L’ISLAM MALAIS COURS 1
Notation : oral sur les cours suivis fin janvier.
Introduction
L’islam malais est un islam périphérique, de seconde expansion qui présente des caractères
particuliers. C’est un islam diffusé par les marchands, les non arabes et qui est tardif.
1. Un islam venu de la mer (ouest).
Témoignages oculaires dont celui de Marco Polo, le dévissement du monde, de retour
de Chine (13e s.) qui mentionne une ville musulmane, Ferlec (mauvaise transcription de
Perlak, actuellement Peureulak), située à l’extrémité méridionale de Sumatra (province
d’Aceh).
L’information est confirmée début 14e s. par Ibn Battûta, qui apprend que le souverain de la
ville voisine de Perlak, Samudra/Pasei, est un musulman. Sa pierre tombale date de 1297.
L’épigraphie (études des inscriptions sur pierres…) confirme ces dires sur des stèles à
l’Est de Java. On sait qu’il y avait des communautés musulmanes à Java dans la même
période historique. A Bornéo, Brunei on a retrouvé une stèle funéraire écrite en caractères
chinois (chinois converti à l’islam). En 1301 on a trouvé la stèle d’un sultan de Brunei.
Idem dans la péninsule malaise où on a retrouvé des fragments d’un cône musulman rédigé en
malais avec des caractères arabes daté de 1303 (le cône de Trengganu). Les données
épigraphiques ne sont jamais antérieures au 12e/13e siècles.
On a aussi retrouvé beaucoup de monnaies rapportées par des communautés
musulmanes à Malacca. Tout ce qui a été retrouvé comme preuves a été retrouvé le long des
côtes, dans les ports et viennent de communautés arabes, indiennes…
Les premiers témoignages de l’islamisation à Java sont plus tardifs, vers la seconde
moitié du 14e siècle. Sept tombes musulmanes ont été retrouvés à Mojopahit (sultan
hindouiste mais élites du pouvoir, bien intégrées, musulmanes) ce qui prouve que le
changement de religion s’est fait de façon graduelle (coexistence puis conversion), il n’y a pas
eu de conquête militaire par les musulmans à Java ni de refoulement de populations indiennes.
Les 15e et 16e siècles constituent les temps fort de l’islamisation de la région, le grand
foyer de la diffusion de la culture musulmane est Malacca (avant qu’elle ne soit prise par les
portugais). Malacca est fondée fin 14e siècle, le souverain se converti à l’islam et prend le titre
de sultan. Ceci a été prouvé par des commerçants chinois qui ont confirmé que les élites de la
ville sont musulmanes. En 1419, à l’Est de Java on retrouve une tombe au nord de
Gresik/Surabaya d’un musulman.
Fin 14e les fondations musulmanes commencent à se multiplier ; Vasco de Gama
arrive fin 15e en Inde, en 1511 à Malacca et prend la ville. Magellan, le portugais, arrive par
l’Est via les Philippines mais est tué en cours de route. Lorsque les européens dans la région,
ils prennent contacts avec les principautés musulmanes (villes portuaires commerciales)
comme Demak, Banjarmasin sur la route des épices (clous de girofle, noix de muscade),
Banteng…
Idem au début du 17e siècle, le souverain de Goa/Makassar se converti lui aussi à
l’islam. Au 18e siècle ces conversions progressent à l’intérieur même de Java. Plus à l’est une
partie des Moluques sont musulmanes, idem aux Philippines quand Miguel Legazpi prends la
bourgade Maynilad (petite sultanat en formation) est rasée par les espagnols qui fondent
Manille ensuite.
Cf. carte l’expansion de l’islam en Asie
2. Un islam de non-arabes.
Les populations d’origine arabes sont peu nombreuses dans la région, (elles se
développent vers le 19e s.) c’est pourquoi on suppose que ce sont les non-arabes qui ont
diffusé l’islam. On dit que ce sont les indiens convertis à l’islam qui ont répandu la nouvelle
religion dans cette partie du monde, cela a été d’autant plus facile que la région fait partie de
« l’Inde extérieure » (régions de culture indienne). Certaines tombes musulmanes sont datées
de l’ère indienne Saka.
Les chinois convertis à l’islam ont aussi beaucoup contribué à la diffusion de l’islam à
Bornéo, Brunei… Tout ceci a des conséquences sur la ographie de cette partie du monde,
aujourd’hui encore les cotes restent plus islamisées que l’inland (on parle même de gradient)
ce qui normal puisque les ports ont servis de foyers de cristallisation.
L’islam et la diffusion de la langue/culture malaise sont indissociable a telle point
qu’on dit qu’on ne peut pas être malais sans être musulman et vice-versa. Une langue
véhiculaire, de synthèse se développe sur les littoraux et les ports, c’est le « malais de bazar »,
ça constitue un ciment pour les populations a horizons divers. Ils parlent la même langue,
s’habillent de la même façon, prient à la même heure. La langue devient un fondement pour
une nouvelle identité et l’islam en devient indissociable.
C’est dans les littoraux que les partis musulmans ont le plus de voix, cela décroit a fur
et à mesure qu’on entre dans les terres. Idem pour les foyers musulmans intégristes : Aceh,
etc. A l’intérieur des terres les populations sont animistes, chrétiennes, hindous et au niveau
architectural cela se ressent.
En Indonésie il existe des « saints » d’islam, propagateurs de la nouvelle religion qui
ont circulés de ports en ports (pèlerinages). A Java il y a 9 saints qu’on appelle les wali songo
(datuk = maitre / tellu). On sait qu’il a existé des maitres religieux dotés d’un fort charisme
qui ont propagé la religion dans les milieux marchands tels que Sunam Ampel Denta, Sunam
Giri, Sunam Kudus, Sunan Gunung Jati. On pratique aussi un culte des lieux élevés
(inspiration de la culture indienne) ce qui explique pourquoi le nom de saints est associé à ce
type de lieux (le maitre de la montagne + importance de la figure masculine).
L’islam s’inscrit dans une tradition, il n’y a pas de rupture entre période indienne
musulmane, il y a assimilation progressive. Il y a des éléments antérieurs dans la culture
musulmane actuelle. Aujourd’hui il y a des pèlerinages / Ziarah sur les tombes des saints ; les
étudiants coraniques s’y rendent particulièrement. On retrouve le même phénomène aux
Sulawesi/Célèbes.
Cf. C. GEERTZ, The religion of Java:
Il distingue 3 catégories socioreligieuses au sein de l’islam indonésien :
- les santri musulmans orthodoxes adeptes d’un islam rigoureux voire intégriste
(population où l’islam est le référent majeur de l’identité, comme la côte nord de Java,
milieu marchand portuaire) car plus précocement et intensément islamisés
- les abangan groupe le plus important constitué de riziculteurs qui pratique une
religion syncrétiques (intègre croyances populaires antéislamiques) telles que les
selamatan (repas de grandes occasions accompagnés de prières), ces populations ont
été islamisées plus superficiellement
- les priyayi descendants de l’aristocratie javanaise, héritiers d’une culture très
raffinée (théâtre d’ombres wayang, philosophie)
Pendant longtemps on a suivi ce schéma intellectuel de 3 types d’islam, aujourd’hui ce
point de vue a été dénoncé par D. LOMBARD. Selon lui la catégorie des santri est plus
complexe, elle ne se limite pas à la bourgeoisie marchande, il distingue au sein de cette
communauté un groupe de ruraux réunis au sein des réseaux coraniques beaucoup plus
islamisés.
Ex. :
Péninsule malaise côte orientale de Kota Bahru (capitale du Kelantan) et Trengganu plus
musulmane (intégristes des 70’s) que la cote occidentale (il y a encore des orangs asli,
population aborigène encore animiste)
Sumatra te d’Aceh (islam vigoureux) alors qu’a l’intérieure des terres on trouve des
Batak animiste ou très peu islamisés.
« Religion du terroir » (animisme)
3. Un islam tardif.
L’islam a intégré le passé antéislamique de la religion. L’islam s’est surimposé à des
cultures anciennes et très diverses fortement marquées par le substrat autochtone propres aux
iles ou par des influences extérieures (Inde). Aujourd’hui cela donne des sociétés originales
qui arrivent à concilier islam et antéislamisme.
Les minangkabano d’Indonésie sont des musulmans très pieux qui vivent au sein
d’une société matrilinéaire (fédération de villages composés a différents niveaux d’entités
matrilinéaires). Les paruik sont plusieurs générations de parents qui vivent sous un même toit,
dans des payung (maison traditionnelle) placées sous l’autorité d’un chef de village, le suku.
Les minangkabano sont les descendants d’une même ancêtre. Traditionnellement chaque
lignage matrilinéaire possède et exploite une harta pusaka (possession indivisible) composée
de terre agricole, de l’habitation, du bétail, trésor familial… C’est à l’époux de faire fructifier
ce « matrimoine ». On ne sait pas exactement quand ils ont adopté l’islam, on suppose que ce
sont des populations de culture indienne qui ont adopté l’islam au 16e siècle quand Sumatra
s’est islamisée. Pendant longtemps le droit successoral n’a donc pas été le droit musulman,
cela a crée des tensions comme la guerre civile des Padri (musulmans orthodoxes
commerçants enrichis - venant du Moyen-Orient influencés par le wahhabisme qui voulaient
purifier les partisans de la tradition), ce conflit a explosé lors de l’introduction de l’économie
monétaire (commerce, échanges).
Au 19e siècle on a réglé la situation via 2 sortes de biens, les harta pusaka et les harta
pencarian (les acquis à vie) transmis de père en fils. Ce conflit dont la base était économique
s’est exprimé de façon religieuse.
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