droits d’expression, de libre arbitre,…, et donc finalement, le droit de rester Homme, avec son
intégrité, c'est-à-dire sa conscience. Nous voyons bien que nous ne nous appliquons pas comme
droit, le droit de lutter contre la mort, à tout prix. Ainsi, si nous considérions ces autres comme nos
égaux, nos droits de l’Homme seraient les droits de l’Immortel. Et plus encore, il est intéressant de
remarquer à quel point notre volonté de lutter contre la mort est paradoxale car quelque soit le
chemin pour y arriver, l’issue de notre vie est toujours la mort. Il n’en est en revanche pas de même
pour notre existence, si tenté que l’on se singularise, comme le dit Baldiou, pour affirmer notre
humanité en s’opposant au vouloir-être-un-animal, en refusant de renoncer à notre humanité, en
refusant de devenir l’animal que la circonstance nous impose de devenir. Qu’importe au final que
l’issue de cette décision soit la mort puisque l’Homme y arrive inéluctablement. Mais en mourant de
la sorte, l’Homme devient immortel par l’affirmation de sa conscience, c'est-à-dire de son existence,
qu’importe la mort, il n’est pas la victime que les circonstances veulent faire de lui, il est Homme,
simplement et en même temps entièrement Homme, pas un soupçon d’animalité en lui, juste sa
conscience dominant toute pulsion de survie. Cette conscience qui nous rappelle que tout n’est que
contingence, que nous avons toujours le choix, qu’en tant qu’Homme, nous n’avons pas, comme le
dit Kant, d’instinct de survie, et que nous avons alors toujours le choix de ne pas nous abaisser à une
animalité vulgaire et avilissante. Et c’est pour cela que Badiou nous dit que nous savons que tous les
hommes sont capables d’une telle immortalité, tous, quelque soit la circonstance, que l’on soit
torturé au fond d’un cachot pendant la guerre d’Algérie où simplement un citoyen menacé parce
qu’il a des opinions différentes, que la cause soit petite ou grande, l’essentiel est de ne jamais
renoncer à ses convictions, à ce qui nous fait, à ce que nous sommes. L’essentiel est de ne jamais
renoncer à notre conscience pour des raisons matérielles ou par crainte de la mort, car notre
conscience est bien plus précieuse que tout autre chose. Seule la conscience est immortelle, seule la
conscience s’affirme pour elle-même et sans aucune considération extérieure à ce qu’elle estime
juste. Et c’est aussi pour cela que la volonté de créer des Droits de l’Homme que l’on estime
universels est paradoxale. Tout d’abord parce que les Droits de l’Homme tels que nous les
connaissons aujourd’hui sont complètement occidentaux, voire complètement français. Ils découlent
d’une culture chrétienne profondément ancrée dans nos sociétés. Bien sûr, dans cette configuration,
ils nous semblent justes, équitables, et donc universalisable par notre fâcheuse manie à penser que
ce que l’occident pense est ce que le monde doit penser. N’est-ce pas la preuve d’un énorme
ethnocentrisme de notre part ? Nous l’avons dit, chaque homme se définit par sa conscience, et la
conscience de chacun est unique, alors lorsque nous décidons de créer des Droits de L’Homme, en
pensant l’Homme comme une structure transcendantale invariante, c’est à penser que tous les
hommes fonctionnent de la même façon, qu’à chacun d’entre nous ne sont pas applicables des lois
qui s’attacheraient à la singularité de chacun, de chaque acte et de chaque situation, mais une sorte
de loi universelle et globale, qui juge chacun de nous pas des règles extérieures, extrinsèques à la
singularité de chaque personne dans une situation donnée, s’appuyant sur une théorie abstraite et
totalement en marge de la réalité, c'est-à-dire cette globalisation qui tend à faire de l’homme ce
sujet universel et invariant. Et la globalité nous induit en erreur. Il est impossible de penser
l’humanité sous un seul angle, dans sa globalité, car seules les situations singulières sont analysables,
au cas par cas, selon les individus et les circonstances. C’est pour cela que les Droits de l’Homme ne
sont finalement pas dans le vrai lorsqu’on les applique dans leur vision globale, valorisante de
l’occident, et abaissante de ceux à qui l’on vient en aide, et que l’on traite en victimes sous-
développées. N’est-ce pas finalement une belle façon de flatter notre égo que de se dire que nous, l’
« occident », détenons la justice universelle, que nous sommes capables de savoir ce qui est bon
pour le monde entier sans connaître un brin de leur culture, simplement en s’imaginant que nos vie