Le phénomène WR : vents fragmentés, nébuleuses turbulentes
Le phénomène WR marque les dernières étapes de la vie stellaire, et se manifeste par des
vents violents conduisant à un spectre dominé par de larges émissions, similaires pour les étoiles WR
massives et les étoiles [WR] de faible masse au centre de nébuleuses planétaires. L’impact sur
l’environnement circumstellaire et l’écologie du milieu interstellaire est important par l’apport de
matière et d’impulsion. Certaines galaxies (appelées « galaxies WR ») contiennent une large
population d’étoiles WR, et leur spectre est dominé par des raies d’émission HeII, et parfois NIII (type
WN présent uniquement pour les WR massives).
Quelle que soit la masse de l’étoile, l’histoire des vents est comparable : le vent rapide et ténu
succède à un vent plus lent et plus dense éjecté à un stade évolutif AGB ou LBV antérieur (de
quelques milliers d’années seulement) ; ce vent épais détermine la masse et la chimie de la
nébuleuse observée. D’autre part, la collision du vent rapide avec le vent lent détermine en grande
partie la morphologie des nébuleuses éjectées.
Une analyse de spectres d’étoiles WR a été entreprise par A. Acker et ses collaborateurs,
pour contraindre les mécanismes d’accélération et de maintien des vents au cours de leur histoire, et
étudier les singularités des enveloppes éjectées. Ces travaux, soutenus par le PNPS et le PICS
France-Pologne, ont été conduits partiellement (en particulier pour les WR massives) en collaboration
avec l’Université de Montréal, dans le cadre de 2 thèses en co-direction Moffat-Acker : Y. Grosdidier
(1997-2000, une co-direction jugée excellente et nous valant en 2001 le 1er prix de l’encadrement de
thèse en co-tutelle octroyé au Québec) ; et Laure Lefèvre (2002-2005).
Les résultats obtenus ont paru dans 13 publications dans A&A et ApJ (dont 6 avant 2000),
plus un article de revue et 4 posters au Symposium IAU 209 (Planetary Nebulae, Canberra 2001), et 2
posters au Symposium IAU 212 (Massive stars, Mexico 2002), plus 2 autres communications
(Mexico2000, Torun2000).
Les étoiles WR au centre de nébuleuses planétaires (ECNP)
Les NP constituent une phase de quelques 104 ans dans l’évolution d’étoiles de 0.8 à 5-8 masses
solaires. Cette étape suit le stade post-AGB, qui, lui, ne dure que quelques 103 ans. La plupart de
ECNP ont une atmosphère riche en hydrogène, et moins de 10% ont une enveloppe pauvre en H et
sont de type [WR], ce qui implique un rapport luminosité/masse élevé, donc une active combustion en
couches. L’observation des ECNP de type [WR] permet de poser des contraintes sur les modèles
théoriques d’étoiles à combustion d’helium.
Depuis 1994, une centaine de spectres (ESO tél.1.52+BC, 3.60+EFOSC, 1.4+CAT, et OHP
tél.1.52+Aurélie) à bon rapport signal/bruit, ont été obtenus par A. Acker dans les trois buts suivants,
qui nécessitent un pouvoir de résolution croissant : 1/ quantifier la séquence évolutive des [WR] (tout
le spectre stellaire dans le domaine optique, R=1500) ; 2/ analyser la loi de vitesse du vent stellaire
(profil de raies d’émission stellaires, R~10 000) ; 2/ étudier le champ de vitesse dans la nébuleuse
autour des [WR] (profil des raies nébulaires, R~60 000). L’étude est compliquée par le fait que les
ECNP sont faibles (magnitude de 10 à 14 pour les 30 les plus brillants), et les raies stellaires larges et
parfois mélangées avec les raies nébulaires.