E.A.F. – lectures analytiques – révisions S3L2 : J

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E.A.F. – lectures analytiques – révisions
S3L2 : J-B. Poquelin dit MOLIERE, Dom Juan, tirade du chapitre de la 2e scène de l’acte V, 1655
L’Introduction :
1.
Principaux thèmes pour l’amorce ; il faut en choisir un en fonction de la question directrice particulière
posée par l’examinateur :
- Le mot « hypocrite », c’est-à-dire le fait de prétendre avoir une vertu qu’on n’a pas en fait a pour étymon
hypocritès, soit « acteur » en grec.
2. Présentation de l’auteur et de l’œuvre : C’est de ce thème dont il est question dans cet extrait de la scène 2
du Ve acte de la pièce Dom Juan ou Le Festin de Pierre, publiée et jouée pour la première fois en 1665, après
l’interdiction de Tartuffe en 1664. Don Juan, athée, libertin, séducteur se joue des femmes et provoque le Ciel.
3. Forme et résumé de l’œuvre :
- Cet extrait est situé à la fin de l’œuvre, près du dénouement. C’est une tirade.
- Durant cet extrait, Don Juan qui avait fait croire à son père qu’il allait faire preuve de dévotion (= croire en Dieu
et agir en croyant), il vient d’avouer à son valet Sganarelle qu’il n’en est rien en réalité. Il explique pourquoi il a fait
ce choix de l’hypocrisie.
4. Rappel de la question directrice donnée par l’examinateur / -trice.
5. Annonce de votre plan proposé pour répondre en deux ou trois parties.
Le développement : c’est à vous de l’inventer à partir de la question directrice donnée par l’examinateur / -trice.
Ex proposé en cours : en quoi peut-on dire que le thème de regard est important dans cette scène ?
I.
Première partie de votre réponse : une tirade spectaculaire
A. Une argumentation très bien construire
B. Soutenue par une performance d’acteur
C.
II.
Deuxième partie de votre réponse : des paroles spectaculaires
A. Le thème du paraître
B. Le thème de la dissimulation
C.
III. Troisième réponse : une critique spectaculaire / spéculaire = le théâtre miroir critique.
A. La caricature de l’hypocrite démasqué
B. La portée universelle de la tirade
C.
La conclusion :
1.
2.
3.
En conclusion, on peut répondre ainsi à la question directrice donnée par l’examinateur.
Vous rappelez vos deux ou trois parties de réponse de votre plan.
Vous faites une ouverture idéalement en rapport avec le texte ET le thème de la question directrice.
Vous ferez allusion successivement à ce qui rapproche et à ce qui distingue le texte de l’œuvre à
laquelle vous le comparez.
Suggestions d’ouvertures :
-
Daniel MESGUICH (1952-) a proposé une interprétation intéressante de cette scène en y ajoutant une
confusion entre le comédien et l’homme grâce à l’objet du maquillage, c’est-à-dire du masque…
1
LES EXEMPLES POUR LE DEVELOPPEMENT
Classes de procédés littéraires
Structure du texte
Repérage dans le texte
Cet extrait est une tirade.
 interprétation
Il se divise en deux étapes :
(Du début à la ligne 92) – les avantages de la fausse dévotion. C’est un
éloge PARADOXAL de l’hypocrisie.
(l. 92 à la 109) – le profit qu’il entend personnellement tirer de cette
fausse dévotion.
 Cette tirade n’a pas de fonction dans l’intrigue. D’ailleurs certains
metteurs en scène contemporains (A. DELCAMPE) en ont supprimé une
partie.  Elle a pour fonction évidente à l’époque de Molière de
dénoncer la fausse dévotion (cf. la Compagnie du Saint-Sacrement)
 Importance de l’hypocrisie, du travestissement, de la mise en abîme
du théâtre pour que durant cette « tirade / pause » dans l’intrigue,
Molière puisse attaquer indirectement et personnellement les faux
dévots qui ont causé la censure de Tartuffe (et de Dom Juan)
Forme de discours
- Cette tirade a une fonction argumentative dans la scène :
Problème : comment être libertin sans être inquiété ?
Thèse : il suffit d’être hypocrite en prétendant devenir un dévot.
Arguments :
- C’est un vice à la mode et donc il a l’air vertueux.
- C’est un vice qu’on ne peut pas dénoncer parce les hypocrites forment
une société très puissante.
- C’est un vice qui permet de vite faire oublier les actions libertines de sa
jeunesse.
- C’est un vice qui permet de faire souffrir ceux qui vous attaquent.
 Tout l’intérêt de cette scène est que le théâtre, art de l’illusion et du
travestissement permet ici de dire la vérité sur les faux dévots
contemporains de Molière (à commencer par les membres de la
Compagnie du Saint-Sacrement). En représentant un personnage fictif
mais ayant des points communs avec eux (vie libertine, méchanceté,
aristocratie) Molière dénonce ses ennemis politiques.
(67) Syllogisme ironique « inversé » remis dans l’ordre :
Prémisse majeure (« théorème ») : « Tous les vices à la mode passent
pour vertus »
Prémisse mineure (« cas concret ») : or, « l’hypocrisie est un vice à la
mode »
Conclusion : donc, « Il n’y a plus de honte maintenant à cela »
 Raisonnement vrai formellement, logiquement, mais fondé sur une
majeure contestable  qu’un vice soit répandu ne lui donne pas
l’apparence d’une vertu. Etre vertueux c’est précisément résister parfois
à l’excuse selon laquelle « tout le monde fait ainsi »
Enonciation
- Dans la première partie de la tirade, énonciation à la troisième
personne (hormis l.84)
 Procédé de généralisation pour dénoncer le vice contemporain de la
fausse dévotion.
- Dans la seconde partie, retour de la première personne
Lexique
- La morale : « vice » (68), « vertu » (69) ; « vice privilégié » (75) ;
« désordres de leur jeunesse » (85) ; « être les plus méchants hommes
du monde » (87) ; « des bondissements mêlés de joie et de colère » (7) ;
« J’étouffais en criant tout ceci » (56) 
- Lexique religieux : « Ciel » (104) ; « impiété » (104) ; « damneront »
106)
2
- oppositions entre « être » et « paraître », lexique du théâtre : (69)
« personnage » ; (70) « jouer » ; (71) « art » ; (77) « grimaces » ; (82)
« grimaciers » ; (83) « singes »
- lexique militaire : « stratagème » (85), « bouclier » (86), « je serai
défendu » (96), « je pousserai mes ennemis » (103)
Syntaxe / types
ponctuation
de
phrases /
- Dans la première partie, discours argumentatif, explicatif mais pas
exclamatif  presque uniquement des phrases déclaratives.
- Une phrase interrogative : « Combien crois-tu que j’en connaisse qui
par ce stratagème ont rhabillé adroitement les désordres de leur
jeunesse … plus méchants hommes du monde ? » (84-87)
 On a l’impression ici que c’est Molière qui parle des faux dévots qui
l’attaquent et plus particulièrement du Prince de Conti, ancien mécène
de Molière, libertin et débauché notoire converti de façon aussi brutale
que spectaculaire.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Armand_de_BourbonConti#Retour_en_gr.C3.A2ce
Temps verbaux
- Présents de vérité générale  pour expliquer l’hypocrisie et ce qu’elle
permet.
- Futur de l’indicatif dans la 2e partie de la tirade (92 à la fin)  Don
Juan, ce jouisseur de l’instant d’habitude, se projette dans l’avenir pour
anticiper les profits personnels de sa fausse conversion. Celle-ci est
motivée par l’opportunisme et le côté intéressé du libertin que son père
est probablement sur le point de déshériter.
Signes autres que les paroles au
théâtre
- « quelque baissement de tête, un soupir mortifié, et deux roulements
d’yeux. » (90)  Peut être interprété comme geste de l’acteur comme s’il
s’agissait d’une didascalie.
- La fin de la tirade du fait de sa violence peut-être joué de façon
violente, voix forte, poing fermé, dans une attitude vindicative et
méchante.
- des gestes du faux dévot sous la forme d’une énumération : « quelque
baissement de tête, un soupir mortifié, et deux roulements d’yeux. » (90)
 portrait comique du faux dévot du fait qu’il est caricatural.
Descriptions
Rythme et sonorités
Rythme :
- Nombreux rythmes ternaires :
(68) « Il n’y a plus de honte maintenant à cela : l’hypocrisie est un vice à
la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus ».
(69) « Le personnage d’homme de bien est le meilleur de tous les
personnages qu’on puisse jouer aujourd’hui, et la profession d’hypocrite
a de merveilleux avantages. »
(75) « l’hypocrisie est un vice privilégié, qui, de sa main, ferme la bouche
à tout le monde, et jouit en repos d’une impunité souveraine. »
(83) « Combien crois-tu que j’en connaisse qui, par ce stratagème, ont
rhabillé adroitement les désordres de leur jeunesse, qui se sont faits un
bouclier du manteau de la religion, et sous cet habit respecté ont la
permission d’être les plus méchants hommes du monde ? »
 Ces rythmes donnent de l’ampleur au propos.
Sonorités : les insistances sur les [R] dans la fin de la tirade qui est
vindicative.
Figures de style
construction / sens)
(images
/
Images :
Métaphore filée du théâtre :
(69) « personnage » ; (70) « jouer » ; (71) « art » ; (77) « grimaces » ;
(82) « grimaciers » ; (83) « singes »
3
Métaphore filée de la protection :
(86) « un bouclier du manteau de la religion » ; (86) « habit respecté » ;
(92) « abri favorable ».
Allégorie / personnification de l’hypocrisie :
(75) « l’hypocrisie est un vice privilégié, qui, de sa main ferme la bouche
à tout le monde. »
 L’hypocrisie est représentée comme ceux qui en usent à l’époque de
Molière ; allusion à la censure exercée contre le théâtre en général et
Tartuffe en particulier
Périphrases pour désigner les adversaires de Molière :
« une société étroite » (76) ; « les plus méchants hommes du monde »
(87) ; « la cabale » (96)
 désignation implicite de tous les hypocrites censeurs et à l’époque de
Molière, de la Compagnie du Saint-Sacrement en particulier.
Construction :
(103) « Sous ce prétexte commode … privée » : énumération des
agressions que Don Juan devenu un faux dévot réserve à tous ses
ennemis dans une très longue phrase  implicitement, il s’agit des
attaques dont Molière a lui-même été victime après la représentation de
Tartuffe.
Sens :
(67) « L’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode
passent pour vertus ».  Antithèse entre « vice » et « vertu ».
(87) « être les plus méchants hommes du monde »  hyperbole qui
insiste sur le terrible comportement que permet l’hypocrisie.
(108) « un sage esprit s’accommode aux vices de son siècle. » 
perversion ironique du terme sagesse dont le sens ici exclut la morale.
Pour mercredi 6 janvier.
-
Exercices dans le cahier d’activités :
N°1 p. 32
Trouvez quelques arguments qui permettent de faire l’analogie entre l’extrait de l’acte I, 4 de
Lorenzaccio et le théâtre.
Voir le blog : cours sur le travestissement au théâtre.
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