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LUNDI
Paul Adamsberg flic expérimenté mais un peu désabusé Claude
Julie Lonneur fliquette qui en veut Alice
René Mamadiou flic, de couleur, chef de poste Bruno
Robert Lacloche clodo philosophe Bernard
Alfred Durand-Martin ministre Vincent
Stéphanie Dubarreau avocate Noémie
Accueil commissariat « bar » haut sur la droite cellule sur la gauche devant une table et
trois chaises.
Entre Claude, avec un gobelet de café qu’il pose sur le « bar » et remue en pensant à autre
chose. Soupir.
Claude
Tranquille ce matin.
C’est bien.
Faut commencer la semaine en douceur.
Goûte son café du bout des lèvres trop chaud !
Ben, la machine à café fait du zèle aujourd’hui. Pas comme moi !
Ouvre le classeur.
Bon, la main-courante de la nuit… calme plat, rien à signaler. Parfait.
Recommence à brasser son café. Soupir.
Par la salle, entre Alice traînant Bernard aviné juste ce qu’il faut !
Alice
Allez, allez, on avance !
Bernard
Tranquille ! Faut pas pousser. J’ai tout vu, moi. Tout est vanité.
Alice
Veux pas le savoir. Vagabondage. Ivresse sur la voie publique.
Bernard
J’suis pas ivre. Juste bien. Sage, quoi. C’est ça, je suis le sage ! Ou alors l’insensé ! Le fou !
Ils arrivent sur la scène.
Claude
Salut, Lacloche !
Alice (qui croit que c’est elle qu’on traite de cloche)
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Merci bien !
Bernard
Monsieur Lacloche, s’il-te-plaît !
Alice (à Bruno)
Pourquoi tu le traites de cloche ? Faut pas insulter les prévenus !
Claude
T’as raison, ma petite…
Alice
Je ne suis pas ta petite !
Bernard
Pourtant, vous n’êtes pas très grande… J’ai vu, sous le soleil
Claude (le coupe)
C’est son nom. Lacloche. Robert Lacloche.
Alice
Tu connais ce Monsieur ?!
Claude
On voit bien que tu es nouvelle dans ce commissariat, si tu ne le connais pas encore. C’est le
plus fidèle locataire de notre cellule de dégrisement.
Bernard
Faut ce qu’il faut, si on veut se mettre à l’abri avec trois repas par jour, non ? Tout est vanité.
Alice
Je me suis fait avoir, alors ?
Claude
Pas grave. Mets-le en cellule. Il l’a bien mérité s’il t’a fait marcher…
Alice met Bernard dans la cellule.
Alice
Il faut quand même que je fasse un rapport.
Claude
Si tu y tiens…
Bernard
Qui augmente le savoir, augmente la douleur…
Alice
Et que savez-vous ?
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Bernard
J’ai résolu de traîner ma chair dans le vin tout en conduisant…
Alice
Ah ! Ivresse au volant !
Claude
Laisse tomber. C’est de la philosophie. Et de toute façon, il n’a même pas le permis de
conduire.
Alice
De la philosophie !? Moi, je suis sûre qu’il sait quelque chose.
Bernard
Je sais… qu’il est bon pour les fils d’Adam de faire sous le ciel…
Alice
C’est dégoûtant !
Entre Bruno avec un dossier qui lui servira pour interroger le ministre ensuite.
Bruno (je n’écris pas l’accent !)
Bonjour tout le monde !
Alors, les enfants, ça va ?
Claude
Ça va, ça va…
Bernard (depuis là, en général, personne ne l’écoute ni ne le regarde)
En beaucoup de sagesse, il y a beaucoup d’affliction…
Bruno
Du spécial cette nuit, ce matin ?
Claude
Non, non, rien à signaler.
Alice
Quand même !
Bruno
Quoi donc ?
Claude
Rien.
Bernard
Vanité des vanités…
Alice
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Ce Monsieur, là.
Bruno
Ah, bonjour Monsieur Lacloche.
Bernard
Bonjour, chef !
Bruno
Et l’histoire des vols de sacs à main ?
Alice
Euh…
Bruno
Donc, rien de spécial. Parfait, parfait.
Parce que j’ai eu le préfet au téléphone, on attend un gros poisson. D’un instant à l’autre.
Alice (au taquet)
Ah oui ? Ah bon ! De quoi s’agit-il ?
Bruno
Du calme, du doigté.
Bernard
Je connais la sagesse, et aussi la folie et la sottise !
Bruno
C’est nous qui allons interroger Durand-Martin.
Claude
Alfred Durand-Martin ?
Alice
Le ministre ?
Bruno
C’est ça.
Alice
Celui de la grosse baraque, en haut de la colline ?
Bruno
Oui. C’est cette grande histoire de transparence : tous les ministres doivent être entendus dans
leur commissariat de quartier. Et Durand-Martin dépend de notre poste.
Alice
Ouah ! Faut qu’il se mette à table, alors ?!
Bernard
5
A table, mange avec joie ton pain… Ah non ! Ça, c’est pour demain !
Bruno
En quelque sorte… Mais, le voilà !
Par la salle, entrent Vincent (Durand-Martin) et son avocate (Noémie)
Noémie
Je vous le rappelle : familier, mais pas trop. À l’aise.
Vincent
Je sais, je sais.
Noémie
Qu’on ait vraiment l’impression que vous n’avez rien à cacher.
Vincent
Mais je n’ai rien à cacher !
Noémie
Evidemment, évidemment.
Ils arrivent sur scène.
Bruno
Bonjour, monsieur le ministre !
Vincent
Bonjour, mon brave ! (Bruno tique, mais se contient)
Mademoiselle Stéphanie Dubarreau, mon avocate.
Noémie (en fait trop, pour rattraper…)
Bonjour, M. le commissaire.
Bruno
Adjudant.
Mais prenez place.
S’assied à la table, de même que le ministre et son avocate. Alice et Claude restent derrière le
« bar » - l’un des deux sort une machine à écrire (j’en ai) ou un ordi (j’en ai aussi !) et prend
le pv.
Bruno
Bien, bien, bien. Voyons le protocole d’interrogatoire.
Nom, prénom, situation ?
Vincent
Durand-Martin, Alfred, ministre.
Bruno
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