the earth care manual - L`Ecole de Permaculture du Bec Hellouin

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Les pages suivantes sont un résumé de :
THE EARTH CARE MANUAL
A permaculture handbook for Britain and other temperates climates
Patrick Whitefield
Permanent Publications 2004
Résumé et traduction : Ferme du Bec Hellouin
1
Qu’est-ce que la permaculture ?
Le principe de la permaculture est de prendre les écosystèmes
naturels comme modèles pour nos habitats humains. Les
écosystèmes naturels sont, par définition, durables.
Si nous
comprenons comment ils fonctionnent, nous pourrons rendre nos
habitats plus durables.
Comparons une forêt naturelle de nos climats et un champ de blé. La
diversité de la forêt est grande, avec ses arbres, buissons, plantes
herbacées… Le champ de blé ne produit qu’une seule variété de
plante. La biomasse produite chaque année par la forêt est bien plus
importante. La forêt n’a besoin pour se perpétuer que du soleil, de la
pluie, et de la roche mère à partir de laquelle elle produit son propre
sol. Le champ de blé a besoin de soins intensifs : labours, hersages,
semis, engrais, désherbage, traitements phytosanitaires… Sa culture
entraîne une perte de sol.
1
Cependant, le champ de blé donne en totalité des produits utiles aux
hommes : grains et paille. Ne serait-il pas formidable de créer des
systèmes qui combinent la nature comestible du champ de blé avec la
productivité et l’autonomie de la forêt ?
Telle est l’inspiration de la permaculture. Une forêt jardin, par
exemple, est une imitation d’une forêt sauvage, dans laquelle les
plantes sauvages sont remplacées par des plantes comestibles : fruits
et légumes.
Qu’est ce qui fait fonctionner un écosystème naturel ?
Principalement la diversité. Pas seulement un grand nombre
d’espèces, mais surtout la diversité des relations entre plantes,
animaux, micro-organismes et éléments non-vivants.
L’idée centrale de la permaculture : créer un réseau de relations
bénéfiques pour obtenir un système hautement productif sans
nécessiter beaucoup d’intrants. Cette idée peut s’appliquer à un
grand nombre d’activités humaines.
Par exemple, une serre peut être isolée, ou accolée au côté sud d’une
maison. Dans ce cas, elle sera maintenue hors gel tout l’hiver sans une
goutte de fuel, et la maison économisera environ deux mois de
chauffage chaque année.
On cherche donc à minimiser les intrants (énergie, travail), et à
maximiser les productions.
La permaculture est fondamentalement une question de
conception, de dessin. Il convient de mettre un maximum de soin
dans le dessin initial pour un minimum d’efforts dans le système
en fonctionnement. Une conception soignée permet un minimum
d’action.
Relations bénéfiques -> Positionnements respectifs -> Dessin
2
Historique de la permaculture
La P est pratiquée depuis des milliers d’années par des personnes qui
n’ont jamais entendu ce nom. Par exemple, le peuple Chagga, au nord
de la Tanzanie, et les habitants de Kandy au Sri Lanka cultivent des
jardins qui sont des versions modifiées de la forêt naturelle. Ils
produisent toute leur nourriture, la plupart de leurs plantes médicinales
et de leurs fibres, et de quoi gagner un peu d’argent.
Le concept de P a été inventé dans les années 70 par deux australiens,
Bill Mollison et David Holmgren. Dans l’esprit de ses concepteurs, la
P désignait « un système intégré et évolutif formé de plantes pérennes
ou se reproduisant seules et d’animaux utiles aux hommes. Un
écosystème agricole complet ».
« Peut-être cherchons-nous le jardin d’Eden, et alors ? »
écrivaient Bill Mollison et David Holmgren.
P = permanent agriculture, puis le concept a évolué et s’est élargi : P =
permanent culture.
« La Permaculture est un système conceptuel pour créer
environnements humains durables. Elle traite des plantes,
animaux, des constructions, des infrastructures, mais surtout
relations à créer entre eux par la manière dont nous
positionnons dans le paysage ». Bill Mollison
des
des
des
les
La Permaculture s’intéresse aussi aux villes. La quantité de nourriture
qui peut être produite en ville est évidemment moindre qu’à la
campagne, mais sa valeur est beaucoup plus grande car elle est
produite là où les gens vivent.
L’éthique
Faire partie de la solution plutôt que du problème…
3
PRENDRE SOIN DE LA TERRE
L’écologie considère les humains, les animaux et la santé de la planète
comme un tout : est bénéfique ce qui profite à toute la Terre. Adopter
cette éthique est la prochaine étape, indispensable, dans l’évolution de
la culture humaine. Sans cette éthique nous périrons certainement.
Nous devons, autant que possible, laisser de la place à la nature
sauvage, non dérangée par les humains. D’autre part, les systèmes que
nous créons pour subvenir à nos besoins doivent s’écarter aussi peu
que possible de la nature. La Permaculture permet cela.
PRENDRE SOIN DES HOMMES
Il y a une croyance répandue : pour produire notre nourriture et
subvenir à nos besoins, il faut soit beaucoup de travail humain, soit
beaucoup de pétrole. La Permaculture ouvre une nouvelle voie, qui est
douce à la fois pour les humains et pour la planète. Elle repose sur un
dessin intelligent.
Dans chaque projet de Permaculture, les besoins des hommes et ceux
de la planète sont considérés à poids égal.
Le cœur du problème écologique n’est pas du tout technique, mais
émotionnel et spirituel. Une approche globale est nécessaire.
Beaucoup considèrent que les problèmes résident dans les politiques
et le système économique global. Mais nous avons les institutions que
nous méritons, et la société comme ses organisations sont le résultat
des milliards d’actions quotidiennes de gens ordinaires. Notre réaction
face aux problèmes devrait être « quelque chose doit être fait ! Que
puis-je entreprendre à mon niveau ? ».
4
PARTAGER EQUITABLEMENT
Le troisième principe éthique de la Permaculture est le résultat des
deux autres : quelle part des ressources de la planète chacun de
nous est en droit d’utiliser, de manière à maintenir la planète en
bon état, et permettre à chacun de ses habitants de bénéficier d’un
niveau de vie matériel décent ?
Notre empreinte écologique est le produit de 3 facteurs :
- la taille de notre population
- le niveau de notre consommation
- l’efficacité des technologies que nous utilisons pour atteindre ce
niveau de consommation.
Population x consommation x technologie =
empreinte écologique
Actuellement, tout le développement « conventionnel », tant au
Nord qu’au Sud, consiste à intégrer un nombre croissant de
personnes dans l’économie monétaire globale, en remplaçant une
production locale subvenant aux besoins de la population locale
par des échanges à longue distance. On appelle cela la croissance
économique. Cela ne fait que nous éloigner des ressources dont
nous avons besoin pour vivre. Ce n’est qu’en nous reconnectant
aux ressources locales que nous pourrons créer une société
durable.
Un habitant du Nord consomme 10 à 35 fois plus d’énergie qu’un
habitant du Sud. Un américain : 100 fois plus qu’un habitant du
Bengladesh.
Les 20 % de la population qui habitent les pays industrialisés ont déjà
une empreinte écologique qui dépasse les capacités de la planète.
5
Les technologies existent pourtant déjà, qui permettraient de diviser
par 4 les ressources nécessaires aux biens matériels que nous utilisons,
certains scientifiques parlent même d’une division possible par 10…
Toutes les techniques de la permaculture sont inutiles si chacun de
nous ne prend pas la responsabilité de diminuer sa consommation
de biens matériels.
Si chaque habitant du Sud avait un niveau de vie décent : une
alimentation correcte, de l’eau pure, une maison décente, l’éducation
pour tous, mais sans voiture ni voyages en avion généralisés comme
chez nous, cela pourrait signifier que l’impact écologique du Sud
serait 10 fois plus important que celui des pays industrialisés.
Il est essentiel de changer nos modes de vie personnels. Un
glissement des taxes du travail vers l’usage des ressources serait
aussi un levier important.
Ne nous sentons pas coupables de nos modes de vie. Le désir positif
de changement doit devenir plus fort que nos réticences à changer nos
vieilles habitudes. Ce n’est pas une punition que l’on s’impose, mais
un processus de libération.
Echanges juste : nous vivons sur une planète limitée, acceptons
que cela impose des limites à nos appétits matériels. Cela peut être
un concept libérateur : une invitation à se centrer sur ce qui rend
la vie vraiment belle !
Comment changer nos modes de vie ?
Se concentrer sur les changements les plus signifiants en termes
d’empreinte écologique, ou sur les plus faciles à mettre en œuvre
pour nous. Ne pas trop se préoccuper des autres : on ne peut pas tout
changer d’un coup.
Selon diverses études, notre empreinte écologique est répartie comme
suit :
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-
alimentation : 30 à 36 %
maison : 21 %
transports : 21 à 41 %
biens de consommation : 21 %
services : 7 %
Alimentation : la principale partie de l’empreinte écologique réside
dans les transports, transformations, emballages, commercialisation, et
non dans la production. D’où l’intérêt d’une nourriture produite
localement, en échanges courts. A fortiori : la meilleure nourriture,
c’est celle que l’on produit soi-même.
1 calorie alimentaire dans notre assiette : 10 à 12 calories
d’énergies fossiles !
Environ 2 calories pour la production dans la ferme, le reste pour la
suite du processus (transports, transformation, distribution).
Nous ne pouvons vivre sans nourriture : cette thématique mérite une
attention toute particulière, et devrait mettre la question des sols au
cœur de nos préoccupations.
Forte consommation énergétique : l’alimentation, les transports,
la maison.
Faible consommation énergétique : l’eau, les déchets.
Permaculture et agriculture biologique
La permaculture traite de thématiques plus vastes que l’AB.
La Permaculture traite plutôt du design, l’AB des méthodes. Les deux
se recoupent et sont complémentaires.
La Permaculture considère tout ce qui rentre dans un système, tout ce
qui en sort, et sa relation avec le tout.
La Permaculture peut être vue comme un cadre général qui unit
de manière cohérente différentes idées vertes : l’AB, les
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technologies douces, l’efficacité énergétique. Elle insiste sur la
relation entre les choses plutôt que sur les choses elles-mêmes. La
plupart des idées et techniques de la Permaculture ont été développés
par des personnes qui ne se disaient pas permaculturistes.
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2
Les principes de la permaculture
La Permaculture propose des principes généraux, pas des prescriptions
détaillées. Ils sont censés être utilisés avec la connaissance des lieux.
L’essence de la Permaculture est de travailler avec ce qui est déjà là.
 préserver le meilleur de l’existant
 améliorer ce qui peut l’être
 en dernier, introduire de nouveaux éléments
C’est une approche à faible énergie, produisant un effet maximal,
travaillant en coopération avec les forces naturelles et les
communautés humaines.
Les solutions sont différentes pour chaque climat, région, localité,
maison… Elles prennent en compte les différences subtiles de
microclimat, sol, végétation, et aussi les besoins, préférences, styles de
vie des personnes.
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Les principes de la Permaculture
- SOL SAUVAGE
 pas de labour
 sol couvert
 plantes pérennes
- DIVERSITE
 espèces
 génétique
 écologique
 culturelle
- DESIGN MULTI-DIMENSIONNEL
 étagement
 succession
 lisières
- POSITIONNEMENT RELATIF
- OUTILS DE PLANNIFICATION
 zonage
 secteurs
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 relief
- PETITE TAILLE
 et récoltes
 et diversité
- INTRANTS – PRODUITS
 produits multiples
 mise en relation
- ENERGIE
 énergie incorporée
 énergie à l’utilisation
 ressources biologiques
- GLOBALITÉ
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SOL SAUVAGE
Pas de labour
Essayer d’avoir un sol cultivé aussi sauvage que possible.
Travailler avec la nature plutôt que contre elle.
Déranger le sol, et particulièrement le retourner, nuit à sa fertilité
naturelle. Cela détruit sa matière organique et sa structure, favorise
l’érosion, tue de nombreux micro-organismes essentiels et les vers.
En choisissant de labourer nous refusons les dons du sol et nous
engageons dans le fait de devoir supplémenter nous-mêmes à sa
fertilité.
Retourner le sol demande beaucoup d’énergie : il y en a environ 7 000
tonnes par hectare !
Ceci n’est pas un dogme : il n’y en a pas en Permaculture. Dans
certains cas le labour peut être approprié.
Sol couvert
Ceci va avec le principe précédent. Labourer met le sol à nu et
l’érosion emporte ses éléments. Quand on travaille le sol, on devrait
essayer de le couvrir le plus vite possible, soit avec un engrais vert,
soit avec un mulch.
Plantes pérennes
Dans la nature les plantes annuelles sont rares. Ce sont des plantes
pionnières qui réparent les sols. Elles sont suivies par des vivaces.
Cultiver des vivaces réduit l’énergie nécessaire : plus de préparation
du sol, de semis, de repiquages…
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Les vivaces peuvent être ligneuses – arbres et buissons – ou
herbacées. Les prairies naturelles et les herbages traditionnels sont
constitués d’herbacées pérennes.
En Europe et dans la plupart des régions du monde, le climax naturel
de la végétation est la forêt.
La manière la plus achevée de travailler avec la nature est de récolter
ce que produisent les arbres.
Un hectare de châtaigniers peut produire 7,5 T, ce qui est comparable
à une récolte de céréales, mais avec beaucoup moins d’efforts. La
durée totale de production d’un arbre est moins grande que des
cultures d’annuelles, car il demande du temps avant de produire, mais
cela est compensé par le fait qu’on peut cultiver des herbacées sous les
jeunes arbres.
L’humanité se nourrit essentiellement de céréales, mais ce n’est pas le
meilleur choix écologique. La sécurité alimentaire nous permet
d’envisager une agriculture basée sur les arbres. C’est à nous de
planter les arbres des générations futures.
DIVERSITE
La diversité est au cœur de la Permaculture. Nos systèmes sont plus
sains, productifs et durables s’ils sont diversifiés.
Il y a quatre aspects dans la diversité en Permaculture :
- Diversité des espèces : nombre d’espèces de plantes et
d’animaux associés dans un agroécosystème. Un mélange
d’espèces cultivées ensemble s’appelle la polyculture.
- Diversité génétique : le nombre de variétés de plantes et
d’animaux cultivés et élevés.
- Diversité écologique : le nombre total d’écosystèmes, de plantes
sauvages et d’animaux sur Terre.
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- Diversité culturelle : inclut toutes les activités humaines,
l’agriculture comme les autres.
La diversité dans un écosystème est caractérisée par le nombre de
niches différentes qui sont occupées. La niche d’une plante ou d’un
animal, c’est sa fonction dans l’écosystème, en relation avec les autres
espèces. Deux espèces ne peuvent pas occuper exactement la même
niche dans un écosystème naturel.
L’habitat d’un organisme : son « adresse ». Sa niche écologique : son
« occupation », son mode de vie.
La clef de la biodiversité : les espèces évitent la compétition en
utilisant des éléments différents de la ressource disponible.
L’association d’un verger et d’un potager utilise le même principe.
Ex : l’ail sauvage pousse sous les frênes. Ils partagent la ressource du
soleil, l’ail ayant ses feuilles de mars à début juin, le frêne de fin mai à
octobre.
Des vaches et le même nombre de moutons peuvent occuper le même
espace que les vaches seules.
Le pâturage augmente la diversité des herbacées. Sans lui les plantes
les plus vigoureuses étouffent les autres. La prédation a un effet
similaire sur les populations d’herbivores.
Les roselières sont les écosystèmes les plus productifs sous nos
climats.
La manière la plus rapide de diminuer la biodiversité dans une prairie,
c’est d’y apporter des fertilisants. Généralement, une fertilité élevée
est associée à une diversité moindre. Une fertilité faible aussi. Une
fertilité modérée met en évidence le fait que diversité et fertilité vont
de pair.
Appliquer trop d’azote est inutile : s’il n’est pas utilisé par les plantes,
il se perd.
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La diversité est l’alternative à l’application de grandes quantités
de fertilisants, caractéristique de l’agriculture chimique.
Les écosystèmes diversifiés résistent mieux au stress.
Les climats chauds ont plus de diversité ; elle diminue en allant vers
les pôles.
Diversité des espèces
Il y a de 35 000 à 70 000 plantes comestibles. 7 000 ont été cultivées
dans les temps historiques. Aujourd’hui, 90 % de la nourriture vient
de 20 plantes dans le monde, et 60 % de 3 d’entre elles : le riz, le maïs
et le blé -> risque alimentaire.
La diversité potentielle est plus élevée à notre époque car les
semences circulent plus facilement. Nous pouvons cultiver des
polycultures bien plus variées que les paysans de l’ère préindustrielle,
c’est l’une des principales différences entre l’agriculture postindustrielle et la leur.
Le potentiel pour accroître la diversité des plantes cultivées est
énorme.
DIVERSITE DES ESPECES
- PARTAGE DES RESSOURCES
 espace
 lumière
 eau
 nutriments
 temps
- SANTE
 Plantes
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 Humains
- STABILITE
- AUTRES
 Erosion
 Adventices
PARTAGE DES RESSOURCES
La polyculture associe des plantes qui utilisent des éléments
différents de la ressource pour leurs besoins.
Des profondeurs d’enracinement différentes permettent un usage
plus complet du sol, de l’eau et des éléments minéraux.
Certaines plantes font bénéficier leurs voisines de leur capacité à
fixer l’azote atmosphérique.
Une bonne association : plantes hautes et fines et plantes basses et
larges, ail et laitues par exemple.
SANTE
Beaucoup de parasites et de maladies des plantes sont spécifiques à
une espèce. Les maladies et ravageurs se propagent beaucoup plus
vite dans une monoculture.
Certaines plantes produisent des molécules qui boostent la
croissance de leurs voisines (effet allélopathique). Mais les
mauvaises associations sont plus nombreuses et c’est un art de
concevoir des polycultures bénéfiques.
STABILITE
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Chaque saison de culture est différente, certaines plantes
réussissent mieux une année, d’autre la suivante. Une polyculture a
plus de chances d’être stable d’une année sur l’autre, et d’offrir une
récolte moyenne acceptable qu’une monoculture.
Quelques plantes très robustes donnent bien tous les ans, comme
les topinambours.
Dans notre culture, nous accordons beaucoup d’importance au fait
d’obtenir des récoltes maximales, mais les cultures de subsistance
sont surtout concernées par la fiabilité de la récolte.
AUTRES
Les polycultures autorisent également un meilleur contrôle des
adventices.
Elles réduisent ou éliminent l’érosion des sols.
Les polycultures permettent dans l’ensemble d’avoir de meilleurs
rendements : 2 à 3 plantes cultivées simultanément augmentent les
rendements jusqu’à 2,5 fois. Mais elles demandent plus de soins et
plus d’eau et de fertilisants.
Diversité génétique
On assiste actuellement à une perte de la diversité génétique
généralisée. C’est une menace pour la survie de l’humanité, au même
titre que la disparition des forêts tropicales. Des milliers de variétés
locales, qui ont évolué au fil des siècles en s’adaptant aux conditions
locales, sont remplacées par quelques variétés modernes.
Les variétés modernes produisent davantage mais elles sont
dépendantes des intrants chimiques, et donc des énergies fossiles.
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Faute de pouvoir payer les intrants, la révolution verte a ruiné
beaucoup de petits paysans, les poussant dans les bidonvilles.
Les vieilles variétés sont essentielles. Ce sont des réserves de gènes.
Sans elles, nous devenons très vulnérables. Selon la FAO, 75 % des
vieilles variétés ont disparu au cours du XX° siècle !
Le génie génétique participe à la domination de l’agriculture par
l’industrie. Les OGM rendent moins possible une agriculture
paysanne durable.
Diversité écologique
La diversité des écosystèmes naturels et semi-naturels, qui coexistent
avec nous dans nos villes, nos jardins et nos fermes, est essentielle
pour l’avenir de la planète.
Diversité culturelle
A grande échelle, la diversité veut dire préserver et travailler avec le
caractère unique de chaque localité. La marque de fabrique de la
modernité est : uniformité.
La construction écologique et l’agriculture ne peuvent être enseignées
de manière centralisée. Les pratiques doivent être accordées au
caractère unique des lieux et des personnes qui les habitent.
Notre connexion à la Terre dépend largement du lieu où nous vivons ;
elle est fortement connotée émotionnellement.
Le principe de diversité concerne également la manière dont nous
gagnons notre vie. Dépendre d’une seule source de revenus est risqué.
Un réseau de ressources multiples offre une plus grande sécurité.
Les paysans peuvent avoir une petite ferme, et pratiquer une sorte de
télétravail, par exemple.
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Trop de diversité devient un obstacle, au sein de la ferme. Nous ne
pouvons diviser notre attention à l’infini. Il en va de même pour la
polyculture -> ne pas rechercher la diversité maximale, mais la
diversité optimale.
DESIGN MULTI-DIMENSIONNEL
Ce concept, comme celui de sol sauvage et de diversité, est basé sur
l’observation directe des écosystèmes. L’agriculture est généralement
bidimensionnelle, constituée de champs de plantes basses.
L’étagement introduit une troisième dimension. La succession en
introduit une quatrième : le temps, tandis que les lisières concernent
les interfaces entre différentes parties du système.
L’étagement
L’étagement consiste à cultiver sur plusieurs niveaux, c’est une
imitation des forêts naturelles, qui ont généralement trois niveaux
productifs.
Un système étagé est potentiellement plus productif qu’un système
à un seul niveau, comme un champ de céréales.
Les arbres ont besoin de plus d’eau que les plantes herbacées, qui
prospèrent généralement dans des régions plus arides. En Europe
tempérée, la végétation naturelle est généralement la forêt ; pourtant
nous cultivons principalement des céréales, qui sont des graminées
originaires des steppes d’Asie, plus arides et moins fertiles.
L’une des raisons principales de la grande productivité des forêts est
le grand nombre de niches écologiques qu’elles offrent, supérieur à
celui d’une prairie.
Dans les forêts caduques, les plantes herbacées, qui constituent le
niveau inférieur, ont en général leurs feuilles en premier, puis ce sont
les buissons et enfin les arbres, de manière à éviter la compétition
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pour la lumière. Nous pouvons mettre à profit ce principe. Par
exemple, un herbage aura réalisé 60 % de sa photosynthèse annuelle
avant que des frênes ne portent leurs feuilles.
L’association d’arbres et de cultures s’appelle l’agroforesterie.
Dans un système étagé, c’est la récolte totale qui est signifiante, et non
la récolte d’une seule production.
Le système étagé le plus complexe est la forêt jardin.
En ville, il est intéressant de cultiver sur 3 niveaux, vu le peu
d’espace. Palisser un arbre sur un mur est aussi une manière d’utiliser
la verticalité.
La succession
Un système étagé n’est pas statique. Il change chaque année, avec la
croissance des arbres, qui supplantent progressivement les plantes
herbacées qui dominaient au début. Une succession naturelle sous nos
climats serait typiquement : sol nu -> plantes annuelles -> plantes
herbacées pérennes -> buissons et arbres pionniers -> forêt.
La productivité d’une forêt jardin peut être optimale en choisissant
une bonne succession de végétaux.
La succession peut être mise à profit pour les plantes annuelles, par
exemple en associant des choux à croissance lente et des salades à
croissance rapide.
Les lisières
La partie la plus productive d’un écosystème est souvent à sa
périphérie. C’est ce qu’on appelle l’effet lisière.
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La principale limitation à la productivité dans les étages inférieurs
d’un écosystème est la lumière. Travailler sur les cycles annuels des
plantes et sur leur succession d’année en année. Un design avec
beaucoup de lisières réduit le problème.
L’alternance de bandes de culture produit davantage qu’une grande
monoculture.
Les lisières progressives sont plus productives que les lisières
abruptes.
Ceci est vrai pour les berges d’un étang comme pour les lisières d’une
forêt. Les plantes vivant en eau peu profondes ont un meilleur accès à
la lumière. Les écosystèmes d’eaux peu profondes sont les plus
productifs, sous tous les climats : mangroves, estuaires, roselières…
Le plancton manque de nutriments en haute mer, mais il en trouve
beaucoup dans les estuaires. Le plancton représente ¼ de la matière
organique produite sur Terre !
 Un mélange intime d’eau et de terre peut être
extrêmement productif.
POSITIONNEMENT RELATIF
C’est le principe fondamental, le « père » de tous les autres, puisque
notre but est de créer un réseau de relations bénéfiques entre tous les
éléments du système.
Exemple de l’association serre/poulailler. Exemple du mur au sud
palissé avec des fruitiers.
L’une des applications les plus importantes de ce principe est la
relation entre l’endroit où vivent les humains et l’endroit où est cultivé
leur nourriture. Il y a de nombreux avantages à cultiver la nourriture
chez soi, plutôt que de l’acheter au supermarché :
 L’énergie et la pollution des transports sont éliminées.
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 Les grandes fermes mécanisées énergivores sont remplacées
par des jardins intensément soignés.
 Les besoins en transformation et aditifs sont réduits ou
supprimés.
 Les emballages ne sont plus nécessaires.
 Le gaspillage de nourriture généré par le système de
distribution est éliminé.
 La nourriture est consommée plus fraîche, sa valeur nutritive
est supérieure.
 Les gens ont plus de contrôle sur la manière dont est cultivée
leur nourriture.
 La surface cultivée est plus réduite.
 Le jardinage est une activité saine qui nous reconnecte avec la
nature.
 On peut faire bon usage de la matière organique qui
s’accumule en ville, en la compostant.
La nourriture d’une famille anglaise génère 9 T de CO2 par an, soit 2
fois plus que le CO2 généré chaque année par une maison neuve.
Produire sa nourriture à la maison supprime virtuellement
pratiquement tout son coût énergétique. L’économie est considérable.
Permettre aux citadins de produire ne serait-ce qu’une part de
leur nourriture est l’un des thèmes centraux de la Permaculture.
Si l’on ne peut le faire, l’acheter directement au producteur est
l’étape suivante. C’est une manière de créer des relations bénéfiques
entre les personnes.
En règle générale : plus nos besoins matériels sont produits près
de chez nous, plus leur coût écologique est réduit.
LES OUTILS DE PLANNIFICATION
Notre kit de design contient 4 outils : zone, réseau, secteur, élévation.
Zonage
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La zone mesure l’attention humaine que reçoit une partie de
terrain. En d’autres termes, sa distance par rapport à notre porte.
Le principe du zonage est de placer ce qui doit recevoir le plus
d’attention au plus près du centre de l’activité humaine. Un jardin
potager sera mieux positionné juste devant la porte de la cuisine,
tandis qu’une plantation forestière, qui n’est visitée qu’une fois par an,
peut être éloignée. C’est une question de bon sens, mais dans la
pratique on peut constater que le bon sens n’est pas si répandu, ce qui
cause beaucoup de pertes de temps et d’énergie.
On peut diviser le terrain en 6 zones, selon un principe qui est conçu
pour les fermes, mais qui peut s’adapter à pratiquement toutes les
installations humaines.
Zone 0 : la maison d’habitation.
Zone 1 : le jardin potager et toutes les cultures les plus intensives, qui
demandent le plus de soins. La productivité est la plus haute et la
fertilité du sol doit être optimale. L’influence humaine sur cette partie
du paysage est forte.
Zone 2 : vergers, poulailler, abri des animaux, atelier, cultures
importantes, mais qui demandent plus de place que le potager.
Zone 3 : les cultures de ferme, les champs, pâturages. Idéalement une
pièce d’eau productive et des petites parties boisées faisant l’objet de
soins particuliers. La plupart de la production de cette zone est
destinée à la vente plutôt qu’à la consommation personnelle.
Zone 4 : les prairies et les bois. La plupart des plantes sont
autochtones et l’influence humaine est réduite. Les récoltes sont plus
basses.
Zone 5 : la nature sauvage. En France il y a peu de nature vraiment
sauvage, mais chaque design, même tout petit, devrait préserver un
espace aussi naturel que possible, ne serait-ce qu’un lieu où les
oiseaux peuvent s’alimenter.
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Ne pas oublier que nous pouvons influencer le type d’agriculture qui
nous entoure, ainsi que la nature sauvage, ne serait-ce que par le choix
de notre alimentation.
Réseau
Lorsqu’il y a plusieurs pôles d’activités humaines, par exemple
plusieurs maisons, ou ateliers de transformation, prendre en
considération les flux qui circulent entre eux, et les intégrer dans le
design : chemins, clôtures…
Secteurs
Le zonage et le réseau analysent les relations entre une terre et les
activités des humains qui occupent le site. L’analyse sectorielle
traite des relations avec les influences extérieures.
Les influences extérieures sont généralement : le vent,
l’ensoleillement, la circulation de l’eau, la pollution, le voisinage,
les vues… Le principe des secteurs est de positionner les éléments
là où ils auront la meilleure relation possible avec ces influences
extérieures.
La plantation forestière, par exemple. Le zonage la positionne en zone
4. Le secteur considèrera son positionnement par rapport aux vents
dominants, pour qu’elle abrite les autres installations. On prendra
aussi en considération la vue, à préserver, ou au contraire un élément
du paysage que l’on souhaite masquer…
Les secteurs accordent une grande importance aux microclimats.
Un microclimat est le climat d’une petite partie de terre, qui peut
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aller d’une commune à quelques mètres carrés. Il est influencé
par : le vent, l’ensoleillement, l’humidité, le risque de gel…
Le relief
Il faut également tenir compte du relief dans la conception de nos
installations. Chaque partie du paysage offre des opportunités et
des contraintes.
Dans une pente en S, concave et convexe, caractéristique de nos
climats humides, la partie haute est plus exposée, susceptible de
générer de l’énergie éolienne. Elle est souvent adaptée à des pâturages
ou des cultures. C’est l’endroit idéal où stocker de l’eau.
Plus bas la pente est sujette à l’érosion, les cultures, mais aussi les
pâturages, peuvent en générer. Les pentes les plus raides seront de
préférences boisées.
Juste sous le point où la pente convexe devient concave (point appelé
parfois point clef), l’endroit est particulièrement intéressant pour
collecter de l’eau. Elle pourra être redistribuée en dessous par gravité.
Les meilleures terres se trouvent généralement en dessous de ce
point.
C’est généralement l’endroit le plus chaud du paysage. C’est un
bon endroit pour construire une maison, abritée des vents du sommet
de la pente, et au dessus de la poche de gel de la vallée.
Pour toutes ces raisons, c’est aussi l’endroit idéal où positionner un
verger, qui est sensible au vent et au froid.
La partie située en dessous convient généralement pour les cultures.
Les pentes sont douces, le drainage généralement bon, le sol souvent
profond grâce à la terre qui s’accumule ici du fait de l’érosion de la
pente au-dessus.
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Le fond de la vallée, généralement plus humide, moins bien drainé, est
plus exposé aux gelées tardives car l’air froid y coule. Il convient pour
des herbages, pour faire du foin notamment, ou des plantations de
peupliers ou de saules.
Intégration des 4 outils
Chaque design tient compte de l’ensemble des paramètres. Pour
chaque partie de terre, la réponse est unique et dépend aussi des
goûts et objectifs de ses habitants.
Il y a aussi un cinquième élément à intégrer : le type de sol. La
plupart des arbres fruitiers n’aiment pas les sols calcaire, un bassin de
rétention d’eau sera plus facile à créer en sol argileux…
Si nous travaillons avec la terre, en utilisant chaque partie du paysage
pour les productions qui lui conviennent le mieux, nous pouvons
réduire considérablement la quantité d’intrants nécessaire pour
maintenir une installation avec un fort niveau de productivité.
PETITE TAILLE
Diversité
La taille de nos installations est cruciale en Permaculture. De
nombreux principes sont difficiles, voire impossibles à appliquer à
grande échelle.
Le principe qui est le plus influencé par la petite taille est la diversité.
Elle est en général favorisée par la petite taille.
Un jardin potager contient idéalement un grand nombre de variétés de
plantes, un jardinier amateur ne se soucie pas de passer quelques
minutes de plus à récolter. Un maraîcher est contraint à plus de
rendement, les récoltes doivent être plus rapides et la diversité
moindre. Il y a des compromis possibles. Dans la culture sur butte,
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chaque butte peut être réservée à une culture, ce qui facilite l’irrigation
car les besoins des plantes sont différents. Mais les buttes
environnantes portent d’autres cultures.
Récoltes
Les installations de petite taille sont plus productives. Cela est
démontré dans le monde entier.
Les grandes fermes sont efficaces en termes de production par
travailleur, mais extrêmement inefficaces en terme de production par
calorie investie. Si l’on considère l’énergie investie dans la ferme
(fuel, machines, fertilisants…), 0,5 calorie est produite pour chaque
calorie investie. A titre de comparaison, en Chine dans les années
1930, les paysans récoltaient 40 calories pour 1 investie.
La plupart des productions destinées à être consommées directement
par les humains produisent davantage d’énergie qu’elles n’en
consomment, mais la moyenne est tirée vers le bas par l’inefficacité
inhérente aux productions animales.
Mais le système de distribution associé aux grandes fermes est encore
plus inefficace en termes énergétiques. En tenant compte des
transports, des transformations, emballages, distribution,
stockage, des trajets pour faire les courses, il faut 10 à 12 calories
pour en produire 1 !
L’agriculture à grande échelle est aussi moins productive par unité de
surface. Selon toutes les études, plus la ferme est petite, plus elle est
productive. Aux USA, les fermes d’une taille allant de 0,5 à 6 hectares
sont 4 fois plus productives que les fermes de plus de 15 hectares. La
production est parfois 12 fois supérieure !
Une étude anglaise ancienne a mis en évidence le fait qu’en valeur, un
jardin de particulier produisait 3 fois la valeur d’une terre maraîchère
et 6 fois la valeur d’une bonne terre de ferme. Les particuliers
produisent donc plus de nourriture par unité de surface que les
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professionnels. Pourquoi ? A cause de l’attention supérieure
portée aux cultures, par unité de surface.
A long terme, aurons-nous encore besoin de fermes ? La réponse
est non. Beaucoup de jardins familiaux et des petites unités
suffiraient à couvrir nos besoins, le reste de la terre pourrait
redevenir sauvage ou être planté en forêts productives. Cela laisse
envisager une société durable. C’est une vision très puissante et
riche de nombreuses perspectives.
Dans certains cas, la petite échelle n’est pas appropriée. Par exemple,
un tout petit nombre d’arbres fruitiers de la même sorte risquent de
voir leur production dévorée par les oiseaux ou les écureuils. Il faut
donc trouver l’échelle appropriée pour chaque production.
INTRANTS/PRODUITS
La mise en relations
Ce qui fait fonctionner un écosystème, c’est le réseau de relations
bénéfiques qui relie tous ses composants. Pour que ces relations
s’établissent il est nécessaire de positionner les éléments de manière à
ce que le produit de l’un devienne l’intrant de l’autre. C’est la mise en
relation (linking).
Plus il y aura de mises en relation, plus le système sera productif et
moins il aura besoin d’intrants.
Des poules, par exemple, peuvent aider à nettoyer la terre, manger les
parasites d’un verger, elles peuvent se nourrir des déchets de cuisine et
des grains perdus et même chauffer une serre. Un design bien conçu
intègrera les poules et permettra de tirer profit de leurs produits.
Les éléments doivent être positionnés de manière à ce que la mise en
relation ne demande pas trop d’efforts. Sans cela, elle n’est plus
intéressante. Par exemple, si le poulailler est placé trop loin du verger.
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Une ressource non utilisée se transforme généralement en pollution (le
lisier, les déchets de cuisine…).
Produits multiples
Selon ce principe, en Permaculture, chaque plante, animal et
structure doivent servir à autant de fonctions que possible, c’est à
dire avoir des produits multiples. Il y a deux manières d’y arriver :
- Considérer tout le potentiel de l’existant (plantes, animaux,
structures).
- Choisir de nouveaux éléments qui ont intrinsèquement plus
d’une fonction.
Un toit peut être une source d’eau de pluie ; un mur un endroit où
cultiver de la nourriture… Combien de fonctions pour une haie ? On
peut aller jusqu’à 11, même si elles ne sont as toutes remplies en
même temps.
En Permaculture on ne cherche pas la production maximale d’une
seule culture, mais la production optimale de l’ensemble du
système.
On n’obtient des produits multiples que dans un système
diversifié, car la plupart des produits supplémentaires sont
indirects. Par exemple les poules qui contrôlent le niveau de
ravageurs du verger… Le faux acacia produit le plus de bois dur de
tous nos arbres, mais aussi des fleurs pour les abeilles…
Certains éléments doivent être cultivés juste pour eux mêmes, les
pommes de terre par exemple, même si elles ont un effet bénéfique sur
la structure du sol et les adventices. Il y a des exceptions à toute
règle !
LES FLUX D’ENERGIE
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Il y a une forte corrélation entre l’énergie utilisée et l’impact
écologique global. La plupart de notre énergie est fossile, et à chaque
fois que nous l’utilisons elle génère une pollution. Une préoccupation
centrale de la P est de réduire l’énergie utilisée à un niveau acceptable.
Il y a deux types d’énergie : l’énergie incorporée dans un objet à sa
fabrication et l’énergie utilisée lors de son fonctionnement.
L’énergie incorporée
C’est l’énergie utilisée pour produire les matériaux. Par exemple
l’énergie nécessaire pour construire une voiture, différente du
carburant qu’elle utilise pour rouler.
Une autre énergie incorporée, c’est la concentration des nutriments
des plantes dans un sol fertile.
L’énergie à l’utilisation
C’est généralement à elle qu’on pense quand on évoque l’énergie,
celle utiliser pour générer un mouvement ou de la chaleur.
L’énergie pure ne peut pas être recyclée. Elle ne peut que passer à
travers un système, naturel ou artificiel. Une fois utilisée, elle ne
peut jamais être reconstituée. Notre priorité doit être d’en utiliser
moins, et ce qui est nécessaire, de l’utiliser plus efficacement.
Quand l’énergie change de forme, elle produit deux choses : de
l’énergie de haute qualité, et un sous produit moins utile, souvent
de la chaleur à basse température. Par exemple, quand un poulet
mange sa nourriture, l’énergie de la nourriture est convertie en partie
en énergie de haute qualité sous la forme du corps de la poule, de ses
œufs et de ses mouvements, et le reste est converti en chaleur
corporelle, qui peut être utilisée pour chauffer une serre.
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Dans un système bien dessiné on essaye d’utiliser le plus possible de
l’énergie dégagée. L’énergie incorporée peut être réutilisée, dans la
nature elle l’est en presque totalité.
L’énergie du soleil traverse un écosystème. Les nutriments minéraux
sont, eux, recyclés à l’intérieur de l’écosystème en presque totalité.
Dans l’agriculture industrielle, une grande quantité d’énergie fossile
est utilisée, mais de plus les nutriments minéraux sont exportés. Ils
finissent dans les toilettes… et deviennent des polluants.
En Permaculture on essaye de garder tous les nutriments sur place, par
exemple avec des systèmes de compostage hygiéniques, et le cycle de
la nature est restauré.
Les ressources biologiques
A l’échelle humaine, l’énergie solaire peut être considérée comme
infinie.
Les plantes tirent leur énergie directement du soleil, et les
animaux en mangeant les plantes. A chaque fois que nous utilisons
une plante ou un animal, nous utilisons de l’énergie solaire >remplacer l’énergie fossile par l’énergie solaire est intéressant, par
exemple la
traction animale, ou l’utilisation des grenouilles
pour manger les limaces.
Les plantes et les animaux sont les ressources biologiques. Quand
nous choisissons une ressource biologique, nous récoltons du
soleil ! La condition est de ne pas l’utiliser plus vite qu’elle ne se
renouvelle.
Le bois peut être 30 fois plus résistant que l’acier par unité d’énergie
incorporée. Et l’énergie du bois est fournie gratuitement par le soleil.
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LA TOTALITE
La principale leçon de l’écologie aux humains, c’est que dans la
nature, tout est relié. Le tout est plus que la somme des parties.
Dans un système intégré, toutes les parties interagissent pour
former une totalité complexe.
La Terre fonctionne ainsi dans une large mesure, tous ses composants
interagissant pour générer les conditions les plus favorables à la vie,
comme l’a démontré l’Hypothèse Gaïa. James Lovelock a réalisé que
la Terre ressemblait à un grand organisme vivant, au sein duquel les
différentes formes de vie interagissent à la manière des organes dans
le corps d’une plante ou d’un animal.
Voici quelques conséquences :
1 - On ne peut jamais faire une seule chose… Tout ce que nous
faisons a des conséquences multiples, en plus de notre intention de
départ.
2 - Et tout a des causes multiples. Les événements et les
phénomènes sont toujours les résultats d’un ensemble de causes.
3 – Il n’y a pas d’ailleurs. Les polluants que nous générons finissent
toujours quelque part, affectant une partie de la totalité. Un jour
viendra l’effet boomerang, qui nous affectera.
Dessiner en tenant compte de la totalité
- Considérer la totalité du système, au début et à la fin du design.
- Ce que nous considérons comme la totalité fait en réalité partie
d’un ensemble encore plus grand.
L’essence de la Permaculture est de considérer un système comme
un tout et de rechercher comment chacun de ses composants peut
aider l’ensemble à fonctionner harmonieusement.
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Faire le meilleur usage des ressources présentes. La maison a des
ressources à offrir : l’eau de pluie et les eaux grises, de la matière
organique (déchets de cuisine, papiers), des nutriments sous forme
d’urine… Tout cela peut devenir des polluants s’ils ne sont pas utilisés
à l’intérieur du système.
Si le jardin est un espace récréatif plaisant, il réduira le nombre de
trajets en voiture pour aller se distraire ailleurs.
Toutes ces interactions doivent être constamment présentes à notre
esprit lorsque nous entreprenons un design en Permaculture.
La permaculture peut elle nourrir la planète ?
Un système en Permaculture bien dessiné doit produire au moins
autant que les systèmes conventionnels à haut niveau d’intrants.
Selon la FAO nous produisons 1,5 fois ce qui est nécessaire pour
nourrir l’humanité. Mais 50% de la nourriture produite dans le monde
est jetée… L’agriculture industrielle ne pourra certainement pas
nourrir l’humanité à l’avenir !
La nourriture est exportée des pays pauvres vers les pays riches,
souvent pour payer la dette. La majeure partie est utilisée pour nourrir
le bétail. La justice sociale fera davantage pour résoudre le problème
de la faim que l’augmentation de la production agricole. Mais à
l’avenir, l’augmentation de la population rendra nécessaire
l’utilisation de chaque m2 de terre arable.
La Permaculture peut être la solution d’avenir. Un basculement des
grandes exploitations vers des micro-fermes entraînerait une énorme
augmentation de la production.
Nous avons une opportunité de changer nos manières de nous nourrir,
de nous loger, de nous vêtir et de transformer nos installations pour les
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rendre hautement productives et durables tout à la fois. Le futur peut
être durablement abondant.
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