
Renault, dont le chiffre d’affaires s’élève à 37,7 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent les
6 milliards d’euros d’aides de l’État – que le constructeur partage avec Peugeot –, a annoncé
4 450 suppressions d’emploi, dont 1 150 départs dits « volontaires » à l’usine de Sandouville,
située non loin du Havre, dans la circonscription de mon ami Jean-Paul Lecoq. Désormais, on ne
licencie plus, on demande aux salariés de partir volontairement : c’est la dernière expression à la
mode !
Autre entreprise située dans la circonscription de notre collègue Jean-Paul Lecoq : Total, qui,
malgré 13,9 milliards d’euros de bénéfice, dont plus de 2 milliards reversés aux actionnaires,
supprime 550 postes.
Le groupe PPR, malgré 924 millions d’euros de bénéfices, dont 50 % iront aux actionnaires,
supprime 1 900 postes.
Caterpillar, malgré 3,5 milliards d’euros de bénéfices et des dividendes en hausse de 17 %,
supprime 733 postes.
Ericsson : un milliard d’euros de bénéfice, 5 000 emplois supprimés.
Au total, sur les 75 milliards d’euros de profits réalisés par les entreprises du CAC 40 en 2008,
près de 35 milliards ont été redistribués aux actionnaires sous forme de dividendes.
Ces mêmes entreprises, tout en multipliant les licenciements et les fermetures de sites,
contraignent leurs salariés au chômage partiel et imposent donc aux plus modestes de réduire
leurs dépenses quotidiennes. Par là même, elles renvoient la charge du coût social de la crise à
l’État, qui se trouve ainsi principal financeur de l’indemnisation du chômage partiel, y compris
lorsque les entreprises réalisent des profits et distribuent des dividendes, ce qui est inacceptable.
Face à ces comportements en effet scandaleux, le Gouvernement a proposé des mesures bien
limitées et s’est contenté d’effets d’annonce. Les moyens déployés dans le cadre du plan de
relance pour sortir l’économie française de la crise sont à la fois insuffisants et inadaptés.
En effet, alors que l’effort de relance atteint respectivement, en Espagne et en Allemagne, 3,5 %
et 3 % du PIB, il plafonne en France à 0,6 % du PIB. Du fait de sa faiblesse, ce plan n’aura,
selon l’Observatoire français des conjonctures économiques, qu’un impact limité à 0,5 point de
croissance en 2009 et à 0,2 point en 2010.
Le Gouvernement refuse de consacrer plus de moyens au plan de relance, en invoquant
notamment l’accroissement des déficits publics. Pourtant, il existe des sources de financement
possibles, comme la remise en cause des exonérations générales de cotisations sociales
patronales. La seule réduction « Fillon » a coûté, en 2008, plus de 22,8 milliards d’euros, et la
Cour des comptes a émis de sérieux doutes quant à son efficacité.
La manne financière que représentent les exonérations générales de cotisations sociales pourrait
être utilement allouée aux dépenses sociales supplémentaires nécessaires en temps de crise et aux
dépenses d’avenir comme l’école et la recherche. Mais telle n’est pas la philosophie ni
l’idéologie du Gouvernement, qui refuse toute remise en cause des cadeaux fiscaux et sociaux
généreusement accordés à une minorité de privilégiés.
Le deuxième défaut majeur du plan de relance est dans l’absence de prise en compte de la
question de l’augmentation du pouvoir d’achat. Or sa dégradation continue depuis 2002 est
aujourd’hui très préoccupante, d’autant que les inégalités de revenus progressent toujours
davantage.
Ainsi les 0,01 % de foyers les plus riches ont vu leur revenu réel croître de 42,6 % entre 1995
et 2006 contre 4,6 % pour les 90 % de foyers les plus modestes. La montée du phénomène des
travailleurs pauvres démontre en outre que l’emploi ne protège désormais plus de la pauvreté.
Selon l’INSEE, 8 millions de Français vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté.