Envoi ACIP nº 808 du lundi 27 novembre 2 000. 4/7Droits réservés
Tandis que la bataille politique frise de plus en plus le ridicule, les Américains commencent à
perdre sérieusement patience. La bourse dégringole de jour en jour, ce qui pénalise surtout la classe
moyenne qui n’a pas trouvé son dû dans la campagne électorale. Ni les Républicains, ni les
Démocrates n’ont su trouver des propositions qui auraient pu leur ouvrir de nouvelles perspectives
ou leur faire espérer des avantages réels. Un des soucis les plus importants pour la classe moyenne
est le problème de la couverture sociale. C’est un talon d’Achille de la société américaine.
Il y a aux Etats-Unis trois façons de disposer d’une couverture médicale. On peut être assuré
entièrement ou partiellement par l’employeur; on peut aussi souscrire une assurance personnelle si
on dispose des moyens adéquats, ou bien encore bénéficier du programme Medicaid, destiné aux
populations les plus pauvres.
En théorie cela paraît un modèle très efficace mais il faut savoir que seulement 57% des
employeurs prennent en charge la couverture sociale de leurs salariés. Il est donc clair qu’avoir un
emploi ne signifie pas automatiquement avoir accès à la couverture médicale. De plus, le nombre de
postes à bas salaires a augmenté fortement durant la dernière décennie; parmi les travailleurs
pauvres 47% n’ont plus aucune couverture sociale (contre 40% des sans emploi).
Le programme Medicaid pourrait remédier à cet état de choses mais le seuil au delà duquel un
adulte peut recevoir des aides est très bas et diffère d’un Etat à l’autre. Au Texas par exemple il est
de 2 300 dollars de revenus par an (environ 1 500 FR par mois), pour une famille de trois
personnes.. Depuis une dizaine d’années le nombre d’Américains sans couverture sociale n’a pas
cessé d’augmenter (le Texas reste en tête de la population sans assurance maladie).
Depuis 1990, le coût de la couverture médicale a augmenté de presque 10% par an. Cela a
une influence désastreuse sur la couverture sociale des classes moyennes. Le coût annuel d’une
assurance maladie personnelle est en moyenne de 8 000 dollars pour une famille avec quatre
enfants. Un Américain sur cinq, vivant dans un foyer, gagnant entre 200 000 et 400 000 mille francs
par an n’est pas en mesure de payer une souscription aussi élevée. Cette situation pénalise aussi
très fortement les jeunes couples confrontés à d’autres dépenses (les traites pour l’achat d’une
maison, son équipement, les deux voitures indispensables en absence du transport en commun,
etc.). Beaucoup de jeunes couples retardent l’arrivée du premier enfant puisque le seul
accouchement peut ruiner leurs finances pour longtemps.
Malgré la vigueur de la croissance américaine, 42,6 millions d’Américains vivent sans
couverture sociale, soit un habitant sur six. Durant la campagne électorale, ni Al Gore, ni George W.
Bush n’ont promis une couverture médicale pour tous. Ils n’ont proposé que quelques
aménagements comme de rembourser les médicaments aux personnes âgées couvertes par le
programme Medicare (qui propose une couverture sociale aux personnes âgées les plus démunies,
à partir de 65 ans), d’inclure davantage d’enfants dans le Children’s Health Insurance Program
(programme d’assurance de santé, créé par le Congrès en 1997) ou de rendre la souscription à une
assurance maladie partiellement déductible des impôts. Mais ces propositions sont plutôt du
domaine du bricolage par rapport à l’importance du problème de santé à l’échelle des Etats-Unis.
Il est vrai que l’année 2000 a apporté la première inflexion des chiffres de la protection sociale :
le nombre d’Américains sans couverture sociale a baissé d’1,7 million. Mais cette situation est très
conjoncturelle et au premier signe de ralentissement de la croissance cette tendance pourrait être
renversée. Pendant ce temps des générations entières grandissent en ayant recours à une
automédication douteuse, développent des maladies graves et s’adressent aux médecins souvent
beaucoup trop tard.
L’événement, par Serge PLENIER
La Haye, chronique d’un échec annoncé
Le sommet de La Haye sur le réchauffement de la planète n’aura donc été qu’un flop
monumental. Face au Goliath américain, l’Europe n’a pas été le David que l’on attendait.
L’enjeu était pourtant vital. Les dernières catastrophes naturelles qui se sont abattues sur notre
pays, inondations et tempêtes sont les premiers symptômes d’une mutation climatique et tout laisse
à penser que le pire est encore à venir. La question du réchauffement de notre planète n’est pas
affaire de conjectures scientifiques à long terme, il s’agit d’un phénomène à l’œuvre dès maintenant
et qui menace directement notre économie et notre mode de vie. A terme, le réchauffement va