
L’après-guerre : une autre vision du monde
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Cette expression a été créée par Jean Fourastié
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et fait écho aux Trois Glorieuses, journées
révolutionnaires des 27, 28 et 29 juillet 1830 qui avaient vu la chute de Charles X et l'instauration de la
Monarchie de juillet de Louis-Philippe Ier.
C'est donc le cas de la France qui permet de saisir, au mieux, le sens du sous-titre du livre de Jean
Fourastié, la « révolution invisible ». Lato sensu.
Déroulement général
Les Trente Glorieuses furent, du point de vue économique, une période extrêmement brillante, une
révolution qui a profondément changé les pays en question. Le Produit intérieur brut y connait une forte
augmentation. Par exemple, l’indice de la production industrielle en France (base 100 en 1938) est à 99 en 1947.
Il monte à 204 en 1957, 338 en 1967 et 452 en 1973, à prix constant. En 26 ans, la production a été multipliée
par 4,5, soit une croissance annuelle moyenne record de 5,9%.
Pays concernés
Les pays concernés avaient un fort potentiel (niveau d'éducation de la population élevé), mais des
infrastructures en ruine et une économie dévastée au sortir de la Seconde Guerre mondiale, parfois tournée vers
la production militaire.
Ces pays ont bénéficié à partir de 1948 du plan Marshall.
Le Japon, l'Allemagne, la France ont plus particulièrement connu cette très forte croissance économique
(en France le taux de croissance est monté jusqu'à 8%). Cette croissance a consisté en partie en la reconstruction
des infrastructures et des habitations détruites pendant la guerre. L'économie du Royaume-Uni, minée entre
autres par des problèmes de convertibilité de taux de change avec le dollar
[réf. nécessaire]
, n'a pas connu cette forte
croissance. La croissance des pays qui basculent dans le Bloc de l'Est a également été plus faible.
Plus globalement, la société a été profondément remodelée, devenant une société de consommation de
masse et une société de loisirs. Ce phénomène est en partie un rattrapage sur le style de vie américain des années
1920, sur lequel les pays européens étaient en retard. De même, le niveau du PIB par habitant se rapproche du
niveau américain (et s'en éloignera à nouveau au cours des années 1980 et 1990).
Le cadre institutionnel international
Au sortir de la guerre, la reconstruction d'un système monétaire international s'impose. Pour ce faire, la
conférence de Bretton Woods se réunit en juillet 1944. Au cours de cette conférence, s'opposent les projets
britannique, défendu par John Maynard Keynes, et américain, défendu par Harry Dexter White. Finalement, le
projet soutenu par les États-Unis s'impose et consacre l'hégémonie du dollar dans le système monétaire
international.
En outre, la conférence de la Havane en 1946, « conférence des Nation Unies pour le commerce et
l'emploi », souligne la volonté de décloisonner, de manière progressive, les échanges internationaux. En réponse
à cette volonté, le GATT, General Agreement on Tariffs and Trade (ou AGETAC en français, Accord général
sur les tarifs douaniers) est mis en place à la conférence de Genève en 1947. L'objectif est de réduire par
« rounds » successifs les tarifs douaniers, ce qui aura pour conséquence de favoriser les échanges internationaux,
soutenant la croissance économique des pays développés à économie de marché (PDEM).
D'autre part, les pays européens engagés dans le conflit, mais également le Japon, sont dévastés. Les
besoins de reconstruction sont énormes. Dans ce contexte, le général George Marshall propose, au nom des
États-Unis, une aide aux pays européens dans un discours du 5 juin 1947. Le Congrès américain vote, en avril
1948, l'European Recovery Program, le Plan Marshall qui distribue près de 13 milliards de dollars,
majoritairement sous forme de dons, aux pays ayant accepté l'aide. Le plan Marshall répond à un double objectif
politique et économique : celui qui consiste à endiguer le communisme (« containment ») et celui qui consiste à
éviter la surproduction qui menace l'économie américaine et qui a été « l'irremplaçable démarreur de
l'investissement » en Europe d'après Denis Woronoff
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. En effet, la contre-valeur issue du plan Marshall a servi,
notamment en France, à financer l'investissement, permettant une modernisation de l'appareil productif et donc
une augmentation de la productivité. Cette aide prend la forme d’un don de capitaux des États-Unis (en fait, une
ligne de crédit), à condition que ceux-ci soient utilisés en commandes à l'industrie des États-Unis
[réf. nécessaire]
(celle d'Europe était de toute façon exsangue à la fin de la guerre) : tracteurs, matériels ferroviaires,…
Les caractéristiques de la croissance
Taux de croissance économique élevé
La croissance économique de l'après-guerre est générale, mais il existe de fortes disparités entre chaque
pays. En effet, sur la période 1950-1973, le taux de croissance annuel moyen est de 5,64% en Italie, de 6,0% en