désavantageux laissent moins de descendants, ces caractères sont ainsi de moins en moins
représentés et peuvent même être éliminés.
Un caractère qui permet à un individu de survivre et de se reproduire mieux que s’il en était
dépourvu est ce que l’on appelle une adaptation. En accumulant les modifications aléatoires
avantageuses, la sélection naturelle se traduit donc par une adaptation parfois très étroite des espèces
à leur milieu et à leurs conditions de vie, adaptation qui peut étonner l’observateur. C ‘est pourtant
un mécanisme automatique, « aveugle », c’est-à-dire dépourvu d’intention vis-à-vis du résultat
produit.
II. La notion d’espèce
1. Les définitions pré-évolutionnistes
Avant le développement de la théorie darwinienne de l’évolution, l’espèce est conçue comme une
entité permanente et stable. Une espèce se définit par rapport à un individu type : tous les individus
qui lui ressemblent et sont interféconds sont rattaches à cette espèce. L’existence d’une variation par
rapport au type de référence est considérée comme une anomalie. Les scientifiques ont alors une
vision discontinue de la biodiversité, triée en groupes n’ayant pas de liens de parente entre eux.
Puisque les espèces ont toujours existé et sont stables, la question de l’origine et du devenir des
espèces ne se pose pas et relève de la théologie.
2. Une conception évolutionniste
Au XIXe siècle, la pensée évolutionniste modifie complètement le concept d’espèce. La variabilité
des individus n’est plus considérée comme une anomalie, mais, au contraire, comme un attribut
essentiel et apparaît comme le moteur de l’évolution. L’idée d’une filiation entre les espèces
s’impose et la question des origines est envisagée sur le plan scientifique.
Dans l’arbre des êtres vivants, une espèce est alors définie comme une sous-partie du réseau
généalogique, un rameau qui diverge définitivement de la branche dont il est issu.
3. Des critères pour définir une espèce
Pour savoir si différents êtres vivants appartiennent à une même espèce ou non, il faut disposer de
critères opérationnels.
Les critères qualifiés de phénétiques reposent sur les ressemblances morphologiques : deux individus
qui se ressemblent appartiennent à la même espèce. En d’autres termes, les individus d’une espèce se
ressemblent plus entre eux qu’ils ne ressemblent aux individus des autres espèces. Cependant,
l’existence d’une grande variabilité des individus dans certaines espèces, par exemple les cas de
dimorphisme sexuel (différences entre mâles et femelles), conduit parfois à des groupements erronés
ou, au contraire, à des distinctions injustifiées.
Les critères qualifiés de biologiques sont liés, quant à eux, à la notion d’interfécondité. En 1942,
Ernst Mayr propose ce que l’on appelle, aujourd’hui, la définition biologique de l’espèce : »une
espèce est une population ou ensemble de populations dont les individus peuvent effectivement ou
potentiellement se reproduire entre eux et engendrer une descendance viable et féconde, dans des
conditions naturelles. » Pour confirmer que ces individus sont de la même espèce, il « suffit » donc
de s’assurer qu’ils sont susceptibles de se reproduire entre eux et que leurs descendants sont bien
fertiles. Théoriquement très puissant, ce critère est cependant souvent difficile à utiliser
pratiquement.
D’autres critères découlant de la notion d’interfécondité peuvent être utilisés : l’analyse de l’ADN
peut ainsi révéler l’existence de flux des gènes entre des populations, indicateurs de reproduction.
Une déclinaison écologique est également utilisée : par exemple, chez les végétaux, des individus