L’œuvre de Philippe II de Macédoine évoquée par son fils Arrien, Anabase VII, 9 « Le discours que je vais vous adresser, Macédoniens, ne vise pas à tuer en vous le désir ardent de regagner vos foyers (en ce qui me concerne, en effet, il vous est loisible de vous en aller où bon vous semble) mais à vous faire prendre conscience, au moment de partir, ce que vous êtes et de qui, en notre personne, vous prenez congé. Je parlerai d’abord, comme c’est naturel, de Philippe, mon père. Philippe donc, vous ayant trouvés errants, indigents, la plupart vêtus de peaux de bêtes, et faisant paître sur les pentes des montagnes de maigres troupeaux pour lesquels vous livriez aux Illyriens et aux Thraces frontaliers des combats malheureux, Philippe, dis-je, vous a donné des chlamydes à porter, à la place de vos peaux de bêtes, vous a fait descendre des montagnes dans les plaines, et vous a rendus capables de combattre avec succès contre les barbares du voisinage, au point qu’aujourd’hui, pour votre sécurité vous vous fiez moins à la position forte de vos bourgs qu’à votre propre courage ; il a fait de vous des habitants des cités, vous permettant de vivre dans l’ordre, grâce à de bonnes lois et à de bonnes coutumes. Pour ce qui est de ces Barbares qui auparavant vous razziaient, vous et vos biens, il vous a rendus maîtres, d’esclaves et de sujets que vous étiez ; il a ajouté à la Macédoine la plus grande partie de la Thrace et, s’étant emparé des villes côtières les plus favorables, il a ouvert le commerce à votre pays et permis d’exploiter les mines en toute sécurité. Il a fait de vous les maîtres de ces Thessaliens devant lesquels, autrefois vous étiez morts de peur et, ayant rabattu l’orgueil des Phocidiens, il vous a rendu large et facile l’accès à la Grèce, au lieu d’étroit et difficile qu’il était. Quant aux Athéniens et aux Thébains, qui ne cessaient d’épier l’occasion de nuire à la Macédoine, il a tellement rabattu leur orgueil (et dès ce moment, nous avons nous aussi collaboré avec lui) que, au lieu que vous payiez un tribut à Athènes et vous preniez les ordres de Thèbes, c’est de nous, à leur tour, que ces cités attendent leur protection. Etant passé dans le Péloponnèse, il a fait régner l’ordre là aussi ; et, désigné comme généralissime muni des pleins pouvoirs de toute la Grèce pour l’expédition contre la Perse, il acquit ce nouveau titre de gloire moins pour lui-même que pour l’ensemble des Macédoniens ». *Chronologie extraite de M.F. Baslez, Histoire politique du monde grec, Paris 1994, pp. 185-186 382 : naissance de Philippe, dernier fils du roi Amyntas 359 : Mort du roi Perdiccas III dans une expédition contre les Illyriens ; régence de Philippe 358-356 : campagnes contre les Péoniens et les Illyriens du roi Bardylis 357 : conquête d'Amphipolis en Thrace 356 : fin de la régence. Philippe prend le titre royal. 356 : conquête de Potidée en Chalcidique et de Pydna au sud de la Macédoine 356-346 : troisième guerre sacrée 345 : campagne illyrienne Vers 345 : contrôle les mines thraces du Pangée. premier monnayage d'or. 344 : réorganisation de al Thessalie en 4 districts. 343 : pacte avec le roi perse. 342 : intervention en Epire 341 : campagne en Thrace, vers les détroits, contre Périnthe et Byzance. Organisation de la Stratégie de Thrace. 340 : Athènes déclare la guerre à Philippe. Opérations dans les détroits. 354 : conquête de Méthonée au sud de la Macédoine. 339 : quatrième guerre sacrée, menée par Philippe au nom de Intervention en Thessalie l'amphictionie. Alliance de Thèbes et d'Athènes. 354-352 : campagnes en Thessalie. Victoire du champ des 338 : bataille de Chéronée, en Béotie. Campagne dans le Crocus (près de Phères) // Philippe archonte de Thessalie // Péloponnèse. Philippe renonce à passer les Thermopyles, bloqués par une coalition de cités 351 : campagne de Thrace. Première philippique de Démosthène 337 : congrès panhellénique. Mise en place de la ligue de Corinthe. Campagne illyrienne. 349-348 : guerre d'Olynthe. Disparition de la confédération 336 : envoi d'un corps expéditionnaire en Asie. Assassinat de chalcidienne. Phlippe à Aigai. 346 : Philippe d'Isocrate // Fin de la 3e guerre sacrée. Congrès panhellénique de Pella et paix de Philocrates // Philippe contrôle les Thermopyles et Delphes. Réorganisation de l'amphictionie. *Carte Extraite de M.B. Hatzopoulos, "Histoire de la Macédoine antique", dans Dossiers de l'archéologie octobre 2011, p. 7 La Macédoine après les conquêtes de Philippe II La puissance rhodienne à l'époque hellénistique Textes de Strabon et de Polybe *Rhodes : une cité riche et puissante Strabon Géographie XIV, 2, 5 « La ville de Rhodes est située sur le cap oriental de l’île, elle surpasse toutes les autres villes par ses ports, ses rues, ses remparts et l’ensemble de ses bâtiments, au point que l’on ne peut trouver une ville qui l’égale ou a fortiori lui soit supérieure. Admirables sont les institutions de la cité ainsi que la façon dont sont régies les affaires publiques, notamment ce qui a trait la marine. Cela lui valut durant longtemps l’empire de la mer, quand elle eut détruit les pirates, et d’être l’amie de Rome et des rois partisans des Romains et des Grecs. Cela explique aussi qu’elle ait pu garder sa liberté, et qu’elle ait été ornée de multiples offrandes (…) Les Rhodiens ont grand souci du peuple bien que leur gouvernement ne soit pas démocratique, car ils ne veulent pas se couper de la masse des pauvres. C’est pourquoi ils contrôlent dans l’intérêt du peuple le commerce du blé, les riches, en vertu d’une ancienne pratique, soulagent les indigents ; il est même certaines liturgies qui consistent à fournir des vivres aux pauvres, de cette façon ceux-ci ont de quoi vivre, et la ville ne manque pas de bras, ni surtout de mains ». *Le tremblement de terre de Rhodes (227 avant J.-C.) Polybe V, 88-90 « Les Rhodiens mirent fort adroitement à profit le tremblement de terre qui venait de détruire, avec le grand colosse, la plus forte partie de leurs murailles et leurs arsenaux (…) Ptolémée leur promit 300 talents d’argent, un million de mesures de blé, du bois pour la construction de dix navires à cinq rangs de rameurs et de dix trières, 40 000 coudées de poutres de pin, 1000 talents de bronze monnayé, 3000 talents d’étoupe, 3000 pièces de toile à voiles ; pour la restauration du colosse, 3000 talents, 100 ingénieurs, 350 ouvriers et 14 talents pour le salaire des ouvriers pendant un an. Enfin, ils consacrèrent à la célébration de leurs concours et de leurs sacrifices 12000 mesures de grain, 20000 pour l’entretien des équipages de dix trières. Il donna presque tout dans l’instant, et en particulier un tiers de l’argent promis. Antigonos de son côté leur fournit 10000 poutres, de huit à seize coudées, pour faire des chevrons, 5000 solives de sept coudées, 3000 talents de fer, 1000 de poix cuite, 1000 mesures de poix liquide, il leur promit aussi 100 talents d’argent . Chryséis, sa femme, leur offrit 100 000 mesures de blé, 3000 talents de plomb. Séleucos, père d’Antiochos, outre la franchise accordée aux navires rhodiens qui aborderaient dans son royaume, leur offrit dix navires à cinq rangs de rameurs entièrement gréés et 100 000 mesures de blé ainsi que 10000 coudées de bois, 1000 talents de résine et 1000 de crin. Prusias et Mithridate offrirent le même genre de choses, ainsi que d’autres dynastes d’Asie, à savoir Lysanias, Olympichos, Limmaios. Quant aux cités qui secoururent Rhodes, chacune selon ses moyens, il serait difficile de les compter. A ne considérer donc que le moment où Rhodes put à nouveau être habitée, on ne peut voir sans étonnement de quelle façon considérable se sont accrues en si peu d’années dans cette ville les richesses publiques et privées ; mais si l’on considère l’excellence de sa position et l’abondance des biens dont les étrangers l’ont comblée, on cesse de s’étonner et on pense plutôt que sa prospérité n’est pas aussi grande qu’elle devrait l’être. Si je m’étends sur ce sujet, c’est pour montrer ce qu’est la mesquinerie des rois actuels et le peu que reçoivent d’eux les peuples et les cités ». L’évergétisme des rois attalides à Delphes Inscription Décret en l’honneur d’Eumène II de Pergame, 160-159 avant J.C. Traduction J. Pouilloux, Choix d’inscriptions grecques, Paris 1960, pp. 51-52. *Attale 1er : 241-197 / Eumène II : 197-159 / Attale II : 159-138 « Il a plu à la cité de Delphes, en assemblée plénière, avec le nombre légal de suffrages : attendu que le roi Eumène, ami de notre peuple et son bienfaiteur par tradition ancestrale, rempli en outre de piété à l’égard de la divinité et de la cité, a envoyé une lettre à notre cité ainsi que trois talents d’argent d’Alexandre et trente mines pour être à la disposition de la cité, en tout temps ; attendu que dans cette lettre, à propos de la construction du théâtre et des autres offrandes, il a exposé qu’il enverrait au début de l’été des gens pour les constructions. A la bonne Fortune. Plaise à la cité, d’accorder l’éloge au roi Eumène pour la piété qu’il montre à l’égard du dieu et pour son dévouement envers la cité, et d’accepter […] ».