unifié sous sa coupe. Le monde de l’Islam au Moyen Âge, ce sont donc les Arabes partis à la
conquête du monde, mais aussi les pays romains et grecs en Méditerranée, les pays persans, turcs et
indiens en Asie. Le monde de l’Islam, ce sont des musulmans, mais aussi des chrétiens et des juifs,
des zoroastriens, des manichéens, des hindouistes. Pour distinguer clairement l’Islam comme
civilisation et l’islam comme religion, on utilise une convention d’écriture : Islam / islam ; on
appellera islamique ce qui relève de la civilisation et musulman ce qui relève de la religion.
Bienvenue dans la civilisation la plus riche et la plus diverse du monde médiéval !
I. L’ISLAM EN EXPANSION
Pour saisir l’Islam dans toute sa diversité, il faut rappeler à grands traits les phases de son
expansion dans l’histoire mondiale.
Le premier paradoxe de cette grande civilisation est d’être née dans un bout du monde, en marge
des grands courants de civilisation de l’Antiquité : dans la péninsule arabique, plus précisément
dans les oasis du Hedjaz. C’est là, qu’entre 610 et 632, un homme prêche une nouvelle religion,
d’abord à La Mecque [illustration], une petite ville fréquentée par des marchands de tous les
horizons en raison de son temple, la Ka‘ba, où sont honorées de très nombreuses divinités et en
raison des foires commerciales qui sont organisées là, sur le territoire sacré du temple ; puis à
Médine, une oasis située plus de 200 km au nord de La Mecque, où cet homme, Muhammad /
Mahomet, s’est exilé en 622 : son exil (hijra) marque le point de départ du comput islamique, le
calendrier de l’Hégire qui reprend l’année lunaire traditionnelle chez les Arabes d’avant l’islam.
Nous reviendrons plus longuement sur cette nouvelle religion : retenons pour le moment que l’islam
(la soumission à Dieu) est fondé sur la croyance en l’unicité de Dieu, sur la la mission prophétique
de Muhammad et sur la révélation de la parole divine en langue arabe, une révélation rassemblée
dans le Coran, récitation de la parole divine avant de devenir un livre au cours du siècle qui suivit la
mort du Prophète de l’islam.
La révélation de la parole divine dans la langue des Arabes et la mission prophétique de
Muhammad, censé être le dernier des prophètes de Dieu, sont indissociables du mandat donné ainsi
aux Arabes : s’unir alors même qu’ils étaient divisés plus qu’aucune autre société, s’unir et
conquérir le monde pour le soumettre à la Loi de Dieu, alors même qu’ils vivaient en marge du
grand courant du monde. Les conquêtes arabes, lancées dès avant la mort du Prophète, sont à
proprement parler foudroyantes [voir carte]. En moins de vingt ans, quelques dizaines de milliers
de cavaliers arabes se sont emparés de la Palestine, de la Syrie, de l’Égypte, de l’Iraq et de l’ouest
de l’Iran. En 732, un siècle exactement après la mort du Prophète, quand les Francs de Charles
Martel dispersent près de Poitiers un petit groupe de cavaliers arabes partis en razzia trop loin de