le touche certes à l’intime, mais le pousse à l’apostolat, sur tous les
chemins de l’empire romain. C’est là la dynamique enracinée de tous
les récits d’apparition du ressuscité. Les femmes au tombeau
« rapportèrent tout cela aux onze et à tous les autres. »
; les disciples
d’Emmaüs s’en vont dire aux onze et à leurs compagnons : « C’est
bien vrai ! Le seigneur est ressuscité »
; Marie de Magdala « vient
annoncer aux disciples qu’elle a vu le seigneur et ce qu’il lui a dit »
; et
le dernier récit d’apparition chez Matthieu conduit à l’appel du Christ
« Allez donc, de toutes les nations faites des disciples. »
. Et les Actes,
après le récit de la vocation de Paul précisent : « Il passa quelques
jours avec les disciples de Damas, et aussitôt il se mit à prêcher Jésus
dans les synagogues, proclamant qu’il est le Fils de Dieu. »
La rencontre du ressuscité convoque donc à parler, à annoncer. Le
disciple ne peut garder cette expérience fondatrice pour lui. L’annonce
n’a rien d’un prosélytisme indiscret, ne cherche pas la contrainte et
l’obligation, mais veut rayonner de cette rencontre inouïe, de cette
béatitude éprouvée. L’annonce s’inscrit alors dans la dynamique de la
charité.
Aînés, nous avons à réentendre constamment cet appel lancé à
Caïn : « Qu’as-tu fait de ton frère ? »
. Dans la sollicitude que nous
avons à déployer au regard des attentes de ceux qui nous sont confiés,
les enfants et les jeunes, de ceux avec qui nous faisons communauté
éducative, il nous faut être particulièrement attentifs aux attentes
spirituelles et religieuses. Il est une dimension religieuse à toutes les
quêtes humaines, même s’il faut en discerner les manifestations
multiformes et paradoxales. Nous sommes un peu dans la situation de
Paul à Athènes. « Athéniens, à tous égards vous êtes, je le vois, les
plus religieux des hommes. Parcourant en effet votre ville et
considérant vos monuments sacrés, j’ai trouvé jusqu’à un autel avec
l’inscription : « Au dieu inconnu. » Et bien ! ce que vous adorez sans le
connaître, je viens, moi, vous l’annoncer. »
L’échec de la prédication
de Paul à Athènes ne doit pas nous déconcerter ou nous décourager.
Ce qui importe, c’est l’audace de l’annonce, et non l’assurance d’une
réception immédiate.
Méditons le geste large du semeur de l’Evangile qui n’hésite pas à
répandre la semence abondamment, certes, sur la terre préparée, mais
aussi dans les ronces ou les cailloux. C’est l’ampleur du geste du
semeur qu’il faut contempler, avant l’abondance de la moisson, même
s’il faut bien entendu l’espérer.
La foi s’est naguère diffusée quasi spontanément dans l’héritage
partagé communément en famille et dans les communautés
paroissiales. Les aînés ont toujours eu un rôle, mais la transmission
se faisait avec une large part d’implicite et il revenait alors aux
Evangile selon Saint Luc, 24, 9
Evangile selon Saint Luc, 24, 34
Evangile selon saint Jean, 20, 18
Evangile selon Saint Matthieu, 28, 19
Actes de Apôtres, 9, 19-20
Livre de la Genèse, 4, 9
Actes des Apôtres, 17, 22-23