Les pages suivantes sont un résumé de : THE EARTH CARE MANUAL A permaculture handbook for Britain and other temperates climates Patrick Whitefield Permanent Publications 2004 Résumé et traduction : Ferme du Bec Hellouin 1 Qu’est-ce que la permaculture ? Le principe de la permaculture est de prendre les écosystèmes naturels comme modèles pour nos habitats humains. Les écosystèmes naturels sont, par définition, durables. Si nous comprenons comment ils fonctionnent, nous pourrons rendre nos habitats plus durables. Comparons une forêt naturelle de nos climats et un champ de blé. La diversité de la forêt est grande, avec ses arbres, buissons, plantes herbacées… Le champ de blé ne produit qu’une seule variété de plante. La biomasse produite chaque année par la forêt est bien plus importante. La forêt n’a besoin pour se perpétuer que du soleil, de la pluie, et de la roche mère à partir de laquelle elle produit son propre sol. Le champ de blé a besoin de soins intensifs : labours, hersages, semis, engrais, désherbage, traitements phytosanitaires… Sa culture entraîne une perte de sol. 1 Cependant, le champ de blé donne en totalité des produits utiles aux hommes : grains et paille. Ne serait-il pas formidable de créer des systèmes qui combinent la nature comestible du champ de blé avec la productivité et l’autonomie de la forêt ? Telle est l’inspiration de la permaculture. Une forêt jardin, par exemple, est une imitation d’une forêt sauvage, dans laquelle les plantes sauvages sont remplacées par des plantes comestibles : fruits et légumes. Qu’est ce qui fait fonctionner un écosystème naturel ? Principalement la diversité. Pas seulement un grand nombre d’espèces, mais surtout la diversité des relations entre plantes, animaux, micro-organismes et éléments non-vivants. L’idée centrale de la permaculture : créer un réseau de relations bénéfiques pour obtenir un système hautement productif sans nécessiter beaucoup d’intrants. Cette idée peut s’appliquer à un grand nombre d’activités humaines. Par exemple, une serre peut être isolée, ou accolée au côté sud d’une maison. Dans ce cas, elle sera maintenue hors gel tout l’hiver sans une goutte de fuel, et la maison économisera environ deux mois de chauffage chaque année. On cherche donc à minimiser les intrants (énergie, travail), et à maximiser les productions. La permaculture est fondamentalement une question de conception, de dessin. Il convient de mettre un maximum de soin dans le dessin initial pour un minimum d’efforts dans le système en fonctionnement. Une conception soignée permet un minimum d’action. Relations bénéfiques -> Positionnements respectifs -> Dessin 2 Historique de la permaculture La P est pratiquée depuis des milliers d’années par des personnes qui n’ont jamais entendu ce nom. Par exemple, le peuple Chagga, au nord de la Tanzanie, et les habitants de Kandy au Sri Lanka cultivent des jardins qui sont des versions modifiées de la forêt naturelle. Ils produisent toute leur nourriture, la plupart de leurs plantes médicinales et de leurs fibres, et de quoi gagner un peu d’argent. Le concept de P a été inventé dans les années 70 par deux australiens, Bill Mollison et David Holmgren. Dans l’esprit de ses concepteurs, la P désignait « un système intégré et évolutif formé de plantes pérennes ou se reproduisant seules et d’animaux utiles aux hommes. Un écosystème agricole complet ». « Peut-être cherchons-nous le jardin d’Eden, et alors ? » écrivaient Bill Mollison et David Holmgren. P = permanent agriculture, puis le concept a évolué et s’est élargi : P = permanent culture. « La Permaculture est un système conceptuel pour créer environnements humains durables. Elle traite des plantes, animaux, des constructions, des infrastructures, mais surtout relations à créer entre eux par la manière dont nous positionnons dans le paysage ». Bill Mollison des des des les La Permaculture s’intéresse aussi aux villes. La quantité de nourriture qui peut être produite en ville est évidemment moindre qu’à la campagne, mais sa valeur est beaucoup plus grande car elle est produite là où les gens vivent. L’éthique Faire partie de la solution plutôt que du problème… 3 PRENDRE SOIN DE LA TERRE L’écologie considère les humains, les animaux et la santé de la planète comme un tout : est bénéfique ce qui profite à toute la Terre. Adopter cette éthique est la prochaine étape, indispensable, dans l’évolution de la culture humaine. Sans cette éthique nous périrons certainement. Nous devons, autant que possible, laisser de la place à la nature sauvage, non dérangée par les humains. D’autre part, les systèmes que nous créons pour subvenir à nos besoins doivent s’écarter aussi peu que possible de la nature. La Permaculture permet cela. PRENDRE SOIN DES HOMMES Il y a une croyance répandue : pour produire notre nourriture et subvenir à nos besoins, il faut soit beaucoup de travail humain, soit beaucoup de pétrole. La Permaculture ouvre une nouvelle voie, qui est douce à la fois pour les humains et pour la planète. Elle repose sur un dessin intelligent. Dans chaque projet de Permaculture, les besoins des hommes et ceux de la planète sont considérés à poids égal. Le cœur du problème écologique n’est pas du tout technique, mais émotionnel et spirituel. Une approche globale est nécessaire. Beaucoup considèrent que les problèmes résident dans les politiques et le système économique global. Mais nous avons les institutions que nous méritons, et la société comme ses organisations sont le résultat des milliards d’actions quotidiennes de gens ordinaires. Notre réaction face aux problèmes devrait être « quelque chose doit être fait ! Que puis-je entreprendre à mon niveau ? ». 4 PARTAGER EQUITABLEMENT Le troisième principe éthique de la Permaculture est le résultat des deux autres : quelle part des ressources de la planète chacun de nous est en droit d’utiliser, de manière à maintenir la planète en bon état, et permettre à chacun de ses habitants de bénéficier d’un niveau de vie matériel décent ? Notre empreinte écologique est le produit de 3 facteurs : - la taille de notre population - le niveau de notre consommation - l’efficacité des technologies que nous utilisons pour atteindre ce niveau de consommation. Population x consommation x technologie = empreinte écologique Actuellement, tout le développement « conventionnel », tant au Nord qu’au Sud, consiste à intégrer un nombre croissant de personnes dans l’économie monétaire globale, en remplaçant une production locale subvenant aux besoins de la population locale par des échanges à longue distance. On appelle cela la croissance économique. Cela ne fait que nous éloigner des ressources dont nous avons besoin pour vivre. Ce n’est qu’en nous reconnectant aux ressources locales que nous pourrons créer une société durable. Un habitant du Nord consomme 10 à 35 fois plus d’énergie qu’un habitant du Sud. Un américain : 100 fois plus qu’un habitant du Bengladesh. Les 20 % de la population qui habitent les pays industrialisés ont déjà une empreinte écologique qui dépasse les capacités de la planète. 5 Les technologies existent pourtant déjà, qui permettraient de diviser par 4 les ressources nécessaires aux biens matériels que nous utilisons, certains scientifiques parlent même d’une division possible par 10… Toutes les techniques de la permaculture sont inutiles si chacun de nous ne prend pas la responsabilité de diminuer sa consommation de biens matériels. Si chaque habitant du Sud avait un niveau de vie décent : une alimentation correcte, de l’eau pure, une maison décente, l’éducation pour tous, mais sans voiture ni voyages en avion généralisés comme chez nous, cela pourrait signifier que l’impact écologique du Sud serait 10 fois plus important que celui des pays industrialisés. Il est essentiel de changer nos modes de vie personnels. Un glissement des taxes du travail vers l’usage des ressources serait aussi un levier important. Ne nous sentons pas coupables de nos modes de vie. Le désir positif de changement doit devenir plus fort que nos réticences à changer nos vieilles habitudes. Ce n’est pas une punition que l’on s’impose, mais un processus de libération. Echanges juste : nous vivons sur une planète limitée, acceptons que cela impose des limites à nos appétits matériels. Cela peut être un concept libérateur : une invitation à se centrer sur ce qui rend la vie vraiment belle ! Comment changer nos modes de vie ? Se concentrer sur les changements les plus signifiants en termes d’empreinte écologique, ou sur les plus faciles à mettre en œuvre pour nous. Ne pas trop se préoccuper des autres : on ne peut pas tout changer d’un coup. Selon diverses études, notre empreinte écologique est répartie comme suit : 6 - alimentation : 30 à 36 % maison : 21 % transports : 21 à 41 % biens de consommation : 21 % services : 7 % Alimentation : la principale partie de l’empreinte écologique réside dans les transports, transformations, emballages, commercialisation, et non dans la production. D’où l’intérêt d’une nourriture produite localement, en échanges courts. A fortiori : la meilleure nourriture, c’est celle que l’on produit soi-même. 1 calorie alimentaire dans notre assiette : 10 à 12 calories d’énergies fossiles ! Environ 2 calories pour la production dans la ferme, le reste pour la suite du processus (transports, transformation, distribution). Nous ne pouvons vivre sans nourriture : cette thématique mérite une attention toute particulière, et devrait mettre la question des sols au cœur de nos préoccupations. Forte consommation énergétique : l’alimentation, les transports, la maison. Faible consommation énergétique : l’eau, les déchets. Permaculture et agriculture biologique La permaculture traite de thématiques plus vastes que l’AB. La Permaculture traite plutôt du design, l’AB des méthodes. Les deux se recoupent et sont complémentaires. La Permaculture considère tout ce qui rentre dans un système, tout ce qui en sort, et sa relation avec le tout. La Permaculture peut être vue comme un cadre général qui unit de manière cohérente différentes idées vertes : l’AB, les 7 technologies douces, l’efficacité énergétique. Elle insiste sur la relation entre les choses plutôt que sur les choses elles-mêmes. La plupart des idées et techniques de la Permaculture ont été développés par des personnes qui ne se disaient pas permaculturistes. 8 2 Les principes de la permaculture La Permaculture propose des principes généraux, pas des prescriptions détaillées. Ils sont censés être utilisés avec la connaissance des lieux. L’essence de la Permaculture est de travailler avec ce qui est déjà là. préserver le meilleur de l’existant améliorer ce qui peut l’être en dernier, introduire de nouveaux éléments C’est une approche à faible énergie, produisant un effet maximal, travaillant en coopération avec les forces naturelles et les communautés humaines. Les solutions sont différentes pour chaque climat, région, localité, maison… Elles prennent en compte les différences subtiles de microclimat, sol, végétation, et aussi les besoins, préférences, styles de vie des personnes. 9 Les principes de la Permaculture - SOL SAUVAGE pas de labour sol couvert plantes pérennes - DIVERSITE espèces génétique écologique culturelle - DESIGN MULTI-DIMENSIONNEL étagement succession lisières - POSITIONNEMENT RELATIF - OUTILS DE PLANNIFICATION zonage secteurs 10 relief - PETITE TAILLE et récoltes et diversité - INTRANTS – PRODUITS produits multiples mise en relation - ENERGIE énergie incorporée énergie à l’utilisation ressources biologiques - GLOBALITÉ 11 SOL SAUVAGE Pas de labour Essayer d’avoir un sol cultivé aussi sauvage que possible. Travailler avec la nature plutôt que contre elle. Déranger le sol, et particulièrement le retourner, nuit à sa fertilité naturelle. Cela détruit sa matière organique et sa structure, favorise l’érosion, tue de nombreux micro-organismes essentiels et les vers. En choisissant de labourer nous refusons les dons du sol et nous engageons dans le fait de devoir supplémenter nous-mêmes à sa fertilité. Retourner le sol demande beaucoup d’énergie : il y en a environ 7 000 tonnes par hectare ! Ceci n’est pas un dogme : il n’y en a pas en Permaculture. Dans certains cas le labour peut être approprié. Sol couvert Ceci va avec le principe précédent. Labourer met le sol à nu et l’érosion emporte ses éléments. Quand on travaille le sol, on devrait essayer de le couvrir le plus vite possible, soit avec un engrais vert, soit avec un mulch. Plantes pérennes Dans la nature les plantes annuelles sont rares. Ce sont des plantes pionnières qui réparent les sols. Elles sont suivies par des vivaces. Cultiver des vivaces réduit l’énergie nécessaire : plus de préparation du sol, de semis, de repiquages… 12 Les vivaces peuvent être ligneuses – arbres et buissons – ou herbacées. Les prairies naturelles et les herbages traditionnels sont constitués d’herbacées pérennes. En Europe et dans la plupart des régions du monde, le climax naturel de la végétation est la forêt. La manière la plus achevée de travailler avec la nature est de récolter ce que produisent les arbres. Un hectare de châtaigniers peut produire 7,5 T, ce qui est comparable à une récolte de céréales, mais avec beaucoup moins d’efforts. La durée totale de production d’un arbre est moins grande que des cultures d’annuelles, car il demande du temps avant de produire, mais cela est compensé par le fait qu’on peut cultiver des herbacées sous les jeunes arbres. L’humanité se nourrit essentiellement de céréales, mais ce n’est pas le meilleur choix écologique. La sécurité alimentaire nous permet d’envisager une agriculture basée sur les arbres. C’est à nous de planter les arbres des générations futures. DIVERSITE La diversité est au cœur de la Permaculture. Nos systèmes sont plus sains, productifs et durables s’ils sont diversifiés. Il y a quatre aspects dans la diversité en Permaculture : - Diversité des espèces : nombre d’espèces de plantes et d’animaux associés dans un agroécosystème. Un mélange d’espèces cultivées ensemble s’appelle la polyculture. - Diversité génétique : le nombre de variétés de plantes et d’animaux cultivés et élevés. - Diversité écologique : le nombre total d’écosystèmes, de plantes sauvages et d’animaux sur Terre. 13 - Diversité culturelle : inclut toutes les activités humaines, l’agriculture comme les autres. La diversité dans un écosystème est caractérisée par le nombre de niches différentes qui sont occupées. La niche d’une plante ou d’un animal, c’est sa fonction dans l’écosystème, en relation avec les autres espèces. Deux espèces ne peuvent pas occuper exactement la même niche dans un écosystème naturel. L’habitat d’un organisme : son « adresse ». Sa niche écologique : son « occupation », son mode de vie. La clef de la biodiversité : les espèces évitent la compétition en utilisant des éléments différents de la ressource disponible. L’association d’un verger et d’un potager utilise le même principe. Ex : l’ail sauvage pousse sous les frênes. Ils partagent la ressource du soleil, l’ail ayant ses feuilles de mars à début juin, le frêne de fin mai à octobre. Des vaches et le même nombre de moutons peuvent occuper le même espace que les vaches seules. Le pâturage augmente la diversité des herbacées. Sans lui les plantes les plus vigoureuses étouffent les autres. La prédation a un effet similaire sur les populations d’herbivores. Les roselières sont les écosystèmes les plus productifs sous nos climats. La manière la plus rapide de diminuer la biodiversité dans une prairie, c’est d’y apporter des fertilisants. Généralement, une fertilité élevée est associée à une diversité moindre. Une fertilité faible aussi. Une fertilité modérée met en évidence le fait que diversité et fertilité vont de pair. Appliquer trop d’azote est inutile : s’il n’est pas utilisé par les plantes, il se perd. 14 La diversité est l’alternative à l’application de grandes quantités de fertilisants, caractéristique de l’agriculture chimique. Les écosystèmes diversifiés résistent mieux au stress. Les climats chauds ont plus de diversité ; elle diminue en allant vers les pôles. Diversité des espèces Il y a de 35 000 à 70 000 plantes comestibles. 7 000 ont été cultivées dans les temps historiques. Aujourd’hui, 90 % de la nourriture vient de 20 plantes dans le monde, et 60 % de 3 d’entre elles : le riz, le maïs et le blé -> risque alimentaire. La diversité potentielle est plus élevée à notre époque car les semences circulent plus facilement. Nous pouvons cultiver des polycultures bien plus variées que les paysans de l’ère préindustrielle, c’est l’une des principales différences entre l’agriculture postindustrielle et la leur. Le potentiel pour accroître la diversité des plantes cultivées est énorme. DIVERSITE DES ESPECES - PARTAGE DES RESSOURCES espace lumière eau nutriments temps - SANTE Plantes 15 Humains - STABILITE - AUTRES Erosion Adventices PARTAGE DES RESSOURCES La polyculture associe des plantes qui utilisent des éléments différents de la ressource pour leurs besoins. Des profondeurs d’enracinement différentes permettent un usage plus complet du sol, de l’eau et des éléments minéraux. Certaines plantes font bénéficier leurs voisines de leur capacité à fixer l’azote atmosphérique. Une bonne association : plantes hautes et fines et plantes basses et larges, ail et laitues par exemple. SANTE Beaucoup de parasites et de maladies des plantes sont spécifiques à une espèce. Les maladies et ravageurs se propagent beaucoup plus vite dans une monoculture. Certaines plantes produisent des molécules qui boostent la croissance de leurs voisines (effet allélopathique). Mais les mauvaises associations sont plus nombreuses et c’est un art de concevoir des polycultures bénéfiques. STABILITE 16 Chaque saison de culture est différente, certaines plantes réussissent mieux une année, d’autre la suivante. Une polyculture a plus de chances d’être stable d’une année sur l’autre, et d’offrir une récolte moyenne acceptable qu’une monoculture. Quelques plantes très robustes donnent bien tous les ans, comme les topinambours. Dans notre culture, nous accordons beaucoup d’importance au fait d’obtenir des récoltes maximales, mais les cultures de subsistance sont surtout concernées par la fiabilité de la récolte. AUTRES Les polycultures autorisent également un meilleur contrôle des adventices. Elles réduisent ou éliminent l’érosion des sols. Les polycultures permettent dans l’ensemble d’avoir de meilleurs rendements : 2 à 3 plantes cultivées simultanément augmentent les rendements jusqu’à 2,5 fois. Mais elles demandent plus de soins et plus d’eau et de fertilisants. Diversité génétique On assiste actuellement à une perte de la diversité génétique généralisée. C’est une menace pour la survie de l’humanité, au même titre que la disparition des forêts tropicales. Des milliers de variétés locales, qui ont évolué au fil des siècles en s’adaptant aux conditions locales, sont remplacées par quelques variétés modernes. Les variétés modernes produisent davantage mais elles sont dépendantes des intrants chimiques, et donc des énergies fossiles. 17 Faute de pouvoir payer les intrants, la révolution verte a ruiné beaucoup de petits paysans, les poussant dans les bidonvilles. Les vieilles variétés sont essentielles. Ce sont des réserves de gènes. Sans elles, nous devenons très vulnérables. Selon la FAO, 75 % des vieilles variétés ont disparu au cours du XX° siècle ! Le génie génétique participe à la domination de l’agriculture par l’industrie. Les OGM rendent moins possible une agriculture paysanne durable. Diversité écologique La diversité des écosystèmes naturels et semi-naturels, qui coexistent avec nous dans nos villes, nos jardins et nos fermes, est essentielle pour l’avenir de la planète. Diversité culturelle A grande échelle, la diversité veut dire préserver et travailler avec le caractère unique de chaque localité. La marque de fabrique de la modernité est : uniformité. La construction écologique et l’agriculture ne peuvent être enseignées de manière centralisée. Les pratiques doivent être accordées au caractère unique des lieux et des personnes qui les habitent. Notre connexion à la Terre dépend largement du lieu où nous vivons ; elle est fortement connotée émotionnellement. Le principe de diversité concerne également la manière dont nous gagnons notre vie. Dépendre d’une seule source de revenus est risqué. Un réseau de ressources multiples offre une plus grande sécurité. Les paysans peuvent avoir une petite ferme, et pratiquer une sorte de télétravail, par exemple. 18 Trop de diversité devient un obstacle, au sein de la ferme. Nous ne pouvons diviser notre attention à l’infini. Il en va de même pour la polyculture -> ne pas rechercher la diversité maximale, mais la diversité optimale. DESIGN MULTI-DIMENSIONNEL Ce concept, comme celui de sol sauvage et de diversité, est basé sur l’observation directe des écosystèmes. L’agriculture est généralement bidimensionnelle, constituée de champs de plantes basses. L’étagement introduit une troisième dimension. La succession en introduit une quatrième : le temps, tandis que les lisières concernent les interfaces entre différentes parties du système. L’étagement L’étagement consiste à cultiver sur plusieurs niveaux, c’est une imitation des forêts naturelles, qui ont généralement trois niveaux productifs. Un système étagé est potentiellement plus productif qu’un système à un seul niveau, comme un champ de céréales. Les arbres ont besoin de plus d’eau que les plantes herbacées, qui prospèrent généralement dans des régions plus arides. En Europe tempérée, la végétation naturelle est généralement la forêt ; pourtant nous cultivons principalement des céréales, qui sont des graminées originaires des steppes d’Asie, plus arides et moins fertiles. L’une des raisons principales de la grande productivité des forêts est le grand nombre de niches écologiques qu’elles offrent, supérieur à celui d’une prairie. Dans les forêts caduques, les plantes herbacées, qui constituent le niveau inférieur, ont en général leurs feuilles en premier, puis ce sont les buissons et enfin les arbres, de manière à éviter la compétition 19 pour la lumière. Nous pouvons mettre à profit ce principe. Par exemple, un herbage aura réalisé 60 % de sa photosynthèse annuelle avant que des frênes ne portent leurs feuilles. L’association d’arbres et de cultures s’appelle l’agroforesterie. Dans un système étagé, c’est la récolte totale qui est signifiante, et non la récolte d’une seule production. Le système étagé le plus complexe est la forêt jardin. En ville, il est intéressant de cultiver sur 3 niveaux, vu le peu d’espace. Palisser un arbre sur un mur est aussi une manière d’utiliser la verticalité. La succession Un système étagé n’est pas statique. Il change chaque année, avec la croissance des arbres, qui supplantent progressivement les plantes herbacées qui dominaient au début. Une succession naturelle sous nos climats serait typiquement : sol nu -> plantes annuelles -> plantes herbacées pérennes -> buissons et arbres pionniers -> forêt. La productivité d’une forêt jardin peut être optimale en choisissant une bonne succession de végétaux. La succession peut être mise à profit pour les plantes annuelles, par exemple en associant des choux à croissance lente et des salades à croissance rapide. Les lisières La partie la plus productive d’un écosystème est souvent à sa périphérie. C’est ce qu’on appelle l’effet lisière. 20 La principale limitation à la productivité dans les étages inférieurs d’un écosystème est la lumière. Travailler sur les cycles annuels des plantes et sur leur succession d’année en année. Un design avec beaucoup de lisières réduit le problème. L’alternance de bandes de culture produit davantage qu’une grande monoculture. Les lisières progressives sont plus productives que les lisières abruptes. Ceci est vrai pour les berges d’un étang comme pour les lisières d’une forêt. Les plantes vivant en eau peu profondes ont un meilleur accès à la lumière. Les écosystèmes d’eaux peu profondes sont les plus productifs, sous tous les climats : mangroves, estuaires, roselières… Le plancton manque de nutriments en haute mer, mais il en trouve beaucoup dans les estuaires. Le plancton représente ¼ de la matière organique produite sur Terre ! Un mélange intime d’eau et de terre peut être extrêmement productif. POSITIONNEMENT RELATIF C’est le principe fondamental, le « père » de tous les autres, puisque notre but est de créer un réseau de relations bénéfiques entre tous les éléments du système. Exemple de l’association serre/poulailler. Exemple du mur au sud palissé avec des fruitiers. L’une des applications les plus importantes de ce principe est la relation entre l’endroit où vivent les humains et l’endroit où est cultivé leur nourriture. Il y a de nombreux avantages à cultiver la nourriture chez soi, plutôt que de l’acheter au supermarché : L’énergie et la pollution des transports sont éliminées. 21 Les grandes fermes mécanisées énergivores sont remplacées par des jardins intensément soignés. Les besoins en transformation et aditifs sont réduits ou supprimés. Les emballages ne sont plus nécessaires. Le gaspillage de nourriture généré par le système de distribution est éliminé. La nourriture est consommée plus fraîche, sa valeur nutritive est supérieure. Les gens ont plus de contrôle sur la manière dont est cultivée leur nourriture. La surface cultivée est plus réduite. Le jardinage est une activité saine qui nous reconnecte avec la nature. On peut faire bon usage de la matière organique qui s’accumule en ville, en la compostant. La nourriture d’une famille anglaise génère 9 T de CO2 par an, soit 2 fois plus que le CO2 généré chaque année par une maison neuve. Produire sa nourriture à la maison supprime virtuellement pratiquement tout son coût énergétique. L’économie est considérable. Permettre aux citadins de produire ne serait-ce qu’une part de leur nourriture est l’un des thèmes centraux de la Permaculture. Si l’on ne peut le faire, l’acheter directement au producteur est l’étape suivante. C’est une manière de créer des relations bénéfiques entre les personnes. En règle générale : plus nos besoins matériels sont produits près de chez nous, plus leur coût écologique est réduit. LES OUTILS DE PLANNIFICATION Notre kit de design contient 4 outils : zone, réseau, secteur, élévation. Zonage 22 La zone mesure l’attention humaine que reçoit une partie de terrain. En d’autres termes, sa distance par rapport à notre porte. Le principe du zonage est de placer ce qui doit recevoir le plus d’attention au plus près du centre de l’activité humaine. Un jardin potager sera mieux positionné juste devant la porte de la cuisine, tandis qu’une plantation forestière, qui n’est visitée qu’une fois par an, peut être éloignée. C’est une question de bon sens, mais dans la pratique on peut constater que le bon sens n’est pas si répandu, ce qui cause beaucoup de pertes de temps et d’énergie. On peut diviser le terrain en 6 zones, selon un principe qui est conçu pour les fermes, mais qui peut s’adapter à pratiquement toutes les installations humaines. Zone 0 : la maison d’habitation. Zone 1 : le jardin potager et toutes les cultures les plus intensives, qui demandent le plus de soins. La productivité est la plus haute et la fertilité du sol doit être optimale. L’influence humaine sur cette partie du paysage est forte. Zone 2 : vergers, poulailler, abri des animaux, atelier, cultures importantes, mais qui demandent plus de place que le potager. Zone 3 : les cultures de ferme, les champs, pâturages. Idéalement une pièce d’eau productive et des petites parties boisées faisant l’objet de soins particuliers. La plupart de la production de cette zone est destinée à la vente plutôt qu’à la consommation personnelle. Zone 4 : les prairies et les bois. La plupart des plantes sont autochtones et l’influence humaine est réduite. Les récoltes sont plus basses. Zone 5 : la nature sauvage. En France il y a peu de nature vraiment sauvage, mais chaque design, même tout petit, devrait préserver un espace aussi naturel que possible, ne serait-ce qu’un lieu où les oiseaux peuvent s’alimenter. 23 Ne pas oublier que nous pouvons influencer le type d’agriculture qui nous entoure, ainsi que la nature sauvage, ne serait-ce que par le choix de notre alimentation. Réseau Lorsqu’il y a plusieurs pôles d’activités humaines, par exemple plusieurs maisons, ou ateliers de transformation, prendre en considération les flux qui circulent entre eux, et les intégrer dans le design : chemins, clôtures… Secteurs Le zonage et le réseau analysent les relations entre une terre et les activités des humains qui occupent le site. L’analyse sectorielle traite des relations avec les influences extérieures. Les influences extérieures sont généralement : le vent, l’ensoleillement, la circulation de l’eau, la pollution, le voisinage, les vues… Le principe des secteurs est de positionner les éléments là où ils auront la meilleure relation possible avec ces influences extérieures. La plantation forestière, par exemple. Le zonage la positionne en zone 4. Le secteur considèrera son positionnement par rapport aux vents dominants, pour qu’elle abrite les autres installations. On prendra aussi en considération la vue, à préserver, ou au contraire un élément du paysage que l’on souhaite masquer… Les secteurs accordent une grande importance aux microclimats. Un microclimat est le climat d’une petite partie de terre, qui peut 24 aller d’une commune à quelques mètres carrés. Il est influencé par : le vent, l’ensoleillement, l’humidité, le risque de gel… Le relief Il faut également tenir compte du relief dans la conception de nos installations. Chaque partie du paysage offre des opportunités et des contraintes. Dans une pente en S, concave et convexe, caractéristique de nos climats humides, la partie haute est plus exposée, susceptible de générer de l’énergie éolienne. Elle est souvent adaptée à des pâturages ou des cultures. C’est l’endroit idéal où stocker de l’eau. Plus bas la pente est sujette à l’érosion, les cultures, mais aussi les pâturages, peuvent en générer. Les pentes les plus raides seront de préférences boisées. Juste sous le point où la pente convexe devient concave (point appelé parfois point clef), l’endroit est particulièrement intéressant pour collecter de l’eau. Elle pourra être redistribuée en dessous par gravité. Les meilleures terres se trouvent généralement en dessous de ce point. C’est généralement l’endroit le plus chaud du paysage. C’est un bon endroit pour construire une maison, abritée des vents du sommet de la pente, et au dessus de la poche de gel de la vallée. Pour toutes ces raisons, c’est aussi l’endroit idéal où positionner un verger, qui est sensible au vent et au froid. La partie située en dessous convient généralement pour les cultures. Les pentes sont douces, le drainage généralement bon, le sol souvent profond grâce à la terre qui s’accumule ici du fait de l’érosion de la pente au-dessus. 25 Le fond de la vallée, généralement plus humide, moins bien drainé, est plus exposé aux gelées tardives car l’air froid y coule. Il convient pour des herbages, pour faire du foin notamment, ou des plantations de peupliers ou de saules. Intégration des 4 outils Chaque design tient compte de l’ensemble des paramètres. Pour chaque partie de terre, la réponse est unique et dépend aussi des goûts et objectifs de ses habitants. Il y a aussi un cinquième élément à intégrer : le type de sol. La plupart des arbres fruitiers n’aiment pas les sols calcaire, un bassin de rétention d’eau sera plus facile à créer en sol argileux… Si nous travaillons avec la terre, en utilisant chaque partie du paysage pour les productions qui lui conviennent le mieux, nous pouvons réduire considérablement la quantité d’intrants nécessaire pour maintenir une installation avec un fort niveau de productivité. PETITE TAILLE Diversité La taille de nos installations est cruciale en Permaculture. De nombreux principes sont difficiles, voire impossibles à appliquer à grande échelle. Le principe qui est le plus influencé par la petite taille est la diversité. Elle est en général favorisée par la petite taille. Un jardin potager contient idéalement un grand nombre de variétés de plantes, un jardinier amateur ne se soucie pas de passer quelques minutes de plus à récolter. Un maraîcher est contraint à plus de rendement, les récoltes doivent être plus rapides et la diversité moindre. Il y a des compromis possibles. Dans la culture sur butte, 26 chaque butte peut être réservée à une culture, ce qui facilite l’irrigation car les besoins des plantes sont différents. Mais les buttes environnantes portent d’autres cultures. Récoltes Les installations de petite taille sont plus productives. Cela est démontré dans le monde entier. Les grandes fermes sont efficaces en termes de production par travailleur, mais extrêmement inefficaces en terme de production par calorie investie. Si l’on considère l’énergie investie dans la ferme (fuel, machines, fertilisants…), 0,5 calorie est produite pour chaque calorie investie. A titre de comparaison, en Chine dans les années 1930, les paysans récoltaient 40 calories pour 1 investie. La plupart des productions destinées à être consommées directement par les humains produisent davantage d’énergie qu’elles n’en consomment, mais la moyenne est tirée vers le bas par l’inefficacité inhérente aux productions animales. Mais le système de distribution associé aux grandes fermes est encore plus inefficace en termes énergétiques. En tenant compte des transports, des transformations, emballages, distribution, stockage, des trajets pour faire les courses, il faut 10 à 12 calories pour en produire 1 ! L’agriculture à grande échelle est aussi moins productive par unité de surface. Selon toutes les études, plus la ferme est petite, plus elle est productive. Aux USA, les fermes d’une taille allant de 0,5 à 6 hectares sont 4 fois plus productives que les fermes de plus de 15 hectares. La production est parfois 12 fois supérieure ! Une étude anglaise ancienne a mis en évidence le fait qu’en valeur, un jardin de particulier produisait 3 fois la valeur d’une terre maraîchère et 6 fois la valeur d’une bonne terre de ferme. Les particuliers produisent donc plus de nourriture par unité de surface que les 27 professionnels. Pourquoi ? A cause de l’attention supérieure portée aux cultures, par unité de surface. A long terme, aurons-nous encore besoin de fermes ? La réponse est non. Beaucoup de jardins familiaux et des petites unités suffiraient à couvrir nos besoins, le reste de la terre pourrait redevenir sauvage ou être planté en forêts productives. Cela laisse envisager une société durable. C’est une vision très puissante et riche de nombreuses perspectives. Dans certains cas, la petite échelle n’est pas appropriée. Par exemple, un tout petit nombre d’arbres fruitiers de la même sorte risquent de voir leur production dévorée par les oiseaux ou les écureuils. Il faut donc trouver l’échelle appropriée pour chaque production. INTRANTS/PRODUITS La mise en relations Ce qui fait fonctionner un écosystème, c’est le réseau de relations bénéfiques qui relie tous ses composants. Pour que ces relations s’établissent il est nécessaire de positionner les éléments de manière à ce que le produit de l’un devienne l’intrant de l’autre. C’est la mise en relation (linking). Plus il y aura de mises en relation, plus le système sera productif et moins il aura besoin d’intrants. Des poules, par exemple, peuvent aider à nettoyer la terre, manger les parasites d’un verger, elles peuvent se nourrir des déchets de cuisine et des grains perdus et même chauffer une serre. Un design bien conçu intègrera les poules et permettra de tirer profit de leurs produits. Les éléments doivent être positionnés de manière à ce que la mise en relation ne demande pas trop d’efforts. Sans cela, elle n’est plus intéressante. Par exemple, si le poulailler est placé trop loin du verger. 28 Une ressource non utilisée se transforme généralement en pollution (le lisier, les déchets de cuisine…). Produits multiples Selon ce principe, en Permaculture, chaque plante, animal et structure doivent servir à autant de fonctions que possible, c’est à dire avoir des produits multiples. Il y a deux manières d’y arriver : - Considérer tout le potentiel de l’existant (plantes, animaux, structures). - Choisir de nouveaux éléments qui ont intrinsèquement plus d’une fonction. Un toit peut être une source d’eau de pluie ; un mur un endroit où cultiver de la nourriture… Combien de fonctions pour une haie ? On peut aller jusqu’à 11, même si elles ne sont as toutes remplies en même temps. En Permaculture on ne cherche pas la production maximale d’une seule culture, mais la production optimale de l’ensemble du système. On n’obtient des produits multiples que dans un système diversifié, car la plupart des produits supplémentaires sont indirects. Par exemple les poules qui contrôlent le niveau de ravageurs du verger… Le faux acacia produit le plus de bois dur de tous nos arbres, mais aussi des fleurs pour les abeilles… Certains éléments doivent être cultivés juste pour eux mêmes, les pommes de terre par exemple, même si elles ont un effet bénéfique sur la structure du sol et les adventices. Il y a des exceptions à toute règle ! LES FLUX D’ENERGIE 29 Il y a une forte corrélation entre l’énergie utilisée et l’impact écologique global. La plupart de notre énergie est fossile, et à chaque fois que nous l’utilisons elle génère une pollution. Une préoccupation centrale de la P est de réduire l’énergie utilisée à un niveau acceptable. Il y a deux types d’énergie : l’énergie incorporée dans un objet à sa fabrication et l’énergie utilisée lors de son fonctionnement. L’énergie incorporée C’est l’énergie utilisée pour produire les matériaux. Par exemple l’énergie nécessaire pour construire une voiture, différente du carburant qu’elle utilise pour rouler. Une autre énergie incorporée, c’est la concentration des nutriments des plantes dans un sol fertile. L’énergie à l’utilisation C’est généralement à elle qu’on pense quand on évoque l’énergie, celle utiliser pour générer un mouvement ou de la chaleur. L’énergie pure ne peut pas être recyclée. Elle ne peut que passer à travers un système, naturel ou artificiel. Une fois utilisée, elle ne peut jamais être reconstituée. Notre priorité doit être d’en utiliser moins, et ce qui est nécessaire, de l’utiliser plus efficacement. Quand l’énergie change de forme, elle produit deux choses : de l’énergie de haute qualité, et un sous produit moins utile, souvent de la chaleur à basse température. Par exemple, quand un poulet mange sa nourriture, l’énergie de la nourriture est convertie en partie en énergie de haute qualité sous la forme du corps de la poule, de ses œufs et de ses mouvements, et le reste est converti en chaleur corporelle, qui peut être utilisée pour chauffer une serre. 30 Dans un système bien dessiné on essaye d’utiliser le plus possible de l’énergie dégagée. L’énergie incorporée peut être réutilisée, dans la nature elle l’est en presque totalité. L’énergie du soleil traverse un écosystème. Les nutriments minéraux sont, eux, recyclés à l’intérieur de l’écosystème en presque totalité. Dans l’agriculture industrielle, une grande quantité d’énergie fossile est utilisée, mais de plus les nutriments minéraux sont exportés. Ils finissent dans les toilettes… et deviennent des polluants. En Permaculture on essaye de garder tous les nutriments sur place, par exemple avec des systèmes de compostage hygiéniques, et le cycle de la nature est restauré. Les ressources biologiques A l’échelle humaine, l’énergie solaire peut être considérée comme infinie. Les plantes tirent leur énergie directement du soleil, et les animaux en mangeant les plantes. A chaque fois que nous utilisons une plante ou un animal, nous utilisons de l’énergie solaire >remplacer l’énergie fossile par l’énergie solaire est intéressant, par exemple la traction animale, ou l’utilisation des grenouilles pour manger les limaces. Les plantes et les animaux sont les ressources biologiques. Quand nous choisissons une ressource biologique, nous récoltons du soleil ! La condition est de ne pas l’utiliser plus vite qu’elle ne se renouvelle. Le bois peut être 30 fois plus résistant que l’acier par unité d’énergie incorporée. Et l’énergie du bois est fournie gratuitement par le soleil. 31 LA TOTALITE La principale leçon de l’écologie aux humains, c’est que dans la nature, tout est relié. Le tout est plus que la somme des parties. Dans un système intégré, toutes les parties interagissent pour former une totalité complexe. La Terre fonctionne ainsi dans une large mesure, tous ses composants interagissant pour générer les conditions les plus favorables à la vie, comme l’a démontré l’Hypothèse Gaïa. James Lovelock a réalisé que la Terre ressemblait à un grand organisme vivant, au sein duquel les différentes formes de vie interagissent à la manière des organes dans le corps d’une plante ou d’un animal. Voici quelques conséquences : 1 - On ne peut jamais faire une seule chose… Tout ce que nous faisons a des conséquences multiples, en plus de notre intention de départ. 2 - Et tout a des causes multiples. Les événements et les phénomènes sont toujours les résultats d’un ensemble de causes. 3 – Il n’y a pas d’ailleurs. Les polluants que nous générons finissent toujours quelque part, affectant une partie de la totalité. Un jour viendra l’effet boomerang, qui nous affectera. Dessiner en tenant compte de la totalité - Considérer la totalité du système, au début et à la fin du design. - Ce que nous considérons comme la totalité fait en réalité partie d’un ensemble encore plus grand. L’essence de la Permaculture est de considérer un système comme un tout et de rechercher comment chacun de ses composants peut aider l’ensemble à fonctionner harmonieusement. 32 Faire le meilleur usage des ressources présentes. La maison a des ressources à offrir : l’eau de pluie et les eaux grises, de la matière organique (déchets de cuisine, papiers), des nutriments sous forme d’urine… Tout cela peut devenir des polluants s’ils ne sont pas utilisés à l’intérieur du système. Si le jardin est un espace récréatif plaisant, il réduira le nombre de trajets en voiture pour aller se distraire ailleurs. Toutes ces interactions doivent être constamment présentes à notre esprit lorsque nous entreprenons un design en Permaculture. La permaculture peut elle nourrir la planète ? Un système en Permaculture bien dessiné doit produire au moins autant que les systèmes conventionnels à haut niveau d’intrants. Selon la FAO nous produisons 1,5 fois ce qui est nécessaire pour nourrir l’humanité. Mais 50% de la nourriture produite dans le monde est jetée… L’agriculture industrielle ne pourra certainement pas nourrir l’humanité à l’avenir ! La nourriture est exportée des pays pauvres vers les pays riches, souvent pour payer la dette. La majeure partie est utilisée pour nourrir le bétail. La justice sociale fera davantage pour résoudre le problème de la faim que l’augmentation de la production agricole. Mais à l’avenir, l’augmentation de la population rendra nécessaire l’utilisation de chaque m2 de terre arable. La Permaculture peut être la solution d’avenir. Un basculement des grandes exploitations vers des micro-fermes entraînerait une énorme augmentation de la production. Nous avons une opportunité de changer nos manières de nous nourrir, de nous loger, de nous vêtir et de transformer nos installations pour les 33 rendre hautement productives et durables tout à la fois. Le futur peut être durablement abondant. 34