Alexandre le Grand: rupture et continuité
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LA CONQUÊTE DU LEVANT ET DE L’ÉGYPTE
(Voir doc.1 et 2, page 260)
La prise de possession de la façade méditerranéenne de l’empire prit du temps. Pourtant,
elle s’annonça, tout d’abord, sous de bons auspices puisque de nombreuses villes ac-
cueillirent les conquérants sans résistance. Ce fut par exemple le cas des agglomérations
phéniciennes d’Arados, Marathos, Sigon, Mairamme, Byblos et Sidon. Avant de s’en-
foncer vers le cœur de l’empire, Alexandre désirait visiblement mettre n à tout risque
sur ses arrières en réduisant les menaces navales et terrestres perses (ArrienII, 17). Il lui
fallait donc pour cela pacier le Levant. Cependant, Tyr refusa de se soumettre. Certes,
la otte perse, essentiellement phénicienne, avait commencé sa désagrégation du fait
même des nombreux autres ralliements, mais Tyr, avec ses deux ports et sa propre otte,
représentait un danger non négligeable pour la sûreté des nouvelles conquêtes macédo-
niennes. La ville dut donc être assiégée de janvier à août 332. Avec la Phénicie tomba
aussi la Syrie avec la nomination, par Alexandre, d’un satrape* de Syrie suite à la prise
de Damas (ArrienII, 13.7). Les affrontements entre Gréco-Macédoniens et Perses ne se
limitèrent par ailleurs pas à ces opérations. Ils continuèrent en Asie Mineure et en mer
Égée et il ne faut pas imaginer la conquête de l’Empire perse par Alexandre comme le
raid victorieux d’une seule armée, celle du roi macédonien. Tout l’occident de l’em-
pire dut être pris les armes à la main et ce malgré les ralliements de certaines régions.
Jusqu’à Gaugamèles, DariusIII put maintenir sa stratégie de combat sur plusieurs fronts
et des territoires tels que la Cappadoce ou l’Arménie furent en mesure de continuer à
lui envoyer des troupes. En Égée, les derniers éléments de la otte perse furent détruits
durant cette période. Une fois Tyr conquise, et après la difcile prise de Gaza, Alexandre
pénétra sans résistance en Égypte par Péluse. Le satrape Mazakès, nommé juste après
la bataille d’Issos, en pénurie de troupes, décida de lui remettre le pays sous les murs de
Memphis (Arrien,III. 1.1-3; Quinte-CurceIV, 7.3-4).
Le séjour égyptien
(Voir doc.15, page 269 et doc.16, page 270)
Le temps passé par Alexandre en Égypte témoigne de l’importance accordée par le
conquérant à ce pays. Si la politique au Levant après Issos se fonda sur la volonté de
contrôler la façade maritime de l’Empire perse avant de s’enfoncer en son cœur, la
maîtrise de l’Égypte s’explique par des raisons moins strictement militaires. Deux
priorités peuvent être distinguées d’après les actes du Macédonien. Au début de
331, la fondation d’Alexandrie, dont les rues et les emplacements des temples et de
l’agora passent pour avoir été tracés par Alexandre même (ArrienIII.1.4-5; Ps. Cal-
listhèneI.31.5-32.6), permit de doter l’Égypte d’un port maritime. Un tel soin mani-
feste la volonté d’ancrer l’Égypte dans le monde méditerranéen et d’y développer
ses exportations de blé. La deuxième priorité est d’ordre idéologique. À Héliopolis,
Alexandre visita le sanctuaire du dieu Rê dont, selon le traditionnel titre pharaonique
de «ls de Rê», il put revendiquer la liation. À Memphis, il sacria au dieu taureau
Apis, hypostase de Ptah, dont l’entretien était une prérogative royale. Après avoir fondé