes parvenus au
point de désirer connaître la Vérité, il nous faut la découvrir à nu et lui obéir en ce qu’elle nous
commandera : Demeurer attaché aux devoirs, se dépouiller des métaux, user avec modération de
la force des nobles passions et se dégager des ténèbres de l’ignorance et de la superstition pour
tourner nos regards vers la Lumière du Soleil qui éclaire et féconde le Monde… Aussi, pour agir,
en nous référant à l’antique et vénérable Tradition, nous ne travaillerons que pour obtenir
l’harmonie, la paix et le Bien. Nous oeuvrerons, à l’instar des constructeurs des édifices sacrés, à
la fois dans l’intemporel et dans le contingent car désormais la raison et le cœur commanderont
notre main.
Mes TCF Chevaliers,
TEC J’ai dit.
Bruno Phelebon-Griolet, Avril 2008
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