acker – mars 2001
Rapport sur les observations à l’OHP 2000
Agnès Acker, observatoire de Strasbourg
Une étude globale de l’environnement circumstellaire des étoiles WR, étoiles chaudes sièges
d’importantes pertes de masse, a été menée à l’OHP depuis 1996, en collaboration avec Yves
Grosdidier, dans le cadre d’une thèse en co-tutelle avec l’université de Montréal (A. Moffat). L’étude
porte sur les WR massive, mais surtout sur les propriétés des vents d’étoiles [WC] à faible masse au
centre de nébuleuses planétaires. La compréhension des mécanismes physiques sous-jacents a été
mise en perspective avec des observations bien ciblées ainsi que des simulations numériques. Cette
étude nous a permis de décrire, pour la première fois, une histoire complète des vents, depuis leurs
propriétés à la surface de l’étoile jusqu’à leur interaction avec le milieu pré-existant, dans le cadre
d’un scénario de vents interactifs perturbés par des instabilités hydrodynamiques et radiatives.
L’universalité de la variabilité et de la fragmentation des vents a été démontrée, quelle que soit la
masse de l’étoile.
Vents fragmentés : De 1996 à 1999 environ 280 spectres des noyaux des NP NGC 40 [WC8] et
BD+30°3639 [WC9] ont été obtenus à moyenne résolution (R = 6000 à 11 000) avec le tél.1.52
équipé du spectrographe Aurélie (avec un soutien du PNPS).
La fragmentation des vents rapides, initialement connue pour les étoiles WR massives, a été établie
pour la première fois pour les [WC] au centre des NP. Les fluctuations du vent observées au sommet
des raies CIII5696 et CIV5806 sont interprétées comme étant la manifestations de globules accélérés
radialement dans les zones externes des vents WC. L’échelle de temps est de quelques heures pour
les types [WC9-10] et de l’heure pour NGC 40. Les paramètres cinématiques sont dérivés ; la loi de
vitesse empirique du vent rapide déduite de ces données montre une très forte accélération des
globules éjectés. Ces paramètres apparaissent semblables à ceux concernant les WR massives : les
processus de fragmentation des vents semblent donc purement atmosphériques, pour les deux types
d’étoiles (voir Acker et al, 1997 ; Grosdidier et al, 2000, 2001).
Champ de vitesses turbulents dans les nébuleuses éjectées par les étoiles [WC] : Des
observations à haute résolution spectrale (R = 40 000, Aurelie 1.52m, et Elodie 1.93m) ont été
obtenues pour une douzaine de nébuleuses à noyau O et à raies d’émission, afin de modéliser les
raies nébulaires et d’en déduire les propriétés de la distribution radiale en vitesse et densité, en
collaboration avec l’institut d’astrophysique de Torun (K. Gesicki, R. Sczcerba,.avec le soutien du
PICS France-Pologne). .
L’analyse de 4 à 11 raies nébulaires montre que les raies des NP à noyau [WC] sont toutes élargies
par rapport aux nébuleuse avec un noyau de type O (voir Gesicki et al, 1996, Neiner et al, 2000). Ceci
implique l’existence de mouvements turbulents dans ces NP, superposés à une vitesse d’expansion
sensiblement constante. Les NP autour d’étoiles O ne montrent aucun signe de turbulence, mais leur
vitesse d’expansion croît vers l’extérieur. Les deux types de NP montrent environ la même vitesse
d’expansion moyenne. Cette étude suggère que les nébuleuses à noyau [WC] se trouvent dans un
régime dominé par la poussée du moment (et non de l’énergie). Normalement les zones les plus
denses du vent fragmenté ne peuvent perdurer (voir Grosdidier et al, 1999), sauf pour les vents très
rapides des étoiles [WC], où les inhomogénéités du vent peuvent exciter des instabilités engendrant
la turbulence observée (voir Acker et al, 2001, soumis).